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Temples

Interview publiée par Jérémie Lacker le 1er mars 2017

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Les hôtels, ces figures ambivalentes de la vie des rockstars : lieux fantasmés de fête et de destruction de ce que certaines personnes mettraient une vie à pouvoir se payer, mais aussi et surtout théâtres d'interminables après-midi promo teintées d'interviews grand-écarts entre magazines people et fanzines de guitares.

Hélas (ou non), c'est dans ce second cas de figure que nous nous rendons à l'hôtel d'Adam Smith et Thomas Edison Warmsley, respectivement guitariste et bassiste de l'un des groupes britons les plus excitants de ces cinq dernières années : Temples.
Un moment d'échange qui, s'il ne nous aura pas permis de connaître leur créativité en termes de mise à sac d'hôtel, nous en apprendra plus sur le groupe et son état d'esprit à l'heure de la sortie de son deuxième album Volcano.

Noel Gallagher a dit il y a quelques années que votre premier album et celui de Jagwar Ma définiraient l'avenir de l'empire. Avez-vous l'impression d'avoir sauvé l'empire ?

Adam : Je ne sais pas si on peut dire que Sun Structures a sauvé l'empire. C'est une affirmation un peu trop ambitieuse pour nous je pense. Mais je pense que nous avons réussi à faire de notre second album Volcano un disque aussi bon voire meilleur... Même carrément meilleur que Sun Structures. Je pense que nous avons réussi dans notre petit empire à nous.

Les chansons de l'album abordent de manière plutôt directe des sujets réellement sombres.

Votre nouvel album sonne plus « ensoleillé », et pop, dans le bon sens du terme. Qu'est-ce qui vous a inspiré ?

Thomas : Je pense que le terme « ensoleillé » ne va pas plus loin que le son à proprement parler de l'album. Car je pense que plus que jamais, les chansons de l'album abordent de manière plutôt directe des sujets réellement sombres...
Adam : Les textes y sont plus sombres que sur Sun Structures...

Donc Volcano est un album plus lumineux musicalement mais plus sombre dans les textes ?

Adam : Je pense en effet que les textes vont parfois à l'encontre de l'émotion exprimée par la musique. C'est une chose assez intéressante d'essayer d'associer ces deux atmosphères en quelque chose de cohérent.

Quelles ont été vos inspirations pour cet album ?

Thomas : D'une certaine manière, nous avons cette fois-ci voulu être plus directs dans notre manière de nous exprimer, nous éloigner des métaphores derrière lesquelles nous nous cachions sur le premier album. On peut désormais écouter une chanson de Volcano et comprendre de quoi elle parle, je pense que c'était beaucoup moins le cas avec Sun Structures. C'est un album plus direct, ce qui est pour nous une première. Le public n'a probablement jamais vu cette facette du groupe, ce qui est probablement la plus grande différence entre le Temples du premier et celui du second album.

Sun Structures était auto-produit. Qu'en est-il de Volcano ?

Adam : Nous avons fait la même chose pour celui-ci. Nous l'avons simplement fait mixer par une autre personne cette fois... En fait Volcano a été enregistré de la même manière que Sun Structures mais avec différentes techniques et objectifs. Comme tu disais Thomas, les paroles sont plus claires, mais aussi le son est plus clair.
Thomas : Nous avions moins envie de nous cacher derrière quelque chose. Que ce soit la reverb, ou l'abstraction poétique des textes.

C'est intéressant que vous ne souhaitiez plus vous cacher derrière quelque chose car vous nous disiez il y a deux ans que vous n'étiez pas à l'aise avec le fait d'associer vos visages à votre musique... On voit aujourd'hui que vous vous cachez moins, que ce soit derrière la musique mais aussi dans la communication...

Thomas : C'est assez vrai, nous avons pris les choses sous un angle différent cette fois-ci. Mais la musique restera toujours le plus important pour nous. On peut d'ailleurs dire que cette fois-ci, nous n'apparaissons pas sur la pochette de l'album !
Adam : Nous voulions simplement donner aux gens quelque chose de différent.

A propos de la pochette (ndlr : qui représente un cadenas attaché à une clée qui l'ouvre), quelle est sa signification ?

Adam : Qu'est-ce qu'elle signifie selon toi ?

Cette pochette, c'est une affirmation et une question à la fois.

Je ne sais pas... Peut-être que nous sommes notre propre clé ?

