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Sons And Daughters

Interview publiée par Fab le 16 juin 2005

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L'Ecosse a le vent en poupe actuellement, et Sons And Daughters ne sont certainement pas ses pires représentants. Après un premier mini-album acclamé par la presse, le quatuor revient ce mois-ci avec son véritable premier album : The Repulsion Box.

Vous allez bientôt sortir votre véritable premier album mais vous n'avez encore jamais joué en France. Qui se cache derrière Sons And Daughters ?

Adele : Même si nos premières sorties datent de l'an dernier, nous existons depuis près de quatre ou cinq ans déjà.
Scott : Je crois que ça fait plutôt cinq ans maintenant non ?
Adele : Tu dois avoir raison ! Nous existons donc depuis environ cinq ans, et nous avons tous joué dans d'autres groupes avant de nous consacrer à Sons And Daughters. J'ai longtemps participé aux concerts d'Arab Strap mais un jour j'ai eu envie de créer mon propre groupe pour pouvoir faire la musique que j'aime. Nous avons essayé d'écrire et jouer quelques chansons avec Scott, puis quand je suis rentré chez moi j'ai discuté de l'idée de monter un groupe avec Ailidh, une amie d'enfance, qui a tout de suite été intéressée. Elle avait déjà joué du piano, de la basse et de la guitare dans le passé donc elle avait les qualités nécessaires pour être dans un groupe. Nous avons ensuite trouvé un bassiste puis au bout de quelques mois ensemble nous avons enregistré quelques démos et le groupe a commencé à devenir plus sérieux. J'ai quitté mon job puis nous avons trouvé un local de répétitions et nous avons donné des concerts pendant près d'un an à Glasgow et ses environs. En début d'année 2003 nous avons donc enregistré de nouvelles démos, dont la chanson Johnny Cash, puis nous les avons envoyées à plusieurs labels au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Ba Da Bing! Records ont aimé notre musique et nous ont fait signer un contrat. A cette époque nous n'avions que peu d'argent donc nous avons dû en gagner pour pouvoir enregistrer Love The Cup qui est par la suite sorti aux Etats-Unis dans le courant du mois d'avril. Nous sommes ensuite partis en tournée pour le promouvoir et tout le reste s'est enchaîné durant les mois qui ont suivi. Voilà l'histoire de Sons And Daughters en résumé...
Scott : En résumé ?! Tu viens de parler toute seule pendant au moins dix minutes !

Chacun des membres du groupe a travaillé avec d'autres artistes reconnus dans le passé. Ces expériences vous ont-elles aidé lors de la création de Sons And Daughters ?

Adele : Je suis celle qui a fait le plus de collaborations dans le passé. Je faisais partie du line-up de concerts d'Arab Strap et Sophia, et j'ai également participé aux disques de The Zephyrs et de quelques autres groupes.
Scott : Je n'ai jamais fait partie d'un groupe vraiment sérieux avant Sons And Daughters, rien de comparable en tout cas. J'ai joué dans de nombreux petits groupes, que ce soit au lycée ou à l'université, puis j'ai donné des concerts en solo à Glasgow par la suite. C'est de cette façon que j'ai rencontré Adele.
Adele : C'est un peu la même chose pour Ailidh et David. Ils ont joué tous les deux dans plusieurs groupes avant Sons And Daughters, mais aucun n'était vraiment sérieux.

Love The Cup est donc sorti dans un premier temps chez Ba Da Bing! Records aux Etats-Unis, puis il a été réédité au Royaume-Uni par Domino Records. Ce schéma de sortie est un peu surprenant pour un jeune groupe...

Adele : Ba Da Bing! Records nous ont permis dans un premier temps de nous faire connaître, même si la distribution de Love The Cup était relativement faible...
Scott : Il n'était donc disponible qu'aux Etats-Unis à cette époque, et il était difficile de se le procurer à Glasgow par exemple. Et encore je ne parle pas du prix en import ! Nous avons donc voulu le sortir dans d'autres pays par la suite, et Domino Records ont rapidement été intéressés par cette idée car ils aimaient beaucoup le disque. Il a donc été mixé à nouveau puis mis en vente quelques mois plus tard.
Adele : Il était important pour nous de pouvoir ressortir le disque avec une meilleure distribution. Nous étions heureux de l'avoir sorti une première fois avec peu de moyens, mais nous avions envie d'aller un peu plus loin.

