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Palma Violets

Interview publiée par Laurent le 18 décembre 2012

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Nouvelles sensations d’Outre-Manche après un premier single sorti cet automne chez Rough Trade, les Palma Violets, dont le morceau Best Of Friends n’avait alors pas encore été élu Chanson de l’année par le NME, répondaient à nos questions à l’occasion de leur passage au festival les inRocKs Volkswagen.

Comment le groupe s’est-il formé ?

Sam : Chilli et moi nous sommes rencontrés au Reading Festival. Je jouais de la guitare, un truc du Velvet Underground, et il est venu me dire qu’il adorait ce que je faisais et qu’il allait me manager ! (rires) Il était plus jeune que moi, je ne pouvais pas le prendre au sérieux… Quelques mois après, on a décidé de faire un groupe ensemble. On a trouvé cet endroit, qui s’appelle Studio 180, à Londres, qui était parfait pour lancer notre groupe. On a commencé à jammer, à écrire nos premières chansons... ça a commencé à vraiment devenir intéressant.

Parlez-moi du Studio 180, qu’est-ce que c’est exactement ?

Chilli : C’est un centre de création (ndlr : creative hub) avec toutes sortes d’artistes.
Sam : Mais ce n’est pas très grand, c’est un petit endroit...
Chilli : Oui, comme une petite maison avec...
Will : Un très gros chien ! (rires)
Sam : En fait, ce sont plein de petites pièces où tout le monde fait quelque chose de mal. C’est un endroit très intéressant. Et il y a un sous-sol où on fait nos concerts avec tous nos potes et ceux qui veulent venir. On peut mettre à peu près soixante-dix personnes dedans, on crève de chaud quand c’est plein, les gens n’aiment pas mais ils viennent quand même !

Et où est-ce situé ?

Chilli : Lambeth, près de Big Ben.
Sam : De l’autre côté de la Tamise.
Chilli : On pourrait penser que c’est cher comme quartier ; mais en fait c’est un endroit que personne ne connaissait et c’est de loin le studio le moins cher.

Le groupe a commencé il y a moins d’un an et pourtant vous avez déjà fait la couverture du NME, avant la sortie de votre premier single...

Chilli : Oui, on est le premier groupe !

Tout le monde vous connaît alors que vous n’avez que trois chansons sur internet...

Chilli : Ouais mec, c’est fou...

Les gens ont aimé le fait que le groupe n’existe pas sur internet, ils ont trouvé cela mystérieux.

Alors pourquoi tout ça ?

Sam : On ne sait pas non plus !
Pete : Je continue de me demander...
Will : Mais maintenant on en profite, on veut enregistrer le plus vite possible.
Sam : En fait c’est arrivé si vite qu’on n’a jamais eu le temps d’enregistrer quoi que ce soit avant d’être signés, cela fait à peine un an qu’on a débuté. Mais les gens ont aimé le fait que le groupe n’existe pas sur internet, ils ont trouvé cela mystérieux. Ce n’était pas notre intention mais ça s’est passé comme ça.
Pete : De toute façon, si on avait mis des démos de mauvaise qualité, les gens n’auraient sûrement écouté que les deux chansons officielles quand même.

Vous avez en effet été signés très vite par Rough Trade, comment ça s’est passé ?

Sam : On n’avait joué que trois ou quatre concerts. Il y avait déjà des mecs de labels qui rôdaient, mais eux on savait qui ils étaient, ils avaient signé The Smiths, The Libertines... Et puis ils sont venus directement avec les papiers à signer, ils nous voulaient vraiment...
Chilli : Oui ils sont venus et nous ont dit : « Vous signez ici ! ». Pas d’embrouilles, de paroles en l’air, ils sont venus et nous ont dit « On vous signe tout de suite. »
Sam : Oui, c’était « Asseyez-vous les gamins ! » et on s’est tous mis en cercle par terre.
Chilli : Il ne pouvait pas y avoir un autre label. Même aucun autre label indépendant. Aucun label n’aurait eu autant de foi en nous.

Et comment vos premiers concerts ont-ils pu convaincre comme ça ? Votre musique n’a rien de très originale à la base...

