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The Boxer Rebellion

Interview publiée par Claire le 22 mars 2011

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Journée de promo ensoleillée à Paris pour The Boxer Rebellion. L'occasion pour nous de rencontrer le groupe et de revenir sur pas moins de dix années de carrière, la sortie de The Cold Still, leur troisième album, et un concert attendu au Nouveau Casino de Paris à la fin du mois de mars.

Jusqu'ici, l'aventure Boxer Rebellion a connu pas mal de rebondissements. Pourriez-vous nous en dire plus?

Nathan : C'est vrai que nous avons commencé de façon peu banale : notre premier album est sorti en 2005 et notre maison de disque a fait faillite la même semaine. Autant dire que c'était plutôt une coïncidence malheureuse. Nous avons donc passé les trois années suivantes à écrire Union et iTunes sont venus nous démarcher. Ils voulaient le publier. Cet album nous a ouvert des portes et nous avons eu la chance d'écrire pour la bande originale d'un film Hollywoodien (Going The Distance), ce qui, il faut le dire, était vraiment génial. Ce second album a plutôt bien marché.
Piers : Mais nous restons un groupe indépendant qui choisit ses chansons, les personnes avec qui travailler et la façon de produire les disques.

Vous parliez du film Going The Distance. Vous êtes l'un des premiers groupes à obtenir ce type de contrat avec l'industrie du cinéman c'est à dire écrire pour la bande originale et jouer dans le film. C'était une aventure un peu surprenante, non ?

Nathan: En fait, nous sommes allés à Los Angeles pour l'un de nos tous premiers concerts et il s'est trouvé que dans la salle, il y avait pas mal de monde d'un des studios hollywoodiens. Ils parlaient de ce projet qui allait être Going The Distance. Ils voulaient un groupe qui puisse collaborer activement au projet. Et en nous voyant, ils ont pensé que ça pouvait être nous. Quelques jours plus tard, nous donnions un concert à New York et ils nous ont envoyés le script que nous avons trouvé très drôle. Ils avaient déjà prévu le cast du film, dont Drew Barrymore, donc nous savions que ç'allait être un film à gros budget. Ce qui nous a en plus intéressés, c'est le fait d'apparaître dans deux scènes de concert avec les chansons de l'album et de pouvoir écrire un titre « exclusif » pour le film.

Est-ce que çela vous a donné envie de passer de la musique au cinéma ?

Nathan : Nous n'avons pas vraiment joué un rôle dans le sens où notre rôle, c'était d'être The Boxer Rebellion. Par contre, la scène la plus bizarre reste le premier jour quand nous avons vu l'équipe bloquer tout un quartier de New York pour le tournage. Trois-cent cinquante figurants et deux-cent cinquante membres de l'équipe de tournage ! C'était vraiment impressionnant de voir une telle machine en marche. Mais ça ne reste pas notre principale passion donc nous allons continuer à faire de la musique.

The Cold Still est votre troisième album. C'est un cliché répandu de dire que le deuxième est toujours le plus difficile mais peut-on dire que celui-ci a été plus facile a écrire et enregistrer ?

Piers : Le second album a été pour nous vraiment très difficile à faire, simplement parce que nous devions trouver un financement et que l'enregistrement se déroulait tout en travaillant à côté. Nous devions faire attention à tout et être sûr qu'il allait être bon. Nous avons vraiment dû fournir des efforts colossaux. The Cold Still a été beaucoup plus facile à créer. Ethan (ndlr : Ethan Johns, producteur) a été d'une aide incomparable. Nous l'avons choisi parce qu'il était le meilleur et qu'il allait nous permettre d'accéder à un autre niveau musical.

Cet album est beaucoup plus complexe. Est-ce l'album de la maturité, comme on aime l'appeler ?

Nathan: Par définition, je dirais que nous avons vraiment grandi entre Union et The Cold Still et que oui, c'est l'album de la maturité. Nous mettons un point d'honneur à essayer de ne pas refaire la même chose d'un album à l'autre, contrairement à d'autres groupes veulent à tout prix rester commerciaux.
Todd : Tous nos groupes préférés ont montré une certaine progression. Si nous n'étions pas là pour l'amour de la musique, nous nous contenterions de faire du commercial. Pour aimer ta propre musique, il faut que tu sois inspiré par toi même. C'est très égoïste mais il n'y a qu'à ce prix que le public reconnaît un groupe intéressant.
Adam : Il y a une différence énorme entre le deuxième et le troisième album. Mais il faut se dire que si nous n'avions pas fait du bon boulot avec Exits, nous n'en serions pas là. The Cold Still est l'album pour lequel les gens se posent vraiment la question de savoir si nous avons quelque chose d'intéressant à leur proposer.
Todd : De plus, nous avons créé notre propre label donc nous pouvons faire littéralement ce que nous voulons, ce que nous pensons être bien.

