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Kasabian

Interview publiée par Fab le 10 septembre 2006

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Entrés directement en tête des charts avec leur nouvel album, Empire, Kasabian se trouvent propulsés au rang de géants de la scène rock britannique. De passage à Paris il y a quelques jours, Ian Matthews et Tom Meighan nous parlaient de ce succès pas si surprenant...

Comment ça va aujourd'hui ?

Tom : Bien !
Ian : Très bien même ! On est très contents de venir donner un vrai concert à Paris. C'est une très jolie ville où on adore être, donc c'est un plaisir d'avoir fait le déplacement.

Compte tenu de votre récent statut de groupe majeur en Angleterre, ce doit être un peu bizarre pour vous de jouer dans une petite salle comme la Maroquinerie ?

Ian : Pas tant que ça... on a joué dans beaucoup de petites salles ces derniers temps au Royaume-Uni. On a donné des concerts privés, des concerts pour de la promo et on a aussi joué à quelques reprises dans des émissions télé devant peu de gens. Rien de vraiment impressionnant.
Tom : C'est vrai qu'on a finalement assez peu joué dans les grandes salles. Ca ne me dérange pas, j'aime jouer dans ce genre de lieu. Et il est peu probable que ça se reproduise de si tôt.

Le mois dernier vous avez été invités à la dernière minute à Rock en Seine également...

Tom : C'était génial !
Ian : On ne s'y attendait pas du tout c'est vrai, mais on a pris beaucoup de plaisir... et DJ Shadow a regardé notre concert du fond de la scène ! Richard Ashcroft a semble-t-il décidé de ne pas venir et on nous a appelé. C'était cool de jouer là-bas parce que la plupart des gens avaient acheté leur place sans savoir que Kasabian serait là. On n’avait aucune pression et tout s'est vraiment bien passé.
Tom : Ca faisait aussi un moment qu'on n'avait pas joué à Paris donc c'était cool de revenir ici.

Quelques semaines plus tôt vous aviez joué à Nice avec les Rolling Stones, quel souvenir en gardez-vous ?

Ian : On a aussi joué à Zurich avec eux. C'était un super concert, le public français semble vraiment nous aimer. Et puis il devait y avoir environ 50 000 personnes je crois, c'était fantastique.

Ce doit être très flatteur d'être choisi par les Rolling Stones pour un concert, mais quelle serait votre première partie idéale ?

Ian : Oasis !
Tom : Oui Oasis ! Ca n'arrivera jamais mais j'aime ces mecs.
Ian : Wolfmother aussi, ce serait plus simple. Ou alors un groupe qui s'appellerait Empire, ce serait parfait.

Votre guitariste, Chris Karloff, a quitté le groupe il y a quelques mois...

Ian : Ça me semble déjà loin ! Toutes les bonnes choses ont une fin, et notre séparation était inévitable. Chacun avait ses idées, et nos routes se sont séparées, c'est aussi simple que ça.

Je suppose que son départ a provoqué quelques changements pour vos concerts ?

Ian : On est meilleurs maintenant ! On a trouvé un nouveau guitariste et tout va pour le mieux...
Tom : On est vraiment plus heureux depuis que Jay Mehler nous a rejoint. C'est mieux pour tout le monde.
Ian : Je suis sûr que Chris trouvera sa voie. C'est vraiment un mec doué mais ça ne collait plus entre nous. Il va faire la musique qu'il aime et nous l'autre.

Le choix de son remplaçant n'a pas été trop compliqué ?

Ian : Pas vraiment. On connaît Jay Mehler depuis des années et on était déjà partis en tournée avec son ancien groupe. On savait que tout se passerait bien avec lui et je crois qu'on a eu raison de lui faire confiance.
Tom : C'est vraiment la personne parfaite pour ce rôle. C'est un excellent guitariste en plus d'être un bon ami.

Pour en revenir à votre musique, que pensez-vous des comparaisons récurrentes que la presse fait vis-à-vis de vous avec Primal Scream, Oasis ou les Chemical Brothers ?

Ian : Je crois que c'est vraiment un truc purement journalistique, ça n'a pas beaucoup de sens. Je suppose qu'il y a un peu de vrai dans tout ça, mais ce n'est pas très important.
Tom : Je suis assez d'accord pour Primal Scream, c'est une influence importante. Mais Primal Scream n'utilise pas l'électronique comme nous le faisons ! Ils n'auraient jamais pu écrire des titres comme Empire ou Shoot The Runner ! Ils ne jouent pas dans notre catégorie, ils sont trop différents de nous. Quant à Oasis, ce ne peut être qu'une comparaison par rapport à notre attitude en général.
Ian : Et ce que vient de dire Tom vaut aussi pour les Chemical Brothers. C'est un groupe très électronique, bien plus que nous d'ailleurs. Et je ne les vois pas écrire des chansons comme les nôtres.

Quelles ont été vos principales sources d'inspirations pour ce nouvel album ?

Ian : Serge le sait sans doute mieux que moi, mais en règle générale ce sont les expériences de la vie qui nous inspirent, ce que nous vivons. Je suis dans le groupe depuis quelques années maintenant, et tout le monde a grandi et beaucoup évolué. Tout ça influence forcément tes chansons. Il y a aussi les rencontres avec nos fans, tout ce que la presse raconte sur nous, l'expérience qu'on tire des centaines de concerts qu'on a donnés... On grandit tous ensemble et ce disque en est le reflet.

