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Snow Patrol

Interview publiée par Wilfried le 4 avril 2004

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Jusqu'à ces derniers mois, la notoriété de Snow Patrol, auteur pourtant de deux excellents albums, s’arrêtait aux frontières de l’Ecosse. Fort d’un énorme succès outre manche, Final Straw leur 3e opus, offre aux irlandais la possibilité d’enfin s’exporter. A commencer par la France où l’album sortira le 4 mai. Rencontre dans le quartier des Abeysses avec Mark McClelland, bassiste, et Nathan Connolly, nouveau guitariste.

Hier soir c’était la première fois que vous jouiez à Paris, alors quelles sont vos impressions ? ça vous a plu ?

Mark : Oui oui, on ne savait pas comment ça se passerait, on ne savait pas non plus si il y aurait beaucoup de monde, évidemment personne ici n’a encore entendu le nouvel album, alors c’était pas vraiment comme d’habitude, le public était plus calme, mais on a passé un très moment.

Nathan : oui j’adore jouer live vous savez, n’importe où et tout particulièrement quand on est à l’étranger. Oui c’était bien d’être là parce que c’était notre première fois ici.

Mark : ça c’est quand même bien passé, les gens avaient l’air de sourire.

Nathan : oui les gens ont eu l’air d’apprécier.

Mark : il y avait deux gars devant moi qui secouaient la tête, et qui étaient a fond dedans. Apres je suis allé leur serrer la main pour leur dire merci. C’est la première fois qu’on va dans un pays étranger et qu’il y a autant de monde, d’habitude c’est complètement vide. J’ai été assez surpris !

Mais pourquoi le concert fut il si court (50 minutes) ?

Mark : court ?

Nathan : à la base c’était un concert pour la presse et les maisons de disques, alors on s’est dit qu’on n’était pas là pour jouer nos 1h30 habituelles. Enfin ça avait l’air d’être un concert promo mais en fait en arrivant on s’est rendu compte que non !

Mark : Personne ici ne connaît nos chansons. Si les gens avaient l’album et l’adoraient là on se serait dit « on va jouer 1h30 » mais là c’était vraiment la première fois qu’ils goûtaient à notre musique et on ne voulait pas que ça dure trop longtemps et que les gens se lassent.

Nathan : je crois qu’on a joué 50 mn.

Mark : je ne sais pas, je crois que c’est bien. La prochaine fois on jouera un set normal.

Il y avait beaucoup de britanniques (des nord irlandais, des écossais) dans la salle … vous vous sentiez un peu comme chez vous ?

Nathan : depuis qu’on est arrivé, on se sent plus ou moins chez nous. Hier on est sorti avec pas mal de gens et on a beaucoup bu !

Mark : ce sont des fans qui viennent quand on joue des petits concerts. Ils préfèrent nous voir dans des petites salles plutôt que dans des grandes. Ça faisait bizarre de les voir là, parce que je les ai reconnus, je les avais déjà vu à d’autres concerts.

Vous avez des fans qui vous suivent partout ?

Mark : Il y en a quelques uns. Il y ce mec qui est venu à 35 concerts, alors on lui as dit « tu ne payes plus, passe nous un coup de fil avant les concerts maintenant » !

Nathan : c’est quelqu’un de très gentil, il vient à plein de concerts, il s’appelle Tim. On lui passe le bonjour !!!! Hi Tim !

Mark : Hi Tim !

Vous sortez d’une tournée britannique sold out, la veille vous avez jouez à Londres, au Shepherds Bush Empire, n’était ce pas étrange de jouer dans une si petite salle le lendemain ?

Mark : pas vraiment parce que jusqu’à cette année on n’avait jamais vraiment jouer de concerts de grande taille, en tout cas pas nous tout seuls, mais juste en faisant la première partie d’autres groupes. On aime bien les petits concerts. C’était bien de s’y remettre. En fait on aime tous les concerts mais les gros et les petits sont très différents. Ceux qui sont gros c’est bien, c’est un énorme événement, il y a plein de monde, mais pour un petit concert il y a une interaction, une intimité, on peut regarder le public, communiquer avec les gens, hier c’était bien, on a vraiment aimé !!

