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TOY

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 4 juin 2012

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Désireux de tracer sa voie et donner de la sienne, Tom Dougall fonde TOY avec deux anciens Joe Lean And The Jing Jang Jong, Dominic O'Dair et Maxim Barron. Le trio recrute ensuite, dans ses amis rencontrés dans la ville natale du groupe, Brighton, le batteur Charlie Salvidge et l'Espagnole Alejandra Diez aux claviers. Sous l'aile protectrice de The Horrors, les cinq Londoniens mixent les décennies et les genres, du shoegazing au rock psychédélique en passant par le post-punk.

Les TOY sortent tout juste du légendaire studio d’Edwyn Collins, West Heath, où ils ont couché sur bande quelques inédits dont leur deuxième single après le très bon Left Myself Behind, Motoring. Dans le même temps, Kieran Evan et son équipe mettaient en boîte et en vidéo la session de travail des cinq de Brighton. Session que l’on retrouve en vidéo, très léchée et dans une qualité HD, sur le site du label Heavenly Records. Autant dire que, pour TOY, les projets s’enchaînent et l’avenir, parfois capricieux vu le nombre d’artistes existants, se présente sous les meilleurs hospices.

C’est sous les couleurs de la Cooperative Music, à la Flèche d’Or de Paris, que nous digressons, le rire facile, avec Alejandra, Dominic et Charlie.

Qui êtes-vous, TOY ?

Alejandra : Mon nom est Alexandra Diez et je joue des claviers.
Dominic : Je suis Dominic O'Dair et je joue de la guitare.
Charlie : Je suis Charlie Salvidge et je suis batteur. Et, derrière nous, il y a Maxim Barron qui joue de la basse et Tom Dougall qui est notre guitariste/chanteur.

Trois d'entre vous ont joué dans un autre groupe, Joe Lean And The Jing Jang Jong. Cette première expérience vous a-t-elle aidés à créer TOY ?

Dominic : En un sens, oui. Avoir un premier groupe aide, quoi qu'il en soit, pour avancer dans une nouvelle formation musicale. Mais, question musique, les deux expériences n'ont rien à voir et nous avons complètement laissé de coté cette première aventure pour nous concentrer sur quelque chose de vraiment nouveau. Joe Lean And The Jing Jang Jong n'était pas vraiment notre groupe. C'était celui d'un autre leader, qui avait sa propre vision. Cela n'a plus rien à voir avec nous aujourd'hui.

Ce sont effectivement des styles musicaux très différents. Aviez-vous besoin d'effacer le passé pour construire quelque chose de vraiment nouveau ?

Dominic : Dans la première formation, notre chanteur écrivait et nous suivions ses idées. Mais cela n'a jamais été notre tasse de thé, même si nous avons participé à l'écriture, de temps en temps. C'était plutôt pop dans la tête de notre leader de l'époque et ce n'était pas ce que nous voulions faire ou ce que nous aimons. Dès que nous sommes partis former un nouveau groupe, TOY, nous avons commencé tous les cinq à enfin écrire et composer le style de musique que nous aimons. C'était une évolution obligatoire pour nous trois.

Comment vous êtes-vous rencontrés tous les cinq ?

Alejandra : A Brighton, il y a six ans à peu près. Joe Lean And The Jing Jang Jong était toujours en activité. Nous sommes devenus amis, sans parler de musique au départ.

Alejandra, tu as un certain accent je crois ?

Alejandra : Oui, je viens d'Espagne et je vis à Londres maintenant mais nous nous sommes tous connus à Brighton.
Dominic : Moi je suis né à Brighton, comme Tom et Maxime.
Charlie : « Je suis de Gloucester.

Pourquoi le nom de TOY ?

Dominic : « Je crois que c'est l'impact du nom prononcé qui nous a plu. C'est un nom court, direct, que l'on retient facilement et qui sonne assez cool. Nous voulions nous démarquer de The Brian Jonestown Massacre (rires) !

On vous compare parfois à S.C.U.M ou The Horrors avec lesquels vous avez joué et tourné...

