logo SOV

CIEL

Interview publiée par Adonis Didier le 23 novembre 2023

Bookmark and Share
C'est à Rouen, ville française possédant le plus de bar par habitant, que l'on retrouve en milieu d'après-midi CIEL, groupe multinational de dream-rock basé à Brighton, et de passage dans la capitale normande en plein cœur de leur tournée en support de Blood Red Shoes. Une interview avec vue sur la Seine, accoudé au bar du Hangar 106, en compagnie donc de Michelle Hindriks, Jorge Jimenez, et Tim Spencer, pour aborder la sortie le 24 novembre du nouvel EP du groupe, Rather Be Alone, ainsi qu'en apprendre plus sur la genèse du trio, leur vie en tournée, leur amour du public français, et leur collaboration avec Steven Ansell.

Depuis votre premier EP en tant que groupe (ndr : CIEL était jusqu'en 2019 le projet solo de Michelle Hindriks aux Pays-Bas), Movement, vous êtes passés d'une dream pop assez classique vers quelque chose de toujours plus sombre et puissant. C'est quoi le chemin musical que vous avez parcouru depuis trois ans ?

Michelle : Je ne sais pas trop, je pense qu'on aime jouer de manière énergique sur scène, et quand on a commencé à écrire plus comme un groupe c'est devenu plus... C'est juste la musique qu'on voulait faire à trois. Je pense qu'on a aussi commencé à écrire beaucoup plus vite en travaillant avec Steven (ndlr : Steven Ansell, leur producteur et chanteur-batteur de Blood Red Shoes), il nous pousse vraiment en mode « allez sortez des idées, on y va ! », donc on finit les choses plus vite et c'est l'essence de notre musique qui ressort à la fin.
Tim : Être moins précautionneux, aller directement à l'essentiel.
Jorge : On a aussi fait beaucoup plus de concerts, et on a senti qu'on voulait ressentir quelque chose de différent sur scène. C'est un changement assez naturel qui est arrivé comme ça.

En écoutant vos dernières sorties, j'ai trouvé que ça ressemblait beaucoup à ce que tu faisais en solo aux Pays-Bas, Michelle, mais avec plus d'énergie et de puissance...

Michelle : Sur le premier EP qu'on a fait avec Steve, Not In The Sun, Nor In The Dark, certaines chansons étaient des démos à moi de cette époque, d'avant 2020, qu'on a réécoutées, et nous trois plus Steve nous sommes vraiment connectés à ces idées. Donc d'une certaine manière il y a des chansons qui sont venues de là et qu'on a simplement repensées.

Et ça n'a pas été trop dur de passer d'un projet solo aux Pays-Bas à un groupe à trois à Brighton ?

Jorge : On était quatre pendant quelques temps, pendant l'EP Movement, et c'était probablement le moment le plus challengeant en termes de son. Mais quand on est devenu un trio, tout a commencé à mieux fonctionner, ça tournait mieux, et plus vite.
Michelle : A trois on se sent comme si on ne faisait qu'un, musicalement.

Et donc maintenant vous avez un process d'écriture clair à trois ?

Michelle : En général, on a plein d'idées sur la table, on part de là, et souvent Steven joue un rôle important en nous amenant dans ces sessions d'écriture à essayer différentes choses, différentes manières de créer.
Jorge : Il nous pousse à choisir les bonnes idées, ne pas en avoir trop, et si quelque chose fonctionne alors l'essayer, le pousser plus loin tout de suite.
Michelle : Ça dépend aussi des chansons. Parfois on arrive avec des démos qui vont rester à peu près les mêmes, et d'autres fois, en studio, on part avec une ligne de chant et un refrain et on voit jusqu'où ça va. Je pense que ça fait ressortir le meilleur de nous-mêmes d'avoir cette limite de temps, ça ramène les chansons au strict nécessaire. Ça nous fait du bien, parce que tu peux rapidement trop travailler une chanson et la gâcher.
Jorge : A ce moment-là, toutes les idées sont ouvertes au changement jusqu'à la dernière seconde de l'enregistrement, parce qu'on cherche juste la meilleure chanson qui puisse sortir d'une idée, donc on se laisse la possibilité de tout changer jusqu'à la fin.

Vous avez beaucoup d'effets sur les guitares et la basse. Est-ce que vous pensez ça à l'écriture, ou ça vient seulement plus tard ?

Michelle : Non, pas trop, on fait nos démos avec nos instruments, batterie, amplis, guitare, basse, et parfois les effets sont déjà dans les démos et on cherche à les recréer dans l'enregistrement. D'autres fois on va changer le son en studio parce qu'on aura trouvé un nouveau truc entre temps. C'est l'esprit du groupe au moment où les choses se passent qui fait le son du disque. On essaye plein de choses, avec des pédales, et de tout ce qu'on obtient, on garde ce qu'on trouve le plus cool.

