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The xx

Interview publiée par Hybu le 9 octobre 2009

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L'un des gros buzz de la rentrée a un nom bizarre, une esthétique minimaliste et un son sombre et introverti, ce sont The XX. Rencontre avec le noyau du groupe Romy et Oliver, 19 ans à peine, charmants et très disponibles, dans le fond d'une cours parisienne en plein milieu d'une journée de promo éreintante.

Vous n'êtes pas encore très connus en France malgré le buzz autour de vous, est-ce que vous pouvez vous présenter rapidement ?

Oliver : Nous sommes juste la moitié des XX, Jaimie et Baria sont à Londres en ce moment... Je connais Romy depuis 1991 quand nous avions deux ans, nos parents étaient amis. Nous avons rencontré Baria et Jaimie à la fin de l'école primaire.
Romy : Oui, on devait avoir 11 ans peut-être à ce moment-là.
Oliver : Puis on a commencé à faire de la musique Romy et moi, nous devions avoir quinze ans, juste après Baria nous a rejoint pour jouer les chansons en live. Enfin Jaimie est arrivé il y a un peu plus d'un an, lorsque nous en avions dix-huit.
Romy : En fait, à l'époque, Jaimie produisait des beats hip hop. Il nous faisait des beats que nous mettions sur disque et nous jouions par dessus. Mais c'est assez compliqué et pas très fluide, car nous devions filer le disque à l'ingénieur du son. Puis, il est venu nous voir et a essayé de jouer avec nous et ça s'est bien passé, c'était beaucoup plus fluide et spontané que si nous jouions avec des pistes enregistrées. Donc, ils nous a finalement rejoint pour de bon.

Est-ce que vous essayez de rester un peu anonyme ? Il y a très peu d'informations sur vous...

Oliver : En fait, le but est clairement de mettre la musique en avant plutôt que nous-mêmes. Nous essayons de ne pas trop nous montrer sur le net ou ailleurs. Nous voulons que les gens se focalisent sur la musique et pas sur nous, car je sais que les gens peuvent venir à nos concerts en se faisant de fausses idées.
Romy : Un jour, à concert il y a longtemps, certains pensaient que nous allions jouer du death métal ou un truc gothique car nous étions habillés en noir.

C'est la raison pour laquelle vous avez choisi The XX comme nom ?

Oliver : Le nom est venu après, et pour la musique avant tout. Nous aimions vraiment l'image et la forme de la lettre, ça à quelques choses de très fort, et puis ça colle à la musique, à l'esthétique que nous développons. C'est purement visuel.
Romy : J'aime assez l'idée que les gens puissent imaginer un peu ce qu'ils veulent derrière ce nom, ça peut faire penser à XX Teens, ou je ne sais pas à Kiss, Kiss. Le nom n'a pas un sens particulier et figé comme ça, et puis ce qui nous intéressait le plus c'était la musique.

En ce moment, il y a vraiment un grand engouement autour de votre album, êtes-vous surpris ? Vous êtes un très jeune groupe...

Oliver : L'album est sorti il y a seulement quelques semaines en Angleterre, et depuis nous nous sommes pas vraiment arrêtés, quand nous le ferrons, nous pourrons prendre du recul sur tout ça et vraiment nous rendre compte de tout ce qui s'est passé.
Romy : En fait, nous travaillons sur l'album depuis longtemps, notre label, Young Turks a commencé à nous suivre depuis au moins deux ans, à l'époque nous avions 17 ans. Ils nous ont laissé le temps de grandir de nous construire, d'écrire plus de chansons. Nous avons enregistré pour la première fois seulement en décembre de l'année dernière. Puis le single est sorti au printemps, et là tout s'est enchaîné très rapidement, nous n'avons pas vraiment eu le temps de prendre du recul dessus. Mais après, si ça paraît très soudain vu d'extérieur, cela vient d'un travail en amont qui a été long.

Justement, comment s'est faite la connexion avec Young Turks ?

Romy : Ils sont justes venus à un de nos concerts et ont aimé nos chansons, ils nous ensuite proposé de jouer lors de leurs concerts, puis au fur et à mesure ils ont fini par nous proposer un truc alors que nous n'avions que cinq chansons...
Oliver : Puis, on a joué deux fois plus de concerts, le label nous a vraiment fait bosser les morceaux, personne ne nous a forcés à sortir un single rapidement.
Romy : L'idée de départ n'était pas juste de sortir un single quand ils sont venus nous voir. Nous avons tout de suite travaillé dans l'idée de faire un album.

Vous avez eu d'excellentes critiques sur l'album jusqu'à maintenant, êtes-vous conscient de ce succès ?

Oliver : En fait, j'ai l'impression que nous nous rendons pas réellement compte à l'heure actuelle de ce qui se passe autour du groupe...
Romy : Nous étions à New York juste avant que l'album ne sorte puis quand nous sommes revenus en Angleterre, c'est vrai que c'était assez étonnant ! C'est très flatteur de voir des gens qui se sentent vraiment connectés à ta musique, c'est un grand compliment et une grande surprise.

