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Oscar Scheller

Interview publiée par Cassandre Gouillaud le 20 mai 2016

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La dernière fois que notre route a croisé celle d'Oscar Scheller, c'était aux abords du Point Ephémère, un après-midi d'octobre, en pleine tournée avec Gengahr. C'est bercés par la pop de son EP Beautiful Words qu'on avait rencontré l'artiste, dont la sortie du premier album devait encore se faire attendre. Maintenant que Cut & Paste est disponible depuis quelques jours, l'heure est venue de dépoussiérer les archives et de revenir quelques mois en arrière sur cette rencontre.

On ne trouve encore que peu de choses sur toi à l'heure actuelle, peux-tu me dire quand tu as commencé à jouer et écrire de la musique ?

J'ai commencé à jouer de la musique, et plus précisément du piano, quand j'avais six ans. Ma mère m'avait appris à jouer deux pièces de Jean-Sébastien Bach. Ensuite, j'ai débuté les cours de chant à huit ans. On peut dire que je joue de la musique depuis mon enfance, mais je n'ai pas vraiment commencé à écrire avant treize ans. J'ai composé mes premiers morceaux au piano, et deux ans plus tard j'ai intégré un groupe, cette fois en tant que guitariste. J'ai continué sur cette voie jusqu'à mes dix-neuf ans, avant de me lancer dans ce projet solo.

Que faisais-tu avant de te dédier à ta carrière ? Tu étais étudiant ?

Oui, je suivais un cursus de Fine Art, à Central Saint Martins. Mais je commençais vraiment à être frustré. J'écrivais et j'enregistrais de plus en plus de morceaux, jusqu'à travailler sur la musique toutes les nuits. J'ai fini par accumuler beaucoup de compositions. C'est là que j'ai enregistré mes premiers EPs chez moi, et cherché un groupe pour jouer en live.

Tu as donc enregistré tes premiers EP (146b et Daffodil Days) seul ?

C'est ça, juste moi et mon matériel de production. Beaucoup de beats sont des samples, sinon je joue de la guitare et je chante tout. C'est très simple d'enregistrer dans une chambre finalement. Tu peux y rester autant que tu veux, juste en sortir de temps en temps pour boire et manger, et en émerger quand tu as fini.


Est-ce que tu joues d'autres instruments à part de la guitare et du piano ?

Non. Enfin, j'essaie, mais je ne suis pas très bon. J'adorerais jouer de la batterie par exemple. Heureusement, je crois ces deux instruments sont déjà très pratiques pour écrire des chansons.

Beautiful Words, ton dernier EP, semble dégager quelque chose de très joyeux au premier abord, mais à y réfléchir, j'ai l'impression qu'on y ressent aussi quelques tendances mélancoliques. Est-ce que tu serais d'accord avec ceci ?

Définitivement. Beaucoup de compositions ont cette qualité, un mélange entre quelque chose de joyeux à l'intérieur et une enveloppe plus amère. Ce contraste entre joie et tristesse revient toujours quand j'écris, peut-être parce que mes chansons préférées ont cette qualité.

Tu parles de chansons préférées, est-ce que tu as des groupes particuliers en tête ?

Si je devais en citer un, je pense que ce serait le Velvet Underground. Ils ont une production tellement diverse, qui a aussi cette balance entre joie et tristesse, en plus d'une écriture incroyable. Ils ont aussi un intérêt artistique indéniable avec leurs pochettes d'album. Ce groupe représente pour moi un grand moment musical, d'autant plus qu'ils ont encore beaucoup d'influence aujourd'hui.

Les gens aiment bien faire des comparaisons, c'est de cette manière que la musique marche.

De ce que j'ai vu, tu es beaucoup comparé à Morrissey par la presse. Qu'est-ce que tu penses de cette comparaison ?

C'est un artiste incroyable, notamment pour ce qu'il a fait avec les Smiths. Je crois que c'est flatteur. Les gens aiment bien faire des comparaisons, c'est de cette manière que la musique marche. Tu écoutes et du compares, je le fais moi-même avec d'autres. C'est inévitable. Je ne suis pas toujours d'accord, mais bon...

Pourquoi ça ?

Je pense que ma voix est bien plus grave que la sienne, avec une sensibilité et un timbre clairement différents. Peut-être que la comparaison vient davantage des mélodies.


Il y a cette chanson sur Beautiful Words, Grow Up, sur laquelle tu dis que tu aimerais rester éternellement jeune. C'est un vrai souhait ?

Mais oui ! Je crois que quand j'étais jeune, j'ai dû très vite grandir car j'ai rapidement eu des responsabilités. La vie est faite comme ça, mais aujourd'hui j'ai toujours une partie de moi qui essaie de nier le fait même de grandir. J'ai l'impression que quelque chose m'a été volé. C'est cette part de moi qui voudrait rester jeune pour toujours.

Ton premier album doit sortir en 2016. Depuis quand est-ce que tu travailles dessus ?

J'ai commencé à travailler dessus vers juin, en faisant enregistrer la batterie et la basse en studio. L'autre grande partie de l'album a été enregistrée à la maison, et tout cela a ensuite été mixé et mis en forme d'ici le début de l'automne. C'était la première fois que je travaillais en studio avec ce projet solo, Oscar. J'avais déjà l'expérience de mes années de musique classique et en groupe, mais je n'en garde pas un bon souvenir. Je n'aimais pas les studios, c'était trop tôt, j'étais trop jeune. Maintenant je me sens plus prêt pour ces sessions en studio, et je suis bien plus excité à l'idée d'y aller.

Je n'ai pas encore eu l'occasion de l'écouter - qu'est-ce que je dois attendre de cet album selon toi ?

Je crois que c'est un album très intime. Les morceaux sont globalement très pop, même s'ils ont leur originalité et leur caractère. L'ensemble est aussi très éclectique, il n'y a pas une chanson qui ressemble à la précédente. C'est exactement ce que je voulais, que l'album puisse progresser comme un voyage plutôt joyeux. Les quelques personnes qui ont pu l'écouter m'ont fait des retours positifs !

C'est vraiment agréable de voir que ton travail peut toucher les gens.

C'est important pour toi, ce qu'ils peuvent penser de ton travail ?

Oui, c'est clair. C'est même très important. Cela ne veut pas dire que j'y pense quand j'écris, et ce n'est pas le cas, mais c'est vraiment agréable de voir que ton travail peut toucher les gens.

Pour parler concerts, j'ai vu que tu avais ouvert la grande scène de Pukkelpop cet été. C'est l'un de tes plus gros sets à ce jour, est-ce que tu en gardes un souvenir particulier ?

C'était bien, et même naturel dans un sens. Je me suis bien senti sur scène, même si on a joué très tôt - à 11h, quelque chose comme ça. Après avoir joué, on nous a dit que Nirvana avaient joué à cette même place à leurs débuts. Ça m'a plutôt rassuré !

Tu as aussi tourné aux Etats-Unis, as-tu remarqué une différence entre le public américain et le public européen ?

Il est bien plus agité, et super enthousiaste ! Je garde aussi des bons souvenirs de l'Europe, comme à Paris, où on a eu de bons retours, ou en Hollande. Mais globalement, en Europe, le public est assez calme et statique. En Amérique, les gens sont plus agités et usent aussi plus de leur voix.

Autrement, et on va terminer là-dessus, est-ce que tu aurais de nouveaux groupes à nous conseiller ?

Là, je te dirais d'écouter The Big Moon ! Ce sont des amies qui font de la très bonne pop, et qui sont d'excellentes musiciennes.