Et comment vous en êtes arrivés à travailler avec Steven Ansell, et signer sur son label Jazz Life ?

Michelle : Eh bien, on l'a rencontré à travers la scène rock de Brighton, on aimait ce qu'il produisait, on l'a contacté, fait un single avec lui pendant le confinement (ndlr : Seeking, sorti des AA Sessions de Jazz Life Records), c'était juste super, et progressivement on a commencé à travailler ensemble de plus en plus, jusqu'à ce qu'on finisse par travailler tout le temps ensemble.
Jorge : Il aime notre musique, on aime sa manière de travailler comme producteur, et pour nous, travailler c'est sentir le truc, ou pas. Là, c'est quelque chose qui est tellement plaisant que ce n'est pas juste de la production, il y a ce sentiment entre nous qu'on peut faire quelque chose de très excitant pour chacun de nous, quelque chose que tout le monde va trouver incroyable au bout du compte.

Et il essaye de vous influencer des fois, dans des directions musicales particulières ?

Michelle : On collabore de manière très proche, donc en termes de créativité, en tant que producteur, c'est lui qui mène le process.
Jorge : On lui fait confiance, pleinement confiance. Il y a une très grande liberté dans le studio, pour tout le monde, comme j'ai dit, on peut faire des changements drastiques à n'importe quel moment, et c'est super excitant parce qu'on rentre en studio avec des démos dont on n'a aucune idée de comment elles vont sonner à la fin. Ça nous motive de nous dire qu'une idée peut se transformer en quelque chose de totalement nouveau, même on si cherche toujours à garder l'essence de ce qu'était l'idée à la base. C'est comme du recyclage, le matériau est le même mais la forme est différente.
Michelle : Avec Steve, je trouve que c'est toujours très honnête, droit au but, ce qu'on aime tous parce que c'est facile de se perdre dans son processus créatif, donc c'est bien d'avoir un facteur extérieur, quelqu'un qui n'est pas aussi, et je le dis dans le bon sens, obsédé que nous. Et ça marche bien comme ça.

Vous venez d'annoncer un nouvel EP chez Jazz Life, Rather Be Alone, qui sort le 24 novembre. Toujours pas d'album en vue ?

Jorge : On y arrive, mais la manière dont les choses fonctionnent pour un jeune groupe c'est d'y aller pas à pas. Avant de faire ça, on veut réunir une fanbase, et des gens qui seront là pour écouter notre album, donc ça semblait encore un peu trop tôt pour déjà sortir un album, de notre point de vue. Parce que si un jour on sort ce premier album, on veut que ce soit que le meilleur de tout ce qu'on a fait jusque-là, et je pense qu'on veut que ça sorte quand ce sera le bon moment. On a encore quelques trucs à découvrir et à démêler avant ça.

Et le label ne vous pousse jamais à vous lancer un peu plus en avant là-dedans ?

Michelle : C'est le label de Steven, donc bien sûr qu'il nous pousse ! (rires)
Jorge : On veut juste se concentrer sur les EPs pour le moment, mais si un album doit sortir, on le fera du mieux possible.
Michelle : Et ça va sortir à un moment ! (rires) Aussi, je pense que ces EPs, en termes de sentiment, d'ambiance, ils nous apparaîssent vraiment comme des EPs, avec chacun une ambiance bien distincte, marquée. Même entre celui fait pendant le printemps (ndr : Make It Better) et celui qui sort là, pour nous ce sont des EPs très différents.

De cette manière, j'ai noté que les pochettes sont elles aussi toutes très différentes, et correspondent beaucoup à la musique de chaque EP, comme si elles décrivaient visuellement ce qu'il y a à l'intérieur. C'est vraiment quelque chose auquel vous tenez ?

Michelle : Oui, on réfléchit toujours beaucoup trop à ce que va être la pochette ! (rires) Il y a un point où on devrait probablement arrêter de se casser autant la tête, mais je sais pas, c'est si dur avec sa propre musique de définir à quoi ça devrait ressembler, visuellement. Et en même temps c'est très important parce que c'est la première chose que les gens vont en voir, avant même d'avoir entendu la moindre note. C'est pour ça qu'on essaye toujours de faire un truc spécial, de faire un truc nous-mêmes, voir ce qui en sort, ou de regarder ce que font des artistes qu'on connaît, s'il y aurait des trucs cools à reprendre, et faire quelque chose d'unique à la fin.

Donc pour Make It Better, vous avez pris une photo de Michelle et vous vous êtes dit que ça rendrait bien tout violet et saturé ?

