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Editors

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 21 octobre 2022

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Editors sont revenus cette année avec un nouveau membre, le producteur Benjamin John Power alias Blanck Mass, et un album, EBM, confirmant leur tournant électronique. Entretien avec Benjamin John Power et Elliott Williams quelques heures avant leur splendide concert à l'Olympia de Paris.

Blanck Mass est devenu officiellement depuis avril dernier un membre à part entière du groupe. Comment vous est venue l'idée que Benjamin rejoigne Editors ?

Le groupe m'a demandé de jouer avec eux pour un événement avant le COVID-19. Il y avait deux concerts de prévus dont un orienté dance. Cela ne s'est pas fait au final mais nous avons alors pensé à écrire du nouveau matériel pour cet événement. Du fait de la pandémie nous n'avions plus de pression au niveau des sorties de disque, des tournées... Nous avons eu envie d'expérimenter encore davantage.

Il y a eu des producteurs très importants pour des groupes, comme George Martin pour les Beatles, mais de là à ce qu'il devienne membre du groupe avec lequel il collabore, c'est rare...

Notre approche de la musique et notre sensibilité dans le songwriting sont similaires. Cela devenait logique de travailler encore plus « intimement » ensemble. Tu as raison, il est rare qu'un producteur devienne membre d'un groupe, mais il y avait un sens du collectif entre nous qui faisait qu'il était logique que Blanck Mass fasse partie d'Editors. En plus, Benjamin vient du même coin que Tom.

Le processus de création a donc été différent, je suppose ?

Complètement. On a travaillé de façon très cool, d'une manière très ouverte. On aime faire de la musique, faire les choses ensemble. Editors fonctionne de manière très démocratique. Ce qui n'empêche pas les désaccords bien sûr, mais on les gère très bien, tous ensemble.

Vous avez composé le disque durant l'épidémie du COVID-19 et l'avez enregistré après ?

On a travaillé à distance au début. On est ensuite allés en studio. C'était la première fois qu'on était tous ensemble au studio.

Votre premier album, The Back Room, est assez sombre et, alors que nous vivons une période plutôt sombre, votre nouvel album est joyeux. C'est assez paradoxal...

Oui c'est étrange, tu as raison...

Le titre de l'album fait référence à la fois à Benjamin et à l'EBM. Vous écoutiez de l'Electronic Body Music durant l'enregistrement ?

Pas seulement de l'EBM mais aussi la musique qui a influencé l'EBM, comme Kraftwerk. Et puis bien sûr les groupes classiques de l'EBM comme Nitzer Ebb. On ne voulait pas faire un disque typiquement EBM. Tom n'a pas la voix d'un chanteur de ce genre de musique, de toute façon.

Des gens trouvent qu'il y a discontinuité entre vos premiers albums et celui-ci mais il y a en fait une certaine logique. Du son post-punk de vos débuts à l'EBM il n'y a qu'un pas...

Tout à fait. De Joy Division à New Order la musique change bien sûr, mais pas tant que cela. Quand tu écoutes les premiers disques de Cabaret Voltaire, cela sonne comme du Joy Division.

Il y a un côté club dans ce disque mais avec une approche émotionnelle...

Oui, c'est vrai. On aime s'ouvrir le plus largement possible aux différentes émotions. Il y a des morceaux club sur le disque mais avec une émotion qui pointe derrière. On a bossé dur pour avoir cette balance entre hédonisme et émotion.

La pochette est dans un style très EBM, elle aussi...

C'est le fils de Justin (ndlr : Justin Lockey, guitariste du groupe) qui l'a créée. Il est très doué.

Vous prenez des risques avec cet album mais est-ce que pour un groupe qui a été numéro un au Royaume-Uni il n'y a pas le besoin de se renouveler pour ne pas s'ennuyer ?

Tout à fait. Les artistes qui nous intéressent le plus sont ceux qui prennent des risques. Il y a des gens qui aimeraient qu'on refasse The Back Room ou un disque à guitare mais on a besoin de challenges. Tout le monde n'aimera pas forcément le nouvel album mais ce n'est pas grave. Je suis ultra fan de The Cure et ce groupe se renouvelle sans cesse.

Parfois, on peut aussi, quand on a été numéro un, se reposer sur une recette et la répéter encore et encore...

On a toujours été dans la volonté de ne jamais se répéter. Tom n'est pas quelqu'un de nostalgique. Il n'a pas envie de reproduire une recette. Il est toujours à la recherche de nouvelles choses, de nouvelles collaborations.

J'imagine qu'être numéro un dans son pays représente quelque chose d'énorme pour un artiste...

C'est clair mais, dès le jour d'après, tu reviens à la normale. C'est pareil pour le nouvel album. Il a été dans le top 10 et le jour d'après on est parti en tournée. Tu n'as pas le temps de trop y penser, en fait.

Il y a eu plusieurs fois des changements de line-up dans Editors. Est-ce que cela a fait du bien au groupe ?

Tout à fait. Cela nous a donné une nouvelle énergie et en même temps cela ouvre, à chaque fois, un nouveau chapitre.

Vous avez donc commencé votre tournée juste après la sortie de l'album...

On savait qu'avec tout ce qui s'est passé avec le COVID-19, il était compliqué de booker les tournées, donc on a voulu repartir sur la route juste après la sortie du disque. C'était excitant de jouer ses morceaux live dès le lendemain de la sortie de l'album.

Comment se passe cette tournée ?

« Super bien. Tout le monde se sent bien. Sortir de nouveau de chez soi, jouer devant plein de monde, c'est plus que cool.

Vous jouez aussi de vieux titres sur cette tournée...

Bien sûr. C'est intéressant de jouer nos vieux morceaux avec ceux du nouvel album. De mélanger les deux avec l'approche musicale que nous avons actuellement.