Comment expliquez l’énorme succès de Final Straw par rapport à vos deux premiers albums ?

Mark : Je crois que ce qui a été déterminant c’est l’équipe qu’on a dernière nous, elle a été parfaite. La maison de disque, Polydor, est géniale. Ils se sentent indé même si c’est une major. On est très content d’eux.

Nathan : Tout est venu ensemble au bon moment.

Mark : et puis nous avons lui (en montrant Nathan), c’est son premier album avec nous.

Nathan : Tout est venu au bon moment, c’est juste une équipe de gens qui fonctionne.

Mark : Je crois que c’est parce que les gens ont commencé à nous prendre au sérieux, vu qu’on était sur un gros label. Ça n’a rien à voir avec la musique mais …. Car je crois que notre deuxième album était un très bon disque et aurait mérité de bien marcher, mais c’est surtout que personne ne nous a pris au sérieux. Je suis content que la machine se soit mise en route, avec les médias surtout. On a toujours été en dehors de cette machine, à l’extérieur en train de regarder ce qu’il s’y passer. Enfin nous sommes à l’intérieur et ça nous plait ! On ne fait rien de différent mais je suis content qu’on ait autant de succès.

Vous vous attendiez à ça ?

Mark : Non ! On se disait qu’on serait content si Run arrivait dans le top 40, donc oui c’est sur on a été très content. Cette chanson nous a amené à quelque chose différent, c’était vraiment bizarre, elle passait tout le temps et partout. La petite sœur de ma petite amie qui a 3 ans, chaque fois qu’elle regardait MTV elle disait « Non je ne veux plus voir Mark ! », c’était partout à la TV, à la radio. C’était bizarre de nous entendre au milieu de plein d’autres groupes. Hier soir on était dans un bar et une chanson de notre album est passée. C’est clair on ne s’attendait pas du tout à un tel succès !

Nathan : c’est génial !

J’ai lu que la guerre en Irak vous avez influencé pour l’enregistrement de final Straw, dans quelle mesure ?

Mark : Quand on a enregistré, de janvier à mars 2003, on était à Londres - alors qu’on habite à Glasgow, on vient de Belfast mais on habite à Glasgow - la guerre était en train de se passer à se moment là. Londres était censée être la prochaine grosse cible pour des attaques terroristes. On croyait qu’il y aurait des bombes.

Nathan : On habitait tous ensemble dans une maison qui était louée avec le studio, alors chaque matin on se levait, on prenait notre petit déjeuner, on allumait la télé, ensuite on allait au studio puis on regardait la télé … il n’y a pas eu un effet direct, c’est pas du tout un disque politique qu’on a fait, on est pas là pour faire de grosses déclarations.

Mark : c’est juste qu’on enregistrait en même temps. On était en train d’enregistrer ce disque alors qu’on ne savait même pas si il y aurait encore des cds dans quelques mois, on croyait que le monde allait complètement changer. Heureusement ça n’a pas été le cas, ça a vraiment été une grosse rupture dans le monde, on pensait que ça allait être le début d’une bataille entre les USA et le reste du monde, on croyait que plus personne n’aurait le temps d’écouter de la musique.

Nathan : on n’a pas mis nos idées dans la musique, c’est pas le genre de groupe qu’on est mais effectivement ça a eu un effet direct sur nous, plutôt personnellement que musicalement.

Vous êtes nord irlandais mais le groupe s’est formé en Ecosse où vous résidez maintenant … alors Snow Patrol c’est un groupe irlandais ou écossais ?

Les deux : Irlandais, Irlandais, Irlandais !

Nathan : on a toujours été un groupe irlandais ! On a été adopté par l’Ecosse mais nous sommes un groupe irlandais.

Mark : c’est comme des français à Londres, ils sont toujours français.

Votre site officiel dispose d’une version américaine et d’une version hollandaise, pourquoi cette ouverture ?

Mark : la maison de disque voulait faire ça. Je ne sais vraiment pas pourquoi, je suppose qu’ils veulent avoir les dates de concerts. « Je ne sais pas ». (en français)

Y aura-t-il une version française ?