Vous pensez donc qu'il y a plus d'avantages que d'inconvénients à être un groupe indépendant ?

Nathan : Il ne faut pas idéaliser la chose. C'est sûr qu'il y a un tas d'inconvénients mais l'avantage principal est que nous n'avons pas à réclamer l'approbation du label pour les chansons ou la production. Sans compter les différences intrinsèques à chaque label en fonction des pays. Ça peut être terriblement aléatoire.

Récemment vous avez joué dans le David Letterman Show. Comment s'est passée cette expérience ?

Todd : Nous avons adoré ! Nous avons été stressés toute la journée. Entre l'arrivée à huit heures du matin, l'installation du matériel, la balance et le moment où tu joues tes six minutes, tu passes la journée sur le plateau.
Adam : Personnellement, j'étais vraiment dans mes petits souliers. David Letterman quoi !

C'est intéressant que le David Letterman Show vous ait choisis, sachant que l'accès à de telles émissions est d'habitude assez difficile pour des groupes indépendants ?

Nathan : Il y a en fait beaucoup de gens qui ont quand même des postes de pouvoir et qui aiment la musique. Et nous avons eu la chance de tomber sur ces gens au cours de notre carrière, les gens chez New Line, de chez Itunes ou ceux de chez Letterman. Il y a des tas de personnes qui jouent un jeu un peu politique, n'étant pas vraiment là pour la musique, mais il y en a aussi beaucoup qui le font pour l'amour de l'art. Ça donne pas mal d'espoir pour les jeunes groupes.
Piers : Je pense qu'il y a dix ans, nous n'aurions pas pu jouer au Letterman.

Vous pensez que l'évolution du marché de la musique est en fait bénéfique aux groupes ?

Nathan : Tout à fait ! Il y a des tas d'opportunités. Entre iTunes et les réseaux sociaux comme Twitter, Facebook ou Myspace, c'est la fin de l'intermédiaire, de l'époque où un type de la maison de disques disait si oui, ou non un groupe allait continuer sa carrière.
Piers : Nous ne disons pas que nous ne signerons jamais sur un label ou que c'est leur fin, mais avant les maisons de disque laissaient U2 ou Bob Marley faire deux ou trois albums avant qu'ils n'aient du succès. Maintenant, il faut rencontrer le succès avant même de démarcher un label.

Vous avez sorti Step Out Of The Car en tant que premier single, pourquoi celui-ci?

Todd : Nous ne pouvions pas sortir un titre calme en premier single. Nous pensions que c'était le titre qui aurait le plus d'impact sur les gens. Il fallait cibler un titre qui attrape réellement l'attention des gens.

Pourquoi The Cold Still comme titre d'album ?

Nathan : Dans le titre Doubt, il y avait cette phrase. C'est l'image à laquelle fait penser cette phrase qui nous a donné envie de l'avoir comme titre d'album.

Vous mélangez beaucoup de sonorités dans cet album. Est-ce important pour vous de ne pas appartenir à un seul genre ?

Nathan: Personnellement, j'apprécie beaucoup de styles différents. Je veux que mon album soit un mélange organique de mes influences. En te lançant dans une aventure musicale, tu ne te dis pas que tu seras un groupe post-dubstep ou dance-rock. Les gens adorent mettre des groupes dans des catégories mais, au final, ça donne un album ennuyant.
Todd : C'est plus intéressant pour les auditeurs, pour nous et ceux qui viennent nous voir en live.

Vous avez donc beaucoup d'influences différentes ?

Adam : Radiohead, Elbow ou Massive Attack... là-dessus nous sommes d'accord. Notre qualité principale est de savoir mélanger toutes ces influences que nous n'avons pas en commun.
Piers : Parfois, nous avons des différents par rapport ce que nous voulons faire, mais nous venons tous d'horizons différents. Si nous nous étions rencontrés au collège, nous aurions probablement fait comme tous les groupes anglais qui citent les mêmes influences à chaque fois, comme les Clash, Sex Pistols, Oasis et The Stone Roses.
Adam : Nous nous efforçons surtout de ne pas confondre influence et copie. C'est le plus rédhibitoire.

Votre tournée démarre bientôt, des projets particuliers ?

Nathan : Nous allons faire deux tournées aux Etats-Unis. La première sera plutôt dans de petites salles. Nous allons jouer partout et nous espérons à nouveau venir en France au début de l'été ou cet automne.
Piers : Nous avons des super fans à Marseille, il faut vraiment que nous y allions !
Nathan : Et nous jouons le 25 mars au Nouveau Casino !