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Depeche Mode

Interview publiée par Anne-Line le 18 décembre 2010

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Depeche Mode ont pour tradition de sortir un DVD à la fin de chaque tournée, et le Tour Of The Universe de l'année écoulée ne déroge pas à la règle. Mais si habituellement ils travaillent avec Anton Corbijn, cette fois-ci leur film a été réalisé par Russell Thomas, réputé pour ses collaborations avec U2, Coldplay ou encore Placebo et Muse. A cette occasion, Andrew Fletcher nous a accordé quelques minutes de son temps pour évoquer cette sortie, ainsi que l'avenir du groupe...

Pourquoi sortir ce DVD, Tour Of The Universe?

Pour chaque tournée, nous avons l'habitude de sortir un DVD. Il n'y a rien d'extraordinaire à ce que ça arrive quelques mois après la fin de la tournée. Nous ne voulons pas que les seuls souvenirs qui subsistent de nos tournées soient les vidéos pourries qu'on trouve sur Youtube (rires)! C'est pour ça qu'on aime donner notre propre version du spectacle.

Peux-tu me dire en quoi ce DVD est différent des précédents selon toi ?

En réalité il n'est pas si différent... Bien entendu, la qualité de la vidéo et du son augmente toujours avec les années, mais la différence c'est que ce n'est pas le même spectacle, on ne chante pas les mêmes chansons... Ce n'est pas une rupture totale avec ce qu'on a pu voir auparavant, même si la manière de filmer est un petit peu différente.

Vous avez travaillé auparavant avec Anton Corbijn, mais ce DVD a finalement été réalisé par Russell Thomas. Pourquoi ce choix ?

Anton a participé à ce spectacle en créant le design de la scène. Mais quand il a été question de filmer, il était trop occupé. C'est pourquoi on a dû choisir quelqu'un d'autre. Russell nous a été chaudement recommandé mais Anton aurait voulu le faire s'il avait été disponible. Il est très perfectionniste.

Connaissiez-vous Russell Thomas avant de travailler avec lui ?

Non, pas du tout. Nous ne l'avions jamais rencontré. C'était assez particulier comme rencontre. Nous avons regardé des vidéos de ce qu'il a fait avant, et puis nous avons organisé une réunion avec lui, c'est tout. Ça s'est passé très naturellement, nous avons été nous-mêmes sur scène et il n'a eu qu'à essayer de filmer les plus belles images (rires) ! Il ne nous a rien demandés qui sorte de l'ordinaire.

Depeche Mode fait partie des groupes qui tournent dans les stades du monde entier. Quelle impression cela te donne de jouer devant autant de gens ?

Tu sais, nous avons commencé comme tout le monde, en jouant dans notre salon, puis en faisant les pubs de notre quartier, puis les petites salles, puis les moyennes, pour enfin arriver aux stades. Pour nous, jouer dans un stade, c'est la même chose que de jouer dans une toute petite salle. Nous avons la chance d'avoir un frontman exceptionnel en la personne de Dave Gahan. Il sait comment galvaniser une foule, qu'il y ait 400 personnes rassemblées... ou bien 40.000 ! Nous sommes passés par toutes les étapes... Nous essayons de toujours impliquer le public dans nos spectacles, c'est pour ça que ça marche. Pour être honnête, personne n'aime vraiment aller voir un concert dans un gros stade, je suis sûr que tu ne dois pas beaucoup aimer ça toi-même... Ce qui fait que ça marche, c'est que l'on implique le public dans le spectacle. Nous ne nous sommes jamais sentis détachés de notre public, et puis il faut avouer que nous avons la chance d'avoir un soutien extraordinaire. Ils sont aussi enthousiastes, que ce soit dans une petite salle ou une grande.

Le concert qui figure sur le DVD a été enregistré à Barcelone. Aviez-vous filmé plusieurs dates, et si oui, pourquoi avoir choisi Barcelone ?

On essaye toujours de choisir des villes que l'on n'a jamais choisies auparavant. Nous avions déjà pris Paris, et ça avait été magnifique. À Barcelone, le public est toujours exceptionnel. Nous avions déjà joué dans cette salle plusieurs fois, et nous aimons beaucoup cet endroit. En fait nous n'avons pas pris beaucoup de risques en choisissant la ville. Nous savions d'avance que ça allait être très bien. Mais pour être franc avec toi, au vu du reste de la tournée, nous aurions dû choisir une des dates en Amérique du Sud. Ces concerts-là ont été tout simplement incroyables ! Mais en Amérique du Sud, tout est beaucoup plus risqué. Du point de vue de l'organisation, c'est toujours plus sensible. Si nous avions pu filmer le concert au Mexique ou en Argentine, ç'aurait pu être un fantastique DVD. J'espère que la prochaine fois, nous prendrons plus de risques.