Empire est entré directement en tête des charts la semaine dernière. Vous attendiez-vous à un tel succès ?

Tom : Bien sûr qu'on s'y attendait ! C'est vraiment un putain de disque, et c'est normal que les gens l'aiment. On est même entrés en tête des charts japonais devant Christina Aguilera, tu le crois ça ?
Ian : On se doutait que les gens aimeraient l'album. On a donné tout ce qu'on avait pour ce disque, on a fait notre truc sans se soucier des autres et voilà le résultat. C'est une bonne expérience d'être numéro des ventes dans son pays ! (rires)

Certains magazines ont récemment écrit que le titre provisoire de votre album était The British Empire, ce que votre label n'aurait pas trop apprécié. Vous pouvez m'en dire plus ?

Tom : Ce ne sont que des conneries de journaliste...
Ian : C'est totalement faux bien entendu. On a toujours voulu que ce disque s'intitule Empire et pas autrement. C'est simple et direct !
Tom : The British Empire... c'est une idée stupide. Empire c'est parfait comme titre, on a vraiment pas besoin de plus que ça.
Ian : Pour moi un empire c'est un truc énorme qui domine tout le reste. C'est aussi puissant que Never Mind The Bollocks par exemple, tu vois ce que je veux dire ? C'est de l'arrogance pure, c'est fort.

La plupart des morceaux d'Empire contiennent des instruments à corde, c'est une grosse évolution par rapport à votre premier album...

Ian : C'est venu très naturellement quand on enregistrait le disque en studio. Les morceaux étaient différents de tout ce qu'on avait écrit dans le passé. On ne voulait pas rester enfermer dans un style comme la plupart des groupes de rock : certains font du ska, d'autres du punk... ça ne nous ressemblait pas. On a voulu essayer de travailler avec un orchestre et ça a marché. Il y avait 24 musiciens dans le studio, et tout a été très naturel. Le travail était en quelque sorte la touche finale sur le disque.
Tom : Ils ont apporté une vraie profondeur au disque. Le résultat était authentique et fort.

La production a ensuite été prise en main par Jim Abbiss. Pourquoi ce choix ?

Ian : On avait déjà travaillé avec lui pour notre premier album, et c'était plus simple de poursuivre notre collaboration. Il nous connaît bien et il sait quel type de musique on cherche à produire. Notre premier album était plus psychédélique mais Empire a un son vraiment très live.

Vous n'aimeriez pas essayer de travailler avec une nouvelle personne dans le futur ?

Ian : Ce serait une décision difficile à prendre parce que tout est parfait avec Jim. C'est un mec vraiment très doué, il sait comprendre notre musique, il la ressent à la perfection. Seule la musique compte avec lui, pas le look ou les vêtements...

Serge chante sur de nombreuses chansons d'Empire, ce qui n'était pas le cas sur votre premier album. Comment décidiez-vous qui devait chanter quoi sur quelles chansons ?

Tom : Il n'y a jamais eu aucun problème de ce côté là. On écrit les chansons puis on discute et on se met d'accord sur le partage du travail. Serge est très doué vocalement, et ce qu'il a fait sur British Legion, Shoot The Runner et Me Plus One est excellent.
Ian : Quand on y regarde de plus près, Serge ne chante pas beaucoup plus qu'avant. Sur notre premier album il chantait Test Transmission et U Boat, tandis que sur Empire il a enregistré British Legion, Shoot The Runner et Me Plus One. Peut-être qu'il assure plus de choeurs, mais Tom est toujours la voix principale.

A propos de British Legion justement, ce titre est vraiment très différent de votre style habituel. Comment cette chanson est-elle née ?

Ian : Comme toutes les autres ! British Legion a été écrite, et chantée, par Serge, et je suis sûr qu'il a des dizaines d'autres idées de ce genre dans sa tête. C'est un titre avec une atmosphère particulière, mais c'est avant tout une chanson de Kasabian.

La plupart de vos vidéo clips, notamment celui d'Empire, sont très cinématographiques. Quel est le but recherché ?

Tom : Pour Empire on a voulu recréer une atmosphère proche de celle d'Apocalypse Now en quelque sorte, c'est très particulier.
Ian : Empire est une chanson très importante pour nous, c'est d'une certaine façon le déclencheur de notre succès depuis quelques semaines, et il fallait marquer le coup.
Tom : Le thème de la guerre colle parfaitement avec la notion d'Empire. Et puis cette chanson est tellement réussie... je ne connais pas beaucoup de groupes qui osent des changements de tempo ou de rythme comme nous l'avons fait sur ce titre. A part Radiohead peut-être. Tous les groupes actuels font la même chose, ils ne prennent aucun risque dans leur musique... C'est simple, Empire est vraiment une putain de chanson.

Vous êtes à l'heure actuelle un des groupes les plus importants au Royaume-Uni. Quelles sont les autres formations dignes d'intérêt selon vous ?

Tom : The View, Wolfmother, The Futureheads, Arctic Monkeys... ce sont tous d'excellents groupes. Le rock est revenu à la mode, les DJs adorent ça et le public aussi.

Les Arctic Monkeys ont remporté le Mercury Music Prize il y a quelques jours, ce genre de prix est important pour vous ?

Ian : Je ne vais pas dire que je n'aimerais pas ça, mais ce n'est pas un but ou un objectif. Je ne suis pas dans un groupe pour ce genre de chose, et ce n'est pas non plus un prix de ce genre qui peut te rendre bon si tu ne l'es pas !