Passer d'un petit label américain à Domino Records a certainement changé beaucoup de choses dans vos vies en tant que musiciens ?

Scott : Oui bien entendu ! Tu as plus d'argent pour faire tes disques et tu es beaucoup plus soutenu. Domino Records est un excellent label car il aide toujours énormément les groupes qu'il fait signer en leur offrant une bonne promotion et en proposant d'organiser de nombreux concerts. J'ai toujours aimé les groupes qu'ils ont fait signer et je pense sincèrement que c'est le meilleur label que tu puisses trouver quand tu fais partie d'un groupe. Obtenir une proposition de leur part fut quelque chose de très flatteur.

Vos goûts musicaux sont très variés, tout comme vos diverses collaborations avec d'autres groupes. Quelles sont vos principales sources d'inspiration dans votre musique ?

Adele : Au niveau de l'ambiance des chansons et de l'écriture, je suis très influencée par Leonard Cohen qui est certainement mon chanteur préféré. J'aurais du mal à t'en dire plus car nous écoutons tous des choses très différentes au sein du groupe, même si des artistes comme PJ Harvey, The Verve ou Bright Eyes ressortent assez souvent quand même.
Scott : De mon coté j'aime énormément The Smiths, The Velvet Underground, Scott Walker, Tom Waits... il y en a trop pour que je les cite tous. Je suis aussi très intéressé par le rock des années 60.
Adele : La musique américaine est très importante pour nous également. Je pense par exemple à tout ce que Patti Smith a écrit depuis ses débuts, mais également Blondie ou The Stooges.
Scott : Je crois qu'on devrait arrêter la liste maintenant sinon je peux continuer pendant des heures ! Tout ce que nous avons déjà cité donne déjà une bonne indication sur nos goûts et nos influences.

J'ai souvent vu des gens vous présenter comme un croisement entre les Smiths et le Velvet Underground, deux groupes que Scott a cité tout à l'heure. Ce genre de comparaison vous flatte ?

Scott : C'est génial ! Je n'aurais jamais osé dire ça de nous, mais si d'autres personnes le pensent alors je trouve ça fantastique !
Adele : Les références à d’autres groupes connus font toujours plaisir à entendre. J'avais déjà entendu des gens parler de nous en rapport avec le Velvet Underground mais jamais avec les Smiths. Je pense que notre coté pop nous rapproche d'eux, même si nos chansons sont également très marquées par le Rockabilly. Nous sommes tous de grands fans des Smiths, alors lire des comparaisons ave eux...
Scott : J'ai une anecdote à propos des Smiths justement ! Lors d'un de nos récents concerts nous avons rencontré un promotteur appelé Steve. Il connaît bien Morrissey et il nous a dit qu'il aimait beaucoup Sons And Daughters. Nous lui avons donné une copie de l'album qu'il a transmise à Morrissey, et le lemdemain Steve a reçu un mail disant qu'il avait énormément apprécié le disque et qu'il nous passait le bonjour ! Nous n'arrivions pas à y croire !

Votre premier vrai album, The Repulsion Box, a été enregistré à Cologne en Allemagne. Après les Etats-Unis pour Love The Cup, vous voyagez décidément beaucoup...

Adele : Plus qu'un choix de notre part, c'était surtout beaucoup plus pratique. A Glasgow tu ne trouves pas toujours les conditions idéales pour aller en studio et enregistrer comme tu le voudrais. En allant à Cologne, nous avons pu nous installer dans un studio à l'écart pour nous concentrer sur l'enregistrement de l'album.
Scott : Ce studio comprend également tout ce qu'il faut pour y vivre. Tu y trouves des chambres, un salon, une cuisine... vraiment tout ce dont tu peux avoir besoin. Cela nous permettait d'enregistrer quand nous en avions envie tout en restant sur place pour faire autre chose. Victor Van Vugt, le producteur de The Repulsion Box, avait déjà travaillé sur place et il nous avait dit le plus grand bien de cet endroit, c'est pour cela que nous avons été ravis d'y passer un petit moment.

