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The Strange Death Of Liberal England

Interview publiée par Fab le 2 décembre 2007

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Découverts il y a près de deux ans lors de la sortie de leur EP auto-produit stop/go happy/sad forward/forward, The Strange Death Of Liberal England ont confirmé cet automne les espoirs placés en eux avec un mini-album, Forward March. La récente tournée française de ces cinq anglais était une occasion de les rencontrer afin d'en savoir un peu plus sur leur univers...

Un album, une tournée en Europe, un premier concert à Paris... tout s'accélère pour vous cette année !

Adam : C'est un peu spécial pour moi de venir jouer en France car j'y ai passé quelques années de ma vie et je garde encore beaucoup d'amis ici... même après que je sois retourné vivre au Royaume-Uni j'ai toujours gardé l'habitude de prendre le TGV pour venir voir des concerts ou passer quelques jours de vacances. C'est vraiment important de jouer pour la première fois avec mon groupe à Paris.

Qu'attendez-vous de ces premières dates en France ?

Will : On a donné un premier concert à Rennes hier soir et le public nous a vraiment réservé un très bon accueil. Je crois qu'il est plus agréable de jouer en Europe qu'à Londres par exemple car là-bas le public discute sans cesse pendant les chansons et ce n'est pas toujours facile à gérer... Ca peut vraiment être perturbant quand il y a du bruit autour, je préfère quand on peut entendre clairement la moindre note de guitare. Et hier, à Rennes, dès qu'on a commencé à jouer tout le monde s'est tu, c'était génial ! [rires]

Depuis vos débuts vous avez toujours utilisé des pancartes pour annoncer les chansons ou faire passer des messages durant vos concerts, comment est née cette idée ?

Adam : C'est une habitude qui date de nos premiers concerts. Comme notre musique était purement instrumentale on n'utilisait pas de microphone et il n'était pas possible de communiquer autrement avec le public ! Aucun d'entre nous ne se sentait prêt à chanter... on n'avait donc pas vraiment le choix. La timidité nous a donc poussé à utiliser des pancartes pour conserver une certaine interactivité mais aussi créer une ambiance conviviale. Et je crois que cela ajoute un certain mystère à nos concerts... [rires]

Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur votre rencontre et comment le groupe est né ?

Andy W. : De manière assez classique, avec des rencontres mutuelles durant nos études ou même lorsqu'on était plus jeunes. On avait dix-sept ans environ et on cherchait une occupation, c'est comme ça que l'idée de monter un groupe est née.
Adam : Je crois qu'on s'ennuyait vraiment dans nos vies, on n'avait rien de vraiment excitant à faire et on ressentait une certaine frustration par rapport à cela.

The Strange Death Of Liberal England est un nom quelque peu politisé, pourquoi l'avoir choisi ?

Andy W. : L'inspiration nous est venue lors de la lecture d'un livre des années 30 écrit par le British Labour Party. Comme tu peux t'en douter ce n'était pas un ouvrage très excitant pour des jeunes comme nous mais ce nom nous a beaucoup plu. Il est assez long, plutôt original, et il pousse aussi les personnes qui s'intéressent à notre musique à réfléchir un peu plus. On n'est pourtant pas un groupe avec des revendications politiques mais c'est notre manière à nous de provoquer une certaine réflexion.
Adam : C'est un nom provocateur. On a mis du temps avant de trouver une idée qui nous représente et je pense que de ce point de vue c'est une réussite. Ce n'est pas un nom stupide ou trop basique, il est beaucoup plus profond que cela. Quand tu lis la phrase The Strange Death Of Liberal England pour la première fois tu ne peux pas rester indifférent, tu prends le temps de te demander ce que cela peut représenter. On attire aussi l'attention sur le groupe de cette manière.

Puisque vous n'avez pas de revendications politiques à faire passer à travers vos chansons, quels sont les thèmes qui vous tiennent à coeur ?

Adam : Les chansons de Forward March ont pour thème central le développement de la personnalité des individus et la manière dont ceux-ci s'affirment seuls et non au sein d'un groupe. Il y a beaucoup de paramètres qui permettent de déterminer la personnalité de quelqu'un : où et comment il a grandi durant sa jeunesse, sa croyance dans la religion... tous les principes et les règles que tu peux être amené à suivre pendant ton éducation. A un moment donné tu prends les choses en main et tu fais tes propres choix sans chercher à savoir si Dieu ou la religion cautionne cela. Forward March symbolise donc ce moment où une personne décide d'aller de l'avant sans se retourner.

La pochette du disque mentionne la phrase « eight traditional marching songs », est-une référence musicale ou lyrique ?

Adam : Je pense que le rythme de la batterie est très militaire sur la plupart des titres de notre album et ces quelques mots me semblent très cohérents par rapport à l'esprit du disque dans sa globalité. Comme je le disais tout à l'heure, tout être humain doit un jour affirmer sa personnalité, et d'une certaine manière je crois qu'une armée peut être comparée à une communauté. En temps de guerre le bataillon reste groupé pour aller de l'avant mais il est aussi composé d'individus. C'est ma manière de percevoir les choses mais je crois que ces « eight traditional marching songs » ont pour vocation de rassembler les gens pour qu'ils puissent avancer tous ensemble.

