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The Leisure Society

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 28 mars 2013

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Dans leur formation collégiale et mouvante (de six à huit membres selon les époques) évoquant une pop folk joyeuse et très intelligente, Nick Hemming et Christian Hardy, les deux co-fondateurs de The Leisure Society n’ont pas fait acte de procrastination depuis la fin de la tournée de Into The Murky Water et reviennent à Paris, moins de deux ans après, faire la promotion de leur troisième album, Alone Aboard The Ark, prévu pour le 1e avril prochain.

Inspirés par le suicide de Sylvia Plath (The Sober Scent Of Paper) ou les Jeux Olympiques de Londres (Fight For Everyone), ce nouveau disque de The Leisure Society regorge de maturité. Preuve en est que le grand Ray Davis, lui-même a sollicité leur aide pour l’écriture et l’enregistrement de quelques titres donnés à un concert de charité en 2011. Depuis, Ray Davis a invité ses nouveaux amis à venir enregistrer leur troisième album dans son mythique studio Konk à Londres. Enregistré avec des machines et des micros des années 70s, Alone Aboard The Ark prouve que le choc des générations peut faire des merveilles quand la musique s’impose comme diapason.

Depuis Into The Murky Water, votre deuxième album, le line-up du groupe a légèrement changé. En quelques mots, que s’est-il passé pour vous depuis 2011 ?

Christian : En fait, nous sommes passés de huit à sept, puis à six pour le noyau dur qui est le même depuis quatre ans maintenant... avec des musiciens additionnels, suivant les périodes. Avec le temps et le relatif succès de The Leisure Society, nous nous sommes un peu éparpillés sur différents projets et nous voilà tous les six aujourd’hui. Tout a commencé avec Nick et moi-même dans un collectif The Brighton's Willkommen, ensuite nous avons créé The Leisure Society et Helen Whitaker ou Mike Sidell sont arrivés...
Nick : Sa notion du "quelques mots" est toute relative (rires) ! Pour faire court, il y a eu un long processus organique pour arriver à la formation The Leisure Society d’aujourd’hui.
Helen : Nous sommes parfaitement regroupés et reliés tous les six maintenant. Je crois que c’est finalement la bonne formule pour nous.
Christian : Oui, je crois que c’est le point important. Nous sommes enfin arrivés à nous stabiliser et à conserver le noyau dur dont nous avions besoin pour notre musique.

Est-il difficile de manager autant de musiciens dans un groupe ?

Nick : Cela peut vite le devenir ! Surtout en tournée quand nous sommes parfois sept. Plus un groupe compte de membres, plus il est difficile à manager.
Christian : Tout le monde se doit d’être calme, patient et positif, sinon chacun commence à marcher sur les nerfs de l’autre. Mais, jusque-là, tout le monde a été très positif et tout se passe très bien.
Nick : Comme nous sommes un peu moins nombreux maintenant, nous jouons tous de différents instruments. Helen joue des claviers, de la flûte ou du violon ; Mike de la guitare comme du violon également... donc oui, il y a eu quelques changements pour continuer à faire de The Leisure Society un groupe bruyamment joyeux.

Vous avez travaillé avec Ray Davies des Kinks. Votre rencontre a été si bénéfique que vous avez enregistré votre troisième album, Alone Aboard The Ark, dans son studio. Comment s’est déroulée cette collaboration ?

Christian : Son manager lui a fait écouter notre second album, Into The Murky Water – toujours à la vente chez les bons disquaires (rires) ! – et il l’a vraiment beaucoup apprécié. Il nous a appelés et laissé un message deux semaines avant le Meltdown Festival à Londres en 2011 où un hommage lui était rendu. Nous sommes rapidement passés à son studio, Konk, et nous l’avons aidé sur plusieurs titres qu’il enregistrait pour le concert de charité pour l’association, Sane, souffrant lui-même de dépression. Ensuite nous avons joué ces titres avec lui sur scène. Konk est vraiment le premier studio dans lequel nous nous sentions bien. Généralement, nous n’aimons pas les sessions d’enregistrements en studio. Ces enregistrements peuvent devenir très stéréotypés et il y est difficile de faire ressortir le son live d’un groupe. Mais, chez Konk, tout est vieux et poussiéreux et tout sonne différemment. Nous avions pu nous en rendre compte en 2011 et nous avons conclu que notre troisième album devait être enregistré là bas pour obtenir ce son.
Nick : Nous avons enregistré sur de vieux magnétos deux pouces des années 70. Ray possède des Melotron, des orgues Hammond et beaucoup d’autres vieilleries magnifiques. Cela nous a donné l’occasion d’expérimenter d’autres pistes sonores. Une fois, je me suis assis à un vieux piano électrique totalement déraillant et dont le cendrier débordant n’avait pas dû être vidé depuis dix ans ! Mais nous préférons cette authenticité à la perfection immaculée d’un studio très récent.

