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Two Door Cinema Club

Interview publiée par Claire le 31 août 2012

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C'est à l'occasion d'une journée promotionnelle marathon pour le groupe que nous avons rencontré Two Door Cinema Club. Visiblement ravi de parler de leur très attendu nouvel opus Beacon, le trio Nord-Irlandais envisage sereinement cette rentrée musicale qui les verra passer sur les plus grandes scènes européennes...

Comment vous sentez-vous à la veille de sortir ce nouvel album si attendu ?

Alex : Excités. Excités et fiers. Je pense que c'est l'album dont nous sommes le plus fiers et nous avons vraiment hâte que les gens l'entendent.

De qui avez-vous déjà eu des retours ?

Kevin : Notre label, quelques-uns de nos amis, la famille...
Alex : Et le batteur aussi !

La presse a déjà pu écouter cet album et, dans l'ensemble, les critiques sont dithyrambiques: c'est un album plus mature, moins électronique, bien ciselé et les titres sont potentiellement tous des singles...

Kevin : C'est vraiment cool d'avoir ce genre de retour parce qu'avec la famille ou nos potes, on ne sait pas vraiment quoi penser. Ils nous ont tous dit avoir aimé mais en même temps, tu n’as jamais vu un pote ou tes parents te dire que ce que tu fais est pourri ! (rires) Donc c'est pour ça que nous attendons avec impatience que l'album sorte pour avoir des critiques impartiales, surtout de la part des fans.

Comment expliquez-vous la popularité que vous avez en France ? C'est au Zénith et non plus à l'Olympia que vous jouerez cet automne à Paris !

Alex : En fait, nous avons un truc particulier avec votre pays. Nous y avons passé beaucoup de temps et Paris a été la première ville non britannique dans laquelle nous avons joué.
Kevin : Nous avons même joué à Paris avant de jouer à Londres !
Alex : Notre relation avec Kitsuné nous a aussi bien aidés car ils sont basés à Paris et connaissent les arcanes de la ville. Et à la différence d'autres groupes anglais, nous avons rapidement fait des dates hors de Paris, dans des villes parfois laissées de côté dans les tournées.
Sam : Je pense que d’ici la fin de l’année, nous aurons joué dans tous les festivals existant en France !

Sleep Alone est le premier single extrait de cet album. Pourquoi avoir choisi ce titre et ne pas avoir capitalisé sur Handshake dont une partie était déjà en écoute sur le trailer de l’album ?

Alex : Handshake et Sleep Alone étaient clairement en compétition pour être le premier single parce que ce sont les deux premiers titres que nous avons écrits pour cet album. Ils semblaient être une bonne transition entre Tourist History et Beacon. Finalement, nous nous sommes dit qu’il fallait les proposer tous les deux et c’est comme ça que l’un a atterri en bande son du trailer et que l’autre est devenu le premier single.
Kevin : Nous voulions vraiment que le premier single ait un impact important et, selon moi, Sleep Alone était le meilleur. Et comme il n’apparaît pas sur le trailer, nos fans ont vraiment eu une surprise. Nous souhaitions que ce soit un titre totalement neuf qui représente l’album.

Vous avez choisi Jacknife Lee (ndlr : producteur de REM, U2, Bloc Party) comme producteur de cet album. Qu’a-t-il apporté à votre son ?

Kevin : Il a amené une texture vraiment très particulière. En plus, il a un petit studio d’enregistrement à côté de sa maison. Du coup, tu as une ambiance très familiale. Et comme c’est son studio, il l’a vraiment aménagé avec tout l’équipement dont il a besoin, donc en plus d’être un producteur hors pair, il est vraiment très efficace.
Alex : Il nous a encouragés à utiliser des instruments dont nous n’avions pas l’habitude comme des cordes et au lieu de jouer et enregistrer live comme nous l'avions fait pour le premier album, il voulait que nous apprenions vraiment à travailler sur les pistes de chacun, voir ce qui collait mieux à tel ou tel endroit. Ça a été très instructif. Et a permis à Beacon de ne pas être un Tourist History bis.