Michelle : Pour Make It Better, on a voulu rendre un peu comme une photo de presse découpée, en différentes couleurs. Et les lettres du titre, on les a faites à la main, en faisant goutter de l'encre noire sur du papier, puis en soufflant avec des pailles pour orienter l'encre dans différentes directions, et en faire des sortes de lettres. C'était hyper cool, parce qu'on y allait à l'aveugle mais en se disant qu'on voulait pousser l'idée jusqu'au bout pour voir.
Jorge : On s'est lancés là-dedans sans savoir ce que ça allait donner, et on a essayé de voir ce que ça donnait vers la mi-chemin. Et c'était un bon chemin.

Pour votre nouvel EP, au niveau des thèmes, est-ce que les choses seront toujours aussi sombres ? Parce que jusque-là vous avez l'air de vous servir de la musique pour expurger tous vos sentiments négatifs !

Michelle : Je pense que la plupart de mes paroles concernent les interactions humaines, et Make It Better évoque tout particulièrement le fait d'avoir des personnes proches qui ne vont pas forcément bien, de vouloir aider mais d'être en même temps impuissant face à ça. Et le nouvel EP touche clairement aussi à ces thèmes, à une très forte introspection sur les relations humaines. Je tombe assez naturellement là-dedans, comme j'ai tendance à beaucoup voire trop réfléchir sur tout, et ça se retrouve dans mes paroles.

Tu penses que tu serais toujours capable d'écrire si tout le monde était parfait et parfaitement heureux ?

Michelle : Je pense que oui, je veux dire, quand il se passe des choses difficiles dans ta vie, ça vient naturellement d'écrire dessus, parce que c'est dans ta tête et que t'as besoin de les sortir de là. Mais je ne pense pas que tu aies forcément besoin d'avoir une vie difficile ou de traverser plein de moments éprouvants pour être créatif. A mon sens, c'est une invention, un fantasme du monde dans lequel on vit qui veut que les artistes doivent être mal dans leur vie, mentalement instable, tout ça, mais je pense que se sentir heureux permet tout autant d'être créatif et d'écrire de bonnes choses.
Jorge : On ne croirait pas, mais Michelle est aussi heureuse, tu sais ! (rires) Peut-être qu'à un moment on aura dépassé ces thèmes, mais c'est comme ça, il y a des épreuves qui occupent l'esprit plus que d'autres, et t'as envie d'en faire une chanson au passage.

Donc Michelle, tu es la seule à écrire les paroles ? Tu ne demandes jamais de l'aide, ou tu n'as jamais eu envie d'écrire une chanson en espagnol ? (rires)

Michelle : Pour moi, ça fonctionne mieux quand je suis seule. Avec le process qu'on a en studio, comme tout se fait très sur le moment, ça arrive que des paroles me viennent en enregistrant, mais je pense que je suis mieux quand je suis seule avec moi-même, dans un endroit qui me permet de penser, comme chez moi par exemple. Les choses me viennent plus naturellement. Donc même si en musique j'adore collaborer, travailler dans une pièce avec plein de gens, pour les paroles ça me vient moins facilement quand il y a des gens autour.

Toujours concernant les paroles, en France on a souvent ce débat de savoir si les groupes français doivent chanter en anglais ou en français. Est-ce que tu t'es déjà posé cette question à un moment, d'écrire en néerlandais plutôt qu'en anglais par exemple ?

Michelle : J'y ai pensé oui, mais... Peut-être que c'est ma manière de penser, mais j'ai le sentiment que ce doivent être des paroles ou de la musique assez particulière pour que ça marche en néerlandais. Peut-être que je devrais juste essayer, mais oui, il faut que ce soit quelque chose de très poétique pour que ça ma plaise en néerlandais. Et peut-être que je suis aussi plus distante avec la langue anglaise, que c'est plus facile pour moi d'écrire certaines choses en anglais, parce que je suis moins gênée par mes propres paroles, comme ce n'est pas ma langue maternelle.

Je comprends, j'ai des amis qui ont un groupe et qui chantent des fois en français, des fois en anglais (ndlr : les Mystik Spiral, allez écouter l'EP Entertainment, et non c'est pas de la pub c'est du journalisme !), et qui m'avaient expliqué qu'en fonction du thème, ça va être plus pertinent de chanter dans l'une ou l'autre des langues...