Vous êtes reconnus pour la qualité de vos textes et Alone Aboard The Ark ne déroge pas à cette règle. Comment se passe l’écriture chez The Leisure Society ? Est-ce un processus collectif ?

Nick : J’écris les textes de ce groupe. Donc, oui...
Helen : Non Nick, ce n’est pas un processus collectif (rires) ! Tu écris les textes tout seul.
Nick : Oui, pardon. Je voulais dire non...
Christian : Nick nous livre des titres assez aboutis avec des idées de mélodies à la guitare. Puis, nous nous séparons pendant une semaine environ pour aller, chacun de notre côté, tenter d’interpréter notre partie musicale et imaginer ce que l’autre va jouer et interpréter de son coté. C’est là que les choses commencent à prendre forme. C’est tout le bonheur d’être un tel groupe ; quand on se retrouve, chacun a trouvé sa place et apporte sa vision que nous assimilons aux autres. Avec sept instruments parfois, c’est une grande joie que d’arriver à nous situer tous.
Nick : Nous nous retrouvons à la campagne dans une maison isolée sur des kilomètres... et nous passons là de merveilleux moments, tous ensemble.

Nick, comme Christian et les autres, vous avez dû vous battre pour survivre et arriver là où vous êtes aujourd’hui. Vous avez été vendeurs, manutentionnaires... Diriez-vous que ces combats et cette lutte vous ont finalement aidés à trouver en vous le meilleur pour écrire de si bons albums ?

Nick : Absolument. Une des raisons pour lesquelles j’ai commencé à écrire des chansons, c’est parce que j’avais une vie terriblement merdique à cette époque ! J’avais déjà tenté d’écrire des chansons, mais elles n’étaient pas bonnes. Je n’avais rien à raconter. Il m’a fallu tomber en dépression pour commencer à écrire des titres intéressants. C’était une échappatoire pour moi. Sans ces moments difficiles dans ma vie, je n’en serais pas là.
Christian : Je crois qu’il faut que tu passes par des moments où tu fais de la mauvaise musique pour apprendre à faire de la bonne musique. Ça t’apprend quand ne pas jouer, quoi ne pas jouer, où ne pas jouer... Cela m’a pris du temps à me rendre compte de tout cela, mais je pense que nous devenons tous meilleurs avec le temps. Je te jure que nous tous avons produit et joué des musiques très peu recommandables par le passé (rires) !

Qui a produit Alone Aboard The Ark ?

Christian : Nous avons produit ce disque nous-mêmes avec Nick. Comme pour les deux premiers albums d’ailleurs. Mais, cette fois ci, il faut rendre hommage à un des ingénieurs du son de Ray Davis, Dougal Lott. Il possède ce talent de pouvoir traduire en sons les idées que tu poses sur la table. Son expertise technique est grande et il sait quel microphone utiliser et où le placer pour obtenir le résultat envisagé. Il est capable de ressortir de vieux compresseurs ou des machines de traitements d’effets d’un age respectueux dont nous n’avions jamais entendu parler ! On peut dire qu’il a fait partie intégrante du processus de production. Contrairement aux deux premiers albums où les parties de basse et de batterie pouvaient sonner un peu imprécises, Dougal a rendu ces instruments précis et nets sur Alone Aboard The Ark. Il a également su apporter l’efficacité due à sa grande expérience, là où nous passions une semaine à placer une guitare sur un titre, lui l’a fait en vingt minutes !
Nick : Avec Alone Aboard The Ark, nous avons essayé de faire des prises sonnant le plus live possible. Avec Into The Murky Water, nous n’avions pas d’autres choix que d’enregistrer un instrument à la fois à cause d’un manque de moyens et d’espace. Cette fois-ci, les cordes, par exemple, ont toutes été enregistrées en même temps avec un quartet. L’important était de retransmettre les vibrations d’un enregistrement live.

Quand Into The Murky Water est sorti, vous étiez attendus au tournant comme souvent pour un deuxième album. Avec Alone Aboard The Ark et le succès passé de Into The Murky Water, avez-vous ressenti une pression encore plus importante ?

