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Kaiser Chiefs

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 7 novembre 2016

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Je me sens un peu anxieux en me rendant à l'interview de Kaiser Chiefs. Ce groupe a eu la tête des charts, rempli des stades ou joué pour la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Londres. J'ai un peu peur de rencontrer des stars prétentieuses mais au contraire, Ricky Wilson et Andrew White sont des personnes chaleureuses, gentilles et drôles avec lesquelles il est fort agréable de converser. Nous discutons de leur dernier album, de la tournée européenne, du succès et bien sûr du Leeds United.

Votre dernier album, Stay Together, est le plus dansant que vous ayez produit de toute votre carrière. C'est un changement de direction musicale ?

Ricky Wilson : Je l'espère. Si nous avons eu cette carrière musicale, c'est parce que nous changeons d'album en album. Je préfère être critiqué à vouloir changer de style musical qu'à reproduire éternellement la même musique. Certaines personnes aiment se rendre toujours dans la même villa en vacances chaque année, nous, nous aimons changer de direction à chaque fois. C'est pourquoi nous ne prenons jamais le même producteur d'album en album.
Andrew White : Tu lis parfois des critiques musicales disant que tel groupe change à chaque fois de style alors que tu écoutes en fait toujours le même disque. C'est la même chose d'un album à l'autre et le critique va écrire que l'on passe du krautrock à je ne sais quoi. Nous ressentons le besoin d'ouvrir des portes. Pour nous-mêmes.

Au niveau des paroles aussi, c'est un grand changement. C'est la première fois que vous écrivez sur l'intime...

Ricky Wilson : Nous avons décidé cela en voulant être plus légers, mais en fait parler d'intimité est plus difficile que de parler politique. Notre précédent album parlait beaucoup de politique. C'est maintenant que nombre de groupes en parlent avec le Brexit, Trump et toutes ces choses que nous, nous prenons une autre direction.

Nous avions envie d'écrire des morceaux sur le sentiment amoureux hors des clichés rock du genre.

Avec Hole In My Soul ou Why Do You do It To Me?, vous parlez de la difficulté du couple ?

Ricky Wilson : En partie. Tous les morceaux ne parlent pas des difficultés du couple mais, oui, nous voulions évoquer cela. Nous avions envie d'écrire des morceaux sur le sentiment amoureux hors des clichés rock du genre.

Vous avez vendu des millions de disques. Gardez-vous la même énergie que lorsque vous avez débuté ?

Andrew White : Même si tu as de l'énergie, les débuts d'un groupe ne sont pas les plus simples. Dans un groupe, il existe différentes étapes. Je pense que nous sommes plus passionnés aujourd'hui que nous ne l'étions au milieu de notre carrière. Les choses ont beaucoup changé dans le milieu musical. C'est de plus en plus dur de sortir des disques.

Sur la tournée, vous jouez de nombreux titres du dernier album mais aussi des deux premiers disques. Ce sont des morceaux qui vous tiennent toujours à cœur ?

Andrew White : Sur cette tournée, nous jouons à peu près le même nombre de morceaux des deux premiers albums que du dernier. J'ai toujours envie de jouer un titre comme Ruby par exemple. Pour moi et aussi parce que le public l'attend.
Ricky Wilson : Lorsque tu ne joues pas des titres de tel ou tel album, ce n'est pas que tu n'aimes pas ces disques. Tu ne vas pas jouer à part égal des titres de chacun de tes disques. Faire cela donnerait le pire concert possible. Le quatrième album, The Future Is Medieval, est celui après lequel Nick Hogson a quitté le groupe. On ressent moins d'émotions avec ce disque qu'avec les autres. C'est pourquoi nous ne jouons pas de morceaux en étant tirés en live.

Lorsque vous avez été numéro un des ventes avec Ruby, cela a dû être incroyable pour vous...

Ricky Wilson : C'était étrange. Cela aurait dû être le plus beau jour de notre vie, nous aurions dû célébrer cela mais nous étions tellement concentrés sur la suite que nous n'avons pas eu l'occasion de le faire. Je me rends compte aujourd'hui de ce que représente le fait d'être numéro un mais à l'époque nous sommes un peu passés à coté. Tu fais des erreurs dans un groupe. A un moment, nous avons fait un break et je me suis rendu compte à quel point nous n'aurions pas dû le faire en voyant Glastonbury à la télé et en me disant « Merde, nous n'y sommes pas ! ».
Andrew White : A l'époque où Ruby a été numéro un, nous n'arrêtions pas de tourner. Nous tournions aux Etats-Unis à ce moment là et tout allait très vite. Nous ne prenions pas vraiment conscience de ce qui était en train de se passer.

L'ambition est venue année après année, concert après concert.

Vous avez toujours voulu être connus ?

Ricky Wilson : L'ambition est venue année après année, concert après concert. Cela a été un processus évolutif. En même temps, les kids veulent tous être rock stars ou footballeurs professionnels...
Andrew White : Mon ambition au début était de jouer Sweet Child O'Mine puis plus tard Purple Haze. Comme le dit Ricky, c'est un processus évolutif.

Vous avez travaillé avec Tony Visconti. Cela fait quoi de bosser avec le producteur d'albums mythiques de Bowie ?

Ricky Wilson : Il était brillant. Nous lui avons fait perdre du temps à lui parler de David Bowie sans arrêt (rires). A la façon dont Bowie mangeait ses sandwichs entre les prises (rires). Je trouve que nous aurions dû l'écouter davantage. Il est arrivé au mauvais moment pour nous.

Vous êtes assez rapides au niveau enregistrement. Le précédent album n'a que deux ans...

Ricky Wilson : Je pense à chaque fois que nous sortons un disque que le prochain arrivera dans trois ou quatre ans. Mais nous accélérons finalement à chaque fois le mouvement. Il y a des millions de jeunes qui aimeraient être notre place et cela nous stimule. Tu ne peux pas te permettre de te reposer sur tes lauriers.

Vous avez joué dans des stades. Ce soir, vous jouez dans une salle plus modeste. Vous y prenez le même plaisir ?

Ricky Wilson : Tant que je pourrais jouer dans la plus grande salle de Leeds, tout ira bien. Hier, nous avons joué en Suisse dans un lieu à la Las Vegas, c'était étrange, mais cool. Les stades se ressemblent tous. Après, je ne vais pas jouer les faux-modestes, dire je ne veux pas être U2. Bien sûr que je veux être U2.

Vous avez joué pour la cérémonie de clôture des JO de Londres. Ce doit être impressionnant pour un groupe britannique de vivre cela ?

Ricky Wilson : C'est un peu comme le jour de ton mariage. Tu passes un peu à côté de l'événement. Il y avait des millions de gens à regarder et toi tu ne réalises pas vraiment ce qui se passe autour de toi.

Vous supportez toujours Leeds United ?

Andrew White : Oui. Je supporterai toujours Leeds, toute ma vie. Lorsque j'ai du temps, que nous ne sommes pas en tournée, cela m'arrive d'aller au stade. Nous sommes en seconde division, le club n'est pas au mieux mais je sais que Leeds redeviendra le grand club qu'il a été.