Votre évolution musicale des derniers mois pousse de nombreuses personnes à vous comparer à Arcade Fire, comment prenez-vous ce genre de remarques ?

Andy W. : C'est parfois frustrant d'être toujours comparé à ce groupe mais comme on apprécie beaucoup Arcade Fire ce n'est pas vexant. Notre musique est différente de la leur mais il existe des points communs alors je comprends pourquoi certaines personnes veulent nous comparer. Je crois qu'on partage simplement des influences communes avec ce groupe et que nos orientations respectives sont proches, voilà pourquoi on nous rapproche. Je ne veux pas qu'on nous prenne pour un groupe de reprises d'Arcade Fire car c'est une idée très éloignée de la réalité.

Les chansons sur votre premier EP étaient construites sur une base post-rock alors que votre album a pris une tournure beaucoup plus pop. Avez-vous conscience de cette évolution ?

Adam : C'est une lente progression qui a débuté lors de nos premiers enregistrements. On a commencé à jouer tous ensemble un peu par hasard sans véritable ligne directrice, on écrivait des chansons en fonction de nos capacités et il n'était pas encore de question de choisir un style particulier. On a commencé par faire du bruit avec nos instruments, sans voix puisque personne ne voulait chanter au départ, mais on a rapidement ressenti une sorte de frustration en n'utilisant que des instruments. On n'est pas comme ces groupes qui parviennent à s'épanouir instrumentalement, comme Godspeed You! Black Emperor par exemple, il nous faut apporter une touche supplémentaire avec le chant.
Andy W. : Nos débuts étaient un peu chaotiques... chacun jouait dans son coin et les chansons partaient vraiment dans tous les sens. On ne savait jamais quand ralentir le rythme, quand monter ou baisser le volume.

A quel moment avez-vous compris que vous étiez prêts à enregistrer Forward March ?

Adam : Quand notre manager nous a ordonné de le faire ! [rires]
Kelly : On n'a pas décidé d'un jour à l'autre d'enregistrer un album complet ou un mini-album, on a plutôt travaillé sur des chansons qui ont trouvé leur place les unes aux côtés des autres.
Andy W. : On a collecté nos idées et on a cherché à savoir s'il était possible de les faire cohabiter sous la forme d'un disque. Ce mini-album représente ce qu'était le groupe à un moment donné et il en sera de même pour notre prochain album quand on travaillera dessus. On doit d'abord écrire suffisamment de nouvelles chansons avant de penser à retourner en studio, rien ne nous presse.
Kelly : Après avoir sorti quelques singles je pense qu'il était temps de voir plus loin avec Forward March, c'était une progression logique. Jusqu'à maintenant nos fans ne pouvaient avoir que des vinyles limités en quantité alors je pense qu'un CD avec un plus grand nombre de titres va satisfaire plus de monde.

Forward March est sorti il y a quelques mois chez Fantastic Plastic, le label que vous avez choisi l'année passée. Pourquoi celui-là et non un autre ?

Andy W. : C'est un choix qui s'est imposé de lui-même. Notre musique a vite intéressé de nombreux labels qui nous ont contactés mais on souhaitait trouver une structure qui nous offre une vraie liberté dans nos choix. Fantastic Plastic aimaient notre musique et ils nous ont donné une vraie liberté artistique. On pouvait aller en studio quand on le voulait, utiliser les instruments de notre choix et suivre une orientation sans avoir de comptes à rendre. On a ressenti beaucoup d'enthousiasme et de support de leur part...

Vous semblez très attachés au fait de conserver un contrôle sur tous les aspects du groupe...

Adam : Oui mais on écoute aussi les personnes qui nous entourent, comme le producteur avec lequel on a travaillé sur Forward March et qui a formulé beaucoup de suggestions. L'opinion des gens peut être intéressante mais on ne veut pas que des choses nous soient imposées alors qu'elles ne devraient pas l'être.

De quelle manière envisagez-vous de poursuivre votre parcours musical ?

Adam : On a déjà écrit quelques nouvelles chansons qu'on interprète lors de nos concerts. On ne sait même pas ce qu'on en fera, si on les gardera ou si on les oubliera, mais on expérimente et on voit quelle est la réaction du public. Rien n'est encore fixé.

Quels sont vos objectifs pour les prochains mois ?

Will : A court terme notre objectif est bien entendu de sortir notre véritable premier album, mais durant les prochaines années ce serait vraiment bien de pouvoir jouer sur tous les continents et de développer par la même occasion notre musique.
Adam : Je ne sais pas quoi répondre à cette question car notre succès nous a vraiment surpris. Aucun d'entre nous ne pensait pouvoir vivre de la musique un jour alors tout ce qui nous arrive depuis quelques temps est très surprenant et totalement inattendu. Ca me semble tellement bizarre de parler de mes attentes...
Will : Je crois qu'en tant de groupe nos aspirations sont les mêmes que celles d'autres musiciens... enregistrer des disques, partir en tournée, être encore là dans quelques années. Je ne veux pas qu'on soit un jour sur la couverture du NME et que le public ne se souvienne plus de nous trois mois plus tard. Ce serait un privilège pour nous de marquer les esprits. Je serais satisfait quand on aura enregistré cinq albums de qualité et que je pourrais y trouver une vraie progression. Je crois qu'on va commencer par enregistrer le premier avant de penser à tout cela ! [rires]