Nick : Je pense qu’un troisième album est le plus difficile à faire. Pour le deuxième, il te reste quelques titres du premier que tu ne veux pas laisser de côté et donc, tu essaies de les reprendre. Un premier album te prend tellement de temps et d’énergie à mettre en place que tu produis beaucoup plus qu’il n’en faut. Pour un troisième disque, tu repars quasiment d’une feuille blanche.
Helen : Je me suis sentie un peu plus libre sur ce troisième disque.
Christian : Moi aussi. Pour Nick, le travail d’écriture était plus difficile mais je pense que le groupe se sentait plus libre dans un sens. Pour Into The Murky Water, je me souviens avoir ressenti beaucoup de pression. Pendant que Nick et moi mixions ce disque, je sentais le poids de l’attente sur mes épaules. Sûrement parce que le premier disque, The Sleeper, avait attiré l’attention sur nous. Je pense que nous nous sommes plus amusés à faire Alone Aboard The Ark.

Alone Aboard The Ark a été enregistré à l’aide de vieux procédés et une volonté de retrouver un son live. Etait ce pour vous rapprocher du son 60’s et 70’s et de groupes comme les Kinks ?

Nick : Ce n’était pas une volonté affichée de retrouver un son rétro – nous avions préparé nos titres sur nos ordinateurs – mais avec l’aide de Dougal Lott, nous avons compris que le mélange de deux générations d’hommes, de machines et de processus d’enregistrements, nous donnerait un son plus étoffé et plus riche.
Christian : Beaucoup de producteurs pensent que les années 70s ont produit ce que l’enregistrement studio pouvait produire de meilleur. Et je suis d’accord avec eux. Depuis, cela s’est un peu dégradé, peut-être à cause d’une volonté de faire plus vite et moins cher... Ce n’est pas une recherche pour trouver un son ancien, mais pour trouver le son réel !

En écoutant des titres comme A Softer Voice Takes Longer Hearing, on ne peut s’empêcher de penser à des bandes originales de films comme Midnight Cowboy et la reprise de Fred Neil par Harry Nilsson, ou les musiques de John Barry... des ballades folks rock par essence. Vous sentez-vous attachés à cette époque et ces musiques-là ?

Nick : Je crois que nous sommes tous des amateurs de ces musiques-là, de John Barry à Henry Mancini en passant par Ennio Morricone. Quand j’étais jeune, je m’endormais avec la musique de John Barry, surtout celle de James Bond, On Ne Vit Que Deux Fois, notamment chantée par Nancy Sinatra.
Helen : Sûrement à cause des instrumentations de ces compositeurs qui utilisaient à merveille les cordes et des arrangements sonores très riches. Ce que nous tentons de faire aussi, à notre petit niveau.
Christian : En fait, nous sommes tous de grands romantiques et Nick écrit des mélodies qui méritent cette précision et cette richesse. Elles ne sont sûrement pas à gâcher. Nick était vraiment un ado cool. moi, adolescent, j’écoutais du Michael Jackson (rires) !

Dans la foulée, sur ce nouvel album, le superbe titre Fight For Everyone laisse planer comme des airs de Belle & Sebastian. Les folk songs ont survécu à beaucoup de périodes et perdureront encore longtemps, avec vous notamment...

Christian : Exactement. Les chansons folk n’appartiennent à aucun instrument en particulier ou à aucune époque. Elles les traversent parce qu’elles sont de qualité... Mais, pour être précis, je pense que Nick et moi nous écrivons des pop songs.

Quant à Tearing The Arches Down, la piste suivante, c’est un titre choral comme les font Arcade Fire, par exemple. Cet album est donc un florilège de compositions qui couvrent un large spectre, Alone Aboard The Ark, c’est l’album de la maturité de la part d’un groupe qui ne veut plus être placé dans des petites boîtes ?

Nick : Absolument. À un certain niveau, je pense que nous avons toujours été ce groupe-là. Par le passé, je jouais dans un groupe de rock avec Christian. J’ai toujours été très hétéroclite dans mes goûts musicaux. En Angleterre aujourd’hui, c’est évidemment le retour aux années 90 et au shoegazing. Je pense qu’il faut s’éloigner de ces retours automatiques aux périodes passées tous les vingt ou vingt-cinq ans.
Christian : Beaucoup de groupes se décarcassent pour être à la mode ; parce qu’avec la mode vient parfois un public... Si tu prends la référence ultime et peu originale que sont The Beatles, ils ont toujours écrit les chansons qu’ils voulaient écrire sans se soucier de ce qui était à la mode ou pas. Ils englobent à eux seuls tous les styles musicaux possibles en dix ans de carrière. Et parfois même avec un seul album ! Et si cela veut dire que The Leisure Society n’est pas à la mode, je n’en ai vraiment rien à foutre !
Nick : Quand je réécoute le White Album des Beatles, je suis tellement surpris d’un tel mélange de genres ! C’est d’une diversité folle avec des titres jazzy, de la pop légère, du rock lourd...
Christian : Je me demande si nous sommes vraiment fait pour cette époque (rires) ?

