Avec Slow Focus, leur troisième album, Fuck Buttons mettent fin à une absence discographique de près de quatre années. En passe de devenir l'une des formations les plus populaires de la scène électronique britannique, Benjamin John Power et Andrew Hung reviennent pour nous sur leur passé commun et la genèse d'un disque promis à un beau succès critique et populaire.
L'année passée, deux de vos chansons avaient été utilisées lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques d'été de Londres. Comment l'aviez-vous vécu ?
Andrew Hung : Nous n'aurions jamais pu imaginer voir notre musique utilisée dans un tel lieu. Ce n'en était que plus fantastique pour nous !
Benjamin John Power : Nous étions au courant depuis quelques temps mais nous n'avons connu les détails concernant leur utilisation qu'une poignée de semaines avant l'événement. C'était un honneur incroyable.
Vos deux premiers albums étaient sortis en 2008 et 2009 mais il aura fallu quatre années que Slow Focus ne voit le jour. Comment l'expliquez-vous ?
Andrew Hung : Nous n'avons en réalité jamais vraiment arrêté nos activités. Nos deux premiers albums sont sortis après que nous nous soyons formés en 2004, les deux disques ne sont donc pas tombés du ciel. Après que Tarot Sport ait vu le jour, nous avons donné beaucoup de concerts pendant environ deux ans puis nous nous sommes consacrés à l'écriture. Nous n'avons pas eu l'impression de disparaître très longtemps.
Benjamin John Power : Après deux années en tournées, nous avons pu commencer à écrire notre nouvel album. Nous venions de finir de construire notre propre studio, nous pouvons donc prendre notre temps pour peaufiner nos nouvelles chansons. Je pense qu'il nous a été très profitable de pouvoir travailler dans de telles conditions.
A-t-il été compliqué de reprendre vos activités en tant que Fuck Buttons après avoir évolué séparément pour Blanck Mass et Dawn Hunger ?
Andrew Hung : Pas vraiment du fait que nous n'avons jamais réellement mis de côté Fuck Buttons.
Benjamin John Power : Absolument pas ! Même si de l'extérieur le groupe pouvait sembler endormi, nous étions au contraire très occupés à préparer ce nouvel album.
La musique que vous avez écrite et enregistrée pour vos side-projects a-t-elle eu une influence sur ce nouvel album de Fuck Buttons ?
Andrew Hung : Pas de manière consciente. Lorsque nous composons, nous n’avons pas de réflexion particulière à ce sujet, mais je pense que tout ce que nous faisons à un impact sur le reste... Donc oui, d’une certaine manière, nos activités parallèles ont un impact sur la musique de Fuck Buttons.
Concernant ce nouvel album, pouvez-vous m’en dire plus sur son titre, Slow Focus ?
Benjamin John Power : Lorsque nous achevons l’enregistrement d’une chanson, ou d’un album en l’occurrence, nous avons pour habitude de nous poser tous les deux et d’évoquer quelle image la chanson ou le disque nous renvoie. Pour moi, cet album correspond à l’état d’esprit dans lequel tu trouves au réveil, après un long sommeil, lorsque tes yeux s’ouvrent et réajustent leur vision puis réalisent que tu es dans un lieu que tu ne connais pas. Une certaine forme d’anxiété se fait alors sentir, j’imagine que le ressenti serait le même lors d’un réveil après une longue période de cryogénie. Tu comprends alors que tu le contexte est dangereux et hostile. Cela dit, en expliquant notre vision, je ne cherche pas à l’imposer à ceux qui écouteront l’album, c’est une simple explication de la façon dont nous ressentons les choses.
Vous aviez jusque là travaillé avec John Cummings puis Andrew Weatherall pour vos deux premiers albums, comment en êtes-vous venu à produire vous-mêmes Slow Focus ?
Andrew Hung : Ça n’a pas été un véritable changement pour nous. De par la façon même dont nous travaillons, la production est directement impliquée dans le processus, notamment le choix des textures et des sons correspondant le mieux à une chanson et son rythme.