Charlie : Je crois que c'est surtout parce que nous avons souvent joué avec ces deux groupes que l'on nous compare souvent à eux.
Alejandra : Je pense que ça vient du fait que nous sommes, avec The Horrors en tout cas, des groupes avec des guitares imposantes et que nous ne ressemblons pas à ce que la radio publique diffuse, généralement... Mais, personnellement, je ne comprends pas vraiment la comparaison entre eux et nous. Nous sommes très amis et j'ai un grand respect pour ces deux formations mais nous ne faisons pas la même chose.
Charlie : Nous avons sûrement des influences similaires mais un groupe comme S.C.U.M utilise deux synthés par exemple.

Quelles sont vos influences musicales principales ?

Dominic : Il y a en tellement... Beaucoup de Krautrock. The Velvet Underground, Television, The Ramones, Sonic Youth mais aussi The Kinks, The Beach Boys...

Pensez-vous que le rock doit parler de politique ou être engagé comme l'étaient les groupes punk rock de la fin 70s et début 80s ?

Alejandra : Je ne pense pas que ce soit obligatoire. Si tu es écouté et que tu parles pour beaucoup de gens en même temps, c'est une bonne tribune pour défendre des idéaux, surtout en ce moment. Mais je ne pense pas que cela doit être nécessairement connecté à la musique que tu joues.
Charlie : En tout cas, ce ne sera jamais notre cas, je pense.
Dominic : Nos textes sont plus tournés vers l'abstrait. Nous ne voyons pas spécialement le besoin d'une connexion entre rock et politique même si nous adorons des artistes engagés, comme Bob Dylan par exemple.
Alejandra : L'engagement, c'est déjà d'écouter notre musique et de l'aimer (rires) !

Left Myself Behind est un grand coup que vous avez frappé en fin d'année 2011. Si le style et le son rappellent le krautrock des années 70s jusqu'au son grunge des années 90s, vous avez su ajouter de la nouveauté et de la fraîcheur à ces styles musicaux pour refonder une base solide. Quelle est l'histoire autour de ce titre et des solos de fin de plus de quatre minutes ?

Dominic : C'est un titre vraiment collégial. Sur une première démo, nous avions posé la base du titre et, ensuite, nous nous sommes laissés aller pour faire un titre de sept minutes voire plus en scène. Sans même nous consulter, nous sommes tous partis loin dans nos têtes et c'était à celui qui abandonnerait le premier l'outro !

Dans le vidéo clip de Left Myself Behind, l'image et la réalisation rappellent les clips de The Cure, époque Boys Don't Cry et même In Between Days. Etait-ce une sorte d'hommage au groupe des années 80s ?

Alejandra : Pas du tout. Nous n'avions pas beaucoup d'argent et nous avons utilisé des images de cristallisation faites au microscope que nous avons montées ensemble ensuite. C'était notre première vidéo et nous voulions que cela semble fait-main ! Mais il est vrai que le coté fait main du clip peut faire penser à d'autres vidéos, notamment celle de Boys Don't Cry avec ces ombres portées derrière le groupe.

Richard Fearless, de Death In Vegas, a remixé ce titre. Comment est-ce arrivé ?

Charlie : Il nous a vus en concert et il nous a proposé son talent.
Dominic : Nous respectons tellement Richard Fearless et Death In Vegas... C'était une réelle surprise et un vrai encouragement pour nous de rencontrer Richard et d'entendre qu'il voulait remixer un de nos titres ! Sur l'album à venir, il y aura un titre instrumental et il nous a récemment dit qu'il aimerait faire le clip de ce titre et le remixer. Quelle chance pour nous !

Votre second single, Motoring, est sorti le mois dernier. Quels sont vos plans pour les mois à venir ?

Alejandra : Nous venons de finir l'enregistrement de notre premier album. Il va maintenant être mixé et la sortie est prévue pour septembre prochain. Le 10 du mois normalement.

Pourquoi avoir choisi Left Myself Behind et Motoring pour vos deux premiers singles ?

