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Mogwai

Interview publiée par Emmanuel Stranadica le 19 février 2021

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Et de dix pour Mogwai ! Après plus de vingt-cinq ans de carrière, les écossais sortent un nouvel album, le très bon As The Love Continues. En temps normal, nous aurions pu nous entretenir avec Stuart Braithwaite, leader du groupe, dans un hôtel parisien. Mais crise sanitaire mondiale oblige, c'est par Zoom que s'est tenue notre discussion en janvier dernier. Retour sur cette rencontre.

L'année dernière vous avez sorti la bande originale de la série ZeroZeroZero en digital. Ce n'est pas vraiment dans vos habitudes de sortir des disques sous ce format. Y a-t-il une raison particulière à ça ?

Je pense que le timing n'était pas bon. Nous travaillions déjà à l'époque sur le nouvel album, As The Love Continues. Nous voulions le sortir dès que la série a été diffusée. C'était donc vraiment juste de circonstance, rien d'autre.

Comptez-vous le sortir au format physique ?

Oui, on va probablement le sortir de cette manière, un jour ou l'autre.

C'était important que vous sortiez un album en tant que tel ? Vos deux dernières sorties étaient des bandes originales (Kin et ZeroZeroZero)...

Oui, sans aucun doute. C'est un véritable plaisir de composer des bandes originales mais nos albums studio sont beaucoup plus importants à nos yeux. C'était vraiment une excellente chose que nous ayons enregistré ce nouveau disque.

C'est votre dixième album en tant que tel, comment vous sentez-vous par rapport à ça ?

C'est vraiment incroyable ! Tout ce temps qui a passé et qui nous a tout de même permis de sortir autant de disques, je n'en reviens pas !

Comment s'est passé l'enregistrement et l'écriture du disque avec la crise sanitaire et le confinement générés par la COVID-19 ?

Ce fut très différent cette fois. Nous devions faire ce disque aux États-Unis mais nous avons dû changer nos plans et le réaliser en Angleterre. Dave Fridmann, le producteur, n'a pas pu venir. Nous avons écrit la musique chacun chez soi car il était impossible de nous rassembler. Nous avons enregistré des morceaux que nous répétions chacun de notre côté. Mais malgré tout cette méthode inédite fut un bon procédé. Nous nous sentions en vacances car nous étions à la maison. Et au bout de quelques mois, nous avons pu partir quelques semaines et nous retrouver. C'était quand même quelque chose d'étrange.

Comment avez-vous procédé quand vous n'étiez pas ensemble ? Vous échangiez des fichiers ?

Oui, nous sortions des démos réalisées à la maison et nous partagions ces dossiers avec Dave. Il travaillait également sur les compositions. Nous faisons vraiment comme nous voulions avec les moyens du bord.

Tu trouves que le disque est encore plus collaboratif que d'habitude ?

Oui je le pense vraiment, car je n'avais pas à tout faire comme c'est le cas en temps normal (rires). Nous avons tous travaillé très dur sur les compositions. Je pense que c'est l'écriture la plus intense que nous ayons produite.

C'était une évidence de réaliser ce nouvel album avec Dave Fridmann ?

Nous avons vraiment beaucoup aimé faire Every Country's Sun avec lui. Nous sommes très à l'aise avec lui. Il est un peu comme un membre du groupe. Donc oui, c'était vraiment un choix évident de travailler de nouveau ensemble.

Est-ce que tu considères que c'est un grand retour des guitares pour Mogwai ?

Oui, bien sûr. Mais en fait, cela dépend qui écrit les chansons. Barry écrit la plupart du temps avec un synthétiseur. Je pense que ce disque est plutôt bien équilibré. Sur le précédent album, la plupart des chansons ont été composées avec des synthétiseurs. C'est aussi simple que ça. Il est vrai que pour ce disque, Barry a également composé un peu à la guitare. Ça explique pourquoi elles sont davantage présentes que sur Every Country's Sun.

Here We, Here We, Here We Go Forever est une chanson vraiment inhabituelle pour Mogwai. Comment la considères-tu ?

Il y a deux chansons que Dave aimait vraiment dans leurs versions démos. Nous les avions un peu laissés de côté mais il nous a poussés à les retravailler. Et celle-ci en fait partie. C'est une chanson un peu bizarre. C'est comme une forme d'hommage à David Bowie.

