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Anna B Savage

Interview publiée par Adonis Didier le 18 février 2023

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C'est au cœur de l'hiver, en promotion dans les locaux parisiens de son label City Slang, que nous avons la chance de rencontrer Anna B Savage, pour la sortie de son deuxième album, in|FLUX. L'univers de l'artiste étant très intimiste, c'est l'occasion d'en apprendre plus sur sa musique, mais aussi sur la personne derrière la chanteuse, et parler un petit peu de sa tournée européenne à venir.

Bonjour, et donc première question, est-ce que tu passes un bon moment à Paris ?

Oui je passe une très bonne journée à Paris. Je suis arrivée très tard hier soir, et aujourd'hui j'ai travaillé à peu près toute la journée, mais j'ai pu faire une petite session de répétition/showcase, c'était très sympa.

Et j'ai cru comprendre que tu as fait pleurer des gens...

Je me suis fait pleurer aussi, à vrai dire ! (rires) Ce n'était sûrement pas optimal, mais c'était bien quand même !

Et tu as des souvenirs particuliers à Paris ?

J'ai passé un peu de temps à Paris, oui. La boîte où travaillait mon père avait un appartement de fonction à Paris, alors il avait l'habitude de venir souvent. C'était vers Saint-Germain. En général, je trainais juste dans le quartier en essayant d'avoir l'air cool, comme une vraie parisienne. Enfin comme une vraie touriste parisienne. Mais c'était super, et je suis aussi resté coincée dans un tout petit ascenseur, ce qui apparemment est un truc normal ici. C'était vraiment super petit, et j'étais avec mon partenaire de l'époque, on avait dix-huit ans, et il était terrifié par les endroits clos, exigus, alors il s'est couché par terre et s'est mis à pleurer, et, hum... J'ai trouvé ça plutôt drôle de mon côté ! Mais oui j'ai beaucoup de très bons souvenirs de Paris, et même si ce n'est pas ce qu'on en dit d'habitude, je trouve que c'est une ville très amicale, je l'adore.

Pour en venir à l'album, en lisant l'interview que tu as donnée à Loud And Quiet pour ton premier album, A Common Turn, tu disais vouloir faire du second un moment plus agréable, moins mélodramatique. C'est ce qui s'est passé ?

Quand je suis allée voir mon premier producteur, Will (ndlr : William Doyle), l'album était déjà terminé. Enfin, les chansons étaient finies, et il a fait tout ce travail incroyable derrière, mais les chansons en elles-mêmes avaient déjà été écrites, puis retravaillées, façonnées, et c'est cette partie que j'ai trouvée vraiment douloureuse. Enfin, pas douloureuse, mais c'était tellement difficile, c'était comme lutter pour que ça sorte. Clairement, cette fois-ci, quand je suis entrée en studio, c'était différent. Je voulais faire en sorte que quand je travaille, je ne me sente pas stressée et mal par rapport à ça. Une des choses qui m'a aidée a été d'aller en studio beaucoup plus tôt, pendant le processus d'écriture, juste pour être sûre de ne pas faire trop d'aller-retours entre l'écriture et le studio, et ça a été génial ! Mike (ndlr : Mike Lindsay), avec qui j'ai travaillé, a été un producteur de rêve, et on a passé un très bon moment.

Donc pour ton premier album, tu avais travaillé avec William Doyle, et là tu as complètement changé pour Mike Lindsay, ou tu continues à travailler un peu avec William ?

Je ne travaille plus avec William pour le moment, mais il vient dormir chez moi samedi prochain, donc il n'y a pas de drama, c'est cool !

Oh dommage ! Mais si pas de drama, alors question embarrassante numéro 2... Ce n'était pas trop dur de vivre le succès critique de A Common Turn ?

Après avoir sorti le premier EP en 2015, c'est là que j'ai disparu, que je me suis dissoute en quelque sorte. Ça a été incroyablement dur. Je lisais tout ce que les gens écrivaient sur moi, et c'est très drôle à dire, parce que ça a l'air tellement proche et loin à la fois, mais les interviews étaient différentes, les médias aussi, par exemple les réseaux sociaux étaient un peu moins prédominants, et je n'avais pas des tonnes de gens qui m'envoyaient en permanence des stories Instagram et des reels et tout ce genre de trucs. Donc je cherchais vraiment, « oh wow je me demande ce que les gens disent sur moi ! », je lisais toutes les interviews, les critiques, mais même lire des choses gentilles ça ne me faisait pas du bien. Donc quand A Common Turn est sorti, je n'ai rien lu de ce qui se disait. Les seules choses que j'ai lues c'est ce que les gens m'envoyaient sur Instagram, une capture de quelque chose dans une story, et je lisais ça sans comprendre ce que je lisais jusqu'à ce que je réalise et que je sois là « noooooon, sors de ma tête ! ». Autant dire que cette fois, c'était plus facile pour moi parce que j'ai fait cet effort conscient d'ignorer tout ce qu'il se passait autour.