Charlie : Je crois que le titre Left Myself Behind était le plus représentatif du style que nous voulions jouer. Avec Motoring en deuxième single, nous avons essayé de compléter cela et d'exposer notre vision.
Alejandra : Nous n'avions pas de stratégie à proprement parler. C'étaient les titres que nous aimions le plus jouer et nous voulions que notre public les apprécie également. Et je crois que cela a marché au-delà de nos espérances !

Comment avez-vous rencontré votre label, Heavenly Records ?

Dominic : Ils sont venus nous voir en concert. Le manager de The Horrors nous a vus sur scène un soir et il a averti pas mal de labels qui ont commencé à venir voir nos sets. Heavenly Records s'est montré le plus enthousiaste et nous a proposé de nous donner carte blanche sans chercher à nous diriger vers une voie plus commerciale.
Alejandra : Ils nous soutiennent dans nos démarches et nos choix. Ce sont des gens très bons dans leur métier. Et je ne pense pas que cela changera, même si nous vendons beaucoup de disques !

Vous avez beaucoup utilisé Internet à vos débuts et encore maintenant. C'est un média important à vos yeux ?

Charlie : Je pense que c'est un média important pour tous les groupes de nos jours.
Alejandra : Nous nous sommes rapidement inscrits sur Facebook mais nous n'avons pas encore apprivoisé Twitter ! Aucun d'entre nous n'a de compte pour le moment. Il faut s'y mettre (rires)...
Dominic : Il est vraiment important d'avoir la possibilité de poster tes vidéos ou tes titres partout dans le monde.

Justement, c'est également un réseau qui permet de télécharger des fichiers parfois illégaux et de la musique notamment. Que pensez-vous des récentes lois pour ces contrevenants de l'Internet ?

Dominic : C'est amusant parce que nous en avons parlé juste avant de te rencontrer...
Charlie : Ce qui serait bien, c'est qu'il n'y ait que des services comme Spotify ou iTunes pour pouvoir écouter des extraits et, ensuite, pouvoir acheter légalement de la musique.
Dominic : C'est paradoxal. Cette technologie magnifique te permet d'écouter tout ce qui se fait autour du monde mais, dans le même temps, elle est en train de tuer l'industrie musicale. Pour ma part, j'aime posséder cet objet physique fait de plastique et de tout un travail de graphisme et de textes sur les livrets.
Alejandra : Je pense qu'il y aura toujours des gens pour acheter des disques, dieu merci. Justement pour les raisons qu'expose Dominic. C'est un acte quasi romantique d'acheter un disque...
Dominic : Et puis, le mp3 est le pire format musical jamais inventé en terme de qualité !
Charlie : Internet, c'est véritablement une arme à double tranchant.

Vous emmenez des objets personnels ou des porte-bonheur avec vous en tournée ?

Alejandra : Un panda ! Une peluche...
Dominic : Un iPod avec huit-mille titres ! C'est tout ce dont nous avons besoin pour tailler la route.
Alejandra : Et comme nous sommes assis les uns en face des autres dans le Van, nous nous amusons à faire des blind tests. Ce sont de grands moments de rigolade.

Qu'avez-vous écouté sur la route pour venir ?

Charlie : Ce matin, c'est un ami qui a fait la playlist. Il a beaucoup de punk rock dans son iPod. Ce soir nous allons donc avoir un set énervé (rires) !

S'il y avait un rêve que vous n'avez pas encore réalisé, quel serait-il ?

Alejandra : J'ai un rêve ! Devenir assez connue avec TOY pour produire de bons groupes de rock et enfin ne plus avoir à écouter les mauvais (rires) !
Dominic : Que puis-je dire de plus ? J'aimerais juste pouvoir enregistrer de nombreux disques et découvrir le plus de scènes possible à travers le monde.

Vous serez en tournée dans les festivals de l'été ?

Charlie : Nous tournerons beaucoup en Europe. À Oslo, à Marseille...
Alejandra : Nous allons jouer également en Autriche, en Belgique, au Japon et en Espagne ! Je serais dans mon pays pour aller chanter en Anglais avec mon accent espagnol à couper au couteau, avoue que ce n'est pas banal !