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Glasvegas

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 4 avril 2021

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Il aura fallu plus de sept ans pour que Glasvegas offrent enfin un successeur à Later... When The TV Turns To Static. L'attente n'aura pas été vaine car Godspeed est un album magnifique gorgé d'émotion. Rencontre avec James Allan, chanteur et guitariste du groupe, musicien surdoué et garçon éminemment sympathique.

Sept années se sont écoulées depuis la sortie de Later... When The TV Turns To Static. Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour ce nouvel album. Parce que tu voulais te perfectionner avec les techniques d'enregistrement studio ?

Oui, en grande partie. Mais je ne pensais pas que cela prendrait si longtemps...

N'est-ce pas lié en partie au fait que tu avais déménagé de Glasgow pour aller t'installer en Suède ?

C'est une bonne question. Tu es le premier à me la poser. Cela a fait partie de ma vie pendant des années que de faire des allers-retours entre la Suède et Glasgow, d'amener les équipements d'un pays à l'autre. Cela a joué sur le fait que l'album a été long à réaliser effectivement. Surtout qu'un jour j'ai oublié mon laptop à l'aéroport de Stockholm avec tous les enregistrements dedans. J'ai dû tout recommencer. Nous vivions à Stockholm avec ma fiancée. Nous allions dans les rues de la ville pour enregistrer des sons, ces sons que tu entends dans l'album.

L'album raconte une série d'événements qui se déroulent durant une nuit. Tu l'as pensé comme un concept-album ?

Oui, je l'ai imaginé ainsi. J'ai tout imaginé sur une nuit. L'histoire est celle d'une personne qui observe tout ce qui se passe durant cette nuit-là.

Tu t'es inspiré de American Graffiti de George Lucas pour l'écriture ?

"Probablement mais je ne m'en suis rendu compte que plus tard. J'aime beaucoup ce film et le regarde régulièrement. Il m'a forcément influencé dans l'écriture du disque. Je lis peu mais regarde beaucoup de films. Ma fiancée, elle, lit beaucoup. Ce n'est pas mon cas.

D'ailleurs le disque sonne comme la BO d'un film...

C'est cool que tu dises cela. J'imaginais le disque ainsi.

Les arrangements sont très travaillés. Il y a plein de petits sons qui enrichissent les morceaux...

Merci beaucoup. Cela m'a pris des semaines et des semaines pour les réussir. Les autres membres du groupe me demandaient à chaque fois si j'avais terminé et à chaque fois je disais non, pas encore. Je voulais que l'on ressente dans ces arrangements l'enthousiasme, la passion mais aussi l'anxiété.

C'est un processus à la My Bloody Valentine. On se demande si finalement l'album sortira un jour...

Je sais (rires). Je suis super déterminé au moment de l'écriture et puis finalement ça prend du temps de faire un disque. Les gens à un moment se disent mais est-ce que ça sortira ? Mon management me demande toujours : "alors, l'album est fini ?" et je leur réponds à chaque fois "non, pas encore !".

Le disque mêle de nombreux styles musicaux, de la pop au garage...

C'est vrai. Je ne m'en suis pas rendu compte sur le moment. J'ai une guitare japonaise des années 80 qui a un son étrange et permet d'avoir un large éventail musical. Cette guitare possède plein de tonalités différentes.

Le disque est très émotionnel. C'est ton but de créer la plus forte émotion possible chez l'auditeur ?

C'est dingue que tu dises cela. J'essaie d'ouvrir des portes. Tant mieux si l'auditeur ressent une vraie émotion à la fin de l'écoute du disque. Cela fait sens.

Le nouveau single, Shake The Cage (für Theo), est sur la BO du film Creation Stories dédié à Alan McGee, le boss de Creation Records...

Je suis super fier d'être dans la BO de ce film. C'est un morceau qui est basé sur des choses que je disais à mon neveu qui est encore un petit garçon. Je me demandais s'il comprenait ou non ce que je lui disais. J'ai dit à ma soeur que j'allais écrire un morceau pour lui.

Dans le dernier titre du disque, Godspeed, tu chantes "ensemble nous aimons, ensemble nous mourons". Cela sonne presque comme une prière à l'église...

C'est exactement cela. Merci pour le retour car je ne m'en étais pas totalement rendu compte en l'écrivant. Tu le décris mieux que moi.

En dehors du groupe tu as récemment écrit la BO du documentaire Return To Dunblane (ndlr : traitant du massacre perpétré en 1996 dans une école par un tueur fou)...

J'étais à l'école à l'époque de ce terrible événement. J'ai été choqué mais ne m'en suis rendu compte que bien plus tard. Les producteurs du film m'ont demandé si je voulais écrire la BO du documentaire. C'était différent par rapport à l'écriture pour le groupe. Composer pour un événement aussi terrible que celui-là est un exercice délicat. J'ai discuté avec des survivants, des parents d'enfants qui ont été tués dans cette tragédie. Cela a été une expérience unique.

Comment as-tu vécu le confinement ?

Comme la plupart des gens. Je voudrais voir ma mère et ne le peux pas. C'est triste de ne pas pouvoir voir sa famille. J'étais isolé en faisant ce disque. J'aime aller au pub et voir des gens, aller au stade. J'habite à côté de Celtic Park et suis un grand supporter du Celtic.

Vous avez eu de très bons retours sur le disque. J'imagine que cela te fait plaisir ?

C'est une bonne chose que de lire ça mais je comprends que chaque personne peut avoir un avis différent. On peut aimer la musique sans comprendre de quoi il retourne. Plus jeune j'aimais beaucoup les Doors sans les comprendre. Tu as le droit d'écrire que tu n'aimes pas ma musique. Je suis ouvert là-dessus.

Il est difficile de jouer live en ce moment. Vous allez faire des live streams ?

Oui, on en fera. On jouera à nouveau en live l'an prochain si tout va bien. J'ai hâte de remonter sur scène.