Mark : française ? Si les gens achètent l’album en France, alors oui ! (rires)

Vous venez de reprendre Crazy in Love de Beyonce sur Radio One, pourquoi ce choix ?

Mark : J’adore … on adore cette chanson, c’est une mélodie génial, c’est une superbe chanson pop.

Nathan : un jour on s’entraînait. Pour les sessions de Radio One on doit toujours jouer 3 de nos propres chansons et une reprise. On n’avait aucune idée de ce qu’on pouvait faire donc on s’est dit pourquoi pas faire Crazy in Love. On ne l’a pas encore joué live.

Mark : On doit la jouer vendredi. Donc dès qu’on rentre il va falloir qu’on s’entraîne pour ça. On l’avait faite avec Zane Lowe (ndlr : animateur vedette de MTV2 et DJ sur Radio One) qui rappait…

Nathan : … ça a été un gros succès.

Mark : Ensuite les gens disaient « on ne veut plus entendre Final Straw, on veut encore Crazy in Love » !

Nathan : au concert d’hier quelqu’un nous a demandé cette chanson mais on pourra la rejouer quelques fois, ça fera une surprise, en cadeau.

Vous pouvez nous en dire plus sur la tournée européenne que vous allez faire en mai / juin ?

Mark : Nous n’avons pas encore les dates, elles ne sont pas confirmées, tout ce qu’on sait c’est que normalement il y aurait 3 dates en France, et aussi 3 en Allemagne, en Espagne, en Pologne …

Nathan : on va aussi jouer dans des festivals en Europe cet été, en Suède, Finlande, Danemark et partout, on a hâte ! On reviendra !

Voici maintenant un petit questionnaire qu’on pose à tous les groupes que nous interviewons.
Quels sont vos groupes favoris ?

Mark : Super Furry Animals, Sparklehorse, Grandaddy, Pete Yorn

Nathan : Super Furry Animals, The Shins aussi, un groupe de pop américain.

Quelles sont vos chansons favorites ?

Mark : Solarys “Let the sun shine in” , Seven Nation Army des White Stripes.

Nathan : n’importe quoi des groupes qu’on vient de citer … n’importe quoi des Pixies aussi.

Justement que pensez vous du retour des Pixies ?

Mark : c’est génial, totalement génial.

Nathan : ils jouent pas mal de festivals en UK, je ne sais pas exactement lesquels. Est-ce qu’ils jouent a T in The Park ?

Mark : Oui, ils y jouent et nous aussi !

Nathan : Reste à savoir si ça sera le même jour ! Les Pixies sont géniaux et j’espère qu’ils seront bons. J’ai l’autographe de Kim Deal.

Justement vous jouez à Paris en Black Session le 7 juin … il y a les Pixies le même soir ici ! J’avais déjà acheté mon billet donc je ne pourrai pas venir vous voir …

Mark : Non ce n’est pas vrai ! Tais toi ! (il fait semblant de s’en aller)

Nathan : de toute façon moi aussi je crois que je vais essayer d’aller voir les Pixies, on se verra là bas ! et on va annuler notre concert.

Quel est le meilleur endroit pour jouer un concert ?

Mark : J’aime changer, on vient de jouer à Austin au Texas pour le South by Southwest Festival et on a été accueilli à bras ouverts ! il y avait 2000 personnes, c’était la première fois qu’on venait là bas, donc ils ont vraiment l’esprit très ouvert .

Nathan : rentrer à la maison à Belfast c’est bien aussi ! En Ecosse c’est bien aussi ! Mais on a aussi envie d’aller en Europe.

Mark: on a été au Japon ! (il mime les japonais hystériques !)

Vous supportez une équipe de football ?

Mark : Manchester United ! Wolverhampton Wanderers.

Nathan : les wolves (ndlr : Wolverhampton) mais ils ne vont pas rester en première division.

Mark : on aime bien les équipes nord irlandaises aussi mais elles sont vraiment très mauvaises ! George Best, Sammy Mc Ilroy, Bron Barry, Norman Whiteside … ce sont des nord irlandais qui ont joué pour Manchester.

Vous n’aimez pas les équipes de Glasgow ?

