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Veronica Falls

Interview publiée par Amandine le 3 novembre 2011

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C'est lors de leur dernier passage parisien que nous avions eu l'occasion d'échanger quelques mots autour d'un verre avec le plus américain des groupes anglais, adeptes du shoegazing, Veronica Falls. Ils nous faisaient part de leur conception de la musique, de leur parcours musical et du succès qui s'offre à eux.

Vous tournez actuellement avec The Drums. Comment avez-vous eu cette opportunité ?

Roxanne : En fait, on se connaît un peu, on les avait rencontrés à Londres lors d’un de leurs concerts.
James : On a des amis en commun et on avait sympathisé lors de leur premier passage à Londres. Ils nous avaient proposés de jouer avec eux et ça s’est très bien passé donc on a refait quelques concerts avec eux quand ils sont revenus jouer en Angleterre.

Votre musique se situe en la pop catchy des 60's et la noirceur des 80's. Peut-on néanmoins citer ces influences ?

Roxanne : Oui ! C’est exactement ça !
Patrick : Absolument, c’est une définition qui nous convient parfaitement.

Qu'aimez-vous dans la musique de ces deux décennies qui sont finalement très différentes l’une de l’autre ?

Roxanne : J’aime beaucoup le songwriting des 60's, c’est une époque où les artistes ont réussi à composer des titres pop incroyables.
James : La production des 60's était elle aussi assez dingue, un son qui sonnait très live et était très agréable à écouter.

Vous parlez du songwriting, justement, les paroles de Veronica Falls sont souvent faussement légères et finalement assez noires. D’où tirez-vous votre inspiration ?

Roxanne : A vrai dire, ça peut vraiment être tout et n’importe quoi : une histoire de fille, une histoire du quotidien. J’ai juste un goût prononcé pour ce qui paraît mélodramatique, je trouve que ça colle totalement à notre univers.

J’ai juste un goût prononcé pour ce qui paraît mélodramatique, je trouve que ça colle totalement à notre univers.

Vous êtes souvent rapprochés de la scène « shoegazing » qui est très prolifique ces derniers temps. Comment expliquez-vous cette résurgence ?

Patrick : C’est vrai que ce style est très en vogue en ce moment, c’est assez étrange.
Roxanne : Le mouvement est devenu quelque chose de populaire. C'est très à la mode de faire du shoegazing mais on ne s’est pas posé la question quand on a commencé le groupe, c’était juste ce que l’on aimait.
Patrick : Finalement, essayer de retrouver le son des productions des années 60s, c’est probablement ce qui nous rapproche du shoegaze. Le fait d’avoir l’impression de se réapproprier les compositions juste grâce à la production... La démarche n’est pas vraiment volontaire mais le résultat est en effet assez proche de ce mouvement.

Ce son vous rapproche plus de la scène américaine que de la scène britannique...

Roxanne : Oui, c’est vrai que l’on sonne plus américains qu’anglais.
James : Tu as tout à fait raison ! D’ailleurs, c’est un label américain qui nous a donné notre première chance pour enregistrer notre premier single.
Roxanne : Je crois que c’est aussi et surtout une question d’influences ; les nôtres sont majoritairement américaines donc ça peut aussi expliquer le fait que nous nous sentions plus proches de cette scène finalement.
Marion : Nous sommes beaucoup influencés par la musique américaine, notamment l’indie rock.

Quel genre de groupes justement ?

Marion : On ne sera pas d’accord sur cette question (rires) !
James : Moi, j’adore Guided by Voices.
Roxanne : Black Tambourine aussi et les groupes qui sonnent un peu pareil.
Patrick : C’est marrant parce que, souvent, les journalistes s’attendent à ce que l’on cite des groupes un peu sombres. C’est un peu comme pour The XX, ce n’est pas parce que notre musique est noire que nous ne nous sommes nourris que de musique déprimante.

Votre dernier single en date, Bad Feeling, est une nouvelle preuve de votre talent à écrire des pop songs avec une mélodie catchy, un refrain entêtant. Comment travaillez-vous et comment avez-vous l’habitude de procéder pour la composition justement ?

Roxanne : En fait, on n'est pas du tout organisés et c’est à chaque fois différent. Le plus souvent, on part d'une mélodie que l’on garde assez simple, que l’on n’étoffe pas dès le début et je place des paroles également très simples dessus. A vrai dire, c’est beaucoup plus facile quand on a déjà une mélodie efficace car le reste peut se superposer à ça.
Patrick : Le fait que ce soit catchy est beaucoup plus facile pour plein de raisons, notamment pour s’en souvenir (rires). On prend toujours beaucoup de temps pour développer les chansons et les travailler. Du coup, comme on commence toujours par une mélodie basique, ça nous simplifie la tache.
Roxanne : Je pense que, généralement, on a le refrain dès le départ, même si les paroles ne sont pas définitives, et on travaille autour de ce noyau central.

