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Snow Patrol

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 11 décembre 2018

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Après sept ans d'absence, Snow Patrol sont revenus cet été avec un nouvel album, Wildness. Gary Lightbody a retrouvé l'inspiration pour ce disque. A la veille de leur prochaine tournée en Europe, laquelle fera escale au Zénith à Paris le 23 janvier prochain, rencontre avec ce dernier, détendu et chaleureux, très loin de la prétention affichée par nombre de rock stars.

Sept années se sont écoulées entre Fallen Empires et Wildness. J'ai entendu que tu avais connu la panne de l'écrivain. C'est la raison qui explique toutes ces années qui se sont passées entre le précédent disque et ce nouvel album ?

La panne de l'écrivain est une explication un peu trop simple. Les chansons du groupe ont beaucoup traité des relations amoureuses et je n'ai pas été en couple depuis huit ans. Je ne me sentais donc pas d'écrire là-dessus. J'ai beaucoup bu durant toutes ces années, et lorsque j'ai arrêté, les choses sont devenues plus claires dans mon esprit. L'album ne parle pas que de mes problèmes d'alcool ou de ma dépression mais aussi de la famille, des amis. C'est un disque très positif.

Il y a beaucoup de morceaux qui parlent de la perte de mémoire...

Mon père est touché par ce mal. Mais les textes de l'album ne parlent qu'indirectement de sa maladie. J'ai eu des problèmes pour mémoriser mes textes. On ne le sait pas trop mais il y a pas mal de chanteurs qui utilisent des prompteurs.

On parle très rarement de cela mais le fait que Tom ait quitté le groupe n'explique-t-il pas aussi le fait que la gestation de cet album ait été si longue ?

Bien sûr. Je suis très triste qu'il ne soit plus dans le groupe. Il est comme un frère pour moi. Il était DJ lorsque je l'ai connu. Il jouait de la soul, du hip-hop. Je viens d'un background indie, je ne connaissais pas les trucs dance. Il m'a ouvert à cela. Je dansais sur la musique qu'il jouait. Ça m'a explosé l'esprit. Il m'a fait connaitre Aretha Franklin, Otis Redding, Andrew Weatherall, MC Solaar... Il est devenu DJ dans le groupe puis lorsque tous les groupes ont eu un DJ en leur sein, il a commencé à jouer des claviers. Il a passé dix-sept ans au sein de Snow Patrol mais il s'est trouvé presque par hasard dans un groupe de rock à guitares. Il se consacre maintenant à sa famille, à ses propres créations. Il fait des trucs artistiques.

Pourquoi le disque a-t-il été aussi long à produire ?

Je n'y arrivais pas en studio. On enregistrait la musique et je n'arrivais pas à trouver les paroles. On a fait des sessions l'an dernier. On écoutait Peter Gabriel, de la musique africaine et un jour on a écouté le nouveau Nick Cave. J'ai été hypnotisé en entendant le titre d'ouverture, Jesus Alone. On l'a écouté trois, quatre fois de suite et l'inspiration m'est revenue. J'ai commencé à écrire et plusieurs morceaux sont venus comme ça. Nick Cave m'a ouvert les portes.

Le premier morceau, Life On Earth, m'a fait penser à Pink Floyd...

On n'a pas écouté Pink Floyd dans le studio mais si tu me dis ça, ça me fait plaisir.

Fallen Empires, votre disque précédent, était très électronique, différent de ce que vous aviez fait auparavant. Celui-ci aussi est différent mais dans un autre style...

Pour ce disque, on a essayé d'explorer plein de territoires nouveaux. Il y a même des titres qui ont un côté hip-hop. Je pense que l'on avait jamais enregistré un morceau comme Don't Give In.

As-tu ressenti une pression du fait d'avoir été numéro un en Angleterre, d'avoir eu durant tant d'années l'attention des médias sur toi ?

Le succès n'est pas arrivé de suite. Les choses ont changé graduellement. Les premières années ont été difficiles. Si nous avions voulu maintenir le succès à tout prix, là nous aurions ressenti une pression, mais notre seule ambition est de sortir des disques.

Dans l'industrie musicale les choses vont très vite. Vous n'aviez pas sorti d'album depuis sept ans. Vous jouez actuellement dans de grosses salles en Angleterre, jouerez en Janvier au Zénith à Paris. Le public ne vous a pas oublié...

Cela fait plaisir de constater cela. Tu as raison, sept ans, c' est une éternité. J'étais inquiet de me dire que nous étions peut être partis trop longtemps. J'avais une pression par rapport à ça mais les autres membres du groupe et le label ont été très cool. Je me suis senti épaulé. La vie que l'on a eue de 2003 à 2012 était très difficile, avec ces cycles disque/tournée, disque/tournée... Ça te lessive.

Après Chasing Cars qui avait été un tube énorme, avez-vous eu une pression de votre label pour reproduire des singles de ce type ?

Jamais. Ils ne nous ont jamais demandés d'enregistrer à nouveau des trucs pour un album, ils n'ont jamais été sur notre dos.

J'imagine que ce disque est très important pour toi ?

Oui, c'est le disque que je préfère de toute notre carrière, et de loin.

Je pense qu'il t'a aussi ouvert des portes pour la création ?

Oui, j'ai beaucoup moins peur aujourd'hui. J'ai réussi à chasser mes démons.

La pochette est liée à l'idée de s'ouvrir au monde avec cet astronaute et ses oiseaux ?

Elle a été faite par un artiste néo-zélandais, Jeremy Geddes. Il est connu pour sa série de peintures Cosmonaut. L'opposition cosmonaute/oiseaux est le symbole de l'ouverture vers le Paradis.

Vous venez de débuter votre tournée anglaise. Quelle en est la setlist ? Surtout axée sur Wildness ?

Non, les concerts sont faits pour s'amuser. On a envie que le public s'éclate. Ce n'est pas un examen où tu dois réviser. On jouera bien sûr des titres de Wildness mais aussi beaucoup de morceaux de notre back-catalogue.