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Noah And The Whale

Interview publiée par Fab le 15 décembre 2008

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Considérés il y a quelques mois encore comme l'un des espoirs les plus talentueux de la scène folk britannique, Noah And The Whale se ont constitué l'une des plus belles surprises de l'année écoulée avec leur album Peaceful, The World Lays Me Down. Batteur du groupe, Doug Fink revient pour nous sur des débuts en fanfare...

Pour commencer, peux-tu m'en dire plus sur qui se cache derrière Noah And The Whale ?

Charlie et moi sommes frères, il va donc de soi que nous nous connaissons depuis nos premières années. J’ai connu Urby à l’école lorsque j’avais environ quatre ans et nous avons joué tous les deux dans différents groupes jusqu’à la création de Noah And The Whale. Quant à Tom, c’est Charlie qui l’a rencontré durant ses études. Le groupe en lui-même est né lorsque Charlie a commencé à écrire quelques chansons en solo puis avec moi à la batterie. Tom nous a alors rejoints pour notre premier concert puis ce fut le tour d’Urby de compléter notre petite troupe.

Le groupe ne comporte ni Noah ni baleine, alors pourquoi ce nom de Noah And the Whale ?

J’espère que cela ne dérangera personne, mais je vais donner une explication quelque peu évasive. Ce nom possède une esthétique orale très particulière et c’est la raison principale pour laquelle nous l’avons choisi. Il signifie principalement que chaque membre du groupe apporte sa pierre à l’édifice, même si je dois bien avouer que l’expression ne possède pas une profondeur biblique particulière.

Le line-up originel du groupe comptait Laura Marling dans ses rangs jusqu’au printemps dernier, comment la séparation s’est-elle opérée ?

Son départ n’a ni été une surprise ni une décision prise dans l’urgence, c’était même un choix assez logique et prévisible. Laura s’investit beaucoup dans sa carrière solo et le fait qu’elle ait trouvé une maison de disques plus d’un an avant nous a en quelque sorte créé un décalage. Nous étions tous conscients qu’un jour ou l’autre il serait nécessaire que Laura doive se consacrer pleinement à sa musique, ce qui l’amènerait irrémédiablement à nous quitter. C’est une jeune fille très talentueuse et appliquée dans ses autres projets.

Quelles sont vos influences musicales principales ?

Pour notre premier album nous avons beaucoup écouté des artistes comme Neutral Milk Hotel, Bonnie Prince Billy, Jens Lekman, Jeffrey Lewis ou Bob Dylan. Je pense que nos chansons seront quelque différentes dans le futur depuis que nous avons découvert Smog ou Wilco récemment…

La presse vous rattache le plus souvent à la scène anti-folk britannique, quelle est votre opinion sur le sujet ?

Ce mouvement fut une importante découverte pour Charlie. C’est avec une attitude DIY (ndlr : « Do It Yourself »), une vraie sincérité dans son écriture et une production minimaliste que Charlie a su trouver la confiance nécessaire à son développement artistique. Il a ainsi pu continuer à travailler seul dans sa chambre pour explorer ses idées. Je pense que le principe fondamental du mouvement consiste en la qualité des chansons, c’est en tout cas le point commun que je peux trouver chez Jeffrey Lewis, Diane Cluck, Daniel Johnston ou Jonathan Richman.

Rares sont les artistes folk britanniques à faire carrière, comment l’expliques-tu ?

Je ne suis pas certain qu’une affirmation comme celle-ci soit justifiée. Ce sont le plus souvent les médias et les journalistes qui font ou défont le succès des groupes... je crois qu’il faut d’abord essayer de créer une connexion avec le public et tout le reste vient après. Je ne saurais pas expliquer comment, mais c’est ce que nous avons réussi à faire avec Noah and The Whale.

Vous êtes subitement devenus très populaires lorsque votre single 5 Years Time a été réédité. Je suppose que vous ne vous attendiez pas à un tel résultat ?