Pourquoi avoir intitulé cet album Beacon ?

Kevin : C’est le titre qui termine l’album. Et si c’est le dernier titre de l’album, c’est que d’une certaine façon, il résume notre vie ces deux dernières années. Nous nous y retrouvons vraiment tous les trois.

Vous avez beaucoup tourné et avez enregistré cet album dès la fin des festivals l’année dernière. Vous êtes-vous accordé un peu de repos tout de même ?

Alex : Pour nous, le repos c’est plutôt un changement de rythme. Nous avons terminé ce que nous croyions être les dernières dates de la tournée du premier album en septembre dernier. Puis nous avons passé le mois de novembre et décembre à écrire des nouveaux titres. Tu sais, nous avons consacré la majorité de ces dernières années à jouer, et se poser à trois, dans une maison, et passer nos journées à juste trainer ensemble et écrire de nouvelles chansons, c’était très reposant et créatif à la fois. Et nous avions besoin de repos puisque nous avons repris une tournée du Royaume-Uni en février. Puis, nous avons enregistré en mars. Et voilà !

Vous allez aussi sortir une édition limitée de l’album incluant le live de votre concert au Brixton Academy. Qu’est-ce que ce concert a eu de particulier pour vous ?

Alex : Nous avions déjà joué là-bas donc nous connaissions bien la salle qui est, il faut le dire, magnifique. C’est un élément du patrimoine musical. Et très honnêtement, nous avons d’abord choisi ce concert-là pour nous faire plaisir, pour avoir un souvenir physique, pour pouvoir prouver « oui, nous y avons joué ». Nous nous sommes engagés là-dedans sans savoir si nous allions ou non publier ce concert. Un de nos amis est venu filmer et il s’est trouvé que ce concert était juste fantastique, un de nos meilleurs.
Sam : En plus, nous avions joué deux titres que l’on retrouve sur Beacon et c’est super intéressant de voir la façon dont elles ont changé depuis. Ça permet aux fans de voir un peu comment nous travaillons et le boulot que nous avons finalement fourni en studio pour obtenir le produit abouti, si je peux dire.

L’un de vos titres, Something Good Can Work avait servi pour une publicité il y a quelques temps. Est-ce quelque chose que vous referiez ?

Alex : Non. A moins d’être forcés pour une raison ou une autre, je ne pense pas que nous nous réengagerions là-dedans. Ce n’est pas quelque chose de très créatif ou qui nous inspire beaucoup. Mais il est de plus en plus difficile de trouver une place sur les ondes, ou qu’on nous fasse de la place, et c’est vrai que la pub, c’est un bon moyen pour se faire connaître. Après, il est clair qu’il ne faut pas en abuser, sinon tu deviens vite ridicule.
Kevin : En plus, en Allemagne ou en France, vous avez ce truc de quotas de chansons dans votre langue à respecter à la radio et du coup, si, par exemple, tu es un groupe non francophone et que tu sors ton premier album, l’Europe continentale ne t’accueille pas à bras ouverts. Il faut se faufiler dans les quarante pour cent autorisés, et là les radios ont le choix entre les titres bien commerciaux et calibrés et des groupes comme nous. Et ils vont souvent à la facilité.
Alex : D’un autre côté, nous avons eu la liberté offerte par Kitsuné de faire réellement ce que nous aimions. On ne nous a jamais signé de chèque en blanc en nous disant « vas-y, éclate-toi, fais ce que tu veux » mais on nous a clairement dit que le côté commercial n’était pas forcément attendu. Et ça décomplexe beaucoup tout en te permettant de donner le meilleur de toi-même.

Vous donnez beaucoup de vous sur scène tout en prenant maintenant un réel plaisir à être en studio. Est-ce que vous vous verriez passer plus de temps à enregistrer ?

