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Goat Girl

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 10 avril 2018

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Les jeunes filles de Goat Girl nous offrent avec leur premier album un disque on ne peut plus réussi entre garage, psychédélisme et folk. Rencontre à Paris avec un groupe aussi talentueux que cool.

Vous êtes devenues hype avant même d'avoir sorti votre premier album. Cela vous-a-t-il mis de la pression pour le composer ?

Non car on avait écrit la majorité des chansons avant même de chercher un label. De cette façon, nous n'avions pas de pression.

Vous venez du sud de Londres où il y a une importante scène musicale. Cela vous-a-t-il aidées ?

Oui, absolument. Il y a une belle scène là-bas qui t'inspire, et tu peux apprendre au contact des groupes que tu vas voir en concert. C'est un environnement créatif. En plus, il y a un public vraiment intéressé par la musique là-bas. Tout cela crée quelque chose de positif et de stimulant.

Vous avez signé chez Rough Trade Records avant même de sortir quoi que ce soit. C'est assez incroyable...

Oui, cela l'a été pour nous. Lorsque tu vois tous les artistes de leur catalogue, c'est dingue. Pendant longtemps on en revenait pas d'avoir été signés chez eux. Le jour de la signature a vraiment été un jour particulier pour le groupe.

Ce jour, c'était aussi celui du Brexit. Cela vous a marquées ?

Quand tu vis à Londres, tu vis un peu dans une bulle et tu as tendance à penser que tout le monde pense comme toi. Tu es un peu éloigné des campagnes anglaises et tu ne te rends pas compte de l'effet de la manipulation des politiques pour que les gens votent pour le Brexit...


Vous vous considérez comme un groupe avec une connotation sociale ?

Oui, tout à fait. On aimerait pouvoir faire en sorte de créer des discussions entre les gens.

Pourquoi avoir mis votre single Country Sleaze, qui a deux ans déjà, sur l’album ?

On l'a réenregistré pour le disque. C'est le morceau par lequel on termine nos sets et pour cela c'était important qu'il soit sur l’album. C'est un single mais on voulait le mettre dans le contexte d’un LP.

Le disque est très varié musicalement. Cela va d'un côté pop à des titres garage, d'autres folk. Vous l'avez pensé ainsi ?

C'est intéressant de ne pas faire la même chose musicalement. Le disque a été enregistré dans l'ordre des morceaux. C'est comme un voyage. Nous aimons toutes dans le groupe le gros son des guitares mais nous avons des goûts très différent les unes des autres. On ne voulait pas que l'album soit simplement un pur disque de rock indie.

Les morceaux sont extrêmement courts. Certains ne dépassent pas la minute trente. Pourquoi ?

On ne sait pas trop. Mais peut être pour ne pas s' ennuyer ou ne pas ennuyer l'auditeur ?

Il y a des morceaux assez expérimentaux sur le disque...

Oui, on aime improviser. Partir de fondations et aller vers des choses totalement différentes à l'intérieur d'un morceau. Avec un esprit qui va vers la free music...

On trouve aussi un côté DIY dans ce disque...

Oui, on aime bien les productions lo-fi. Il y a des morceaux qui sont arrivés comme ça juste en une ou deux prises. D'autres, au contraire, en ont nécessité plusieurs...

The Man With No Heart Or Brain, c’est un morceau sur la stupidité des mecs ?

Peut-être (rires). Mais ce n'est pas forcément un homme au sens générique du terme. Ce peut être un banquier ou une femme...


Vous avez joué avec Parquet's Court, The Lemon Twigs ou The Fall. Je suppose que vous avez beaucoup appris à leur contact ?

On a eu tellement de chance de jouer avec ces groupes. On a pu apprendre ce qu'un groupe de tête d'affiche doit faire. Jeunes, nous étions fans de The Fall. On ne pouvait imaginer qu'un jour on ouvrirait pour eux.

Je suppose que vous avez été très tristes lorsque vous avez appris la mort de Mark E. Smith ?

On en a pleuré.

Vous avez joué l'an dernier au festival This Is Not A Love Song à Nîmes alors que vous n'aviez sorti que des singles. Cela vous a étonnées ?

Oui, on a été un peu surprises d'y être programmées mais on était très contentes. C'est toujours dingue de voir des gens à tes concerts qui connaissent tes chansons et les chantent. C'est quelque chose d'excitant.

Comment s'est passée en octobre dernier votre première tournée anglaise en tête d'affiche ?

C'était un peu flippant. Quand tu joues en première partie, tu fais des sets de vingt-cinq minutes. Là, on a dû construire un set de quarante-cinq minutes. En plus, les gens paient pour venir te voir. Ça fait bizarre.

Vous avez eu de nombreux articles élogieux dans la presse anglaise. Cela vous-a-t-il mis une pression quelconque ?

On n'y fait guère attention. Ce côté qu'a la presse musicale anglaise à sortir à chaque fois le nouveau groupe indie, c'est un peu ridicule. Après, avoir des articles positifs à ton égard, bien sûr que cela fait plaisir.

A la sortie de l'album, vous allez tourner ?

Oui, ça va être une année chargée. On va jouer en Angleterre puis à New-York en Mai. Et on l'espère en France...