Après avoir sorti des singles sur différents labels, vous avez finalement décidé de signer cet album sur Bella Union. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Roxanne : Ce sont des gens extrêmement sympathiques qui avaient l’air intéressés par notre musique, vraiment.
Marion : Peut-être aussi la comprennent-ils mieux parce qu’ils sont musiciens. Et il est vrai que quand on les a rencontrés, on les a trouvés très gentils, très à l’écoute.
James : Ce que vous oubliez de dire les filles, c’est qu’ils n’interfèrent pas dans notre travail et nous laissent libres de composer à notre guise et ça, c’est très appréciable.
Roxanne : Oui, c’est vrai, on fait absolument ce qu'on veut. On a de la chance, je pense.

Vos premiers singles ont reçu des critiques très positives : n’aviez-vous pas un peu d’appréhension à la sortie de ce premier album car vous êtes tout de même attendus au tournant ?

Roxanne : Je ne sais pas si cet album est si attendu que ça...

On a, je pense, réussi à rester dans la veine « catchy songs » que les gens ont aimées auparavant.

Je pense au contraire que vos premiers singles ont beaucoup attiré l’attention...

Roxanne : On ne s’en rend pas totalement compte probablement mais on est confiants. Il y a de très bonnes chansons sur cet album. On a, je pense, réussi à rester dans la veine « catchy songs » que les gens ont aimées auparavant. Je pense que chaque titre de cet album est un single potentiel en fait (rires).
Patrick : Je crois qu'on a pas mal éprouvé nos chansons en live jusqu’à présent et nous on n'a plus du tout peur maintenant de ce qu’elles peuvent donner. On a déjà prospecté et on se dit que, désormais, beaucoup de personnes qui nous suivent depuis nos débuts ont déjà entendu la quasi-totalité des titres de l’album en live. En plus, on a encore en stock des chansons très sympas donc tout va bien.
Roxanne : C’est vrai qu’au moment d’enregistrer, on s’est retrouvés avec quelque chose comme une cinquantaine de titres et il a fallu faire un gros travail de tri pour savoir lesquelles figureraient sur l’album.

Vous avez d’ailleurs décidé de mettre les singles déjà sortis sur cet album. Vous en avez fait des versions différentes pour l’occasion ?

James : Oui ! On a pensé que les gens qui avaient déjà acheté les singles originaux n’aimeraient pas les réentendre à nouveau sur l’album alors on les a retravaillés. D’ailleurs, ce n’était pas évident car il fallait trouver des versions qui collent à l’univers de l’album mais qui ne dénaturent pas trop non plus les versions originales des compositions.

Comme vous l’avez dit, vous avez donné beaucoup de concerts ces derniers mois. Quelle est, pour vous, la différence fondamentale entre jouer live et enregistrer dans un studio ?

Patrick : C’était vraiment une volonté de notre part de beaucoup tourner avant d’enregistrer l’album. Il était important que les chansons sonnent le plus live possible et pour ça, on devait nous en imprégner autant que l’on pouvait et la meilleure façon, c’est de les jouer devant un public. Du coup, je te dirais que, pour nous, il n’y a pas une grande différence entre les deux car on aspire au même résultat au final.

Quel est l’exercice préférez-vous entre le live et l’enregistrement studio ?

Roxanne : Les sensations sont extrêmement différentes. L’enregistrement peut être assez stressant car tu essaies toujours de trouver la perfection ou tout du moins de t’en rapprocher. C’est aussi parfois ennuyeux de jouer les mêmes accords encore et encore. Ceci dit, le live peut aussi être frustrant quand tu es dans de mauvaises conditions, quand tu as un son affreux...

Vous diriez donc finalement que ces tournées vous ont aidés pour l’album ?

James : Sans aucun doute. Notre son s’est beaucoup développé au fil des mois. C’était aussi très agréable car, au moment d’enregistrer, on n'avait pas à apprendre à jouer le moindre détail des chansons, on les connaissait déjà par cœur à force de les avoir jouées presque chaque soir.
Roxanne : J’ai surtout l’impression d'avoir ainsi finalisé les chansons.
Patrick : Je crois aussi qu'il est plus honnête d’avoir joué les chansons en live avant de les enregistrer en studio parce que faire un album en jouant des titres pratiquement pour la première fois, ce serait étrange pour nous.
Marion : Ça nous a aussi permis d’enregistrer très vite, en trois jours à peine.

Une petite question à propos du titre The Fountain : les paroles sont assez mystérieuses, avec ce refrain et son « Don’t take me back to the fountain ». Quelle est la signification de cette chanson ?

Roxanne : C’est surtout symbolique, ça peut vouloir dire qu’il ne faut pas chercher à retourner dans le passé, et qu’il faut laisser derrière soi les choses qui ont pu nous arriver.

Finalement, vous aviez sorti de très bons premiers singles, l’album est dans la même lignée, vous êtes de plus en plus convaincants en live et les critiques à votre égard sont plutôt élogieuses. Que peut-on vous souhaiter de plus ?

James : Que l’univers entier pense comme toi ! (rires)