Chanter n'a jamais été ce que tu préfères faire. Cependant Ritchie Sacramento est une fois encore un morceau vraiment incroyable, comme ce fut le cas pour Party In The Dark. C'était important d'avoir une chanson un peu plus "accessible" sur l'album ?

Nous ne pensons pas vraiment à ça lorsque nous composons. Nous écrivons des chansons, point barre. Mais j'ai vraiment été très content d'enregistrer un morceau comme celui-là. C'est plus traditionnel, mais je pense que c'est également une chanson étrange.

On sait que vous n'apportez pas d'importance aux titres de vos chansons. Mais Ritchie Sacramento c'est un clin d'œil à Ryuichi Sakamoto ?

Oui, un de nos amis est incapable de prononcer son nom correctement. Pour lui c'est Ritchie Sacramento (Rires).

Le fait que vous soyez restés éloignés pour composer explique-t-il pourquoi vous avez des morceaux relativement longs sur le disque ? Un peu comme si vous aviez eu davantage de temps pour expérimenter...

Pour être honnête, je n'ai jamais pensé à ça. Mais j'aime beaucoup le fait que nous ayons utilisé l'espace nécessaire pour les composer de la sorte.

vous avez eu davantage de temps pour composer, vous n'avez jamais envisagé de sortir un double album ?

Oh non, je pense que c'est trop long. Il y a quelques groupes que j'aime qui ont sorti des doubles albums, mais je pense que j'ai dû les écouter dans leur intégralité une ou deux fois. Nous étions prêts pour sortir onze morceaux et c'est déjà un disque assez long comme ça.

Pourquoi avez-vous choisi ce titre d'album : As The Love Continues ?

C'est quelque chose que la fille de Martin (ndlr : Bulloch, batteur de Mogwai) a dit un jour. Elle doit avoir cinq ou six ans. Et on a trouvé que ça collerait parfaitement pour un titre d'album.

Je me demandais si c'était lié au contexte dans lequel nous vivons. Malgré la COVID-19, l'amour continue...

J'aime ton interprétation. Elle est bien trouvée.

Il y a des collaborations sur ce disque, avec Atticus Ross et Colin Stetson. Comment cela a-t-il été possible ?

Nous avons travaillé avec Atticus en même temps qu'avec Trent Reznor sur la bande originale de Before The Flood. Nous voulions quelques cordes pour ce disque et nous nous sommes dit qu'il serait parfait pour cela. Quant à Colin Stetson, nous avons récemment découvert sa musique, notamment ses bandes originales. Nous étions vraiment super contents de collaborer avec lui. Ils ont tous les deux apporté pas mal de choses à l'album.

Qui a réalisé le design de la pochette ?

Dave Thomas (ndlr : qui a déjà réalisé d'autres pochettes de disques de Mogwai) s'est chargé de la pochette. Je crois qu'il a trouvé l'ensemble des illustrations dans un sac plastique qui trainait. Ce sont des photos prises de manière aléatoire. Je trouvais que ça collait bien avec notre musique. Ce sont vraiment des images piochées au hasard par Dave dans cette série qui sort de nulle part.

Il y aura un titre bonus pour le marché japonais. C'est un inédit ?

C'est une chanson qui ne figure pas dans l'édition Deluxe. Je pense que nous la réenregistrerons pour une sortie future.

Vous avez encore d'autres morceaux qui ne figurent pas dans l'album ?

Oui, mais nous voulons continuer à les travailler. Ils ne sont pas dans leurs versions définitives. Nous avons encore besoin de les réenregistrer.

As-tu des nouvelles concernant la sortie du coffret de Rock Action ?

C'est dans les tuyaux mais je ne suis pas certain que ça sorte en 2021, plutôt l'année prochaine. Nous avons beaucoup de musique inédite à ajouter. Il y aura également un documentaire. Ce sera vraiment quelque chose de super. Nous travaillons dessus.

Si la situation s'améliore, pour ne pas dire redevient normale prochainement, vous planifiez de revenir jouer en France?

Oh oui ! A 100%. Si c'était possible, nous viendrons demain !