Et à partir de là, tu es partie tout de suite dans ce deuxième album, ou ça a pris plus de temps que ça ?

Je pense que je suis juste allée dedans. J'ai passée un peu de temps à me dire « ahhhh, il faut que je fasse des trucs ! ». J'étais très nerveuse à propos de ça, et ça ne m'a menée à rien, donc je me suis juste dit « ok, allez, on s'y met ! ». Quelque chose comme ça.

J'ai vraiment ressenti deux ambiances séparées dans l'album, le début ressemble beaucoup à A Common Turn, très triste et mélodrame, et à partir d'in|FLUX (la chanson), il y a ce beat electro-soul qui arrive, et tout devient plus lumineux, joyeux...

Oui, ça a été pensé comme ça. Pour moi, c'est vraiment un album à propos de la thérapie, d'être capable de dire que cette première partie de l'album, c'est toujours une part de moi, c'est là, ça existe, mais c'est comme ça, et je suis cool avec. Et il y a toute cette « nouvelle » deuxième partie, plus optimiste, et ces deux facettes existent dans la même personne, moi. Je ressens beaucoup le fait que les réseaux sociaux veulent de toi que tu sois un truc, un seul truc, et si tu dévies trop, tu n'es plus attirant, plus tendance. Mais ce n'est pas comme ça que sont les humains. Je me suis retrouvée à exprimer certaines choses sur les réseaux sociaux, avec le sentiment que je ne pouvais pas exprimer le reste de moi-même, et j'ai l'impression que c'est mauvais, que ça sonne faux. Je devrais pouvoir exprimer le spectre complet de mes émotions. Donc oui, je suis assez contente que tu aies entendu ça dans l'album, parce que c'est ce que j'essayais de faire avec.

Tu parles d'être tendance, marketée, et c'est quelque chose que d'autres, en particulier des artistes féminines, ont exprimé récemment. Tu as eu des problèmes à être toi-même sur cet album ?

Mon label (ndlr : City Slang) est vraiment fantastique, et aussi très patient avec moi. Je ne leur ai rien envoyé jusqu'à ce que ce soit fini, et ils ont été très réceptifs et très positifs sur l'album. Plus je lis là-dessus, plus j'en entends parler, et plus je réalise que c'est très rare. Dans l'idée ils m'ont dit « tu es toi, et tu dois exprimer ce que tu es de la manière dont tu le souhaites ». Il y a aussi des choses qu'ils ont suggérées, mais ils ne m'ont pas forcée à faire quoi que ce soit. C'était deux ou trois choses, du genre peut-être que tu pourrais faire un peu plus comme-ci, ou comme ça. Mais je crois que... je n'en ai suivie aucune au final ! (rires) J'ai écouté les suggestions, mais je n'en ai gardé aucune.

Parce que, quand tu écris tes chansons, tu recherches quelque chose en particulier, ou ça vient comme ça vient ?

Je ne sais pas, c'est un peu un mystère. Ce qui est une très mauvaise réponse, désolé ! Avec cet album, j'avais l'idée générale de ce que je voulais comme résultat, et j'avais des chansons, mais je ne savais pas forcément comment tout allait s'organiser dans le genre de schéma narratif qui a été développé. C'est comme un gros puzzle, dont on voit l'image finale sur la boîte, et où il faut ensuite mettre chaque pièce au bon endroit. Avoir le résultat final en tête, ça aide beaucoup, parce que pendant le processus de création, on peut tout de suite mettre de côté ce qui ne marche pas, pour se concentrer sur ce qui fonctionne. C'est une manière très amusante de travailler, j'ai beaucoup apprécié. Ça ne s'est pas passé comme ça pour le premier album, mais pour celui-là, j'ai su plus ou moins très vite ce que ça allait être, ce qui est très sympa.

Si je parle pour moi, quand ça m'arrive d'essayer d'écrire des chansons, des fois je pense à faire la rockstar, et écrire une chanson de rock qui pète, très accrocheuse, mais c'est toujours ce même folk triste et mélancolique qui sort de la guitare...

Pour être honnête, sur tout le premier album, j'écrivais les chansons en me disant, c'est une structure de pop classique, couplet - refrain - couplet - refrain, et ensuite en écoutant le résultat je me disais « c'est tellement bizarre, oh non qu'est-ce que tu as foutu !? ». Comme si je n'étais pas capable de faire ce que je pensais essayer de faire. Ceci dit, pour cet album, je voulais vraiment une chanson sur laquelle les gens pourraient danser. C'était déjà une ambition que j'avais pour le premier album, parce que c‘est plaisant de danser, n'est-ce pas ? Et c'était très cool d'arriver à le faire, cette fois.

