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Noah And The Whale

Interview publiée par Amandine le 3 mars 2011

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A l'occasion du dernier concert de Noah And The Whale au Café de la Danse le mois dernier, le très demandé Charlie Fink, leader souriant de la formation anglaise, nous accordait une interview pour nous parler de la sortie de leur nouvel album, Last Night On Earth.

D'un album à l'autre, votre musique subit systématiquement des changements significatifs. Comment pouvez-vous l'expliquer ?

C'est juste qu'au bout d'un moment, je m'ennuie si je fais toujours la même chose... donc je dois changer. Je ne sais pas vraiment l'expliquer, je pense surtout que tout ça est très instinctif et je me nourris de ce qui m'inspire autour de moi, des sentiments que je ressens à un moment précis. C'est drôle parce qu'on se teste sans cesse. Je crois que c'est important de s'imposer des challenges.

Est-ce que le fait d'avoir souvent changé de line-up vous a demandé certains ajustements ? Avez-vous dû changer votre méthode de travail ?

Peut-être un peu. Je crois que j'ai toujours une vision très claire de ce que je veux de toute façon. Mon frère Doug, qui a quitté le groupe l'an dernier pour poursuivre ses études de médecine, a joué sur les démos de cet album, et quand j'ai une nouvelle chanson à lui faire écouter ou quand je finis d'enregistrer en studio, je lui demande son avis pour savoir ce qu'il en pense. Il a encore son mot à dire.

Maintenant, pensez-vous avoir trouvé les musiciens avec lesquels vous allez pouvoir rester un moment, avec lesquels vous allez construire quelque chose de complètement nouveau ?

J'espère, oui ! Je pense que c'est bien parti car les lives, tous les concerts qu'on a pu faire ensemble depuis un moment, étaient meilleurs que jamais. Je pense que nous avons trouvé quelque chose de bien qui nous permettra de continuer longtemps.

D'où vous viennent vos goûts musicaux à tous ?

Quand j'étais gamin, ma mère avait l'habitude d'écouter Buddy Holly, les Beach Boys et Bob Dylan et je dansais autour d'elle. J'étais un fan passionné de ces artistes quand j'avais cinq ou six ans.

Avais-tu étudié un instrument ?

J'ai toujours beaucoup aimé les grands guitaristes mais quand j'ai grandi je n'ai jamais voulu devenir un virtuose de la guitare, je voulais juste écrire des chansons.

Depuis les débuts de Noah And The Whale, vous avez été comparés à des artistes émérites tels que Bonnie Prince Billy ou Neutral Milk Hotel mais quelle serait, selon toi, la comparaison la plus élogieuse qu'on puisse vous faire ?

C'est déjà très flatteur quand on est un jeune artiste de se voir comparé à tous ces gens. C'est difficile à dire mais s'il fallait choisir, je dirais que mes héros sont Bob Dylan, Tom Waits ou Lou Reed. Ce genre d'artistes.

Tu aimes Wes Anderson mais inspire-t-il la musique du groupe ?

Les films de Wes Anderson inspirent complètement notre musique même si c'est moins le cas pour cet album. Ce nouveau disque est plus proche de David Lynch. Il y a un titre qui vient rappeler une ambiance à la Twin Peaks et les questions qu'il soulève sur Laura Palmer, tu vois ce que je veux dire ? Il y a aussi ce film, Breaking The Waves, de Lars Von Trier, qui a été une inspiration pour cet album car c'est un film magnifique. Donc oui, le cinéma et les films sont toujours présents dans ma musique.

Votre album précédent, The First Days Of Spring, a été la bande originale d'un film que tu avais toi-même réalisé il me semble ? As-tu l'intention de retravailler sur un projet similaire ?

J'avais fait ce film en Angleterre, à l'école, pour un projet de film d'étude et j'avais adoré ça. C'était incroyable, donc oui, j'aimerais recommencer...

