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Foals

Interview publiée par Fab le 5 avril 2007

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Près d'un an après la sortie d'un premier et unique EP, les jeunes anglais de Foals se produisaient en février dernier à la Flêche d'Or de Paris. Entretien avec un phénomène annoncé de l'année à venir dont le nouveau single, Hummer, s'apprête à prendre d'assaut les ondes...

Ce soir vous allez donner votre premier concert en Europe à la Flèche d’Or, c’est un événement pour vous ?

C’est forcément particulier. On ne sait pas comment le public va se comporter, si du monde va se déplacer pour nous voir jouer... et on veut aussi découvrir comment les gens dansent et bougent en France ! (rires)

C’est une véritable aubaine pour vous de pouvoir venir jouer ici aussi rapidement ?

Je pense qu’on a beaucoup de chance... le groupe est vraiment très peu connu à l’échelle anglaise, et je suis même pas sûr que plus de cinq personnes auront fait le déplacement pour nous voir jouer ce soir !

Vous êtes actuellement en plein milieu d’une tournée anglaise mais vous n’avez pas sorti le moindre single depuis presque un an ! Ce n’est pas étrange pour vous de donner de nombreux concerts à intervalle régulier sans aucun disque à promouvoir ?

Ce n’est pas vraiment étrange, d’autant plus qu’on aime beaucoup donner des concerts. Après quelques mois d’arrêt en 2006 le groupe semble sur la bonne voie, la presse commence à parler de nous en des termes très positifs et il était important de profiter de cette bonne période pour jouer dans le plus grand nombre de villes possible. Quelques chansons sont enregistrées, Hummer sortira en single à la mi-avril au Royaume-Uni et Kitsuné aimerait préparer un EP spécialement pour la France.

A l’origine, Foals a été créé par Yannis et Andrew Mears qui a depuis quitté le groupe pour se consacrer à Youthmovies...

C’est plus ou moins juste… Andrew a beaucoup apporté à Foals durant les premiers mois mais il avait d’autres projets. Un premier single est sorti chez Try Harder Records au bout de quelques temps, puis de nouveaux musiciens sont arrivés et beaucoup de choses ont changé dans notre son.

Un son d’autant plus difficile à décrire que vos inspirations sont nombreuses et très variées...

J'aime compoarer notre musique au bruit d'insectes en colère en train de copuler ! C’est une comparaison très imagée mais aussi crédible. La base de nos chansons est rock, mais on y ajoute de l’électronique, du punk, des sons house… Edwin est arrivé aux claviers après le départ d’Andrew, et ce changement a marqué un véritable tournant dans notre musique.
Le groupe a été mis en pause durant quelques semaines après l’été dernier, on devait tous reprendre les cours à l’université mais la musique a rapidement repris le dessus. On a commencé à élaborer un nouveau son pour le groupe, en expérimentant beaucoup d’idées au niveau des guitares. Il était nécessaire d’aller plus loin que la majorité des autres groupes actuels. Notre but n’est pas de jouer des sons pour faire du bruit mais de construire méticuleusement des mélodies pour nos chansons. Lorsque tu écoutes notre musique, tu dois pouvoir réfléchir à certaines choses tout en y puisant l’envie de danser.

L’histoire de Foals est étroitement liée à celle de trois autres groupes d’Oxford, Youthmovies, Face Meets Grill et The Edmund Fitzgerald, dans lequel certains d’entre vous ont joué à une époque. Avez-vous le sentiment d’avoir chacun apporté des éléments de ces groupes lors de la création de Foals ?

Youthmovies mis à part, Face Meets Grill et The Edmund Fitzgerald étaient principalement des groups d’adolescents. On n’avait même pas dix huit ans à cette époque, on jouait de la musique après le lycée ou le week-end sans se soucier de notre réussite ou de l’avis des autres...
Je ne suis pas certain que ces trois groupes ont marqué notre musique, mais les goûts et les influences de chacun ont pesé dans la balance à un moment ou à un autre. Certains souhaitaient une orientation pop, d’autres du rock pur et dur, et ce parfois avec une touche électronique… Foals représente la somme de toutes nos idées. A titre d’exemple, lors de l’été passé, le temps était beau et chaud et c’est à cette période qu’on a voulu composer des chansons plus pop.
On a tous conscience depuis longtemps de ce qu’on cherche à battir en tant que groupe, de la musique qu’on veut créer et du niveau que l’on veut atteindre. Ce n’est pas de la prétention, notre niveau d’exigence est simplement très élevé.

Durant votre adolescence, quels groupes vous ont donné envie de jouer de la musique à votre tour ?

Principalement des groupes américains comme Devo, At The Drive-In, Q And Not U… puis de la musique électronique ou de la techno. C’est assez difficile de faire une liste précise car nos goûts évoluent régulièrement…

Il y a quelques mois, Franz Ferdinand ont parlé de vous comme un « don caballero afrobeat ». Cela vous correspond vraiment ?

C’est un point de vue plutôt amusant ! (rires). C’est forcément très flatteur venant d’un groupe aussi connu, et il y a du vrai dans ces paroles. On ne cherche pas à copier qui que ce soit, mais les analogies entre groupes sont inévitables. Certains instruments peuvent sonner de manière identique, certaines rythmiques également… c’est une question de logique.

