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Hell Is For Heroes

Interview publiée par Fanny le 2 septembre 2004

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Virés de leur maison de disque EMI, Hell Is For Heroes ont su vite rebondir en sortant très vite le single One Of Us sur un petit label indé, une manière de rassurer les fans et de les faire patienter avant la sortie de leur très attendu second album.
Quelques mois avant l’arrivée du successeur de The Neon Handshake et du programme chargé qui les attendent, Justin Schlosberg a trouvé le temps de nous répondre et d’éclaircir quelques points, de leur mésaventure avec EMI à l’annulation de leur dernier concert parisien, en passant bien sur par le futur du groupe.

Peux-tu nous parler de votre problème avec votre ancien label EMI ? Était-ce vraiment impossible de continuer avec eux ?

Pour résumer cette très longue histoire, EMI a nommé une nouvelle personne pour nous superviser, ce type voulait qu’on écrive plus de chansons, alors qu’on avait déjà l’album qu’on voulait faire.
Etant donné que nous sommes têtus et sans cervelle, on a refusé et EMI nous a virés en rompant le contrat. Ce n’est pas une question de principe - on aime beaucoup de groupes qui sont signés sur des majors – c’est juste que nous ne sommes pas le genre de groupe qui écrit des chansons à la demande et c’est vrai qu’on se sent beaucoup mieux en étant maintenant indépendants. Les majors dépensent beaucoup d’argent sur de la merde ; plus elles grossissent, moins il y en a, et plus c’est difficile pour la musique qui ne correspond pas à des formules toutes faites.

Avec ce clash, n’avez-vous pas eu peur de voir votre carrière freinée ?

C’est l’opposé en fait. Je crois que chaque groupe bénéficie jusqu’à un certain point de l’argent qu’on utilise pour lui. Mais pour nous il y avait plus de négatif que de positif. On s’est rendus compte qu’on était sur une major, on avait perdu le contrôle des petites choses comme le packaging de nos cds, ce qu’on en dit dans les publicités, les clips... Pour moi, être dans un groupe ce n’est pas seulement de la musique, mais également un moyen d’expression personnelle, et toutes ces petites choses comptent. Donc quand on perd ce contrôle on perd cette connexion avec le public, pourtant si essentielle pour nous.
Si un jour on signe à nouveau avec une major, on fixera nous-mêmes les conditions du contrat. Dans le cas contraire, nous sommes confiants, on pourra survivre et évoluer de manière indépendante. Dans tous les cas nous sommes contents car on va pouvoir être jugés sur notre nouvel album, donc étonnement en ce moment le futur semble très bon.

Votre prochain single sortira sur le label Captains Of Industry, comment êtes-vous entrés en contact? N’est-ce pas ironique de signer avec un tel label dans votre situation ?

En fait je fais partie de Captains of Industry et nous nous identifions à son idéologie, Le mot 'industrie' n’est pas un mauvais mot – ça sous-entend production, invention, création – pousser les limites d’une fabrication.
Nous voulons récupérer ce mot qui est aujourd’hui associé à la production de masse. Par exemple, nous croyons à la musique gratuite via les téléchargements, mais nous croyons aussi que les CDs bien ficelés, avec un bon packaging, peuvent avoir une valeur significative s’ils viennent du cœur et pas d’une salle de travail…

Que penses-tu de l’industrie du disque aujourd’hui ?

Je crois que l’industrie est en émoi mais pas à cause du piratage – c’est seulement une fausse excuse. Si les ventes de cds baissent c’est parce que les majors ne savent plus ce que les gens attendent de la musique. Pendant que les grandes entreprises grossissent, elles s’éloignent de plus en plus de la musique. Elles croient qu’elles réagissent juste au marché et que le marché demande ce qu’elles vendent. Mais en fait, comme tous les médias, les maisons de disques créent la demandent autant qu’elles y réagissent. En investissant énormément dans de la pop manufacturée et dans les dernières tendances musicales, elles créent le genre d’auditeurs inintéressés qui reviennent maintenant les mordre.
Mais à la fin je crois que la bonne musique trouvera toujours une voie de sortie et je pense qu’avec les problèmes des gros labels et avec les nouvelles technologies permettant de faire et distribuer de la musique, il y a un nouvel espace pour que les groupes se débrouillent par eux-mêmes ou avec des labels indépendants. Si d’une certaine façon nous pouvions contribuer à cela on en serait contents.