Justement, comment en êtes-vous venus à travailler avec lui pour cet album ?

Scott : Je pense qu'il a parfaitement compris ce que nous aimons faire en tant que musiciens. Il fallait que le disque sonne comme un enregistrement live, pas comme un groupe qui aurait été enregistré sur un simple ordinateur. Victor est de plus une personne très relax et très drôle, travailler avec lui pour cet album fut un vrai plaisir.
Adele : Nous avons également choisi Victor à cause de ce qu'il a fait pour d'autres artistes comme les Tindersticks ou Nick Cave. A chaque fois il a fait un travail fantastique. Comme pour ces groupes, je crois qu'il a bien su capter notre énergie pour la retranscrire sur le disque.

Est-ce que vous avez l'impression d'avoir évolué entre Love The Cup et The Repulsion Box ?

Scott : Oui, sans aucun doute. On ne voulait pas faire le même disque une seconde fois. Love The Cup sonne très brut car nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour l'enregistrer et le pauffiner. Pour The Repulsion Box, l'écriture des chansons a été quelque peu différente. Nous avons pris notre temps pour travailler les arrangements et la qualité du son n'en a été que meilleure. Je crois qu'on peut simplement dire que nos nouvelles chansons sont meilleures que les anciennes, et ceci est sans doute dû à notre envie de franchir un palier lors de chaque sortie d'un nouvel album. Nous n'avons pas envie de faire la même chose durant des années, c'est pourquoi nous avons tenté de changer un peu notre son tout en écrivant de meilleures chansons.

Vous me parlez d'une certaine évolution musicale, mais a-t-elle été accompagnée en parallèle d'une évolution des paroles ? Quels sont les principaux thèmes de ce disque ?

Adele : Je pense que les chansons de Love The Cup étaient beaucoup plus personnelles que celles que nous avons écrites ces derniers mois. Nous avons pris notre temps pour nos nouveaux morceaux, nous avons pu de cette façon les essayer en concert et voir de quelle façon nous pouvions les améliorer. Les relations entre les gens et les sentiments qui en résultent nous ont beaucoup inspiré dans l’écriture des paroles de The Repulsion Box.

The Repulsion Box ne dure que 31 minutes, n'avez-vous pas eu peur qu'on vous reproche le fait qu'il ne soit pas assez long ?

Scott : Si bien entendu, mais c'était un risque à prendre. En fait, c'est une chose à laquelle nous n'attachons pas vraiment d'importance. J'aime énormément les disques courts, ils te donnent envie d'en entendre plus et ils attisent ta curiosité par rapport au groupe. Parfois certains artistes sortent un album avec quinze chansons, mais seulement dix sont bonnes et le reste est ennuyeux, je n’aime pas ce principe de remplir un disque uniquement pour dire qu'il n'est pas trop court. Quand un disque est trop long, tu as tendance à toujours écouter le début sans avoir le temps d'arriver à la fin, et tu ne peux pas profiter de l'ensemble correctement. Les disques courts sont vraiment parfaits pour moi, tu as toujours le temps de les écouter en entier pour mieux t'en imprégner.

Vous n'avez encore jamais joué en France, et c'est donc dans le cadre du Rock Dans Tous Ses Etats à Evreux que vous allez venir présenter votre nouvel album. Vous êtes impatients ?

Adele : Bien sûr ! Nous avions déjà envie de venir en France l'an dernier mais cela n'a malheureusement pas pu se faire. La France est un très beau pays où nous aimerions vraiment jouer, et je crois que nous allons faire une tournée ici dans le courant du mois de Novembre.

Finalement, la France est un des derniers endroits où vous n'avez pas joué !

Adele : C'est vrai ! Nous avons déjà eu l'occasion de jouer aux Etats-Unis en première partie de Clinic et Electrelane, mais nous ne sommes encore jamais venus en France et au Japon. Je pense que cette erreur sera corrigée dans quelques mois !
Scott : Nous avons aussi joué au SXSW Festival cette année, et tu as aussi oublié de dire que nous avons fait les premières parties d'Adem et Ratatat à New York !