Venant de la presse, une remarque de ce type aurait pu être mal interprétée…

On aurait pu le prendre comme du journalisme facile, une simple comparaison pour parler de Foals sans véritablement se pencher sur notre musique. Encore une fois, notre but n’est pas de copier bêtement d’autres groupes mais de créer un style unique, et c’est pour cela qu’on travaille d’arrache-pied depuis des mois pour pouvoir être satisfaits. On ne veut pas que notre musique soit catégorisée comme du punk, du funk ou n’importe quoi d’autre. Personne ne doit pouvoir affirmer que Foals est la somme d’autres groupes du passé.
On pourrait écrire des chansons prog-rock de dix ou quinze minutes, mais quel en serait l’intérêt si d’autres groupes l’ont déjà fait avant nous ? Ce serait peut-être plus simple car certaines personnes adorent ce genre de musique, mais ça n’a aucun d’intérêt. On veut créer une connexion physique et psychique avec notre public, générer un sentiment unique chez l’auditeur. Tout cela réside dans le sentiment de surprise que l’écoute de nos chansons peut créer. Il nous arrive très souvent d’adorer une nouvelle chanson le premier jour puis de la détester le lendemain. Il est difficile de situer la frontière entre une bonne et une mauvaise composition mais c’est ainsi que l’on pourra progresser en tant que groupe.

En fin d’année dernière vous avez signé un contrat avec Transgressive Records, le choix a-t-il été simple ?

C’était le meilleur choix à un moment donné. Beaucoup de labels ont pris contact avec nous, de manière plus ou moins sérieuse en fonction des cas, mais Transgressive Records comprenaient notre démarche artistique. On a envoyé des CD de démos à certaines personnes à la fin de l’été 2006 puis on a organisé une petite tournée en Angleterre avec nos propres moyens. C’est à partir de cette période que tout a changé… les gens ont aimé nos démos, la presse a commencé à écrire de petits articles sur nos concerts et on pouvait réellement sentir une sorte d’excitation de l’industrie musicale envers nous. Il a donc fallu faire un choix parmi toutes les offres reçues à cette époque. Tim et Toby, les deux fondateurs de Transgressive Records, n’ont que 22 ans mais leur état d’esprit jeune et débordant de créativité correspondait à nos besoins. Ils sont très ambitieux et je suis convaincu qu’ils sauront nous pousser dans la bonne direction durant les années à venir.

Il était important pour vous de conserver une certaine liberté ?

Transgressive Records nous laisse une totale liberté dans nos choix artistiques. Le label nous soutient beaucoup mais sans nous forcer à quoique ce soit. Tim et Toby sont à notre écoute, on formule certains souhaits et leur rôle est ensuite de faire le maximum pour que ceux-ci puissent être réalisés. Je ne pense pas que les conditions auraient été les mêmes avec une grosse maison de disque.

Votre premier single sera Hummer dont la sortie est fixée à avril. Pourquoi avoir choisi cette chanson plutôt que Balloons ou Mathletics par exemple ?

Les singles sont nécessaires pour la promotion d’un groupe, mais ce n’est pas le genre de choses dont on aime s’occuper… notre rôle est d’écrire et de composer de bonnes chansons, de les enregistrer puis de les jouer en tournée. La décision a été prise en concertation avec notre label, chacun avait ses propres idées sur la chanson à choisir et Hummer a donc remporté la mise.
Il n’était pas question de sortir un ancien morceau en single, nos nouvelles compositions nous semblent réellement supérieures et il est important de se projetter dans le futur. Je pense que Balloons et Mathletics auront leur chance dans les mois à venir.

Vous avez aussi enregistré votre concert à Nottingham au début du mois de février afin d’éditer un vinyle 12 » live. Comment est né ce projet ?

L’idée de base était de conserver un souvenir de nos prestations live actuelles, comme un documentaire en quelque sorte. Nos chansons sont en constante évolution car nous apportons des retouches au fil des mois, et je pense que lors de la sortie de notre premier album certains titres seront très différents de leurs versions originelles. On a donc enregistré ce concert, on choisira cinq ou six titres et le vinyle sera vendu à nos prochains concerts et sur internet. C’est aussi un cadeau pour les fans qui nous suivent depuis le début.

Et à quand ce fameux premier album ?

Beaucoup de chansons sont écrites mais rien ne nous force à les enregistrer immédiatement… on va continuer à travailler, améliorer ce qui peut l’être, et on se rendra en studio durant le mois de mai. Il faudra sans doute attendre la fin d’année pour qu’il sorte au Royaume-Uni.

Avez-vous déjà réfléchi à un éventuel producteur pour ce disque ?

On adorerait travailler avec Dave Sitek mais mais il est très occupé avec TV On The Radio et ses autres travaux… à contrario, on n’envisage pas de travailler avec Steve Albini par exemple. C’est une personne très douée, je ne remets pas ça en cause, mais sa technique de travail ne correspond pas à notre musique. On a déjà quelques idées sur la manière dont le disque devra sonner et on sera probablement très exigeants durant l’enregistrement.

Les mois à venir s’annoncent très excitants pour vous !

On ne va pas s’ennuyer ! Après nos prochaines tournées en Angleterre on devrait donc enregistrer l’album au Printemps puis profiter des festivals d’été et à nouveau repartir en tournée !