Alex : Tu sais, maintenant, si un groupe veut réussir, il doit d’abord être bon sur scène. Enfin, c’est ce que je pense. Tu dois faire tes preuves et montrer à ton public que tu n’es pas qu’un gars qui sait utiliser des consoles. Après, le studio est indéniablement important. Mais il faut que tu gagnes de l’argent avec pas mal de concerts pour te payer un studio correct. Et une fois que tu as réussi ça, tu sors un bon album qui te fait connaître, qui te permet de faire plus de dates. Et ainsi de suite ! Finalement, l’argent gagné dans les tournées est toujours réinvesti pour faire un album meilleur que le précédent. Alors oui, nous aimerions certainement pour un album futur travailler encore plus la production mais pour ça, nous allons passer beaucoup de temps sur les routes d’abord.

Alors que les titres du premier album étaient très courts, cette fois-ci, certains atteignent presque la durée record pour vous des quatre minutes. Vous aviez plus de choses à dire ?

Alex : En fait, nous avons juste ralenti le rythme. Le premier album était vraiment très, très rapide et nous ne nous voyions pas remettre le couvert avec des titres aussi... fatigants (rires) ! Sur Beacon, nous nous sommes attelés à fournir un travail plus élaboré, plus recherché, un peu plus mature aussi.
Kevin : Et l’avantage d’un second album sur lequel tu peux faire ton Brian Wilson, c’est que les gens vont réellement écouter les titres parce qu’ils te connaissent, ils feront un effort. Alors que pour un premier album, tu dois aller à l’essentiel sinon les gens zappent en vingt secondes.
Sam : Sur le premier album, tu fais une compilation des meilleurs titres que tu as écrits jusque-là mais qui n’ont pas forcément de liens entre eux alors que pour le second, tu réfléchis plus en terme d’unité de l’album et de singles. En plus, du fait que nous avons écrit rapidement cet album, nous étions plus en phase tous les trois et de ce fait, l’album nous ressemble vraiment, c’est une photographie du groupe à un instant T.

Beacon, tout comme Tourist History, est un album dansant. C’est important pour vous que vos albums aient cette qualité ?

Alex : En définitive, nous voulons surtout écrire des titres populaires, de bonnes chansons, mais nous avons passé le stade où nous nous disions qu’il fallait que les titres bougent. Certes, nous sommes très contents quand une salle se met à danser, mais ce n’est plus forcément notre priorité. La priorité, ce sont les mélodies.

Beaucoup de ces nouveaux titres sonnent très seventies, voire Beach Boys. C’est une période ou un groupe qui vous ont influencés ?

Alex : Tout à fait. En fait, j’ai découvert les Beatles il y a à peine deux ans et à partir de là, j’ai pas mal écouté de chansons des années soixante et soixante-dix. Les Bee Gees ou les Beach Boys, pour leur production et leurs mélodies, ce sont les meilleurs. Ça peut paraître surprenant pour nos fans mais ce sont vraiment deux groupes qui ont été une influence majeure pour cet album.

Vous venez d’Irlande du Nord et il semblerait que la région devienne vraiment populaire du point de vue musical...

Alex : C’est surtout que tout le monde vient y tourner ses clips parce que ce n’est pas cher (rires) !
Kevin : Les MTV Awards ont été organisés à Belfast l’année dernière et beaucoup de stars sont venues. Je pense qu’elles ont été vraiment surprises de l’agitation et du côté cool de la ville. C’est une capitale tout en restant une ville provinciale et il est vrai que pas mal de rock stars font maintenant l’aller-retour entre Londres et l’Irlande Du Nord. Et nous n'allons pas nous plaindre, ça change des reportages déprimants sur la région ! Mais la scène musicale Nord-Irlandaise était déjà bien établie, nous avions beaucoup de musiciens géniaux qui n’attendaient que d’être découverts.

Pour finir, si vous deviez nous résumer ce nouvel album en quelques mots, que diriez-vous ?

Alex : Je dirai, et je pense que nous sommes tous les trois d’accords, que Beacon est l’album qui nous représente le mieux en tant que musiciens « adultes ». Nous espérons que les fans vont nous suivre !