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Black Country, New Road

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 5 février 2021

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La hype qui entoure Black Country, New Road est entièrement méritée. Voilà en effet un groupe qui sort des sentiers battus. Leur premier album, For The First Time, mélange avec réussite free jazz et envolées rock. Rencontre avec ce groupe aussi sympathique que talentueux.

Vous avez débuté l'enregistrement de l'album début 2020 puis avez repris des mois plus tard. Cette coupure a-t-elle été du fait du virus COVID-19 ?

Oui. Au moment de faire les overdubs nous avons été bloqués par le confinement...

Est-ce que celui-ci a changé des choses dans la production du disque ?

Pas trop. Néanmoins cela a peut-être changé la façon dont nous avons pensé les chansons. Le fait de ne plus pouvoir jouer live a forcément amené à une évolution dans la façon de penser la musique.

Je trouve qu'il y a pas mal d'éléments free jazz dans ce que vous faites...

Merci. C'est cool que tu entendes cela. On ne se pense ni comme un groupe de rock ni comme un groupe de jazz. Il y a sans doute une sensibilité jazz dans notre musique, c'est vrai. Deux des membres du groupe ont fait une école de jazz à un très haut niveau. Cela amène obligatoirement des choses différentes dans le songwriting.

A ce propos, certains dans le groupe ont fait des écoles de musique. D'autres, non. Est-ce que cela change quelque chose dans votre approche musicale ?

Cela ne change pas tellement de choses, en fait. L'approche de la musique est peut-être un peu différente pour les uns et les autres mais dans l'approche technologique, par exemple, ça ne change rien. Le fait de venir de backgrounds musicaux différents permet aussi d'apprendre les uns des autres et c'est très positif.

Il y a aussi ce côté jazz dans le fait que vos morceaux sont loin des standards pop...

La raison qui fait que nos morceaux sont si longs vient du fait que nous ne savons pas couper. Il y a peu d'improvisations dans ce que nous faisons, contrairement au jazz. La structure des morceaux est même assez rigide.

Il y a aussi dans votre musique des éléments krautrock...

Pas tant que cela, à part le fait que nos morceaux sont longs. Tu n'es pas le premier à citer Can à notre propos. C'est un groupe que nous aimons mais nous ne pensons pas que ce soit une influence.

Vous avez travaillé avec Dan Carey. Tout ce qu'il touche devient or. Que vous a-t-il apporté ?

(Rires Il nous a beaucoup apporté. Il est le premier producteur avec lequel nous avons travaillé. Nous avons aimé bosser avec lui. C'est un super producteur. Par la suite nous avons travaillé avec Andy Savours sur Sunglasses. Du coup nous avons décidé de faire l'album avec lui.

On vous compare souvent à black midi. Pourtant ce que vous faites est très différent de ce qu'ils produisent...

Nous apprécions beaucoup black midi. Nous sommes contents lorsqu'on nous compare à eux car nous aimons ce qu'ils font. Nous venons du même coin, nous avons le même tourneur, nous avons joué dans plein de festivals avec eux. Cela crée une amitié, forcément.

Est-ce que la hype autour de vous vous a fait ressentir une certaine pression au moment de l'enregistrement ?

Non car ces chansons ont été écrites il y a un moment déjà. Les gens les aimaient live. Nous avons essayé de retranscrire sur l'album l'esprit live des morceaux. Nous avons eu de la chance pour l'enregistrement. Avant le confinement nous avions pas mal avancé dans le disque. Nous avons été préservés de la hype.

Vous avez signé avec Ninja Tune. Pour quelles raisons ?

Nous les avons rencontrés et ils étaient super enthousiastes. Ils avaient plein d'idées pour le groupe. Ils nous ont encouragés dans tout ce que nous faisions. C'est un label avec plein d'artistes intéressants. Il peut y avoir plein de genres musicaux différents chez Ninja Tune. Ce n'est pas le genre de label avec une étiquette rock et c'est très bien ainsi.

Vous avez réécrit Athens, Paris et Sunglasses. Pourquoi ?

Ces morceaux ont beaucoup évolué en concert. Nous sentions du coup qu'il était nécessaire de les réécrire. Les nouvelles versions représentent bien ce que nous sommes aujourd'hui.

Votre album sort à un moment étrange du fait de cette épidémie qui est toujours là...

C'est un moment étrange, effectivement. Mais nous pensons que c'était le moment de sortir le disque. Le futur sera de nouveau lumineux un jour ou l'autre. Nous avons la chance d'avoir signé sur un label qui nous a apporté une sécurité financière. L'industrie musicale va être chamboulée au sortir de l'épidémie et c'est pour cela que nous nous estimons privilégiés de par notre position actuelle.

Vous allez faire des live streams ?

Oui. Nous allons en faire un pour la sortie de l'album. Et un autre début mars.

Vous n'avez pas peur pour le futur. Pour les concerts notamment ?

Nous voulos rejouer, bien sûr, mais l'essentiel pour le moment est de combattre cette épidémie. Cela reviendra les concerts. Il faut être patient.