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The Cribs

Interview publiée par Fab le 2 octobre 2007

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Paru il y a quelques mois au Royaume-Uni, le troisième album des Cribs, Men's Needs, Women's Needs, Whatever, aura été celui du déclic pour la formation de Leeds. Désormais pleinement reconnus pour leur fougue et leur talent mélodique, les trois frères semblent fin prêts pour conquérir l'Europe et plus si affinités...

Comment allez-vous aujourd'hui pour votre retour à Paris ?

Gary : Très bien ! C'est un plaisir de revenir ici après une si longue absence... on aime venir à Paris mais on ne nous en a pas souvent donné la chance ces dernières années. Je ne sais même pas pour quelles raisons car on garde de bons souvenirs de nos dernières prestations ici !
Ryan : Ce sont des choses sur lesquelles le groupe n'a que peu de pouvoir de décision, ce sont les labels et les tourneurs qui font les tournées mais il est certain qu'on regrette un peu de ne pas avoir pu revenir plus tôt en France.
Gary : Jusqu'à aujourd'hui on n'avait même jamais donné un concert en tête d'affiche en France, c'est pour dire...

Ressentez-vous une sorte de changement dans la manière dont vous êtes perçus ici désormais ?

Gary : En toute franchise, on n'a jamais rencontré qui que ce soit de notre précédente maison de disque française. Tu vois où est situé le problème ? A nos débuts on a signé un contrat avec Wichita au Royaume-Uni puis V2 a racheté la licence de distribution pour le reste du monde. Personne ne nous a demandé notre avis à ce niveau et on n'a donc eu aucun contrôle sur la manière dont cela s'est passé...
Ryan : Si on nous en avait donné la possibilité, le choix aurait été tout autre.

Men's Needs, Women's Needs, Whatever devrait donc jouir d'une exposition plus importante que vos deux premiers albums en France. Est-ce que vous pouvez m'en dire un plus sur ce titre presque conceptuel ?

Gary : Le titre est né après les chansons que compte le disque. On a composé cet album durant plusieurs mois en traitant des thèmes qui nous semblaient importants à un moment donné, et les relations entre les hommes et les femmes, ce que chacun espère ou attend a pris le dessus sur le reste. L'appréhension des sentiments est un sujet vraiment complexe qui me pousse souvent à réfléchir sur les mécanismes des relations entre les êtres humains. J'y pense encore beaucoup et je n'arrive pas à comprendre comment certaines personnes parviennent à cohabiter avec d'autres sans qu'aucun conflit que naisse... alors que d'autres peuvent parfois baisser les bras dès le premier accrochage. Pour moi les relations entre les deux sexes ressemblent à une guerre sans fin...
Ryan : ... et c'est le fait que toute cette problématique occupe souvent nos esprit qui nous a amené à y consacrer une partie de nos nouvelles chanson ainsi que ce disque !
Gary : C'est un cliché mais je pense parfois que les hommes et les femmes sont deux entités complètement différentes. Chaque sexe à ses particularités et son mode de fonctionnement et lorsqu'un couple se crée chacun doit mettre de côté une partie de ses principes et accepter ceux de l'autre personne pour former un « tout ». Je pourrais disserter des heures durant sur ce sujet sans jamais parvenir à une quelconque conclusion ! [rires]

Avez-vous le sentiment d'avoir franchi un cap en tant que groupe avec cet album ? Il semble plus mature que les précédents sur de nombreux points...

Ryan : Sur nos deux premiers albums on arrivait studio, on allumait les amplis et on donnait tout ce qu'on avait sans trop réfléchir au reste. Notre méthode de travail a beaucoup changé car pour Men's Needs, Women's Needs, Whatever on a repris toutes les idées et les anecdotes qu'on avait mises de côtés au fil du temps et on a construit quelque chose à partir de cela. Dès qu'on avait un peu de temps libre on se posait tous ensemble pour discuter de ces sujets et composer de nouvelles chansons...
Gary : La différence s'est aussi faite par rapport au temps qu'on a pu prendre. Notre second album a été composé sur la route et sans prendre de repos après les tournées qui ont suivi la sortie du premier... tout était très immédiat. On était un peu frustré par rapport à cela et on a vraiment voulu suivre une approche différente cette fois-ci : prendre du recul pour mieux travailler par la suite.

Le son du disque est également moins agressif, c'est un choix ?

Ryan : Il y a toujours une part d'agressivité mais l'esprit global de cet album est différent. Le tont était très cynique sur The New Fellas alors que cette fois-ci on a suivi une approche plus sérieuse. On ne l'a réalisé qu'en enregistrant les chansons, je crois qu'à l'époque on était très énervés contre beaucoup de chose et cela nous avait influencé... mais ce sont des états passagers. On est peut-être plus posés sur Men's Needs, Women's Needs, Whatever mais on vient de finir d'enregistrer une nouvelle chanson, Don't You Wanna Be Relevant?, qui sonne en quelque sorte comme un retour en arrière. C'est un titre vraiment nerveux.
Gary : Ecrire de nouveaux titres nous permet d'exprimer nos sentiments et nos frustrations à travers la musique. Je pense que le public se fait souvent une image erronée de nous... Je suis un jeune normal avec ses opinions et son mode de pensée. Alors si les gens pensent qu'on a évolué pour cet album, c'est peut-être juste qu'on a vieilli et qu'on a voulu écrire sur les sujets qui nous semblaient importants.

L'album n'est sorti que depuis quelques mois mais vous avez récemment annoncé que votre prochain single serait une double face-A avec ce fameux titre inédit, Don't You Wanna Be Relevant?. Pourquoi ne pas avoir choisi deux chansons de l'album plutôt que de déjà passer à autre chose ?