Il y aura donc bien une prochaine fois ? Il y a eu des rumeurs comme quoi cette tournée serait la dernière...

Chez Depeche Mode, nous ne fonctionnons pas comme... disons U2. Il n'y a pas de plan prédéfini pour conquérir l'Univers (rires) ! L'autre jour, je parlais avec Adam Clayton, et apparemment ils ont leur planning déjà prévu pour les dix prochaines années ! Chez nous, ça ne se passe pas comme ça. Nous faisons les choses au feeling. Il y a de grandes chances que nous fassions d'autres tournées. Le problème est que Dave a malheureusement eu des problèmes de santé récemment, donc pour lui ça reste un très mauvais souvenir. Mais il va beaucoup mieux aujourd'hui, il est très heureux. Donc je suis sûr qu'il y aura un nouvel album et une nouvelle tournée.

Vous avez un public toujours grandissant, trente ans après les débuts du groupe. Les jeunes viennent aussi à vos concerts. Comment expliques-tu que votre musique continue de plaire après tout ce temps ?

Ah ! Si seulement nous avions la recette du succès, nous l'aurions déjà vendue depuis longtemps (rires) ! Parfois, je vois des jeunes de 17 ou 18 ans qui viennent nous voir. C'est incroyable. Au fil du temps, il semble que nous soyons capables de conserver nos plus anciens fans, tout en arrivant à plaire à de nouveaux. Je me rappelle d'une fois où je suis allé mixer au Razzmatazz, ce club à Barcelone. La salle était remplie de 400 jeunes d'à peine 18 ans, qui devenaient fous en entendant Depeche Mode. Aucun d'entre eux ne m'a reconnu, mais la musique leur plaisait (rires). Je ne m'explique toujours pas la raison. Sans doute parce que nous essayons au maximum de faire en sorte que notre musique ne sonne pas trop datée.

Tu ne t'expliques donc pas pourquoi les jeunes d'aujourd'hui continuent d'écouter la musique que vous jouiez avant qu'ils soient nés...

Quand nous écrivons, nous ne pensons pas spécialement à plaire à la jeune génération... Alors non, je ne me l'explique pas du tout. Tout ce que je sais, c'est que c'est un phénomène fascinant. Je vois juste que mes amis, qui ont le même âge que moi, apprécient notre musique, et dans le même temps, ma fille l'aime aussi. C'est peut-être à toi, en tant que journaliste, de me l'expliquer (rires) ! Notre musique est universelle, mais je ne sais pas combien de temps ça peut encore durer...

Il y aussi le fait que beaucoup de jeunes groupes vous citent comme étant une influence majeure. Y a t-il des groupes d'aujourd'hui que tu admires ?

(Réfléchit longuement) C'est marrant que tu me demandes ça, parce que l'autre jour en préparant mes DJ sets, je me suis fait la réflexion que je n'aimais rien de spécial dernièrement. J'aime bien ce que font MGMT, éventuellement...

Vous avez joué sur scène avec Alan Wilder au début de cette année. Pensez-vous de nouveau travailler avec lui ?

C'était assez particulier comme concert, puisque c'était un spectacle de charité. Je ne pense pas vraiment qu'il pourrait y avoir une suite. Cependant il a fait un remix pour nous cette année. Et il est en train de travailler sur un projet avec Martin Gore. Alors en quelque sorte, on peut dire que nous travaillons de nouveau avec lui (rires) ! Mais en vérité, je ne pense pas que ça arrivera. Ce qui est sûr, c'est que nous sommes toujours amis.

Et peux-tu nous dire quels sont tes projets à titre personnel prochainement ?

Je fais beaucoup de DJ sets en ce moment. Prochainement, en février, je vais même aller en Chine, en Australie, en Tasmanie, à Singapour... Tous ces endroits où Depeche Mode ne sont jamais allés. Je suis spécialement impatient de jouer en Chine. En ce qui concerne Toast Hawaii [Le label de musique qu'il a fondé – ndlr], il y a un projet auquel je suis en train de réfléchir, une chanteuse, mais il n'y a rien de concret encore. Je ne peux pas trop en parler, parce que je ne sais pas si ça va vraiment se faire.