Benjamin John Power : Ce choix a aussi découlé du fait que nous possédons désormais notre propre studio. Nous pouvions aller à notre rythme, prendre notre temps. Cette décision était une évolution logique.
Le format même de vos chansons peut sembler incompatible avec le fait de sortir des singles. A-t-il été compliqué de sortir une version raccourcie de The Red Wing pour introduire l’album ?
Andrew Hung : Pas vraiment, c’était avant tout un choix pratique. Nous portons la même considération à chacune de nos chansons, qu’elles soient ou non choisies en tant que singles.
Avec un peu de recul, avez-vous le sentiment que votre relation « artistique » a évolué depuis les débuts de Fuck Buttons ?
Andrew Hung : Je ne pense pas ! Du point de vue de la pratique de la musique, notre relation ne requiert aucun effort particulier.
Benjamin John Power : Cela fait maintenant près de dix ans que nous écrivons de la musique ensemble. Notre mode de fonctionnement est unique et ne demande aucun effort, l’un comprend toujours ce que l’autre cherche à créer sans avoir recours à la moindre communication.
De quelle manière avez-vous tenté de rendre Slow Focus différent de ses deux prédécesseurs ?
Andrew Hung : Du fait de notre mode de fonctionnement si particulier, l’évolution de notre musique a toujours été très fluide. Nous ne prenons pas de décisions particulières, nous ne discutons que très peu de ce que nous créons ou de nos objectifs... Nous allons simplement de l’avant et utilisons différentes combinaisons pour nous guider nous et notre musique.
Benjamin John Power : Nous avons toujours travaillé de la même manière. Nous partons de nouvelles idées que nous prolongeons à travers des jams en utilisant de nouveaux équipements et en tentant d’innover dans la manière de les utiliser.
Avez-vous eu des influences particulières pour ce disque ?
Andrew Hung : Ma seule influence s’appelle Benjamin John Power. Nous n’avons pas vraiment besoin de chercher des idées en dehors du groupe afin de perpétuer notre musique, elle se suffit à elle-même pour exister.
Slow Focus semble plus sombre que vos deux précédents albums, notamment sur un titre comme Year Of The Dog...
Benjamin John Power : Oui, c’est vrai, tout au long du disque il existe un sentiment que l’on ne retrouvait pas sur nos deux autres albums...
Des éléments hip-hop semblent aussi avoir pris une importance plus grande dans votre musique, à l’image de The Red Wing par exemple. C’est un genre musical auquel vous vous êtes intéressés de plus près récemment ?
Andrew Hung : Nous écoutons du hip-hop depuis des années déjà, sans doute depuis que ce genre musical a trouvé sa place dans la culture populaire. Son idéologie, à savoir emprunter, sampler et recycler des sons est devenu inévitable dans la musique moderne.
Benjamin John Power : Le hip-hop m’intéresse depuis longtemps. Cela dit, lorsque nous avons écrit les chansons de Slow Focus, ce n’était pas une orientation vers laquelle nous cherchions à nous tourner.
Slow Focus est peut-être votre disque au son le plus lourd, était-ce un choix de votre part ?
Andrew Hung : La puissance du son est contextuelle. Pour moi, cet album possède également une part de calme. Peut-être pas d’un point de vue esthétique, mais plutôt de par la confiance qui s’en dégage.
En dehors de quelques concerts de temps à autres, vous n’avez que peu tourné ces deux dernières années. Avez-vous prévu de faire évoluer vos prestations scéniques à l’avenir ?
Andrew Hung : Nous voulons que nos concerts soient plus « enveloppants » à l’avenir. Nous nous sentons ambitieux pour le live...
Benjamin John Power : Nous avons beaucoup travaillé pour proposer une nouvelle présentation sur scène. Nous avons eu l’occasion de la tester à quelques reprises déjà, nous sommes très excités pour les prochaines tournées...