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Two Door Cinema Club

Interview publiée par Fab le 12 février 2010

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Considérés comme l'une des formations les plus prometteuses de l'année 2010 suite aux sorties de Something Good Can Work et I Can Talk, Two Door Cinema Club s'apprêtent à faire danser les foules durant les prochains mois avec leur album Tourist History. Rencontre avec le trio originaire d'Irlande du Nord en pleine campagne promotionnelle...

On a beaucoup parlé de vous au mois de novembre dernier lors de vos deux concerts donnés à Paris au Festival des Inrockuptibles. Vous attendiez-vous à un tel accueil ?

Sam : A la Boule Noire, et ce pour la première fois en France, nous avions vraiment ressenti le fait que le public avait fait le déplacement pour nous voir jouer. C'était flatteur, et ce concert était aussi particulier car c'était l'un des tous premiers avec notre batteur actuel. Le lendemain, alors que nous étions sur la route vers l'Angleterre en vue d'une courte tournée qui ne nous motivait pas réellement, nous avons reçu un coup de téléphone avant d'entrer dans le tunnel sous la Manche. La proposition de jouer à nouveau quelques dates en France pour remplacer LA ROUX a été plutôt facile à accepter (rires) !
Kevin : Lorsque nous jouons dans des villes d'Irlande du Nord comme Bangor, nous savons souvent à l'avance que le public et la plupart de nos connaissances vont être au rendez-vous. Nous reconnaissons souvent les mêmes visages au premier rang, alors qu'en venant à Paris et France il était compliqué de savoir quel accueil nous serait réservé.

Vous demeurez malgré tout encore très peu connus en France. Pouvez-vous nous en dire plus sur qui se cache derrière Two Door Cinema Club ?

Sam : Nous avons tous les trois grandi dans la ville de Bangor en Irlande du Nord. C'est là-bas que nous nous sommes rencontrés lorsque nous avions approximativement quatorze ans. Nos goûts musicaux étaient identiques et c'est cela qui nous a rapprochés. L'idée de monter un groupe nous est venue environ une année plus tard... mais pendant très longtemps nous avons joué un mauvais mélange de pop, de rock et de punk.
Kevin : Nous avions pourtant une idée très précise de ce que devait être notre musique, mais nous n'étions juste pas assez bons pour y parvenir.
Sam : Le départ de notre batteur a marqué un tournant pour nous. Nous avions alors environ dix-sept ans et nous avons choisi de poursuivre notre carrière en trio et de prendre pour nom Two Door Cinema Club. Les nouvelles chansons étaient enregistrées avec une boite à rythme et un ordinateur... et le résultat était bien meilleur !

N'avez-vous pas été tenter de recruter un musicien à temps complet pour le groupe ?

Sam : La question ne s'est pas posée très longtemps. Nous ne connaissions aucun autre batteur dans notre entourage et il n'était pas question de mener un casting pour trouver une personne dont les goûts seraient sans doute différents des nôtres. Nous voulions simplement aller de l'avant et cette formule à trois nous semblait être une bonne solution.
Kevin : Ce changement a nécessité quelques ajustements durant les premières semaines. Il nous a fallu apprendre à manipuler de nouveaux outils et à programmer des boucles de percussions, mais après avoir acquis un peu d'expérience nous avons découvert de nouvelles possibilités et nous avons expérimenté nos idées. Le plus bizarre est pour moi que nous avions toujours souhaité enregistrer des chansons destinées à faire danser les gens mais que l'idée d'utiliser des outils électroniques ne nous était jamais venue à l'esprit !

Vos concerts nécessitent malgré tout la présence d'un batteur !

Kevin : C'est une nécessité, mais nous utilisons aussi notre ordinateur en parallèle pour certaines séquences.
Sam : Après avoir passé autant de temps sans batteur, nous avons encore besoin de nous améliorer sur scène avec lui. Au-delà de la présence d'un musicien supplémentaire face au public, cet instrument apporte toujours un supplément d'énergie à la musique. C'est un apport non négligeable.

Peu de groupes originaires d'Irlande du Nord parviennent à se faire connaître, à quel point cela a-t-il été difficile pour vous ?