Cette chanson dansante, tu dirais que c'est laquelle ? Parce que j'en vois déjà plusieurs comme in|FLUX, Feet of Clay, Crown Shyness...

Je pense qu'in|FLUX est clairement la plus « viby » du tas. Mais oui, il y en a quelques autres qui sont dans la même vibe, ce qui me rend très heureuse.

Tu n'as jamais pensé à devenir une popstar, comme Adele par exemple ? Je fais ce parallèle du fait de ta voix très profonde, grave, et d'une formation dans la musique classique...

Alors clairement, j'adorerais avoir énormément de succès ! Ce serait plutôt sympa. Et même vraiment sympa de ne pas avoir à s'inquiéter de savoir si je vais faire assez d'argent pour payer le loyer, ce genre de trucs. Mais je ne voudrais pas non plus avoir tout le temps des gens pour me dire quoi faire ou ne pas faire... donc je ne serais peut-être pas la meilleure à ça ! Même si je ne suis pas sûre que qui que ce soit dise à Adèle ce qu'elle doit faire, ils doivent se tenir à carreaux ! Mais j'ai l'impression que la plupart des stars ont pas mal de gens qui les guident, et qui leur disent ce qui est ok ou pas de faire. Ça commencerait très vite à me saouler.

Je vois. C'est vrai qu'à une époque j'aurais rêvé d'être Kurt Cobain, et maintenant je réalise qu'avoir autant de suiveurs, ça doit être tellement dur à gérer...

Je n'imagine même ce que ça doit être, d'être une gigantesque célébrité. C'est beaucoup trop, pour n'importe qui. Je pense en particulier maintenant... bon peut-être pas en particulier maintenant, mais quand même en particulier maintenant, à cause des réseaux sociaux, et du fait que tout le monde a en permanence un ordinateur et une caméra dans la poche, ce qui fait que tu ne peux plus aller nulle part sans que les gens fassent « oh je viens juste de repérer cette célébrité dans cet endroit quelconque où elle se balade ! », et balancent un tweet dessus. Comme quand Phoebe Bridgers et Paul Mescal ont eu un rencard quelque part en Irlande, leur premier rencard ou presque, personne ne savait encore qu'ils se voyaient, et le café où ils étaient a mis sur Twitter « trop bien de voir Phoebe Bridgers et Paul Mescal ici ! ». Peut-être que c'était de la com, je sais pas, mais en tout cas c'est devenu impossible de disparaître aujourd'hui, où que ce soit.

Donc tu ne vas pas disparaître pour ce qu'on pourrait appeler ta première longue tournée européenne ?

Non, non. Et c'est vrai que j'ai déjà fait une longue tournée en tant que première partie avant ça, enfin une très courte il y a longtemps, et une plus grande récemment, mais là ce sera ma première vraie grande tournée européenne en tant que « tête d'affiche ».

Plutôt anxieuse ou excitée par tout ça ?

C'est toujours la question. Chaque jour qui passe, je le passe à me demander si je suis plutôt anxieuse ou excitée aujourd'hui ! Mais je suis très impatiente et excitée là ! Je ressens de l'anxiété dans mon corps, dans ma personne, mais je suis surtout excitée à l'idée que l'album sorte, que la tournée commence, ça va être fun !

Pour rajouter à l'anxiété, tu penses que ta musique fonctionnera aussi bien sur les gens qui ne comprennent pas grand-chose, voire rien, à l'anglais que sur les anglophones (ndlr : sans pointer du doigt aucun pays bien sûr !) ?

J'y ai beaucoup réfléchi effectivement. Tu es la première personne à me poser la question, mais oui, ça m'inquiète des fois, parce que je suis consciente d'utiliser un vocabulaire compliqué, comme je suis une nerd qui lit trop de livres, et donc ça vient comme ça quand j'écris. Mais dans un format live, j'espère que je serai capable de transmettre avec ma voix, parce que ma voix ça a été la première chose qui est venue chez moi. Ce que j'ai toujours voulu faire, c'est chanter. Les paroles sont venues après, la musique est venue après, et le chant a toujours été le principal. Donc j'espère que je serai capable de chanter suffisamment bien pour quand même atteindre des gens qui ne parlent pas anglais.

En parlant du public, est-ce que tu tentes d'influencer, ou d'aider les gens, à travers tes chansons qui sont très personnelles, ou est-ce que ça sort comme ça, parce que ça doit sortir ?

