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Fyfe

Interview publiée par Albane Chauvac Liao le 12 juin 2017

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Rendez-vous matinal avec Fyfe au Generator, auberge gigantesque en plein coeur de Paris. Direction le rooftop. Vue imprenable sur la capitale et en face à face, un chanteur cool qui nous demande si nous étions déjà montés ici. Non, c'est la première fois, et nous voilà ravis de cette rencontre à l'occasion de la sortie de son nouvel album The Space Between.

Commençons par ton enfance. Quel genre de petit garçon étais-tu ?

(rires) Je crois que j'étais très calme et solitaire, timide. Un introverti qui a fait de la musique très jeune. Mes parents m'ont vite mis aux instruments.

Ils étaient musiciens ?

Non, mais l'école où j'étais dispensais des cours gratuits de violon, du coup je jouais de cet instrument à six ans. Très mal.

Tu voulais continuer ?

Je crois que la musique s'est juste connectée à moi, je m'y suis identifié...

Et avec tes amis, tu étais comment ?

Réservé. J'en ai toujours eu un petit groupe plutôt que trente millions, je n'étais pas un super-fêtard.

Et tu savais déjà que tu voulais être un artiste ?

Je voulais mais je ne pensais pas que cela arriverait. J'ai fini par des études d'économie à l'université, ce qui n'est pas une chose facile à vrai dire.

Pourquoi l'économie ?

Parce que j'adorais le business, je voulais vraiment m'y investir. Je pensais que la musique serait toujours un hobby, pour le plaisir, mais des gens se sont intéressés à ce que je faisais...

Comment ça s'est passé ? Tu as posté ta musique sur Internet ? Organisé des concerts ?

Dès quinze ans j'écrivais mes propres morceaux, je faisais des concerts à Londres... Mais rien de bon, j'étais encore jeune, en plein apprentissage. Comment jouer sur scène ? Comment écrire les paroles ? C'était un très bon processus qui m'a aidé a devenir ce que je suis maintenant.

Avais-tu déjà une double personnalité ? Est-ce que tu voulais déjà être une personne puis une autre ?

J'avais quelque chose en moi qui demandait à sortir et je n'étais pas encore sûr de la manière d'appréhender la chose, comment en parler. La musique paraissait être la meilleure des expressions. Le fait d'évoluer sous le nom de Fyfe, après Paul, me permet de me diversifier, d'étendre mes horizons musicaux. Les genres de morceaux que j'écris, leurs thématiques, sont beaucoup plus large que si j'agissais sous mon propre nom.

Penses-tu avoir encore ton âme d'enfant ?

J'ai vraiment l'impression que plus je vieillis plus je me sens à l'aise avec un grand nombre de styles de musique. Tandis que quand j'étais ado, j'avais l'impression qu'il fallait que je sois cool, j'accordais beaucoup d'attention à ce que les gens pouvaient penser, maintenant je peux jouer la musique que je veux. Si on aime, c'est bien, et sinon je ne peux pas y faire grand chose. La musique est très subjective. Si vous n'aimez pas la pop il y aura toujours la techno. Il y a tellement à faire et à écouter...

Et tu peux même faire des mélanges ! Tu étais timide ou l'es-tu toujours ? Avec ce nouvel album, The Space Between, que l'on pourrait assimiler à l'espace entre deux personnes. Et en particulier cette chanson, Love You More. Quelle est ton avis sur les relations ? Comme dans le vidéo clip, des gens qui s'entrechoquent ?

The Space Between parle en réalité de la séparation entre la naissance et la mort, l'arc de la vie. Plus que d'une relation, il s'agit ici de toutes les relations qu'on peut avoir tout au long de notre existence. Ça pourrait être copain-copine, mais aussi les parents, les enfants... La chanson Love You More est écrite de la perspective du père qui s'adresse à sa fille. Il lui dit « I can't love you anymore », il l'aime énormément mais doit accepter de la laisser grandir et partir, pour qu'elle devienne une femme, quelqu'un. L'album est rempli de ce genre d'histoires. L'amour du début à la fin de la vie.

Tu avais énoncé dans une autre interview que tu nous avais accordée que tu ne souhaitais pas te montrer dans tes albums. Quand étais encore David's Lyre, tu étais carrément couvert par une capuche. C'est encore le cas aujourd'hui ?

Non, ça a changé. Comme je te le disais, plus j'avance en âge plus je suis confiant. Je réalise que je peux faire et dire des choses qui m'étaient impossibles il y a cinq ans. J'accepte d'être vulnérable. Tous les morceaux du nouvel album ne sont pas à mon sujet mais il y a toujours ma perception.

Pourquoi avoir choisi le point de vue du père qui s'adresse à sa fille ?

Depuis la sortie de mon précédent album, j'ai été oncle, trois fois ! Mes frères et soeurs ont commencé à avoir des enfants et au même moment, quelques proches sont morts, deux amis aussi. Toutes ces expériences m'ont fait penser à la vie, beaucoup de ces chansons parlent d'expériences spécifiques que j'ai traversées, ou ma façon de me mettre à la place de quelqu'un. Je me demande « Si je venais d'avoir une fille, qu'est-ce que je ressentirais ? ».

L'album parle de la vie, de la mort, et après ?

Je ne sais pas, je ne suis pas sûr, mais j'espère qu'il y a quelque chose en plus.

La réincarnation ?

Je ne pense pas.

C'est pour ça que tu veux te réincarner maintenant ?

(rires) Je pense que la mort est un grand mystère de la vie. H3>Quel est ton objectif envers ton public ? J'aimerais que les gens s'identifient aux chansons. Si quelqu'un écoute Love You More et qu'il la lie à une relation de couple, c'est super, parce qu'il s'est approprié la chose. C'est ce que j'aime quand j'écoute un album.

Quel album en particulier ?

Mon favori à toujours été The Miseducation Of de Lauryn Hill, justement parce qu'il traite de tant de problèmes, c'est très sincère. La production aussi est à relever. C'est un vrai must, tant au niveau des chansons que de la production.

Quelle suite ?

Mon concert le 13 juin à Paris !

Une scénographie spéciale est prévue ?

Non, mais j'ai agrandi le groupe, on est cinq maintenant au lieu de trois ou même deux au tout début de Fyfe. Toujours plus grand !