Ryan : Our Bovine Public devait sortir en single mais il n'était pas prévu qu'une nouvelle chanson l'accompagne... mais en tant que groupe on a un mode de fonctionnement qui nous permet d'aller enregistrer de nouvelles idées en studio dès qu'on a quelques jours de libre. On avait déjà terminé quelques bsides puis on a écrit Don't You Wanna Be Relevant?. C'est une chanson qu'on aime beaucoup et on a donc décidé de la sortir plus rapidement que prévu. On aurait pu la garder pour notre quatrième album mais je pense qu'il vaut mieux la sortir au moment le plus opportun. On va pouvoir la jouer en tournée, d'autant plus que c'est un véritable single dans la forme.
Gary : Quand on part en tournée c'est aussi pour promouvoir nos nouvelles chansons, et peu importe qu'elles figurent ou non sur notre album. Le public ne se pose pas ce genre de questions, tant que les chansons sont bonnes et qu'elles poussent à bouger c'est l'essentiel. On va continuer à composer de nouvelles chansons et dès qu'on ressentira le besoin de passer à notre quatrième album on le fera sans arrière-pensée. C'est pour ça qu'on est dans un groupe !

Men's Needs, Women's Needs, Whatever a été produit par Alex Kapranos de Franz Ferdinand, c'est un choix plutôt surprenant !

Ryan : On a rencontré Alex pour la première fois il y a environ dix-huit mois. On connaît Franz Ferdinand comme tout le monde mais c'est un groupe qu'on respecte beaucoup. Ils sont devenus connus très rapidement partout dans le monde sans changer leur ligne de conduite et c'est une chose rare. On a eu l'occasion de partir en tournée avec eux aux Etats-Unis durant deux mois et ça nous a beaucoup rapproché. On a partagé des choses avec Alex car on a beaucoup parlé durant cette période et on a compris que notre fonctionnement ou notre mode de pensée ressemblait au sien.
Lors de notre retour à Leeds, après avoir achevé l'écriture du disque, on a contacté Alex pour lui proposer de produire cet album. Ce n'était pas la seule personne à laquelle on avait pensé mais l'idée de travailler avec un producteur trop connu ne nous plaisait pas, on ne voulait pas que notre album devienne grandiloquent ou soit trop formaté par cette personne. On savait qu'Alex avait les mêmes conceptions musicales que nous alors le choix était certainement le meilleur à faire.
Gary : Il avait aussi l'avantage de connaître certaines de nouvelles chansons, il avait déjà ses idées sur la manière de les produire et de les améliorer sans chercher la complication. C'est vraiment quelqu'un de simple avec une bonne « vibe »... comme pour Franz Ferdinand, on avait la certitude qu'il ne chercherait pas à en faire trop juste pour épater la galerie comme d'autres groupes ont pris la mauvaise habitude de le faire.

Ne pensez-vous pas qu'une autre personne aurait pu vous apporter les mêmes choses ?

Gary : Pas de la même manière. Je ne pense pas que l'enregistrement se serait bien déroulé avec un producteur de renom... on avait des idées très précises par rapport à ce disque et il nous fallait donc travailler avec une personne proche de nous et de ces attentes. Il n'était pas question de sortir un disque trop calibré.

Travailler avec quelqu'un qui n'avait jamais produit le moindre disque était pourtant un pari risqué...

Ryan : Mais c'est aussi ce qui rendait cela excitant ! On a pris un risque en faisant ce choix mais cela lui a permis ainsi qu'à nous de découvrir de nouvelles choses ainsi qu'une méthode de travail différente. Avec une autre personne il n'y aurait pas eu cette part de découverte.

Ce disque comporte également une collaboration avec Lee Ranaldo de Sonic Youth. Vous pouvez m'en dire plus sur cette rencontre ?

Ryan : La rencontre a été facilitée par notre manager aux Etats-Unis. C'est lui-même qui avait fait signer Sonic Youth chez Geffen il y a des années et il a donc gardé quelques liens avec le groupe... sans parler du fait que lors de notre tournée là-bas on a rencontré des amis communs à Lee Ranaldo. Notre idée première était de lui proposer de produire notre album, il n'était pas disponible et on a rencontré Alex qui a finalement accepté de s'en charger... mais on regrettait quand même de ne pas avoir pu travailler avec lui alors on lui a proposé un duo sur Be Safe. Il aimait beaucoup la première démo de la chanson et il a donc accepté notre offre. On loué un studio pour deux jours à New York avec lui et tout s'est bien passé.
Gary : La chanson n'était pas destinée à cela au départ mais le fait qu'elle sorte un peu de nos standards habituels avec un chant parlé nous a donné l'idée de la partager avec Lee. On n'aurait jamais osé proposer cela à une personne qu'on ne connaissait pas mais nos amis communs ont beaucoup facilité le rapprochement.

Cet album est international d'un certaine manière, je suppose que vous allez désormais vous consacrer aux tournées pour le promouvoir durant quelques mois ?

Ryan : Ce sera notre objectif principal durant quelques temps. On veut aller jouer un peu partout dans le monde pour les personnes qui nous comprennent et apprécient notre musique, et aussi longtemps qu'on en trouvera on continuera à le faire.
Gary : Les tournées nous permettent de rencontrer nos véritables fans, ceux qui vont à nos concerts et achètent nos singles, pas le grand public qui s'intéresse à nous quelques semaines parce qu'il a entendu une chanson à la radio. Ce sont ces personnes là qu'on aime côtoyer.