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James Righton

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 25 mars 2020

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L'ancien chanteur de Klaxons sort aujourd'hui son premier album solo (si l'on excepte son projet Shock Machine), The Performer. Un disque classieux et élégant à l'image de l'artiste. Rencontre à Paris avec un musicien talentueux doublé d' un être charmant et cultivé.

J'ai été un peu surpris de voir, en lisant le communiqué de presse, qu'il était écrit que The Performer est le premier album solo de James Righton. Tu ne considères pas Shock Machine comme ton premier disque solo ?

C'est un mensonge (rires). En fait, avec Shock Machine, j'étais encore à la recherche de mon identité en tant qu'artiste. J'aime cet album mais je n'avais pas encore la confiance nécessaire pour sortir quelque chose sous mon propre nom. Après en avoir parlé avec des amis, je me suis rendu compte que je devais sortir celui-ci sous mon nom.

Tu penses que tu sortiras encore des choses sous le nom de Shock Machine ?

C'est possible. Peut-être que je ferai des choses plus psyché sous cette appellation .Je n'abandonne pas complétement Shock Machine. Je joue des morceaux de l'album dans mes sets.

Tu m'avais dit qu'avec Shock Machine tu avais été plongé dans un truc rétro futuriste. Ce n'est pas du tout le cas sur ce premier opus solo...

Pas du tout, effectivement. Shock Machine avait été une libération, celle de n'être plus dans un groupe. Avec cet album, je voulais être plus direct. J'avais envie d'un truc hyper précis, comme dans Abbey Road des Beatles qui est mon album préféré, un disque où tout est à sa place.

Cet album est très sophistiqué...

J'ai trente-six ans. Il est normal que je le devienne enfin (rires). Je serai Bryan Ferry (rires).

Tu as bossé avec Sean O'Hagan pour les arrangements. Comment l'as-tu rencontré ?

J'ai enregistré les batteries dans un studio qui appartient à l'ancien batteur de Stereolab, un groupe que j'adore ceci dit en passant. Il m'a parlé de Sean. Ado, j'étais fan des High Llamas. Ils ont cette progression merveilleuse dans leurs morceaux, à la Beach Boys. Je trouve d'ailleurs que c'est un groupe sous-estimé. J'ai d'abord eu envie d'arrangements à la Jean-Claude Vannier puis me suis ravisé et en ai voulu dans un style à la Al Green.

Tu me parles de Al Green. Ce disque possède un côté très soul...

Et encore, il y a deux ou trois morceaux que j'ai laissés de coté qui sonnent encore plus soul. J'adore la soul à la Bowie dans Young Americans.

Tu as deux enfants maintenant. Tu as dit que cela avait changé beaucoup de choses dans ta vie...

Cela change beaucoup de choses effectivement. Je suis un musicien mais aussi un père qui s'occupe de ses enfants à la maison. Je viens d'un couple divorcé donc je veux être toujours là pour eux. Il y a des périodes où je ne suis plus musicien mais un homme à la maison. Je ne veux jamais être trop loin de chez moi.

Edie » est un morceau dédié à ta fille...

C'est venu comme ça. Je trouve ça beau un morceau d'un père pour sa fille, surtout dans le monde difficile dans lequel nous vivons.

En dehors du côté très intime du disque, il y a plusieurs morceaux politique, des titres à propos du Brexit comme Devil Is Loose, See The Monster ou Heavy Heart...

Heavy Heart est à la fois politique et intime. Je l'ai écrit à un moment où le pays allait très mal mais aussi par rapport au fait de devenir père pour la seconde fois qui a été quelque chose de très beau mais a également changé beaucoup de choses dans mon quotidien. Il y a énormément de choses que j'aimais en Angleterre. Avec le Brexit, je n'ai plus reconnu mon pays, avec la montée du racisme, du nationalisme. Je me sens Européen plus que Britannique. J'ai voyagé en Europe tout au long de ma vie et rencontré tant de gens intéressants au cours de ces voyages.

Les artistes étaient tous pour le Labour...

Oui mais Jeremy Corbyn voulait lui aussi quitter l'Europe. C'est un grave problème.

Est-ce que tu penses que tes morceaux peuvent faire changer les mentalités ?

Non. Ce ne sont que mes positions. J'éprouve le besoin d'écrire sur ce qui arrive dans le monde car cela m'affecte.

Malgré tout ton disque est très positif. Start ou Are You With Me? par exemple sont des morceaux plutôt joyeux...

Abba est l'un de mes groupes préférés. Leur musique mélange un côté positif avec un coté tragique. J'aime cette mélancolie. Tu as ça aussi chez REM dans Imitation Of Life par exemple.

Te considères-tu, à l'image de la vidéo de The Performer, comme un crooner ?

Oui. J'aime beaucoup le film Cabaret de Bob Fosse, le Berlin des années 30. J'adore aussi le côté entertainer des britanniques, ces entertainers que tu trouves sur les Pier anglais.

Tu aimerais finir ta carrière à Las Vegas comme Presley ?

Plutôt à Blackpool.

Tu m'as toujours dit adorer la France. Tu t'es marié en France, y as une maison, a enregistré l'album de Shock Machine ici. Tu aimes toujours autant notre pays ?

Nous venons aussi souvent que possible en France. Près de la maison que nous avons dans le Sud, j'ai trouvé un jour un piano dans un magasin de Carpentras, un magasin d'instruments pourtant on ne peut plus banal. C'était un piano qui avait appartenu à l'un des Rubettes. Apparemment il avait vécu la fin de sa vie dans le coin. A sa mort, il avait vendu tous ses pianos à ce magasin.

Tu as enregistré l'album en Angleterre ?

Oui. Une partie chez moi et d'autres au studio de Byan Ferry. On y a passé deux jours. Les vocaux y ont été faits. C'est là que Roxy Music faisaient les leurs.

Le mixage a été réalisé par les mecs de Soulwax...

Ce sont des amis. J'aime leurs albums car ils sont très précis au niveau du son et je voulais ça pour mon disque. Ils l'ont mixé dans un studio à Gand. Quand ils m'ont proposé de le sortir sur leur label, je leur ai dit : « Sortir un album chez vous, mes amis, que puis-je demander de mieux ? ».