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The Automatic

Interview publiée par Fab le 20 janvier 2007

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Après avoir conquis le Royaume-Uni grâce aux singles Monster, Recover et Raoul, The Automatic assuraient durant le mois de janvier leur première tournée française dans le cadre de la soirée Inrocks Indie Club. Une ascension fulgurante pour les jeunes gallois dont le vocaliste, Rob Hawkins, se confiait à nous durant quelques minutes à cette occasion...

La majorité de vos singles parus à ce jour sont des succès, comment The Automatic en sont-ils arrivés à obtenir cette reconnaissance ?

L'histoire du groupe est très longue. On se connaît depuis de nombreuses années, après des rencontres lors de notre cursus scolaire... j'ai par exemple connu Frost, notre guitariste, à l'âge de quatre ans et Iwan, notre batteur, quand j'avais onze ans ! Aussi loin que je me souvienne, on a toujours été amis et on a vraiment tous grandi et évolué ensemble. La plupart des jeunes étaient très sportifs dans notre école, mais pas nous, et c'est sans doute pour cette raison qu'on a commencé à jouer de la musique pendant que les autres couraient sur les terrains. C'était notre manière d'être créatifs tout en prenant du plaisir, on ne cherchait rien d'autre à cette époque. D'autres musiciens nous ont rejoint puis nous ont quitté au fil des années, et Alex Pennie, notre claviériste, est définitivement entré dans le groupe au lycée. On ne savait pas trop quoi faire de lui au départ, il lui arrivait de donner de la voix et de jouer du tambourin mais il était toujours très actif. Il a fini par apprendre à jouer du clavier et ça lui a plutôt bien réussi ! Même si la base du groupe était fixée depuis des années, sa venue a apporté beaucoup de choses à The Automatic.

Est-il important à vos yeux d'être perçu comme un groupe gallois ?

Non, pas vraiment. On est évidemment fiers d'être gallois, mais cela n'a jamais influencé notre musique. La plupart des groupes à succès sont anglais ou écossais mais nos origines ne sont pas un frein à notre carrière.

Les groupes gallois célèbres sont plutôt rares, à quel point est-il difficile de se faire remarquer dans votre pays ?

Il est toujours très compliqué d'être remarqué par les labels quand tu n'es pas de Londres ! (rires)
Je crois qu'on a eu beaucoup de chance. On avait enregistré un CD avec deux démos, dont celle de Monster, qu'on avait envoyé à de nombreux labels plus ou moins connus. Les retours étaient très positifs et une quinzaine de personnes étaient censées faire le déplacement à notre prochain concert au Barfly de Cardiff pour nous voir jouer sur scène. Le soir venu, seul Paul Harris de B-Unique était dans la salle, et il nous a fait une offre dès la fin du concert. S'il n'était pas venu ce soir-là, beaucoup de choses auraient été différentes pour nous...

Aucune autre maison de disque ne s'est donc manifestée par la suite ?

Certaines personnes sont restées en contact avec nous, en nous proposant différentes choses plus ou moins intéressantes à nos yeux. B-Unique nous ont prouvé leur intérêt, il n'était pas question de sortir un ou deux singles grâce à eux puis de partir ailleurs pour gagner plus d'argent. L'attitude de certains labels peut être très irritante mais la chance nous a poussé vers B-Unique.

Vous êtes tous les quatre très jeunes, comment gérez-vous la pression liée à l'industrie de la musique ? Les tournées, les interviews, la promotion des disques...

En tant que musicien, beaucoup de choses sont compliquées. Il n'est pas facile d'écrire puis de jouer de bonnes chansons, mais quand tu y parviens tu prends vraiment beaucoup de plaisir à te produire devant un public. Lorsque ton disque sort, que ce soit un single ou un album, tu dois encore te tourner vers le public pour observer les réactions et savoir si tu as bien fait ton travail. J'essaye de ne pas être stressé par ce genre chose, je suis conscient que j'ai déjà une chance incroyable d'être payé pour jouer de la musique partout dans le monde avec des amis d'enfance. Notre jeune âge inquiète souvent les gens, mais la cohésion au sein du groupe après tant d'années nous pousse à dépasser nos limites et à se serrer les coudes.
Notre emploi du temps est tellement chargé qu'il ne nous laisse pas le temps de penser à tous les paramètres commerciaux liés au groupe. Notre label nous laisse beaucoup de libertés, il ne nous pousse pas à faire beaucoup de promotion à la télévision ou dans les émissions radio. On se contente de faire de la bonne musique !

Musicalement, quels sont les groupes qui vous ont marqué durant votre évolution ?

Beaucoup de groupes différents ! Ces dernières années, je dirais Jarcrew, un excellent groupe punk expérimental mais aussi People In Planes. Ce sont des formations qu'on apprécie avant tout pour la musique et non pour leurs origines galloises, mais sans habiter à Cardiff, il aurait été difficile d'en entendre parler. Je peux aussi citer les Manic Street Preachers et Super Furry Animals qui figurent parmi les premiers groupes qu'on a découvert à dix ou onze ans, Radiohead, Oasis et aussi des groupes au son plus dur comme At The Drive-In. J'apprécie énormément The Cooper Temple Clause même si leur dernier album est décevant, et aussi des formations plus expérimentales comme The Knife, The Blood Brothers ou Refused. Nos goûts sont très différents et cette diversité est une de nos forces.

La presse décrit souvent The Automatic comme un groupe à singles, c'est un problème pour toi ?

Ca me semble injustifié. Tous les groupes doivent sortir des singles pour se faire connaître, certains sont bons et d'autres moins... d'autant plus que le choix de ces singles incombe la plupart du temps aux labels et non aux groupes. Je pense malgré tout que ce type d'avis peut être flatteur, car si un groupe est capable de produire beaucoup de bons singles, l'album peut l'être également. Et je suis très fier du résultat obtenu avec Not Accepted Anywhere.