Cet intérêt massif du public nous est tombé dessus sans prévenir. Nous avons beaucoup travaillé pour cela ces dernières années, tout du moins depuis que le groupe est au complet. Nous n’avons jamais cessé de donner des concerts, parfois cinq ou six fois par semaine, tout comme Charlie n’a jamais fait de pause dans l’écriture de nouvelles chansons. Quelques mois avant que le single n'ait été réédité nous avions rempli une salle de 1000 personnes à Londres, c’était déjà un signe que les choses changeaient pour nous.
Pour moi, il n’existe qu’une seule manière de réussir : écrire de bonnes chansons et prendre du plaisir à les jouer ensemble. Il me semble plus important de construire une carrière sur la durée que de devenir célèbres grâce à un seul single. Le succès de 5 Years Time nous a donc surpris mais ce fut un vrai plaisir et une récompense de vivre cela. Il nous faut maintenant saisir cette opportunité pour aller plus loin en tant que groupe.

Pourquoi cette chanson et non une autre selon toi ?

Je n’ai jamais réussi à comprendre comment pouvait naître l’alchimie entre une chanson et le public. C’est peut-être juste une bonne chanson non ?

Vous ne deviez pas vous attendre à une telle réussite en choisissant de signer un contrat avec Young & Lost Club ?

Comme je le disais plus tôt, nous souhaitons avant tout continuer à pouvoir publier des disques et vivre de notre musique. A nos débuts nous devions constamment nous entasser dans une petite voiture avec nos instruments pour aller jouer à 200 kilomètres de Londres puis revenir durant la nuit pour aller travailler le lendemain matin… à cette époque nous n’aurions jamais pensé que notre vie serait à tel point différente maintenant et qu’autant de personnes écouteraient notre musique. Aucun de nous n’a vu tout cela arriver !

Peaceful, The World Lays Me Down, votre premier album, a également connu un joli succès commercial et critique. Peux-tu m’en dire un peu plus sur la symbolique de son titre ?

Peaceful, The World Lays Me Down, est tout d’abord le nom de l’une de nos chansons. Son esprit ainsi que la manière dont elle sonne en font l’un de nos titres emblématiques et il nous a semblé justifié de lui rendre hommage à travers l’album. C’est en quelque sorte notre talisman.

Laura Marling chante sur de nombreuses chansons de l’album, comment êtes-vous parvenus à combler son absence sur scène ?

Nous l’avons remplacée par diverses personnes dans un premier temps mais nous avons désormais recruté Lillie, une jeune musicienne et chanteuse très douée. Pour tout te dire, Lillie est la sœur de Johnny Flynn, nous avons beaucoup de chance de l’avoir à nos côtés.

Avez-vous déjà commencé à travailler sur de nouvelles idées pour votre prochain album ?

C’est le cas actuellement, nous travaillons sur quelques démos depuis quelques temps…

Après avoir produit vous-mêmes Peaceful The World Lays Me Down, envisagez-vous de faire de meme pour votre second disque ?

C’est effectivement ce qui est prévu pour le moment, nous souhaitons faire les choses par nous-mêmes comme pour notre premier album. Charlie ne devrait toutefois pas prendre en charge le prochain disque de Laura Marling, il est trop concentré et occupé avec nos nouvelles chansons…

Rien n’a donc vraiment changé pour vous ? Ne ressentez-vous pas une pression supplémentaire ?

Pour le moment, non, ça ne m’inquiète pas. Je pense que les nouvelles chansons sont brillantes tout en étant différentes de ce que le public connaît de nous. Nous sommes simplement très excités.

Comment imagines-tu les mois à venir ?

L’enregistrement de l’album est actuellement prévu au mois de janvier avec quelques concerts ci et là. Une fois que nous en aurons terminé, nous partirons à nouveau en tournée en Europe et aux Etats-Unis, sans doute à partir du mois de mai. Si tout se passe comme nous l’espérons, le disque sera disponible au début de l’été 2009.