Après l'inattendu succès de Brutalism, IDLES nous reviennent déjà avec un second album encore plus intéressant que leur premier. Joy As An Act Of Resistance se place d’ores et déjà comme l’un des meilleurs disques de l’année 2018. Rencontre avec Joe Talbot, un musicien talentueux et un homme délicieux, intègre et droit.
Joy As An Act Of Resistance arrive peu de temps après Brutalism. Vous avez été extrêmement rapides pour sortir ce nouveau disque...
A part deux morceaux, les titres sont tous nouveaux. On a écrit Brutalism il y a trois ans déjà. Après le très bon accueil qu'il a reçu, nous avons essayé d'écrire de la manière la plus honnête possible. J'ai réalisé au moment de l'écriture que je devais changer ma manière de vivre : qu'il me fallait arrêter de boire, de prendre des drogues. Nous sommes à un moment très important dans l'histoire de l'Europe et de l'Angleterre avec le Brexit et ses conséquences fâcheuses, nous nous devions d'exprimer cela dans un disque.
Vous considérez vous comme un groupe politique ?
Oui, même si je ne veux pas que nous soyons perçus comme un groupe politique mais comme un groupe normal. Le premier album était un disque politique et social, celui-ci est plus centré sur l'humain et l'émotion. Mais nous restons bien sûr politiques. Si l'immigration s'arrête, les pays s'écroulent. J'ai envie de parler politique mais aussi de la normalité, de la beauté.
Joy As An Act Of Resistance exprime cela : la beauté comme acte de résistance...
J'aimerais changer les choses, le coeur des humains, mais y arriver sans pour autant briser des vitres...
Sur le disque il y a ce morceau, Love Song, qui parait différent des préoccupations habituelles du groupe...
J'avais envie d'écrire une love song. J'ai voulu montrer ma vulnérabilité. Des gens pensent que je l'ai écrit de façon sarcastique mais ce n'est pas du tout le cas. C'est un morceau anti-machiste. Ma copine est forte. Elle ne parle pas de rouge à lèvre ou de futilités de ce genre mais de l'état du monde, de politique ou de sexualité. Ma copine me rend plus fort et je la rends plus forte.
Vous vous embrassez sur scène. Y-a-t-il une conscience queer chez vous ?
Absolument. Je suis un hétéro middle class mais j'embrasse mes amis garçons. Devrais-je m'excuser pour cela ? C'est juste quelque chose de normal.
Qu'exprime I'm Scum ?
C'est un morceau où je parle de moi, de la façon dont les gens me perçoivent.
La structure des morceaux est ici différente de ceux sur Brutalism. Les morceaux sont plus longs, plus complexes...
On voulait garder l'essence du groupe mais explorer de nouvelles choses. Il est important d'être en permanence dans un esprit de challenge.
June » est un morceau lent, là encore différent du IDLES que l'on connait...
Je l'ai écrite juste après la mort de ma fille. J'ai senti que je devais l'écrire comme une sorte de catharsis. Je ne savais pas si elle serait sur l'album. Mais cela m'a aidé d'écrire ce morceau, cela a aidé ma copine et, je l'espère, des gens qui ont vécu un tel drame...
J'ai l'impression qu'il y a une connexion très forte entre vous et le public, comme on le voit à chacun de vos concerts...
Oui, c'est tout à fait juste. Nous parlons de choses vraies et les gens se reconnaissent là-dedans. Je ne suis pas différent de notre public. Nous ne sommes pas supérieurs aux gens qui viennent nous voir. C'est un dialogue qui s'instaure entre eux et nous.
C'est étrange de vous voir si calmes dans vos vies privées et si sauvages en live...
Nous montrons notre vulnérabilité sur scène. Nous ne trichons pas.
Avez-vous été surpris par le succès de Brutalism ?
Oui. Nous n'avons pas pensé à la façon dont le disque serait perçu, ce qui est sain. Nous nous concentrons sur le présent sans penser au résultat. Une fois l'album sorti, il ne nous appartient plus, il appartient au public.
Le succès de Brutalism vous a aidés pour la conception de ce nouvel album ?
Oui, cela nous a permis d'avoir des moyens plus importants pour ce nouvel album. Une meilleure qualité de son, plus de temps en studio...
Vous écrivez déjà des morceaux pour le troisième album ?
Oui ! Que peut-il y avoir de mieux au monde que de se lever le matin et d'écrire des chansons ?
Tu apparais sur un morceau du dernier album de Turbowolf, un groupe de Bristol, comme vous. La scène de la ville est très soudée ?
Oui. C'est une petite communauté. Les groupes sonnent tous différents les uns des autres mais traînent dans les mêmes endroits. Les gens de Bristol sont ouverts. C'est une ville multiculturelle où il fait bon vivre.