A propos de ce premier album, quelle est la signification de son titre ?

Il ne faut pas chercher une signification extraordinaire ou profonde, c'est simplement un choix très simple ! Les cartes bancaires Mastercard comportent la mention « Not Accepted Anywhere », et l'idée de retenir cette phrase en tant que titre de notre album nous a semblé bonne. Il collait très bien avec le fait que notre label et notre management aient refusé la plupart de nos premières idées ! (rires)

Quels sont les principaux sujet traités dans cet album ?

Notre vie ! Tout ce qu'on a pu vivre ou expérimenter depuis notre rencontre et la création du groupe. Nos pensées et notre état d'esprit au fil des mois figurent aussi sur ce disque. By My Side traite par exemple de la découverte de soi-même au fil des années, de savoir ce qui est bon pour nous ou non. Après avoir signé chez B-Unique, notre mentalité a changé car il nous a fallu grandir plus rapidement que les autres jeunes de notre âge, et ce genre de chose influence nécessairement les chansons que tu écris. Certaines de nos compositions traitent du mode de vie en tournée, parfois avec un point de vue négatif car tout n'est pas toujours facile quant tu es loin de tes proches. C'est presque choquant au départ, tu deviens en quelque sorte un nomade sans attaches. Ce n'est pas facile à vivre à notre âge.

Tu ressens donc une vraie évolution dans ton écriture ?

Exactement. Je pense que les paroles de nos chansons seront différentes désormais, peut-être plus matures et optimistes. Je m'intéresse aussi de plus près à la politique et à certains sujets sérieux comme les drogues ou les personnes en difficulté.

La majorité de vos chansons sont courtes et très rapides, avec une importante débauche d'énergie. A quand un titre calme ou un slow ?

Je ne crois pas que le groupe soit capable d'écrire et de jouer ce genre de titre ! (rires). Il nous arrive de freiner le rythme sur certaines chansons, ou tout du moins de jouer avec le rythme pour apporter une certaine variété, mais sans aller plus loin... peut-être qu'un jour cela se fera, qui sait !

Raoul et Recover ont toutes les deux été éditées à deux reprises en singles. Pourquoi ne pas avoir choisi une chanson différente plutôt que ces rééditions ?

J'aurais aimé sortir By My Side, mais ce type de décision n'est pas de notre ressort. Notre label discute avec nous avant de choisir les singles, mais la décision finale leur revient. Raoul avait déjà très bien marché lors de sa première sortie, et ne je pense pas qu'il était nécessaire de lui donner une seconde chance. A contrario, Recover était notre premier single, c'était une édition limitée et le rééditer a sans doute permis a certains de nos fans de se procurer la chanson hors de l'album. De plus la nouvelle version enregistrée dans le cadre de cette sortie est meilleure que l'originale, je pense que les fans y ont gagné !

Un autre single est-il prévu ?

Certainement, mais je crois que notre maison de disques envisage de nous voir enregistrer un titre inédit. Je vais me répéter, mais je suis certain que By My Side pourrait plaire à notre public et à des personnes qui n'ont jamais entendu notre musique. C'est une chanson plus sombre que celles sorties en single jusqu'à maintenant. You Shout You Shout You Shout You Shout pourrait aussi être choisie.

Avez-vous déjà écrit de nouvelles chansons ?

Oui une poignée, et certaines sont jouées lors de nos concerts actuellement... tout comme une reprise de Life During Wartime des Talking Heads et Gold Digger de Kanye West.

Concernant la reprise de Gold Digger, pourquoi avoir choisi cette chanson ? La plupart des groupes rock jouent des reprises de chansons rock, rarement de titres rap...

C'est pour cela qu'on a choisi un morceau rap ! Il nous a semblé plus intéressant de jouer une chanson différente de notre catalogue habituel afin de lui offrir une seconde jeunesse dans un style différent. Je peux aussi jouer de la flûte sur scène à cette occasion, c'est très différent de ma basse !

Vous avez enregistré le titre en studio récemment afin de le sortir en bside de Recover, c'est en quelque sorte un cadeau pour vos fans ?

On a joué cette reprise pour la première fois lors d'une session radio pour Jo Whiley et nos fans l'ont beaucoup appréciée. Le titre est devenu très populaire et beaucoup espéraient qu'on le mette à disposition en bonne qualité d'une manière ou d'une autre. C'est désormais chose faite !

Toutes les pochettes de vos récents singles et de votre album, mais aussi les visuels de votre site officiel, se ressemblent avec un style cartoonesque. Qui les a créés ?

Un artiste anglais prénommé D*Face. Il dessine beaucoup de graffitis et, après avoir écouté certaines de nos chansons, il nous a contacté pour nous offrir ses services. Il a créé un univers pour nos artworks, c'est quelqu'un de très talentueux qui a donné beaucoup de son temps pour nous.

Un petit mot sur votre dernier passage en France. En novembre dernier, vous avez donné un premier concert à la Boule Noire pour le Festival des Inrockuptibles. Quel souvenir en gardes-tu ?

C'était une bonne soirée, et jouer dans une salle si petite en comparaison avec les lieux qu'on fréquente désormais au Royaume-Uni était très rafraîchissant. Le public français m'avait semblé plus âgé que celui qui se rend à nos concerts habituellement, mais je n'ai pas ressenti de différences durant notre set. La journée avait été très dure pour nous, le bus était tombé en panne à deux reprises avant même d'arriver en France et notre soundcheck ainsi que la promotion de notre album avaient été écourtés. Il faut juste faire avec ces imprévus, mais le concert avait été excellent !