Je pense que l'une des choses les plus dures à gérer après la sortie du premier EP (ndlr : EP sorti en 2015) était le fait que j'avais un public. Assez réduit, mais un public quand même. Et après ça, à chaque fois que j'essayais d'écrire, je pensais « Et si ce genre de personne déteste ? et si ce genre de personne ci, et ce genre de personne ça... ». J'étais beaucoup trop consciente des gens en écrivant, comme s'ils étaient dans la pièce à me regarder. Et ça m'a complètement bloquée, je n'écrivais plus rien. Donc j'ai dû faire avec ça, et évacuer. Sinon, j'aime écrire sur les choses que je trouve difficiles en moi, ou que je ne comprends pas tout à fait, ou encore... quand j'ai voulu écrire une chanson sur la masturbation, parce que je trouve que c'est quand même putain d'important d'avoir une femme qui parle de masturbation, et sans honte. Typiquement, je n'ai rien fait pendant tellement d'années, parce que j'avais internalisé toute cette honte. Et quand je me suis posée pour écrire une chanson à propos de la masturbation, je ne savais pas à quoi ça allait ressembler, mais à ce moment-là j'étais... ej bien en fait à ce moment-là je ne pensais pas qui que ce soit entendrait un jour cette chanson ! Bon, il n'y a pas tant de gens que ça qui l'ont entendue, mais quand même, et c'est bien si des gens peuvent s'identifier. Donc au global, je fais comme s'il n'y avait pas de public, et de toute façon, c'est ma manière d'être au quotidien. Je parle beaucoup de sexualité, et j'ai beaucoup parlé de masturbation, j'aime apprendre des choses à propos de moi, j'aime explorer ça en chanson, et si ça peut aider d'autres personnes, alors ça me rend encore plus heureuse !

Et ce n'était pas trop difficile comme thème, à mettre sur le papier, et à chanter ?

Avec toutes les interviews que j'ai faites, en particulier autour du premier album, j'ai l'impression que ça aurait dû être plus dur que ça, mais ça ne l'est vraiment pas. Tous ces gens qui me disent « oh c'est tellement courageux, audacieux ! », et là je me dis... ah bon ? Je ne sais pas très bien pourquoi c'est comme ça pour moi, mais je ne trouve pas ça difficile du tout. En fait, si ça ne parle que de moi ça va. Mais, parfois, si quelqu'un d'autre fait partie de l'histoire, est impliqué, ça peut être un petit peu plus difficile d'en parler.

Encore une fois, ça me fait penser à quand j'écris des nouvelles ou autres, parfois il y a des choses très personnelles que je peux avoir peur d'écrire, parce qu'après ça, les gens risquent de voir cette part de moi qui reste d'habitude cachée...

C'est quelque chose dont j'ai beaucoup parlé avec ma psy, du fait que j'ai cette croyance qu'au fond de moi, très loin à l'intérieur, il y a quelque chose d'horrible, et je me dis que si j'en dis trop aux gens, ils vont me détester, se tirer, et m'abandonner. Et elle était là à dire « OK il faut vraiment qu'on parle de ça ! » (rires). Mais oui, peut-être qu'une part de cette thérapie provient de l'écriture. Quand on écrit des trucs, et qu'ensuite on les partage et que personne ne vous met sur le bûcher, ou ne vous traite de sorcière, on se dit hé, ok, peut-être que je ne suis pas une sombre merde maléfique tout compte fait.

Pour terminer, comme tu n'as visiblement aucun problème pour parler de ça... Si tu avais un conseil sexo à donner, ce serait quoi ?

Oh il y en a tellement, c'est trop dur ! Le premier ce serait de s'exprimer, le deuxième d'écouter, et le troisième d'en apprendre plus sur soi. Donc peut-être que je dirais... Ahhhh je sais pas, en apprendre plus sur soi... mais ça ressemble à des devoirs ! Je ne sais pas, peut-être écouter. S'écouter soi-même, écouter son corps, et écouter ce que les autres personnes te disent. Et oui, être respectueux, et ne pas avoir honte. Je pense qu'on ne nous apprend jamais à avoir des relations saines, ou encore à comment avoir de bonnes expériences sexuelles, ou comment payer ses impôts. Toutes ces choses basiques, on a besoin d'aide pour apprendre à les gérer correctement. Donc ça peut être compliqué.

Plus compliqué que se lancer dans le prochain album, ou tu préfères profiter de celui-là avant de te lancer dans autre chose ?

Oh je sais déjà à quoi va ressembler le prochain album. Je ne l'ai pas encore fini, ni vraiment commencé d'ailleurs, mais j'ai quelques chansons, et je connais déjà l'aspect final de l'album. J'ai juste à remplir le centre du puzzle en résumé. Et sinon, c'est assez excitant, parce que cette période actuelle, pour moi c'est le plus dur. Toute cette partie de production, pas de la musique mais de l'objet en lui-même, c'est ce qui est le plus dur pour moi parce que c'est là qu'on est le plus loin de la musique. Et donner des interviews c'est quelque chose de vraiment difficile je trouve, les gens me sortent toujours des choses auxquelles je n'ai absolument pas pensé, et je suis là en mode « Euh, je sais pas ! » (rires).