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Two Door Cinema Club

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 12 octobre 2016

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Quatre ans après Beacon, Two Door Cinema Club reviennent avec Gameshow, un album tout à la fois rock et dance, festif au possible. Une réussite de plus à l’actif des trois irlandais. De passage dans la capitale, ils nous ont parlé de ce nouveau disque, de leur carrière et bien sûr de la France qu’ils adorent.

Il s'est passé quatre ans depuis votre dernier album. Pourquoi une si longue attente ? Est-ce dû au fait que vous ayez changé de label ?

Kevin Baird : Non, ce n'est pas la raison. On voulait faire un break après le second album. En 2013, on a donné notre dernier concert de la tournée puis on a décompressé, réfléchi sur ce que l'on voulait vraiment faire. Depuis le début du groupe, nous n'avions jamais arrêté. Nous étions un peu crevés. Et en plus, nous avions envie de prendre notre temps pour cet album, afin de faire exactement ce que nous voulions.

Nous voulions un label qui se décharge de certaines choses à notre place.

Vous étiez signés à vos débuts chez Kitsuné, un label français. C'est rare pour un groupe anglais...

Kevin Baird : Quelqu'un avait entendu parler de notre groupe chez Kitsuné. Il est venu nous voir à Londres, nous a fait jouer à Paris pour une de leurs soirées. Nous avons sorti deux disques chez eux. A la fin, c'était devenu difficile car le groupe était devenu assez gros et nous voulions un label qui se décharge de certaines choses à notre place, ce que ne peut pas faire un label indé. Le troisième disque est une étape importante et nous avons senti qu'il était temps pour nous de partir, de faire autre chose.

Vous avez été connus pour vos remixes de Phoenix ou Lady Gaga. Cela vous a appris des choses au niveau production ?

Alex Trimble : Nous n'en avons pas fait tant que cela. Cela nous plaisait parce nous étions intéressés par la scène électro. Je m'intéresse toujours à la production mais davantage pour ce qui nous concerne. Je ne dis pas que nous ne ferons plus de remixes mais pas pour le moment en tout cas.

Votre premier disque a été co-produit par Philippe Zdar. La french touch vous a appris des choses ?

Sam Halliday : Oui. On a appris avec lui, surtout pour nous qui étions à la base un groupe orienté guitares. On a appris au niveau de la production, surtout pour aller vers des choses plus orientées dance.

Vous avez toujours eu d'ailleurs ce mélange guitares avec un côté dance...

Sam Halliday : Sur ce disque, nous avons essayé des trucs un peu disco ou de la pop avec un côté dance effectivement. Nous essayons de mélanger les deux comme sur le single Are We Ready? (Wreck) par exemple. Mais ce n'est pas quelque chose auquel nous pensons lorsque nous entrons en studio. Nous faisons les choses à l'instinct et au final cela donne ce mélange rock/dance.

Nous avons un peu la nostalgie de cette époque dans laquelle nous avons grandi.

Le disque sonne très 80's. Ce sont des années qui vous ont marqués musicalement parlant ?

Alex Trimble : Nous avons été bercés par Prince, Madonna ou ce disque de Paul McCartney, McCartney II. Nous avons un peu la nostalgie de cette époque dans laquelle nous avons grandi. Nous collectionnons les synthés et sommes fans de ceux des années 78/79. Nous adorons les utiliser et ils donnent ce son. Parfois, nous commençons les enregistrements par les synthés, parfois par les guitares. Nous essayons de combiner les deux jusqu'à ce que ça fonctionne.
Sam Halliday : C'est différent à chaque fois et c'est cela qui rend le processus créatif excitant.

L'enregistrement de ce disque a été long ?

Alex Trimble : Non, cela a été très rapide. Nous avons écrit le disque en six mois. Et nous l'avons enregistré en deux mois à Los Angeles. Dans un studio fabuleux dans lequel tu trouves davantage d'instruments que de trucs techniques. C'est un peu le chaos ce studio mais tu as une vue fabuleuse sur la vallée. C'est vraiment un endroit incroyable.

Le morceau Je Viens De La est un hommage à la France ? Un adieu à Kitsuné ?

Alex Trimble : Non (rires). C'est un hommage à La Jetée de Chris Marker. C'est une phrase que le personnage principal du film répète à une fille. C'est un film hallucinant que j'adore. Lorsque je l'ai découvert, j'ai eu un choc cinématographique. C'est un film absolument incroyable.

Vos vidéos sont toujours drôles et inventives. Vous y accordez une grande importance ?

Kevin Baird : Oui, c'est un domaine qui nous importe. Parce qu'il y a moins d'argent qu'autrefois, tu dois être plus inventif. C'est aussi une opportunité pour travailler avec des réalisateurs que nous aimons.

Vous avez eu du succès dès les débuts du groupe. Vous n'avez jamais ressenti de pression par rapport à ça ?

Sam Halliday : Cela a été un peu difficile au moment du second album. Nous n'avons pas eu beaucoup de temps après la fin de la tournée du premier album pour le préparer. Nous avions beaucoup, beaucoup tourné, joué dans de nombreux festivals. Nous avons toujours eu plaisir à faire de la musique et nous n'avons pas cherché le succès.

Ce disque me semble une continuité du précédent...

Kevin Baird : Il l'est mais c'est aussi une progression. Nous avons beaucoup changé depuis la sortie du dernier album. En fait Gameshow est la continuité d'une histoire.

Cela fait dix ans déjà que le groupe existe. Comment voyez-vous les choses rétrospectivement ?

Alex Temple : Nous ne réalisons pas que le groupe a déjà dix ans d'existence. Beaucoup de choses ont changé depuis nos débuts, l'industrie du disque notamment. Nous avons plus confiance en nous qu'à nos débuts. C'est étrange pour nous de regarder en arrière, de penser au premier disque ou même au second.
Sam Halliday : Le premier album est sorti trois ans après la formation du groupe. Nous n'étions déjà plus à ce moment là ce que nous étions lorsque nous avons formé Two Door Cinema Club. Tout ce que je peux dire, c'est qu'avec trois albums en dix ans, nous ne sommes pas très productifs (rires) !