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The Leisure Society

Interview publiée par Laetitia Mavrel le 11 mai 2020

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La période de confinement et la crise sanitaire portent un coup brutal à l'industrie de la musique. Limitant les moyens et le flux d'actualité des artistes, certains réussissent néanmoins à rester productifs. Nick Hemming, leader du groupe The Leisure Society, nous livre ses réflexions sur cette période troublée suite à la parution d'un single inédit composé intégralement en isolation, The World From A Window.

Comment se passe ton confinement et sur quoi travaillais-tu avant la crise ?

Après la sortie de Arrivals & Departures, notre cinquième album studio, l'an passé, j'ai entamé les démos pour la suite à venir. S'agissant du confinement, je vis dans une grange aménagée dans la région du Peak District dans le Derbyshire et j'ai la chance de respirer l'air frais dès que j'en ai envie bien que la solitude soit difficile à vivre. Avec le retour du soleil, le moral revient et je fais pousser plein de légumes. Les joies de l'horticulture !

La pandémie et ses conséquences ont mis en stand-by toute notre façon de vivre. Dans le monde de la musique, quels sont les impacts concrets sur les musiciens ?

Toutes les tournées prévues à court et moyen termes ont été annulées, ce qui va avoir un impact considérable sur l'industrie, les choses étant déjà compliquées pour les petits et moyens groupes. Nous avons dû nous aussi annuler une mini tournée anniversaire d'un de nos albums.
J'étais également en train de rechercher des musiciens pour travailler avec nous sur le nouvel album, mais je ne sais pas quand nous pourrons continuer. Comme beaucoup de gens, notre vie est mise à pied et je pense que toutes les activités qui nécessitent d'accueillir des publics en nombre souffriront encore des effets de la crise l'an prochain, si ce n'est plus.

A propos de nouvelle musique durant la crise, quelles peuvent être les difficultés rencontrées si une sortie est maintenue ? Choisirais-tu plutôt de reporter comme l'ont déjà fait certains artistes ?

Beaucoup de groupes n'ont pas modifié leurs sorties profitant des avantages d'internet en assurant une promotion en ligne. C'est une bonne chose, autrement nous allons avoir un déluge de nouveautés quand les choses reprendront leur cours !

The Leisure Society vient de nous dévoiler une nouvelle chanson malgré que vous soyez tous isolés les uns des autres. The World From A Window est très émouvante et s'inspire de ce que nous vivons actuellement. Raconte nous comment vous vous y êtes pris pour la réaliser...

J'ai mis une bonne semaine pour écrire et perfectionner les paroles, cela m'a d'ailleurs permis de garder le cap en me concentrant sur cette composition. Une fois m'être enregistré à la guitare, j'ai envoyé la démo à Sebastian et Jon (ndlr : Sebastian Hankins le batteur et Jon Cox le bassiste). Ils ont proposé une jolie rythmique que j'ai ensuite accompagnée de banjo, d'harmonium et de synthé.
Une fois le tout mixé, je l'ai envoyé à Christian (ndlr : Christian Hardy le claviériste) qui m'a fait des suggestions que j'ai intégrées. Helen nous a même envoyé une partition à la flûte traversière de sa lointaine maison en Islande, ce qui a embelli la production (ndlr : Helen Whitaker qui a quitté le groupe avant le dernier album).

Les paroles reflètent ce que certains entreprennent face à l'isolement : une intense réflexion sur leur vie. La chanson nous dit « We crave for the scent of a skin, the touch of a hand » (ndlr : « Nous avons envie du parfum d'une peau, du contact d'une main »). Penses-tu que cet isolement soit si traumatisant sachant que beaucoup s'isolent déjà naturellement en ne communiquant qu'au travers les écrans par exemple ?

Je lutte un peu avec le principe des appels vidéos, du coup je me retrouve très isolé physiquement. N'avoir plus aucun contact physique avec les autres est terrible à vivre. Les dégâts psychologiques liés sont importants, notamment chez les gens qui font déjà face à d'autres problèmes. J'ai perdu mon travail au début de la crise et jongler avec tant d'incertitudes est dur à gérer. Aujourd'hui le soleil brille et je me sens mieux mais il y a eu beaucoup de ténèbres certaines nuits...

Arrivals & Departures est sorti il y a maintenant un an. Il a eu de très bonnes critiques des médias et du public. Tu nous avais révélé alors que tu travaillais sur des nouvelles choses pour l'année à venir. Les plans sont-ils toujours maintenus ?

J'ai écrit et mis en démo pas mal de travail, nous avons plus ou moins un tracklisting mais il peut évoluer bien sûr. Il n'y a pas de calendrier établi mais j'espère rentrer en studio le plus rapidement possible. Nous avons fait nos premières répétitions en février et c'était vraiment génial de rejouer ensemble. Toujours pas de dates de prévues mais nous nous remettrons au boulot dès que possible.

Le public sera très impatient de retourner voir des concerts après ces longs mois. Comment imagines-tu les retrouvailles ?

Je pense que ça sera bouillonnant, une vraie célébration. Je suis si impatient de remonter sur scène ! Ne plus pouvoir jouer ni aller en concert me fait me rappeler à quel point la musique live est si importante pour moi.

Peux-tu nous donner ton top 10 pour le confinement ?

Don't Turn The Light On Leave Me Alone - Can
Clay Pigeons - John Prine
Conversation - Joni Mitchell
There Will Never Be Another You - Chet Baker
Nothing More's Gonna Get In My Way - Supergrass
Somebody That I Used To Know - Elliott Smith
Spent the Day In Bed - Morrissey
Daydreaming - Radiohead
Grandma's Hands (live at Carnagie Hall- Bill Withers
Up With The People - Lambchop