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2:54

Interview publiée par Fab le 12 juin 2012

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Signées depuis quelques mois chez Fiction Records, les soeurs Colette et Hannah Thurlow ont signé sous le nom de 2:54 un premier album constituant l'une des excellentes surprises de ce printemps 2012. Rencontre avec deux musiciennes autodidactes dont l'ascension ne fait que commencer.

Avant ce soir, vous aviez déjà donné une poignée de concerts en France avec Wild Beasts l’année passée. Quel souvenir en gardez-vous ?

Colette : Même si la musique jouée par nos deux groupes est plutôt différentes, nous avions été bien accueillies. Nous avions pris beaucoup plaisir à donner ces concerts.

Jouer ce soir en tête d’affiche à Paris représente-il quelque chose de particulier pour vous ?

Colette : D’un point de vue personnel, j’ai toujours adoré la ville de Paris. Le simple fait d’être ici pour donner un concert est très satisfaisant. Il y a quelques années, j’ai vécu pendant trois mois non loin de la Flèche d’Or et je n’ai jamais pu y mettre les pieds. Y revenir cette fois-ci pour y jouer est donc quelque chose de très excitant !

Vous avez assuré beaucoup de premières parties ces dernières années, notamment de Yuck ou Wild Beasts. En quoi cela vous a-t-il aidées ?

Colette : C’est vraiment un privilège d’avoir pu accompagner tous ces groupes. Tu es là et tu te contentes de regarder, écouter et apprendre pour progresser. Tu joues le rôle d’un fan tout en ayant un rôle à jouer dans le processus, ce qui est très excitant. Avoir ce genre d’opportunité signifie beaucoup pour nous.

La question de votre rencontre à toutes les deux ne se pose pas, mais à quel moment avez-vous commencé à jouer de la musique ?

Hannah : Tout a commencé durant notre adolescence. J’ai appris à jouer de la guitare toute seule, sans professeur, et très naturellement j’ai par la suite montré à Colette comment faire. Nous avons progressé ensemble, par pur plaisir, en expérimentant sans but précis. Je faisais surtout du bruit au départ mais progressivement nous avons commencé à écrire des ébauches de chansons...

A quel moment est née l’idée de créer 2:54 ? Vous aviez notamment joué dans un autre groupe, Vulgarians, auparavant...

Colette : L’idée nous est venue subitement alors nous avons tenté notre chance sans trop y réfléchir. Nous voulions juste jouer nos chansons en live. Avec Vulgarians, la musique que nous jouions à l’époque était très rudimentaire et basique. Nous étions encore naïves et innocentes à cette époque, c’était une première expérience pour de jeunes musiciens. C’était une première expérience très formatrice qui nous a permis de progresser beaucoup plus vite en tant que 2:54 par la suite.

Le nom de votre groupe, 2:54, est souvent caution à beaucoup d'interrogations. Quelle est sa signification ?

Colette : C’est une référence à notre chanson préférée de The Melvins, A History Of Bad Men. Avec Hannah, nous avons toujours aimé relever les passages les plus marquants dans les chansons des artistes que nous aimons. Dans ce cas précis, le moment en question se situe à deux minutes et cinquante-quatre secondes. L’instant précis où la chanson nous semble la plus belle. Nous aurions tout aussi bien pu choisir une référence à un autre titre !

En dehors de The Melvins, par quels groupes estimez-vous être les plus influencées ?

Hannah : J’ai toujours été très intéressée par le punk ou le métal. J’aime des groupes comme Metallica, Deftones et System Of A Down. Beaucoup de groupes de rock américains de mon adolescence.
Colette : J’étais très ouverte dans mes écoutes lorsque j’étais plus jeune. J’écoutais du R'n'B mais aussi beaucoup de groupes féminins comme TLC par exemple. Je me suis subitement intéressée à la musique punk et tous les groupes basés sur les guitares, j’ai développé un véritable amour pour ce style musical. Des groupes comme Black Flag ou Fugazi nous ont permis à Hannah et moi de partager les mêmes goûts musicaux.

D’un point de vue vocal, la comparaison entre ta voix et celle de PJ Harvey est souvent évoquée...

Colette : Je ne pense pas me tromper en disant qu’il existe une seule et unique PJ Harvey. Sa voix est incroyable et unique, je pense que cela veut tout dire !

Vous avez rejoint Fiction Records il y a quelques mois, en quoi la vie du groupe a-t-elle changé suite à cela ?

Colette : Pour nous, Fiction Records représente un héritage musical complètement incroyable. Il suffit de regarder la liste des groupes ayant un jour travaillé avec cette maison de disques. Nous sommes incroyablement chanceuses de pouvoir évoluer au quotidien avec les personnes de ce label.

Les attentes placées en vous ont-elles engendré un surcroit de pression ?