Votre album est assez différent de ce que nous entendons en provenance de Grande-Bretagne ces dernières années, quelles sont vos principales influences ?

Oliver : Je crois que nous avons tous des goûts vraiment différents dans le groupe. Mais pour quelques uns je pense que nous tomberions tous d'accord, comme un consensus sur certains groupes comme Cocorosie...
Romy : The Kills, évidemment, car c'est grâce à eux que nous nous sommes dits que les rythmiques électroniques pouvaient coller. Jaimie peut jouer de la batterie en live mais il n'a jamais voulu le faire pour nous. Mais c'est vrai que Cocorosie nous mettrait d'accord, c'est une musique qui a beaucoup d'âme. Jaimie, par exemple est très influencé par le Hip Hop et le RnB et les musiques qui ont des sub bass.
Oliver : Oui, c'est vraiment une fusion de tout ce que nous aimons.
Romy : Il y aussi un petit côté dub, Jaimie travaille beaucoup la dessus, ses basses sourdes et lourdes.

Presque Dubstep ?

Romy : Oui, tout à fait. Personnellement, j'en écoute très peu mais j'apprécie.
Oliver : Jaimie est fan de dubstep, ce n'est pas surprenant.
Romy : J'aime quand tu peux sentir la musique, c'est pour ça que les sub sont très importantes, c'est quelques choses de très physique que tu peux ressentir, presque toucher.

Les guitares sont plutôt en retrait, vous jouer beaucoup plus sur les mélodies et l'alternance de voix fille-garçon. Qu'elle était l'intention ?

Oliver : Romy et moi n'avons pas de grosses et puissantes voix, donc ça n'a aucun sens d'avoir un énorme son derrière nous. Nous voulions quelque chose de plus intime et que chaque instrument, chaque voix, ait individuellement son propre souffle et sa propre respiration.

Jaimie à produit votre album, était-ce un choix volontaire ou est-ce le résultat des circonstances du moment ?

Oliver : Nous avons travaillé avec des producteurs plus célèbres auparavant, mais ils avaient tous un style très marqué, et bien sûr nous avons appris énormément de ces expériences mais les chansons qui en résultaient sonnaient toujours un peu plus comme les leurs que comme les nôtres. Cela faisait un peu comme si c'était leurs propres interprétations de nos chansons. Nous avons commencé à penser que l'espace qui existait dans nos compositions était une sorte de marque de fabrique. Nous avons donc demander à Jaimie, qui était dans le groupe. Cet ami avec lequel nous étions très franc, nous pouvions lui dire « non pas ça c'est nul » ou lui nous répondre « chante mieux que ça » sans problème. Nous pouvions parler très librement et à ce moment la production devenait aussi un effort de groupe, une décision partagée par tous.
Romy : Jaimie fait de la production depuis longtemps, c'est bien de l'avoir dans le groupe. Il sait vraiment aller dans les directions dans lesquelles nous voulons aller, il comprend très bien nos souhaits.

Les paroles, qui traitent énormément des relations humaines, participent beaucoup au sentiment d'intimité, de même que votre complicité...

Oliver : En fait, Romy chante ce qu'elle écrit et moi ce que j'ai écrit. Généralement, elle arrive avec des idées de couplets et de refrains, des bribes de textes, et puis moi j'essaye de coller à l'esprit. De toutemanière, nous allons tout les deux vers les mêmes types de sujets.
Romy : Il y a essentiellement des chansons d'amour, quand nous les chantons tous les deux, ça m'évoque comme une croix.

Comment rendez-vous l'esprit de ce disque sur scène ?

Oliver : Jusqu'à maintenant nous avons joué surtout dans des petites salles dans lesquelles il était plus facile d'établir une sorte de lien, de complicité avec le public. Ce n'est que très récemment que nous avons commencé à jouer dans des festivals et des grandes scènes, c'est très nouveau pour nous. Mais les gens ont été très réceptif. Il y a peu, nous avons jouer devant 7 000 personnes en Irlande, c'était très impressionnant.
Romy : C'était vraiment une excellente surprise. Nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre, et nous étions très curieux de voir la réaction des gens.

Qu'avez vous pensé du public français lors de vos derniers concerts ici ?

Oliver : C'était vraiment bien. Le dernier show au Point Éphémère avait été difficile, du matériel avait brûlé sur scène...
Romy : Nous avons une machine qui s'est cassée pendant le mix. Et donc j'étais un peu énervée. Puis il y a eu le Social Club, c'était amusant. Tu sais le cadre est un club mais il y avait des gens devant la scène qui connaissaient les paroles de Crystalised, c'était vraiment bien.
Oliver : Et puis, en plus, nous jouions avec Micachu que nous aimons beaucoup !
Romy : D'ailleurs nous rejouons bientôt au Point Éphémère il me semble...