Sam : Parce que quand on est sur scène, c’est incroyable toute l’émotion que l’on met dans nos chansons.
Chilli : Quand tu vois les autres groupes...
Sam : Ce sont des poseurs.
Chilli : Mais tu n’y crois pas en voyant ça... Le truc c’est de croire en ses chansons pour que le public y croie. Et beaucoup de groupes aujourd’hui, on n’y croit pas.
Sam : Et je pense qu’on a notre d’ose d’originalité aussi. Les gens peuvent penser à d’autres groupes en écoutant des parties de nos chansons mais le tout fait un son assez spécial.
Chilli : On utilise un clavier en plus de deux guitares, on a donc plus d’options, on peut jouer différents styles.
Sam : Un jour on peut sonner comme The Doors et le suivant comme Kraftwerk ! (rires)

Et ça vous fait quoi de savoir que vous êtes programmés par le NME pour être le groupe de l’année 2013, il n’y a aucune pression ?

Chilli : On ne ressent aucune pression ! On s’en fout des journaux, on veut juste jouer nos chansons aux gens. Je sais que ça sonne niais mais c’est la vérité.
Will : Et puis on ne sait jamais ! Ça peut finir comme ce groupe, Viva Brother, ils devaient devenir le prochain grand groupe...
Chilli : Pour l’instant, tout ce qu’on fait c’est s’amuser. Regarde, là on est à Paris, ce soir on va jouer un concert, on a jamais pensé qu’un jour on viendrait ici. On jouait des concerts pour cinquante personnes dans notre sous-sol...
Sam : On a déjà atteint tous nos objectifs !

Et l’album, avez-vous commencé à l’enregistrer ?

Sam : On en a fait 75% !

J’ai lu quelque part que vous disiez vouloir l’enregistrer en cinq jours, c’est toujours prévu comme ça ?

Sam : On a enregistré en trois jours pour l’instant donc on est dans les temps ! On ne fait pas plus de deux ou trois prises par chanson. Si ça en demande plus, tu oublies ta chanson.

Combien de chansons pensez-vous qu’il contiendra ?

Pete : Vingt ! (rires)
Sam : Dix ou onze.
Chilli : On a des chansons pour l’album...
Will : Dix.
Chilli : Onze.
Pete : Oui, onze.
Chilli : Et peut-être une chanson secrète, si vous avez de la chance.
Will : Donc ce n’est plus secret.
Chilli : J’ai dit peut-être !
Sam : Oui, mais maintenant que tu leur as donné l’option, ils vont chercher la chanson cachée et être déçus !
Chilli : Ce qu’il faut, c’est faire une chanson cachée avant la première chanson, il faut rembobiner ton disque.

On jouera sur la Lune avant Muse !

Après cet album, vous allez sûrement devenir les nouvelles rockstars de l’Angleterre. Préférez-vous vous séparer en vous détestant après deux chefs d’œuvre (The Libertines), devenir des psychopathes mégalomaniaques (Muse) ou prendre des drogues dans le désert avec Josh Homme pour américaniser votre son et oublier d’écrire des paroles (Arctic Monkeys) ?

Sam : Mégalos ! On jouera sur la Lune avant Muse ! (rires) Et puis on ne se bat pas comme The Libertines, on s’adore.
Chilli : The Libertines sont un de nos groupes préférés mais ils étaient très différents de nous...
Will : Oui, ils vivaient ensemble !
Chilli : Et on n’est pas accros au crack.

Vous citez The Libertines comme un de vos groupes préférés, quels autres groupes vous influencent ?

Chilli : The Clash, Nick Cave And The Bad Seeds, Gun Club... Et Snatch & The Poontangs ! Notre influence principale.
Sam : C’est notre groupe préféré. Quand j’écris une chanson, j’essaie de penser à quelles paroles Snatch utiliserait.

Vous parliez des Clash, comment expliquez-vous que depuis quinze ans les groupes de rock anglais ne parlent plus des débats de société, ne sont plus politisés ?

Chilli : Parce qu’il n’y a rien à raconter.
Sam : Personne ne sait vraiment ce qui se passe, c’est une époque trouble, les gens sont confus...
Chilli : Il y a eu des émeutes très violentes sans que l’on sache réellement pourquoi...

La police a quand même tué un jeune à Tottenham...

Chilli : Oui, bien sûr, mais ce qui a suivi n’avait aucun sens. On aime tous l’anarchie mais s’il y a un but, si c’est intelligent...

