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The Leisure Society

Interview publiée par Laetitia Mavrel le 15 septembre 2019

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Debriefing d'après concert à la Maroquinerie avec Nick Hemming, chanteur compositeur de The Leisure Society qui nous reviennent après quatre longues années d'absence et un trop plein d’émotions engrangé à partager en live avec le public.

C'était ce soir la première date de la tournée. Le choix de Paris était-il voulu ?

C'était un peu un hasard du calendrier, et aussi du fait que Paris est notre point de chute après un long voyage de huit heures ! Et c'est une bonne chose, la salle est vraiment sympa, l'accueil si chaleureux. On ne pouvait débuter dans de meilleures conditions.

Le public français vous est fidèle depuis dix ans maintenant, et l'engouement ne s'est jamais terni. Est-ce que cela te touche particulièrement ?

Oui ! De plus, nous avons été absents durant plus de quatre ans, à travailler sur le nouvel album (ndlr : Arrivals & Departures, sorti en avril dernier). La question était donc de savoir si les gens se souvenaient encore de nous. C'est le meilleur concert d'ouverture jamais donné et la plus grande salle en France où nous ayons joué à ce jour ! Nous avons quelques autres dates à venir, dont une dans un château au sud de la France, l'ambiance sera probablement plus intime.

Après cette longue absence, comment as-tu abordé le retour en studio avec le groupe ?

Nous n'avions évidemment pas prévu de faire une telle pause. Mais l'album est le fruit de ma séparation d'avec notre ancienne flûtiste (ndlr : Helen Whitaker, membre originel du groupe et ex-compagne de Nick). On vivait ensemble à Brighton, j'ai du déménager et me suis retrouvé avec ma valise à loger chez les amis et la famille durant deux années. Je n'ai jamais cessé d'écrire et ma voiture est presque devenue mon studio ! Ce sont toutes ces émotions qui structurent l'album.

Comment as-tu réussi à partager ces sentiments avec les autres membres du groupe, car sur scène, l'osmose est parfaite quand vous jouez vos récents morceaux...

Je leur ai tout simplement envoyé des démos au fur et à mesure, car nous habitons tous loin les uns des autres. C'était alors des versions plutôt brutes. Quand on s'est retrouvé en studio, on les a toutes retravaillées ensemble, ça a pris du temps mais le résultat est très convaincant.

Est-ce que tu craignais un peu de dévoiler des morceaux si personnels ?

C'est effrayant car c'est vraiment intime, tu redoutes forcément que les autres n'arrivent pas à les comprendre. Ce sont des morceaux bouleversants à jouer. Mais les retours ont été tout de suite positifs.

Tu as une longue expérience du live maintenant. Comment abordes-tu les concerts ailleurs qu'au Royaume-Uni ?

C'est très différent d'un pays à l'autre. Par exemple, en Allemagne, le public reste très calme et très réservé quand tu joues mais applaudit à tout rompre à la fin ! En Italie, l'audience est excitée dès les premiers morceaux, c'est très drôle. Quant à Paris, les gens y parlent très bien anglais, donc ils comprennent ce que je chante, ça aide.

Après dix ans de carrière, tu as évolué dans ta façon de composer, de chanter ?

Oui beaucoup. Sur le premier album, j'étais timide et j'avais peur de chanter. Dans mon premier groupe, déjà avec Christian (ndlr : Christian Hardy, claviériste et ami d'enfance de Nick) , c'était très dur, je me souviens de notre tout premier concert où j'ai littéralement fini en pleurs. Christian m'a beaucoup aidé, toujours encouragé à persévérer.

Tu es le chanteur ! Tu t'entraines, tu prends des cours de chant ?

Non mais je devrais car je perds généralement ma voix dès le premier concert de la tournée. C'est d'ailleurs la première fois ce soir que je garde ma voix tout du long ! C'est bon signe, je m'améliore.

Le vidéo clip de God Has Taken A Vacation est particulièrement réussi. As-tu participé à sa création ?

Pas du tout me concernant. C'est Matt Campion, le réalisateur, qui est un fan du groupe et qui nous a contactés pour travailler avec nous. Il l'a réalisé pour si peu d'argent. Les acteurs ont été payés, mais autrement, il l'a fait gratuitement. L'acteur principal est John Simm, un comédien anglais très connu chez nous que nous avons rencontré lors d'une émission radio et qui nous a alors avoué adorer notre musique. Il voulait absolument collaborer avec nous. La vidéo retranscrit vraiment mon état d'esprit d'alors : ma séparation, le Brexit, l'élection de Trump... J'ai cru que le monde devenait dingue. On a réussi à tirer quelque chose de positif de tout ce chaos.

Cet album, c'est ta thérapie ?

Tout à fait, si j'avais arrêté d'écrire je serais devenu fou. Mettre tout cela en musique m'a vraiment aidé à aller mieux. Et la tournée va continuer à m'aider car voir enfin la réaction des gens face à ce que j'ai créé, c'est le véritable accomplissement.

Et pour la suite ?

Nous tournons tout le mois de septembre et nous rentrons pour mettre en boîte un nouvel album que j'ai déjà composé. Ça sera un disque de neuf ou dix titres au son pop et plus joyeux, plus entraînant. Il est quasiment prêt et il me tarde vraiment de le faire découvrir !