Mark : On supporte Dundee, c’est là qu’on a été à l’université. Les Celtics et les Rangers sont beaucoup trop liés à la politique et à la religion. Et nous n’avons rien à voir avec ça.

Quels sont vos livres préférés ?

Les 2 : Le seigneur des anneaux !

Mark : Je viens juste de lire Harry Potter. I love Harry Potter !

Nathan : Fight Club et Monstres invisibles de Chuck Palahniuk, tout ses livres en fait.

Mark : il y a un auteur qui vient d’Irlande du nord qui s’appelle Colin Beteman que j’aime beaucoup, il a écrit « Divorce, Jack ! » l’écossais Christopher Brookmyre aussi, un écrivain que je recommande. Les livres étrangers sortent chez vous ?

Oui quand ils ont eu du succès. Et vos films préférés ?

Mark : Le seigneur des anneaux et tous les vieux films en noir et blanc.

Nathan : Seven, Star Wars, le nouveau parce que je n’aime pas les anciens.

Mark : la guerre des étoiles. (en français)


Gary Lightbody est un homme demandé, alors c’est sur le chemin du retour à l’hôtel, en pleine rue, qu’il a accepté de répondre à nos questions. Au programme : son projet solo, la Reindeer Section, immense collectif composé d’artistes écossais, déjà auteur de deux somptueux albums.

Gary, comment t’es venu l’idée de monter la Reindeer Section ?

Gary : J’étais dans un pub à Glasgow … c’est de la que viennent en général toutes les bonnes idées ! C’était un concert de Lou Barlow, il a fait un show acoustique, tous les gens qui font de la musique à Glasgow sont venus le voir.
J’y suis allé aussi et on a parlé de former un groupe avec certains. On a appelé ça la Reindeer Section ! Je ne sais même pas d’où est venu ce nom, tout le monde a dit OK, ils ont sûrement pensé que c’était une idée de fou que j’avais eu et ils ont sûrement pensé que je n’allais pas vraiment écrire des chansons, que je n’y arriverais pas. Le jour suivant je m’y suis mis et j’ai écrit tout l’album dans une superbe période de créativité comme je n’avais eu avant ! Donc j ai emmené l’album à tout le monde, à Mogwai, à Arab Strap, à Belle & Sebastian et tous ont aimé les chansons … enfin certains ont aimé les chansons et d’autres voulaient juste s’amuser dans un groupe !
Je l’ai emmené à une maison de disque qui s’appelle Bright Star en Irlande du Nord et ils l’ont apprécié. Ils ont aussi beaucoup aimé l’idée d’avoir plein de personnes différentes dessus. On s’est bien amusé, ça a été très difficile car on a seulement eu une semaine pour faire le premier album et deux semaines pour le second. On travaillé très vite, pour chaque chanson on avait une demi heure, on faisait rentrer les gens dans le studio à la queue, ils ont tous été géniaux.

Pourquoi tu as invité Roddy Woomble dessus ?

Gary : J’adore sa voix, il a l'une des voix les plus incroyable de la musique en ce moment. Je voulais vraiment qu'il chante « who told you » parce que c’est une chanson qui est très personnel pour moi. Mais là, elle était trop personnel pour que je puisse la chanter moi même. D’habitude je suis bon pour chanter les choses personnelles mais celle-ci je voulais que quelqu’un d autre le fasse. C’est pour ça que je l’ai choisi, je pensais qu il le ferait très bien.

Tu penses à un 3e album maintenant ?

Gary : Oui, on adorerait en faire un autre. Il faut trouver du temps et en ce moment ça ne serait pas possible, mais on espère dans les prochaines années, peut être dans 2 ans.

Hier soir tu avais un papier avec des paroles à tes pieds, est ce parce que tu les oublies ?

Gary : Oui, mais j’en ai pas eu besoin hier, mais cette chanson « How to be dead » on ne l’a joué que 3 fois et ça fait plus d’un an maintenant, depuis qu’on a fait l’album, ça fait très longtemps. En général je ne l’oublie pas mais je ne voulais pas avoir l’air bête au milieu de la chanson. J’ai un petit problème de mémoire, c’est sûrement parce que je bois trop, des fois il y a des choses dont je ne me souviens plus !