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Howard Jones

Interview publiée par v7nce le 21 octobre 2005

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En dépit d'une discrétion totalement assumée, la star des années 80, Howard Jones, continue d'enchaîner les tournées et les albums. Son passage à Bruxelles au début du mois était l'occasion de faire le point sur sa longue carrière !

Tu sors un nouvel album, le premier depuis pas mal de temps... Pourquoi cette attente ?

Bien que quelques albums live soient sortis, parfois en DVD, et un autre projet instrumental, oui, c'est un album-studio à proprement parler. Il sera disponible dans beaucoup de pays, même si on doit encore s'occuper de l'Allemagne ou la Belgique par exemple... mais ça ne saurait tarder. On y travaille.

La plupart de tes récents albums étaient principalement disponible via ton site officiel, était-ce un choix délibéré ?

Ce nouvel album est déjà disponible sur le site par exemple, et pour les précédents, c'était aussi une manière plus facile de le rendre accessible, alors que nous tournions aux Etats-Unis, en Australie, Afrique du Sud, Suède, Japon... C'était aussi une manière de combler les quelques moments libres, en allant dans des endroits où nous n'étions pas encore allés. Et nous vendons sur place les CDs, qui restent bien entendu disponibles sur le site, en effet.

As-tu encore les droits de tes premiers albums, y aura-t-il un jour des rééditions ?

Non, je n'en ai plus les droits, cela reste dans le catalogue Warner.

N'y a-t-il rien que tu puisse faire ? C'est sans ton consentement qu'ils rééditent des collections de singles ?

Non je n'y peux pas grand-chose... Il y a même un nouveau « Best Of » qui sort en ce moment. Donc, oui, ils continuent à le faire. Mais cela fait partie du passé tout cela. Je continue à faire ce que j'ai toujours fait, en regardant vers le futur. J'ai l'impression que tout cela est bien loin derrière moi.

Beaucoup de gens auraient pu croire que tu avais disparu alors que ta discographie prouve le contraire. Comment expliquer cette discrétion ?

Je trouve ça terrible de pouvoir se le permettre à notre époque. Tu peux être ton propre porte-parole, te dédier à ton entourage de fans, ce qui est plus aisé avec internet. Tu ne dois plus passer par toutes ces bêtises de la « célébrité ». Je ne suis pas surpris que les gens pensent que je ne fais plus rien : je ne suis pas dans la presse, je ne passe plus trop à la TV... j'étais bien plus occupé par ma réelle occupation d'artiste.

Tu as toujours l'impression de posséder un grand cercle de fans qui te supportent toujours autant ?

Je ne pense pas qu'il soit si grand, mais il est vraiment merveilleux et fidèle...

Dans le DVD spécial du concert pour le 20ème anniversaire de tes débuts, les fans sont venus des quatre coins du globe, c'est assez rare et particulier pour le souligner, n'est-ce pas ?

Oui, c'était fantastique, des gens ont spécialement fait le trajet d'Australie et du Japon. C'est un grand cadeau, et cela est déterminant dans ma relation avec mon public... Quand je fais un album, je m'imagine à qui je m'adresse, je ne fais pas de disques juste pour moi, contrairement à ce que certains artistes prétendent faire.

Tu ne crois pas que cela te permet sans doute d'avoir plus de recul ?

Bien sûr. J'ai connu une période où tout allait très vite, on entrait dans les charts, on en sort, et puis on ne contrôle plus trop ce qui se passe autour.

Cela ne te manque pas ?

(rires) Honnêtement, non. Ce que j'aime faire c'est chanter et jouer, écrire de la musique. Précisément maintenant, quand je vois comment se passe tout ce cirque de la célébrité, que je trouve complètement idiot... Qui voudrait faire cela ? Qui veut être célèbre ? C'est comme une condamnation, c'est une insupportable masse de pression sur un être humain. L'idée de se croire différents, alors qu'ils sont juste des personnes comme toi ou moi... Je ne vois pas ce qu'il y a d'exceptionnel à cela!

D'un point de vue plus personnel, tu adhére à la philosophie bouddhiste... En quoi cela influence-t-il ton métier de musicien ?

Je le pratique depuis douze ans. Le bouddhisme replace la personne au centre de tout débat. Nous sommes les architectes de nos propres vies. Ce n'est pas quelque chose qui vient de l'extérieur, c'est dans tes tripes que tu vas rechercher ce que tu veux montrer. C'est très libérateur, mais c'est également un challenge : tu n'attends pas en vain qu'il t'arrive une chose ou l'autre... tu comptes sur toi-même. Je pense donc que cela transparaît dans mon travail. À propos des albums, je me dis que les gens supposés les entendre les entendront. Et je n'ai pas à me soucier s'ils seront dans les FNAC, à Bruxelles ou ailleurs. J'aimerais qu'ils le soient, et même s'ils ne le sont pas, c'est aussi bien pour moi, car je sais qu'ils sont disponibles de d'autres façons...

Sur ton DVD anniversaire interviennent Midge Ure d'Ultravox et Nena. As-tu toujours des contacts avec des artistes des années New-Wave ?

Oui, mais avec eux c'est particulier parce qu'ils sont mes amis. Je voulais être vrai, ne pas prendre des gens au choix, parce que ça ne devait pas être une réunion de vieux combattants (rires). Je trouvais donc que c'était chouette de pouvoir les inviter.

Que penses-tu du retour de tous ces groupes des années quatre-vingt ?

Eh bien à vrai dire, je n'y vois pas d'inconvénients. C'est vraiment difficile de persister dans la durée. C'est un accomplissement pour ceux qui y parviennent et réussissent plutôt bien.

Même pour de mauvaises raisons ?

Les gens devraient faire ce qu'ils veulent. C'est ce que je crois. S'ils veulent continuer à faire de la musique nouvelle ou de la musique "pas nouvelle", qu'importe, c'est ok pour moi. Je n'ai pas vraiment d'opinion s'ils en ont le courage et l'envie. C'est une assez bonne période pour la musique, et les années quatre-vingt, plus que jamais, ont toujours une importance et une influence sur les groupes actuels. Je vois cela comme une tendance au conservatisme dominante dans le rock, dictée par une attitude ou des gens des sixties, avec ses relents de négativisme et de conservatisme. La musique électronique n'a pas les mêmes racines que le rock des années cinquante ou soixante. C'est aussi cela qui a rendu le journalisme « mainstream » si ennuyant, les gens ne s'y retrouvent plus et ne savent plus quoi dire !

As-tu toujours l'envie de repartir en tournée ?

Il y aura encore quelques dates acoustiques comme celle de ce soir, et ensuite, oui, sûrement avec mon groupe, pour l'aspect plus électronique de nos spectacles. J'aimerais faire un peu des deux en parallèle. Ça me pousse à avancer, et en tant que performer, je prends vraiment mon pied.