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Miles Kane

Interview publiée par Claire le 8 mai 2011

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C'est au détour d'une journée de promotion à Paris que Sound Of Violence a rencontré Miles Kane, ex-leader des Rascals et membre des Last Shadow Puppets, qui, en moins de six mois, a réussi le tour de force de sortir trois singles et un album, se mettre la presse musicale dans la poche et électriser les foules. Rencontre avec le musicien qui ravive la flamme rock britannique.

Ton premier album Colour Of The Trap sort ces jours-ci. Jusque là, tu as toujours fait partie de groupes. Qu'est-ce qui t'a décidé à te lancer en solo ?

Il y a un peu plus de deux ans, je sortais d'une grosse tournée avec les Last Shadow Puppets, The Rascals venaient de se séparer et je suis arrivé à un moment de ma vie où je ne savais pas trop si je voulais repartir sur l'écriture d'un nouvel album des Last Shadow Puppets ou monter un autre projet. Mais j'ai un nom plutôt cool, qui sonne bien, alors pourquoi chercher compliqué et essayer de trouver un nom de groupe ? Autant utiliser le mien (rires) ! C'était stressant, un vrai saut dans le vide, mais je savais que je pouvais le faire. Et puis ça me convient. de bosser seul. En plus, ce n'est pas un album de songwriter à proprement dit. Ça reste du rock, de la pop, il y a de l'émotion. Et en définitif, ça sonne finalement comme un album « collectif ».

L'album, justement, alterne entre titres rock, ballades et inspiration mod. Tu avais décidé dès le départ de la couleur de l'album ou est-ce venu pendant l'écriture ?

Je suis influencé par beaucoup de musiques différentes. J'adore aussi bien l'ambiance musique de films que T-Rex ou John Lennon ou encore Jacques Dutronc, Duane Eddy et Link Wray. Je voulais montrer aux gens tous ces styles qui ont fait de moi le musicien que je suis.

Tu cites Jacques Dutronc. Est-ce l'une des raisons pour lesquelles tu as choisi une actrice française, Clémence Poésy, pour faire un duo avec toi sur le titre Happenstance ?

J'ai découvert Jacques Dutronc il y a à peine six mois en fait ! Mais c'est vrai que j'avais envie d'une ambiance très années soixante avec des duos légendaires, Gainsbourg et Bardot, Lee Hazelwood et Nancy Sinatra. Et j'aime bien l'idée d'une chanson sexy, avec une fille sexy. J'avais l'idée d'un duo dès le départ, je voulais un moment un peu calme et Clémence a fait du bon boulot. On a enregistré la chanson en un après-midi.

On parle beaucoup des collaborations sur cet album. En plus de Clémence Poésy, on y retrouve Gruff Rhys et Noel Gallagher. Était-ce important pour toi d'inviter d'autres musiciens ?

Noel est venu prendre le café un après-midi et s'est dit « hey, si je faisais les backing vocals et les harmonies ? ». Je n'allais pas refuser (rires) ! Rien n'était prévu au départ. Quant à Gruff Rhys, je l'avais rencontré un peu avant et on a écrit Quicksand ensemble. Et voilà !

Tu as travaillé avec différents producteurs sur cet album. Que lui ont-il apporté de différent ?

J'ai enregistré deux titres avec Gruff Rhys. Il a produit Kingcrawler et Take The Night From Me. J'ai fait tout le reste de l'album avec Dan Carey. J'ai enregistré seize titres en tout. Je suis allé ensuite à San Francisco pour mixer Come Closer, Rearrange et Counting Down The Days avec Dan The Automator. Et là, l'enfoiré (rires) m'a dit que je pouvais faire beaucoup mieux, vocalement, sur Rearrange et m'a dit qu'il fallait que je la réenregistre. Ce qu'on a fait. Et on a changé la batterie. Il est génial. J'aimerais vraiment faire un album en entier avec lui, partir de rien et voir à quoi on pourrait arriver. Parce que là, je suis arrivé avec un produit quasi fini. Il fallait juste faire le mixage. La prochaine fois, si je peux bosser avec lui, je n'arriverai qu'avec les démos pour voir l'évolution des titres.

Cet album est l'un des plus attendus de 2011. La presse ne tarit pas d'éloges et tu as des soutiens musicaux plutôt prestigieux, notamment Liam Gallagher...

C'est clair. J'en suis ravi et toujours surpris. C'est génial. Niveau presse, en France, je n'ai eu que des articles élogieux, des bonnes critiques. Entre les concerts, les passages radios et les émissions télés, j'avoue que je suis surpris d'une telle réception hors de l'Angleterre. J'ai passé pas mal de temps à Paris ces deux derniers mois. J'adore cette ville. Un jour, je m'y achèterai un appartement, je pense.

Tu es un peu le visage de l'Angleterre en ce moment. Comment expliques-tu cet engouement général ?

Il n'y a personne qui fait ce que je fais en ce moment en Angleterre, en tout cas en solo. Il y a peut être cinq groupes qui valent le coup en ce moment en Angleterre et je pense sérieusement valoir aussi bien, si ce n'est mieux qu'eux.

En plus des soutiens plutôt prestigieux, beaucoup font référence à ton songwriting. On te compare à John Lennon, sur Colour Of The Trap ou Marc Bolan sur My Fantasy. Ce sont des référence plutôt flatteuses, non ?

Clairement ! Mais j'ai surtout une fanbase fantastique. Je veux que les gens décident par eux-mêmes de ce que je vaux. C'est génial d'avoir de super critiques mais au final, ce sont les gens qui choisissent. Je veux qu'ils aiment l'album, je veux qu'ils aiment les concerts et qu'ils s'éclatent autant que je m'éclate. Je balance du rock, je transpire, je suis vidé à la fin. Si je pouvais faire un concert par jour, je le ferais.

Justement, tes fans sont extrêmement loyaux et motivés. Pour en avoir vu certains au Point Ephémère qui avaient attendu toute la journée pour te voir, c'est évident que tu motives les foules...

Les débuts d'une carrière, c'est ce qu'il y a de mieux. Tu construis quelque chose. C'est le moment idéal où tu peux encore rencontrer tes fans, leur parler... parce qu'après, je sauterai dans mon hélico et fuck off (rires) !

Tu parlais des Rascals et des Last Shadow Puppets. Est-ce que faire partie de ces deux groupes était un passage obligé pour faire de Colour Of The Trap l'album qu'il est ?

Tout à fait, tout ce que j'ai vécu jusqu'ici, jusqu'à cette interview, a fait de moi la personne que je suis. Le musicien, le type. Il y a eu des hauts et des bas mais toutes les expériences, mêmes mauvaises, sont l'occasion de t'instruire. Je suis certainement quelqu'un de bien différent d'il y a deux ans. Tout est un apprentissage et je pense, sans faire le hippie, que je me suis trouvé sur cet album.

Entre le nouvel album des Arctic Monkeys et ton album solo, y a-t-il toujours de la place pour les Last Shadow Puppets?

On en parle très souvent avec Alex. On ne sait pas quand, mais ça se fera.

Tu n'as que vingt-cinq ans et déjà une longue carrière. Tu es un accro du boulot ?

Non, pas vraiment. Je suis accro à la musique. Et je veux tellement parfaire chaque titre que ce n'est pas un boulot facile et qui prend peu de temps. Quoiqu'il en soit, je veux faire plus d'albums et pendant longtemps encore... Et m'acheter enfin mon appartement à Paris.