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Ocean Colour Scene

Interview publiée par Fab le 15 mars 2010

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Absents des scènes françaises depuis de longues années, Ocean Colour Scene ont effectué leur retour la semaine passée lors d'un concert caritatif au Hard Rock Café de Paris. Guitariste de la formation et proche collaborateur de Paul Weller, Steve Cradock revient pour nous sur le passé de son groupe...

Après plusieurs années d'absence, votre tournée européenne vous amène à ne jouer que dans des Hard Rock Café. Peux-tu nous en dire plus sur ce concept ?

Le propriétaire du Hard Rock Café de Londres est impliqué depuis trois ou quatre années dans une association de bienfaisance à laquelle les bénéfices tirés de ces concerts sont reversés, et après nous avoir permis de donner une tournée acoustique au Royaume-Uni il nous a annoncé qu'il était aussi possible pour nous de partir jouer dans les autres Hard Rock Café d'Europe si nous le désirions. Après autant de temps passé enfermés dans notre pays nous ne voulions pas rester à ne rien faire et à nous ennuyer, nous avons donc saisi cette occasion !

Qui plus est à la vue du faible nombre de concerts donnés en Europe depuis des années...

Il n'est pas facile pour un groupe comme le nôtre de s'exporter quand l'intérêt du public ou les ventes ne suivent pas... Je crois même que notre précédent album n'était pas sorti en Europe !

Comment expliques-tu ce désintérêt du public en dehors du Royaume-Uni et notamment en France ?

Je ne me l'explique pas justement, il n'y a sans doute pas de véritable explication. Si ma mémoire est bonne, nous avions joué en France lors du Festival des Inrockuptibles en 1991, dans des villes comme Paris, Lyon et peut-être Bordeaux.

Après plus de vingt années de carrière, Ocean Colour Scene est toujours en activité. Quel est le secret de votre longévité ?

Je pense que nous continuons à sortir des albums et à donner des concerts parce que nous aimons cela, tout simplement. L'amitié qui nous lie est la meilleure explication à notre longévité, je ne vois pas comment nous aurions pu tenir aussi longtemps sans cela. Le fait que nous soyons tous si proches est sans doute notre plus grande force.

Après avoir vécu autant de choses ensemble, que vous reste-il encore à accomplir ?

Partir en tournée en France et en Europe peut-être (rires) ? Nous sommes très fiers de notre dernier album et nous croyons en son potentiel, alors notre objectif est de l'exposer face à un public le plus large possible. Je pense que pour le moment notre objectif est de faire parler de nous et de ce disque...

Très peu de groupes de la scène britpop existent encore aujourd'hui, ne regrette-tu pas cette époque ?

Je suis heureux que nous soyons encore là mais il n'existe pas de recette miracle. Certains facteurs font que des groupe rencontrent le succès et durent plus longtemps que d'autre, mais il n'existe pas d'explication universelle. Je ne regrette pas pour autant cette époque, sinon je ne crois pas que je serais là ce soir pour jouer avec Ocean Colour Scene. Notre dernier album n'aurait même jamais vu le jour si nous étions encore tournés vers le passé.

Ocean Colour Scene a malgré tout connu une période de turbulences en 2003 avec le départ de Damon Minchella et l'arrivée de deux nouveaux musiciens. N'avez-vous jamais craint que ces changements pourraient marquer la fin du groupe ?

C'était une possibilité à cette époque, nous ne pouvions simplement pas savoir comment le groupe survivrait à cette épreuve. Il nous a donc fallu un peu de temps afin de trouver les bons réglages, et au final l'amitié entre les membres du groupe n'en a été que plus forte. Damon était un emmerdeur, alors c'est mieux sans doute mieux ainsi (rires) ! J'aime à penser que nous sommes au sommet de notre art actuellement, ceux qui nous ont vu lors de nos derniers concerts peuvent en témoigner.

Votre dernier album, Saturday, a reçu des critiques très positives de la presse tout en n'atteignant que la 35ème place des charts la semaine de sa sortie. Etait-ce une déception ?

Les ventes ont constitué une énorme déception... Je sais que le disque était trouvable sur Internet gratuitement quelques semaines avant sa sortie et je ne suis pas dupe. Nous ne sommes pas le seul groupe affecté, toute l'industrie de la musique souffre du piratage. Nous avons donc été déçu par les ventes mais que pouvons-nous y faire ? La meilleure réponse était de ne pas baisser les bras et de partir en tournée pour jouer ces nouvelles chansons et montrer leur potentiel !

Quel regard portes-tu sur l'industrie de la musique et le téléchargement illégal ?

Le diable est sorti de sa boîte il y a déjà longtemps, personne ne peut rien y faire. Personne ne parviendra à faire marche arrière désormais. Le plus triste est de voir de nombreux groupes contraints de cesser leur activité par manque d'argent ou de ventes de disques. Il faut faire avec mais les véritables passionnés trouveront toujours des solutions pour continuer à faire vivre leur art. Personnellement j'aime faire partie de ce groupe et jouer de la guitare et je continuerai à le faire aussi longtemps que possible.

Saturday est votre premier album pour Cooking Vinyl, pourquoi les avoir choisis en lieu et place de votre propre label ?

Il nous a semblé approprié de travailler avec une vraie maison de disques pour cet album. Nous connaissons les personnes travaillant pour Cooking Vinyl depuis longtemps, des contacts existent avec eux depuis des années et la collaboration s'est enfin concrétisée. Nous avons pu nous concentrer pleinement sur la musique, ce qui n'était pas un luxe pour nous compte-tenu du raté que constitue On The Leyline. Ce n'est pas un très bon album et la qualité des enregistrements laisse qui plus est vraiment à désirer. Nous avons laissé s'écouler trois ans entre ce disque et Saturday mais nous n'avons eu besoin que de six mois pour écrire les nouvelles chansons. Simon était occupé par ses autres activités et j'en ai donc profité pour sortir un album solo, The Kundalini Target.

Qu'aurais-tu voulu changer sur On The Leyline ?

Je ne saurais pas le dire... c'est un disque dont je suis fatigué de parler que j'aimerais laisser dernière nous. Cet album est merdique.

Vous avez travaillé avec Gavin Monaghan à la production de Saturday, que vous a-t-il apporté ?

Un ami mutuel nous a présentés et nous sommes allés enregistrer quelques démos dans son studio londonien. Nous avons ainsi appris à connaître ses méthodes de travail et l'enregistrement s'est passé à merveille. Son ingénieur du son nous a aussi beaucoup aidés et dirigés, c'est sans doute ce dont nous avions besoin.

Gavin a récemment collaboré avec de jeunes groupes comme Editors ou The Twang. Aviez-vous besoin d'idées fraiches pour ce disque ?

Je ne pense pas, nous voulions principalement une personne capable de mieux assembler nos idées. Il n'est pas entré dans le studio avec l'envie de rajeunir notre son ou d'utiliser des claviers plus récents, il a juste fait son job. Il a tout rendu plus simple pour nous, principalement d'un point de vue musical.