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Patrick Wolf

Interview publiée par Aurélie Tournois le 14 juin 2011

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L'artiste pop hypersensible Patrick Wolf revient ce mois-ci avec un nouvel album, Lupercalia, deux ans après la sortie de The Bachelor. Le 31 mars dernier, avant de jouer sur la scène du Nouveau Casino, le multi-instrumentiste nous a livré la nouvelle conception de son oeuvre. Il a également révélé ce qui lui donne aujourd'hui la force d'accomplir ses projets ainsi que de réaliser de nouvelles tournées, après des pauses répétées dans sa carrière de jeune musicien.

A l'origine, tu devais sortir un album nommé Conqueror, qui aurait complété le diptyque dont la première partie était The Bachelor. Finalement, tu as décidé de le nommer Lupercalia. Pourquoi ?

Je pense que The Conqueror tournait autour du même type de sons. C'était une extention de The Bachelor, donc je pensais que c'était bien de faire un double album. Et puis trop de temps a passé entre les deux, il fallait remémorer à mon public les thèmes évoqués dans la première partie du diptyque. Finalement, j'ai donc recyclé quelques idées de The Bachelor pour Lupercalia, au sein d'une toute nouvelle approche. J'ai aussi signé sur un nouveau label, Hideout (Mercury), comme un auteur commence un nouveau projet.

Pourquoi avoir signé avec un nouveau label ?

Parce que les gens aimaient les démos que j'avais enregistrées et s’intéressaient à moi en tant qu'artiste, producteur et compositeur, sans aucune autre influence. Enregistrer cet album a été une belle expérience, lors de laquelle j'ai rencontré des gens très intéressants.

Dans la Rome antique, Lupercalia était un festival de purification qui symbolisait la résurrection ainsi que la transition de l'enfance à l'âge adulte. Pourquoi avoir choisi de nommer cet album Lupercalia ?

Je souhaitais réaliser un album qui symboliserait le coup de foudre et la célébration de l'amour. Ce titre évoque aussi la purification de la cité. Il parle de la dureté de la ville, dans un contexte de récession. Je vis à Londres et juste à côté de chez moi, il y a eu des émeutes contre les banques et le gouvernement. Les conséquences économiques de ces évènements n'ont pas eu que des effets monétaires, mais aussi affectifs, sur les êtres humains. Pour moi ce titre est une purification des passions, concernant l'amour mais aussi la politique.

De quoi parle le nouvel album ?

Les paroles sont comme une seconde confession à l'homme dont je suis tombé amoureux. Le rencontrer a été pour moi une bénédiction absolue. J'ai vécu ma vie au ralenti depuis notre rencontre. L'album exprime aussi le fait de se trouver à l'étroit dans la ville et de vouloir s'en échapper. C'est un disque très intime, dans lequel je me confie énormément, comme quelque chose que l'on chuchoterait avant de s'endormir.

La sortie de l'album a été précédée des singles Time Of My Life, The City et House. Ces morceaux sont-ils représentatifs de l'album ?

Time Of My Life arrive dans l'album comme une rupture qui vient déchirer le couple. The City est davantage une chanson sur l'espoir et House évoque d'autres univers... Je crois que oui, ces morceaux représentent vraiment l'album.

Tu as enregistré une partie de l'album aux Studios de la Reine, à Paris. Comment cela s'est-il passé ?

Avec Thomas Bloch, nous avons enregistré Armistice et Time Of My Life dans ces studios. Il jouait du Glassharmonica (ndlr : harmonica en verre), des Ondes Martenot (ndlr : un des plus anciens instruments de musique électronique) et du Cristal Baschet (ndlr : instrument fait de cristal et de verre). C'était très beau. Nous nous sommes concentrés sur les plus petits détails du son. J'ai beaucoup aimé collaborer avec lui et je recommencerai volontiers.

La presse est unanime lorsqu'elle déclare que Lupercalia est ton meilleur album. Qu'en penses-tu ?

Je ne sais pas.... C'est un beau compliment. C'est gentil de la part des gens de m'avoir laissé développer ma musique et de dire que ce que je fais aujourd'hui est meilleur que ce que j'ai réalisé avant. C'est exactement le souhait de tout artiste. C'est en quelque sorte l'album de la maturité. Aujourd'hui, je crois en ce que je fais, et c'est bien si les gens s'en rendent compte.

En 2007, tu avais déclaré vouloir arrêter la musique quelque temps, avant de changer d'avis. Comment te sens-tu aujourd'hui au sein de l'industrie musicale ?

A ce moment là, je désirais continuer à réaliser des albums, en arrêtant de tourner. J'ai décidé de voyager, pour le plaisir cette fois. Puis, je me suis rendu compte que les tournées étaient très importantes pour apprécier ma vie au travail. Plus je fais de concerts, et plus j'aime ce que je fais. Maintenant, je trouve un plaisir lors des tournées que je ne ressentais pas auparavant.

Il y a quelques semaines, tu as accompagné Patti Smith sur scène. Comment est-ce arrivé ?

Je l'ai rencontrée il y a deux ou trois ans au Music Festival. Nous avons décidé de faire six concerts ensemble. C'est super, elle me laisse faire mes propres arrangements et improviser. C'est une expérience très rafraîchissante.

Tu n'as que vingt-sept ans mais déjà cinq albums derrière toi. Comment considères-tu ta carrière et ton évolution si rapide ?

Je suis content d'avoir découvert différents aspects de ma personnalité dans les parties successives de ma vie. J'ai l'impression de me trouver au début d'un long voyage. Pour moi tout commence maintenant. Je peux enfin mettre le passé derrière moi et regarder vers le futur. Je me sens plus sage qu'avant.