Lors de notre dernière interview, vous nous aviez confié votre envie de composer une bande originale de film un jour. Avez-vous des projets à venir ?

Christian : Dans toutes les interviews nous clamons que notre rêve serait d’écrire et jouer la Bande Originale d’un film de Wes Anderson ! Il ne nous a pas encore appelés... (rires)

On peut parfois lire dans les médias des comparaisons de votre musique avec celle de Neil Young ou Grizzly Bear, dont vous partagez l’intelligence d’un style folk rock revisité. Vous sentez-vous honorés de ces comparaisons ou aimez-vous le fait que votre musique soit incomparable ?

Nick : Bien sûr, j’en suis flatté. Ce sont de grands artistes, mais je crois aussi que nous avons un son unique. Nous partageons quelques éléments de langage musical, mais nous avons su trouver un son qui nous caractérise et c’est ce qui a fait notre succès, jusque là. Sans ça, sans originalité dans le son que tu représentes, les gens se lassent de ta musique.
Helen : Les gens aiment comparer les groupes entre eux, surtout les journalistes (rires) !
Christian : Tant que nous nous voyons comparés à des groupes que nous aimons, tout va bien...

En 2009, Brian Eno a dit : « The Leisure Society est le groupe que j’ai écouté avec le plus grand enthousiasme ces dernières années ! » Quel compliment de la part d’un tel artiste !

Nick : Quelle surprise pour nous ! On s’attend à ce que Brian Eno n’écoute que de la musique expérimentale... mais il s’est avéré un fan de notre musique. C’est un gars vraiment gentil.
Christian : Nick et moi-même nous sommes rendus dans son appartement à Londres quelques jours après. Je me souviens qu’il est allé à son frigo et en a ressorti du fromage très odorant : « Vous n’en voulez sûrement pas, mais moi je vais en manger ! ». Nous nous sommes donc assis à table avec lui et avons bu quelques bières en parlant de musique. Ensuite, nous avons été invités à sa fête de Noël.
Nick : Nous avons fini par faire la chenille dans son studio (qui est aussi son appartement), tous très ivres !
Christian : Nous étions là, à danser en chenille avec les Coldplay, Chris Morris et Brian Eno... Je t’assure que le lendemain, tu te demandes vraiment ce qui a pu se passer pour en arriver là (rires).

Qu’est-ce qui occupe vos esprits quand vous êtes sur scène et que vous jouez de vos instruments ?

Nick : L’idée serait d’être totalement absorbé par son instrument... mais, parfois, c’est de la pure terreur qui s’empare de toi !
Christian : Quand nous sommes relâchés, nous nous perdons corps et âmes dans nos chansons. Souvent, nous avons conduit une journée entière et vu que nous n’avons pas une équipe très nombreuse avec nous, il nous arrive d’arriver sur scène assez fatigués. Mais, la plupart du temps, le but est de jouer à six ou sept comme un seul homme. Et, quand on y parvient, nous sommes comblés.

Comment s’est passée votre live session d’hier soir sur Fip Radio ?

Christian : C’était très bien. Quand nous sommes arrivés, nous ne savions pas vraiment de quoi il en retournait en fait. Sur les murs de Radio France, il y avait ces grandes affiches avec nos têtes dessus et nous avons été très surpris et très intimidés aussi ! Hier soir, c’était notre premier live de lancement d'Alone Aboard The Ark et avec un nouveau bassiste, il nous fallait ous régler et penser pas mal de petits détails avant le concert. Le nouveau venu pour cette tournée se nomme John Cox. Le public était très polarisé sur notre set et vraiment à l’écoute de nos titres. C’était une très bonne rencontre pour un premier concert de promo.

Quel est votre pire ou plus mémorable souvenir de scène ?

Christian : En 2010, nous avions donné un concert à Londres. Le matin même, énervé je ne sais plus pourquoi, j’ai tapé dans un mur et je me suis cassé des os de la main ! Pas le temps d’aller à l’hôpital car nous avions les balances à faire…donc, le soir venu, j’ai quand même joué avec une main en piteux état et des doigts repliés ! Finalement, et aussi parce que le premier groupe avait joué avec une heure de retard, le show s’est interrompu au bout de quelques minutes.
Nick : Le public nous a un peu hués car nous n’avions joué que deux ou trois morceaux, mais franchement, ce n’était pas de notre faute. C’était sûrement le pire des concerts pour nous !