Aujourd’hui, tout le monde est perdu. Tout le monde veut se battre, mais personne ne sait contre quoi.

Donc pour vous ce n’est pas une option d’écrire des paroles engagées ?

Chilli : Non, il n’y a rien à crier ! A part « Free Pussy Riot ! ». (rires) Mais même à propos de ça on ne sait pas grand-chose...
Will : Quand tu vois comment ton pays est gouverné, ça peut bien sûr t’agacer. Mais si tu regardes ce qui se passe dans d’autres pays, c’est incomparable. La situation y est bien pire. Et on ne peut pas chanter à propos de cela puisqu’on n’a aucune idée de ce qu’ils vivent là-bas. Ce ne serait pas juste de devenir connus et se faire de l’argent sur quelque chose dont on n’a aucune idée.
Chilli : Aujourd’hui, tout le monde est perdu. Tout le monde veut se battre, mais personne ne sait contre quoi. Mais j’aime ça, cette énergie dans l’air... Il y a plus d’unité dans la population qu’il y a quelques années. Il n’y avait pas de manifestations ou de choses comme ça. Tout le monde est prêt aujourd’hui, mais personne ne sait pour quoi. Je pense que bientôt il y aura une raison de se battre. Et là ça sera marrant...

Et d’où vient votre nom, Palma Violets ?

Sam : Des bonbons magiques.

Ce sont vos bonbons préférés ?

Sam : Mes bonbons préférés. Et les leurs maintenant, mais ça a toujours été mes préférés.

Chilli, dans les paroles de Best of Friends, tu es le premier mec à « friendzoner » une fille, ça fait quoi ? (Chilli ne connaît pas l’expression et Will doit lui expliquer que c’est le verbe utilisé pour le fameux « je préfère qu’on reste amis. »)

Chilli : En fait, je n’y ai pas pensé, c’est juste quelque chose qui m’est arrivé et je me suis dit « faisons-en une chanson » et ce sont les mots qui me sont venus... Je pense qu’on a un bon début pour mon autobiographie !
Pete : Qui sort le mois prochain.
Will : Chilli, Mon combat. (rires)
Chilli : Mais je pense que cette histoire de « friendzone » est intéressante.
Will : C’est une nouvelle expression.
Sam : Oui, je me disais bien... Je ne comprenais pas au début.
Chilli : La plupart des gens écrivent des chansons à propos des mêmes choses. Comme l’amour, la plupart des gens écrivent à propos de l’amour.
Sam : On peut trouver de bonnes paroles en parlant d’amour. « Love is not easy... »
Chilli : « That’s just the way it goes… »
(Puis les garçons enchaînent en chantant la suite des paroles de leur chanson Last Of The Summer Wine) Sam : C’est d’Oscar Wilde, je crois (rires).

J’allais justement parler de Last Of The Summer Wine, qui a fait les cris de chien à la fin ?

Sam : Les cris de chien ?
Tous : Ce sont des cris de loup !
Pete : En fait, on connaît Nick Cave et il a un loup. On devait lui emprunter son loup. On voulait l’orang-outan mais on a eu le loup à la place.
Sam : Malheureusement, il est mort avant la fin de l’enregistrement. La chanson lui est dédiée.
Chilli : Mais c’est plutôt un petit homme qui monte jusqu’à la Lune. Enfin c’est comme ça que ça se passe dans ma tête, je pense que c’est différent pour chacun.

Le bruit à la fin de la chanson ?

Chilli : Oui. Ça fait « wooohooooohoooooo ! ». Ce son est si profond... Ça veut dire tellement de choses !

On va bientôt se quitter, quel est votre programme à part la promo et votre concert à Paris ?

Chilli : Faire la fête !
Pete : J’aimerais faire un tour au Louvre aussi.

Notre temps touche à sa fin, un dernier mot ?

Will : J’aime la discothèque ! (ndlr : en Français dans le texte)
Chilli : Quoi que ce soit je suis d’accord.

Ça veut dire qu’il aime les boîtes de nuit...

Will : Je pensais que c’était un endroit où danser le disco !

D'accord, la vraie discothèque à l’ancienne. Avec des patins à roulette ?

Will : Exactement !