Sam : Je ne dirais pas que cela a été difficile car nous avons pris notre temps. Pendant deux ans environ nous avons travaillé nos chansons à l'écart tout en donnant des concerts de temps à autres. Et tout s'est mis en place progressivement...
Kevin : Je pense même que le fait d'avoir été à l'écart du Royaume-Uni pendant aussi longtemps nous a été bénéfique. Sans cela, nous n'aurions peut-être pas eu autant de recul. Les contacts avec l'extérieur ont été très progressifs, d'abord sur Internet ou au téléphone puis les personnes réellement intéressées par notre musique sont venues nous voir jouer à Belfast ou Bangor. Pendant près de six mois, à la fin de chaque concert, un ou deux représentants de maisons de disques venaient nous parler !

Au final, votre choix s'est porté sur Kitsuné...

Sam : Ce sont certainement les personnes qui se sont montrées les plus enthousiastes à l'écoute de notre musique, et ce dès le départ. Quelques autres offres nous étaient parvenues mais la volonté de Kitsuné de travailler avec nous était plus forte. Les contacts étaient très réguliers et notre première rencontre physique s'est révélée très positive. Ils ont écouté notre position et ils se sont montrés très compréhensifs. Ce label doit compter tout au plus cinq employés, et l'idée de travailler avec une petite structure indépendante nous plaisait... beaucoup plus qu'une collaboration avec une grosse machine dont le seul but est d'amasser un maximum d'argent.

L'image de Kitsuné est associée au monde de la musique électronique alors que votre musique semble plus proche de la pop. N'avez-vous pas craint que le public puisse se tromper sur vous au premier abord ?

Kevin : Nous y avons beaucoup pensé lors de la sortie de notre premier single, Something Good Can Work, qui est une chanson vraiment très pop. Il était prévu de la faire paraître sur l'une des compilations du label et nous avions quelques doutes sur le bienfondé de cette idée (rires) !
Sam : Il ne nous semblait pas évident que le public habitué aux artistes de Kituné apprécierait cette chanson. Au final, le fait est que notre musique comporte malgré tout de nombreux éléments électroniques, même si ce n'était pas le cas avec ce premier single. Ce mélange des deux genres est un élément important de notre univers.
Kevin : Kitsuné est une maison de disques tournée vers l'électronique, mais au final je pense que ce sont les groupes qui tiennent le rôle le plus important. Notre musique touche à plusieurs domaines et j'estime que Kitsuné est un support parfait pour que nous puissions l'exposer au plus grand nombre. L'électro pop que nous jouons depuis toujours y a indéniablement sa place.

Votre premier album a pour nom Tourist History et son enregistrement s'est étalé sur la majeure partie de l'année 2009. Comment l'expliquez-vous ?

Sam : L'enregistrement n'a vraiment commencé qu'en juin, juste avant l'été, et il s'est étiré sur une période d'environ deux mois. Eliot James qui avait fait un très bon travail avec Bloc Party s'est occupé de la production puis nous sommes venus à Paris avec Philippe Zdar de Cassius pour le mixage. Le fait que nous n'étions que très peu connus à l'époque nous a permis de pouvoir travailler librement et sans pression extérieure.
Kevin : Nous avions en réalité choisi de sortir Something Good Can Work en tant que single en début d'année 2009, non pas dans le but de produire un succès commercial mais plutôt pour faire parler un peu de nous en vue de l'arrivée de l'album plus tard. Dans notre esprit, I Can Talk est le premier titre véritablement extrait de Tourist History. Un autre était censé le suivre avant Undercover Martyn mais nous avons décidé de modifier quelque peu notre planning.

La majorité de vos compositions sur ce disque sont très immédiates et ne dépassent pas les trois minutes trente, c'est une formule bien travaillée ?

Kevin : Ce n'est pas une démarche à proprement parler, les chansons ont évolué de cette manière assez naturellement. Je pense que ce serait même assez malsain de vouloir fixer des limites à notre manière de composer ou de chercher à tout prix à obtenir un single systématiquement.
Sam : Aucun de nous ne dicte une ligne de conduite à suivre, seul notre propre plaisir nous guide dans une direction ou une autre. Le principal est que nous prenions du plaisir tous les trois.

Avec cet album, 2010 peut-elle être l'année de Two Door Cinema Club ?

Kevin : Je préfère ne pas trop penser à ce genre de choses. Être parvenus à enregistrer et sortir un album est un pas de géant pour nous en tant que groupe, et nous ne pouvons qu'espérer que le public prendra autant de plaisir à l'écouter que nous à l'écrire. Et si ce n'est pas le cas, peut-être aurons-nous mal fait notre travail ! C'est la vie (rires)...