Est-ce que vos familles sont vos premiers fans ?

Helen : J’ai justement reçu un SMS de mes parents hier soir. Ils écoutaient le concert de Fip sur Internet. C’est une vraie chance d’avoir le soutien de nos familles qui n’hésitent pas à venir nous voir quand nous jouons en Angleterre.
Nick : Mes parents ont tellement été déçus par mes choix par le passé – ils ont toujours souhaité que je trouve un « vrai job » – que quand nous avons joué à The Barbican à Londres en 2011 accompagnés d’un orchestre classique de quatorze musiciens, ils m’ont enfin accordé un peu de reconnaissance et j’ai pu les rendre fiers, j’espère.

Quels sont les derniers disques que vous avez acquis ?

Christian : J’ai acheté le nouvel album de Tame Impala. Et aussi l'EP de Foxygen. C’est une sorte de boys band américain dont je reste généralement à distance, mais c’est vraiment bien, je l’ai transféré à Nick hier justement.
Nick : J’en ai acheté des tas ces derniers temps mais à chaque fois que quelqu’un me demande ce que j’écoute actuellement, je suis incapable de répondre ! J'ai acheté le dernier album de Fionn Regan. Il enregistre seul à la guitare avec un vieux quatre pistes. Ce sont huit titres très simples où il joue guitare et harmonica en même temps, un peu à la Bob Dylan ; très beau et très atmosphérique.

Avec trois albums au compteur maintenant et des dizaines de titres sur Internet, souffrez vous des téléchargements illégaux ou voyez-vous cette exposition de votre musique en ligne comme une reconnaissance de votre travail ?

Christian : C’est une question qui revient très souvent entre nous. Bien sûr, l’idée de pouvoir créer et partager immédiatement avec le monde entier est une idée séduisante. Mais, si personne ne paye plus pour cela, les artistes n’y survivront pas. Et puis il y a la dimension qualitative : Si tout le monde, à l’aide d’ordinateurs peut devenir graphiste ou musicien en un clic et diffuser son travail sans l’aide d’éditeurs ou de labels, la qualité artistique va vite s’écrouler.
Helen : Nous discutons souvent de plates-formes comme Spotify et de leur modèle économique ou de l’opportunité de pouvoir transporter sur ton smartphone ou ton ordinateur portable des milliers de titres. C’est une très belle avancée pour découvrir des musiciens de par le monde, mais il faut que cela soit tenu à une rémunération des artistes, même faible car elle sera compensée par le nombre de téléchargements. J’aime l’idée que la musique soit accessible à tous. Par contre, je ne connais rien de plus déprimant que de voir ton album qui n’est même pas encore sorti officiellement, déjà en ligne sur Internet !

Vous avez beaucoup joué et avez eu un beau succès en France avec vos précédents albums, qu’est-ce qui vous plait ici et qu’est-ce qui vous agace ?

Nick : Les tarifs des taxis sont hallucinants ! C’est juste inabordable...
Christian : J’aime la ville de Paris parce qu’elle donne l’impression de ne jamais changer. Je peux marcher dans les rues et imaginer aisément Picasso ou Hemingway dans des cafés qui n’ont pas changé depuis leur époque. Londres est tout le temps en mouvement et les lieux anciens sont constamment rénovés. Un autre point que j’aimerais aborder sur Paris : il y a tant de belles filles dans cette ville ! C’est génial.
Helen : Hier soir, nous avons mangé dans un restaurant végétarien et pour moi qui ne mange pas de viande, je trouve que Paris regorge d’endroits où toutes les préférences alimentaires sont représentées.

Où aurons-nous la chance de vous voir jouer dans les mois qui viennent ?

Christian : Nous avons une tournée Anglaise programmée du 8 au 25 avril. Puis, nous ferons une tournée européenne un peu plus petite... Pour les festivals, nous serons au End Of The Road Festival en Angleterre. C’est dans le Dorset et je pense que c’est notre festival favori. C’est un lieu en pleine nature, entouré d’arbres et de plaines de gazon anglais. Il y a des tas de créations d’artistes plasticiens qui se balancent dans les arbres ; une scène dans les bois avec juste un piano où des concerts secrets sont donnés – les gens sont censés le trouver par eux mêmes. Et, comme c’est à l’extrême sud de l’Angleterre, le climat y est doux et fait de ce lieu l’endroit idéal sur terre pour ce genre d’événement. Et, bien sûr, nous serons au Café de la Danse de Paris le 6 mai prochain.