Adam : C'est une des réponses, en effet...
Thomas : Je pense que c'est une pochette ambitieuse... Elle est radicalement plus colorée que la première, et nous aimions la figure de la clé. Elle sert à la fois à ouvrir et fermer, c'est assez énigmatique comme objet. Cette pochette, c'est une affirmation et une question à la fois, c'est assez confus, et ça nous plaît.

C'est assez symbolique donc...

Thomas : C'est une figure assez... Auto-déterminée... ça se dit ?
Adam : Probablement.
Thomas : Tu sais, le cadenas qui s'ouvre ou se ferme lui-même.

Et quelle est selon vous la parfaite situation pour apprécier cet album ?

Thomas : Partout où tu te sens à l'aise.
Adam : J'aurais dit avec de grosses enceintes et un sub de bonne qualité...
Thomas : Bang & Olufsen de préférence (rires). Non, sérieusement, dans n'importe quelle situation, pourvu qu'elle soit agréable.

Vous avez beaucoup été inclus dans le même mouvement du renouveau psychédélique que Tame Impala ou Jagwar Ma, et on voit aujourd'hui que vous prenez tous les trois des directions complètement différentes. Quel est votre sentiment à ce sujet ?

Adam : Je ne pense pas qu'il y ait de scène à proprement parler. Je ne veux pas sonner trop bateau, mais je pense qu'aucun groupe ne se positionne comme faisant partie d'un mouvement en particulier. Nous faisons juste ce que nous aimons faire, chacun à notre manière.
Thomas : Mais c'est quand même agréable pour nous d'être associés à d'autres groupes qui font de la bonne musique. Pour ce qui est de ce mouvement de renouveau du psychédélique, c'est vrai qu'on voit des festivals psychédéliques émerger un peu partout, et c'est très agréable de voir cet esprit artistique indépendant revenir, c'est une sorte de communauté de l'esprit à laquelle il est très cool d'appartenir.

Vous êtes-vous rapprochés de Londres pour vous retrouver au plus près de ces « communautés de l'esprit » ou est-ce que vous vivez toujours à Kettering ?

Adam : Thomas, Sam et moi vivons maintenant à Londres. James est lui resté autour de Kettering.

Ce n'est pas compliqué de se retrouver du coup ?

Adam : Non c'est assez proche. L'Angleterre est un petit bout de terre après tout !

Maintenant que vous êtes à Paris, y a-t-il des choses que vous aimez faire lorsque vous y venez ? Des endroits incontournables ?

Thomas : On a toujours adoré se balader dans les rues de Paris. Ce sont finalement assez souvent les mêmes rues, mais on aime bien ça !
Adam : En fait, on est à chaque fois dans le même quartier (ndlr : le 9ème arrondissement).
Thomas : Se contenter de simplement marcher dans Paris et de lever un peu la tête nous convient très bien ! On aime bien observer les français !

Pour revenir à l'avenir de l'empire face aux forces du mal, nous avons en France une question pour déterminer de quel côté de la Force vous vous trouvez : croissants ou pains au chocolat ?

Adam : (rires) Je suis vegan donc je crains de ne pouvoir manger aucun des deux... Mais...
Thomas : Des croissants vegan ça doit pouvoir se trouver !
Adam : OK alors si je pouvais avoir un croissant vegan ou un pain au chocolat vegan alors je prendrais un pain au chocolat.
Thomas : Moi j'en prendrai deux, avec un café aussi !

Pour finir : en tant que maître Jedi de la musique britannique, qui d'autre que vous pourra sauver l'empire ?

Thomas : C'est difficile à dire... Il y a beaucoup de groupes que nous écoutons. Mais j'espère que nous sauverons l'empire tous ensemble. J'ai du mal à croire à un seul groupe qui sauverait la musique de nos jours.
Adam : Il y a beaucoup de très bons groupes aujourd'hui mais je ne sais pas s'il est possible de changer l'ordre de l'empire tel qu'il est actuellement.

Des exemples de bons groupes ?

Thomas : King Gizzard & The Lizard Wizard et Thee Oh Sees sont des groupes qu'on aime.
Adam : King Gizzard sont assez prolifiques ces derniers temps, ce qui est inspirant et impressionnant pour nous, même s'ils sont à peu près à l'opposé de nous dans leur manière d'être et de composer...
Thomas : Et ils ont le meilleur nom de groupe !