Comment se fait-il que One Of Us sorte en série limitée, et avec une pochette faite à la main?

L’idée est de sortir des singles en tant que véritables enregistrements plus que comme des outils commerciaux. Il n’y a pas de b-sides et la décoration à la main est le symbole de notre nouveau contrôle sur la création.

Est-ce que votre album sortira également sur ce label ?

Ca reste encore à décider. On serait contents de signer sur une autre major si nous pouvions décider les termes du contrat car il y a des avantages évidents, à commencer par le support financiers de nos projets. Mais on serait contents aussi de rester indépendants si les choses doivent se faire ainsi.

Quand?

Soit en octobre, soit en janvier - gardez un oeil sur notre site.

A quoi peut-on s’attendre avec ce nouvel album ? Quel type d’évolution avez-vous connue depuis The Neon Handshake ?

Il sonne vraiment très différemment du dernier album mais je crois qu’il reflète tout simplement la façon dont nous avons grandi. C’est difficile de parler de musique mais on peut dire qu’il est spontané et véritable. Et le plus important : il ne sonne comme rien d’autre en ce moment.

Pourquoi avoir fait appel aux mêmes producteurs? Comment s’est passé l’enregistrement en Suède?

On a gardé les mêmes producteurs car on s’entend très bien avec eux personnellement et musicallement. Enregistrer en Suède c’était génial - on se sentait complètement déconnectés de nos vie habituelles et c’était exactement de que nous voulions. Culturellement c’est un monde à part, très différents des scènes de Londres, LA ou NY.

Vous êtes politiquement engagés (dans vos paroles, sur votre site). Considères-tu la musique comme un moyen de répandre des idées ?

Je ne vois pas la musique comme un « outil » pour répandre des idées. Je pense juste que notre musique C’EST nos idées, et certaines sont politiques, d’autres personnelles, d’autres les deux… On essaie de ne pas rendre notre musique réfléchie à l’excès.

Vous sentez-vous proches des groupes comme The (International) Noise Conspiracy, qui prônent le communisme ?

Je crois qu’on s’identifie aux groupes centrés sur une attitude plus que sur n’importe quoi d’autre. Donc ils n’ont pas besoin de sonner comme nous ou d’être d’accord avec nous ou de nous ressembler. Mais ils doivent absolument danser comme nous!

Est-ce que les autres membres de HIFH partagent tes idées ou est-ce qu’ils te suivent?

Dans le groupe, chacun a des idées différentes jusqu’à un certain point, et c’est une chose dont nous sommes fiers. Tout comme les gens qui visitent notre site viennent de différents horizons. Mis à part la tolérance et le respect, notre seul principe est la liberté d’expression.

Est-ce que vous vous attendiez à un tel succès avec The Neon Handshake ?

Le succès est relatif, c’est un jugement personnel. Par rapport à la plupart des groupes qu’on écoute, il s’est plus vendu, mais pour nous cela n’en fait pas un succès. Par rapport à Coldplay c’était un énorme échec ! Je crois que l’album a eu du succès quand on a fini de l’enregistrer car on était tous très fiers de nous.

l y a un an vous deviez faire un concert à Paris mais il y a été annulé car tu étais malade. Est-ce que ça va mieux maintenant? Pourquoi n’êtes-vous jamais revenus? Quand pouvons-nous espérer un nouveau concert en France?

Je vais bien. J’étais allé trop loin pendant un concert à Genève et j’ai eu une hémorragie du cerveau. J’ai eu beaucoup de chance, et nous retournons bientôt sur les routes – d’abord en Grande-Bretagne et ensuite j’espère qu’on viendra en France plus tard dans l’année, mais on cherche un label français pour sortir notre album.

Tu portais souvent un t.shirt Tetra Splendour, est-ce qu’il y a d’autres groupes avec lesquels tu as aimé tourner?

On aime presque toujours tourner avec les groupes avec lesquels on joue car on les choisit toujours.

Que faisais-tu avant de rejoindre Hell Is For Heroes ?

Je faisais pleins de petits boulots. J’ai travaillé partout, aussi bien dans une banque que dans un restaurant japonais.