Hannah : Lorsque nous écrivons des chansons, nous sommes pleinement investies dans la tâche, tête baissée. Nous sommes dans une bulle et nous nous concentrons uniquement sur les chansons et nos concerts, rien d’autre !
Colette : Finalement, notre fonctionnement reste le même que lorsque nous étions encore des adolescentes. Nous n’avons pas changé notre façon de travailler ou d’écrire les chansons.

Lors de vos concerts, deux musiciens supplémentaires vous accompagnent pour jouer vos chansons. A quel moment ce besoin s’est-il fait sentir ?

Colette : Hannah compose tous les éléments de nos chansons, guitare, basse et batterie, mais nous n’avons jamais eu envie de devenir un duo en tant que tel. A deux sur scène, le potentiel de nos chansons n’aurait jamais pu s’exprimer complètement et nous avons eu beaucoup de chance de trouver deux personnes pour nous accompagner. Une répétition avec Alex et James nous a suffi pour comprendre que nous avions trouvé nos deux musiciens. Ils jouaient ensemble depuis plusieurs années déjà, ce qui explique le lien très fort unissant la section rythmique de 2:54. Nous n’aurions pas pu trouver une meilleure solution, avec eux nous formons réellement un groupe.

Votre premier album sort le 28 mai, comment s’est déroulé son enregistrement ?

Colette : L’enregistrement a été bouclé en l’espace de deux semaines puis dix jours ont été nécessaires pour le mixage.
Hannah : Un titre comme You’re Early a été l’un des premiers écrits en vue de l’album. Avant même d’entrer en studio, nous avions déjà choisi les dix chansons que nous souhaitions garder au final. Nous avons pris tout le temps nécessaire pour être sûres d’avoir les chansons adéquates avant de nous lancer dans le processus.

Vous avez laissé derrière vous certaines de vos plus anciennes chansons comme le single On The Wire. Quels étaient vos critères ?

Colette : Nous adorons On The Wire, mais lorsque nous avons fait le choix de la sortir sous la forme d’un single en édition limitée, nous avions déjà en tête l’idée qu’elle ne serait jamais disponible autrement. Nous aimons le qu’un objet comme celui-ci soit rare et que seuls nos premiers fans le possèdent.

Cela ne vous empêche donc pas de continuer à la jouer ?

Colette : Nous changeons souvent les setlists de nos concerts, il nous arrive donc encore de la jouer certains soirs en fonction de notre humeur.

Vous avez travaillé avec Alan Moulder et Rob Ellis pour votre album, comment les avez-vous convaincus de vous accorder du temps ?

Colette : Nous n’avons pas eu à le faire, nous avons eu la chance qu’ils viennent nous voir jouer à des concerts. Nous avons ensuite pu discuter avec eux de nos projets. Ces rencontres se sont faites très naturellement, c’est un vrai privilège qu’ils se soient intéressés à notre musique. Ils portent un héritage artistique incroyable, nous adorons certains des groupes avec lesquels ils ont collaboré de par le passé. De plus, notre musique était en quelque sorte cohérente avec leurs travaux.

En quoi vous ont-ils permis de rendre ce disque meilleur ?

Hannah : Lorsque nous sommes allés en studio, l’ossature des chansons était achevée, le produit final était pour ainsi dire déjà prêt. Ils nous ont apporté tout leur savoir et leur expérience dans la science du son, comment capturer l’essence de notre musique dans un studio professionnel.
Colette : Nous avions enregistré toutes nos démos chez nous, le but du studio était en quelque sorte de les embellir. Aller en studio était une expérience nouvelle pour nous, nous avons parfait notre éducation avec ces personnes. Avec Alan Moulder, je pense que nous sommes parvenus à donner plus de profondeur à notre son, c’était une expérience très particulière. Avant de te pencher sur ce genre de choses, tu ne soupçonnes pas toutes ces possibilités.

L’atmosphère de vos chansons est souvent sombre et froide, cela s’applique-t-il également à vos textes ?

Colette : Je m’inspire généralement de la musique pour écrire les textes. Hannah m’envoie une piste audio qu’elle a enregistrée, parfois avec une simple mélodie, et les mots me viennent très simplement. C’est un travail très instinctif.

Les vidéo clips de Scarlet ou You’re Early dégagent également une ambiance très particulière en phase avec votre musique. L’aspect visuel compte-il autant que la musique pour vous ?

Colette : Complètement ! Pour nous, l’un ne va pas sans l’autre, c’est un tout.
Hannah : Quand tu y réfléchis, l’artwork peut être la première chose qu’une personne voit du groupe, il faut le soigner. Il faut qu’il soit tout aussi représentatif du groupe que peut l’être la musique. Nous nous investissons beaucoup dans tous les aspects visuels liés à 2:54.