Sur votre nouvel album, Last Night On Earth, vous avez utilisé des sonorités électroniques plutôt inhabituelles pour Noah And The Whale. D'où vient cette volonté ?

C'est juste parce que je voulais essayer quelque chose de nouveau, de me tester comme je te l'ai dit juste avant. Le thème même de l'album, celui de la nuit et de toutes les possibilités qu'elle offre, les possibilités de changement, de prise de liberté, était une bonne occasion. Je voulais que la musique pour cet album représente tout cela car Last Night On Earth est à nouveau comme une story song. Je voulais en faire quelque chose d'unique, qui ne ressemble à rien d'autre.

Avec ce titre, Last Night On Earth,vouliez-vous dire quelque chose de précis, même si c'était symbolique ?

Oui ! L'album a un double sens. J'aime l'idée selon laquelle la nuit représente comme une urgence. Ce peut être la dernière et tu dois vivre chacune comme si c'était la dernière. D'une autre façon, on peut interpréter cela d'un autre point de vue selon lequel c'est juste une autre nuit sur Terre comme toutes les autres et cette nuit-là, comme toutes les autres, tu peux faire en sorte que les choses changent, tu peux prendre des décisions. Chaque nuit, quelque chose d'exceptionnel et important peut arriver, comme si c'était LA dernière nuit.

Tu décris cet album comme étant une collection de story songs. Où as-tu puisé l'inspiration pour ces histoires ? De ta propre expérience ?

Cela dépend des chansons; ce peut être de ma propre expérience ou celle de mes amis. Je me nourris aussi de la poésie de Charles Bukowski car j'aime beaucoup le personnage. Je ne parle pas seulement de concepts. Pour la première fois, j'essaie de décrire des situations à travers les yeux de quelqu'un d'autre et c'est très intéressant car c'une nouvelle façon de voir les choses et de nouveaux sujets qui m'inspirent.

Le premier titre de cet album, Life Is Life, est complètement différent de tout ce que vous avez pu présenter jusqu'à maintenant. Vous n'avez pas peur de déconcerter le public ?

(rires) Non, j'aime me dire que les gens vont acheter l'album, le mettre dans leur lecteur, commencer à écouter et se dire « J'ai le bon CD là ? ». Cette idée m'amuse. J'espère que le public aimera mais, de toute façon, je pense que c'est important pour un groupe d'essayer de s'améliorer et de changer un peu sa façon de procéder.

Pourquoi avoir choisi d'enregistrer à Los Angeles mais aussi dans une synagogue de Londres ?

Nous avons choisi Londres parce que c'est là que nous vivons tous et que nous avons commencé à écrire cet album. On est ensuite allés à Los Angeles pour travailler avec Jason Lader, qui a produit l'album de Julian Casablancas il y a quelque temps. Il travaillait là-bas donc il nous a trouvés un très bon endroit où enregistrer et on a aimé travailler avec lui. Ç

Cet album sonne finalement bien plus américain qu'anglais. Qu'en penses-tu ?

Oui, tu as raison. En fait, il a été enregistré à Los Angeles et les influences doivent donc plus être américaines qu'anglaises, ça doit être pourquoi il sonne aussi américain. Je voulais que l'imaginaire de cet album puisse prendre racine n'importe où. Je voulais que les auditeurs puissent s'imaginer que c'était l'histoire de leur propre vie. Toutes les histoires que je raconte sur Last Night On Earth pourraient se passer n'importe où finalement.

Pour terminer, peux-tu nous éclairer sur un point : vous avez changé beaucoup de choses dans votre musique depuis vos débuts donc, finalement, quelle est l'essence de Noah And The Whale ?

Il est difficile de décrire quel est le cœur de Noah And The Whale. C'est presque indéfinissable. Il y a quelque chose qui nous lie tous les uns aux autres, je ne sais pas vraiment ce que c'est. C'est peut-être nous, ce que l'on est en tant que personnes...