Michelle : En fait, la plupart du temps j'écris en anglais, mais des fois, quand je veux que les paroles soient encore plus proches de moi, à la fin je les traduis en néerlandais, je termine l'écriture, et je retraduis en anglais derrière. Ça peut sembler long et fastidieux comme façon de faire les choses, mais ça marche pour moi ! Aussi, le néerlandais est une langue plus limitée en termes de diffusion, de personnes capables de le comprendre, alors que l'anglais, sur cette tournée, tout le monde peut comprendre ce que je chante, les sujets que j'évoque dans mes chansons. Donc si jamais je fais un jour quelque chose en néerlandais, ce sera l'histoire d'une fois, sûrement pas un album complet !

Et si maintenant on remonte dans le temps, parce que comme vous le disiez, vous êtes un groupe jeune... Comment vous vous êtes rencontrés ? Je veux dire, une artiste néerlandaise, un guitariste espagnol, un batteur anglais, on dirait une blague sur des gens qui rentrent dans un bar ! (rires)

Michelle : Jorge et moi, on s'est rencontrés quand j'étais en vacances à Brighton. J'ai écrit des chansons avant ça, aux Pays-Bas, déjà sous le nom CIEL. J'adore Brighton, j'ai vécu là-bas à un moment et je voulais y retourner, donc j'ai fait pas mal d'aller-retours entre les Pays-Bas et Brighton. Et pendant un de ces séjours, je cherchais des gens avec qui faire de la musique, et c'est là que j'ai rencontré Jorge. Assez vite on a monté un groupe, on a fait nos premières répétitions pendant mes vacances et ensuite... Je crois que je suis rentrée aux Pays-Bas uniquement pour faire mes sacs et revenir vivre à Brighton. Et ensuite on a rencontré Tim...
Jorge : Tim et moi on distribuait des flyers devant les salles.
Tim : Il y a un bout de temps. C'était avant que tu rencontres Michelle, nan ?
Jorge : Possible, possible... Donc oui, on distribuait des flyers, et Tim était dans un groupe, il faisait de la batterie, et quand Michelle et moi on a eu besoin d'un batteur, j'ai pensé à qui je connaissais, et il était dans le coin à Brighton. Et juste après ça il nous a rejoint.

Vous vous êtes tous retrouvés à Brighton parce que c'est « the place to be » quand on veut faire du rock en ce moment ?

Michelle : Je pense que oui. Comparé à Londres c'est plus petit, mais du coup ça soude plus facilement les groupes entre eux, tout le monde se connaît, quand tu sors tu croises quasi toujours les autres. Pour moi, qui vient d'une assez petite ville aux Pays-Bas, c'était assez dur de me connecter aux gens sur un plan créatif, artistique, alors qu'à Brighton c'est tellement facile de trouver des gens avec le même état d'esprit. Donc au moins pour moi, c'est le bon endroit où être.
Jorge : Je suis à Brighton depuis dix ans maintenant, et ça se sent que maintenant il se passe plus de trucs qu'avant. Clairement, des choses se passent, et ça monte.

Enfin, pour parler de votre tournée en première partie de Blood Red Shoes, vous avez déjà fait beaucoup de dates, encore quelques-unes à venir, vous êtes passés par plein de pays différents... Vous n'êtes pas trop fatigués ?

Jorge : On est clairement fatigués ! C'est vraiment du boulot, et là ça fait presque un mois maintenant.
Michelle : Oui, je suis fatiguée, mais ça a été aussi très fun. Je suis toujours très excitée, c'est ce qui me fait tenir malgré la fatigue.
Tim : La tournée c'est épuisant, mais le concert ça reste une demi-heure d'explosivité et d'énergie, donc ça le fait toujours.
Michelle : Je trouve que j'ai surtout été fatiguée pendant les jours off, parce qu'il n'y a rien à faire, pas de travail qui attend, mais les jours de concert, tu as ce truc incroyable le soir qui te fait tenir toute la journée.
Tim : Et bizarrement, même si on fait la même chose tous les jours, ça a toujours l'air différent au final.
Michelle : En plus, ça a été vraiment spécial avec le public, on a eu beaucoup de chance sur cette tournée, chaque soir a été complet ou presque, les gens ont beaucoup aimé chaque concert, on a joué dans tellement d'endroits en Europe... On n'a jamais fait une tournée comme celle-ci, ça a été franchement spécial pour nous.
Jorge : Personnellement, je suis très content de jouer en France parce que c'est là que j'aime le plus jouer en ce moment. On a joué à Paris en mai, au Supersonic (ndlr : CIEL rejouera au Supersonic le 10 février 2024), et c'était le meilleur concert de ma vie. Donc je suis content de découvrir Rouen ce soir, Nantes demain, et j'ai très hâte de revenir à Paris dans deux jours.

Paris, ça te fait plus quelque chose que, par exemple, de commencer la tournée à Madrid ?

Jorge : Eh bien, c'était vraiment spécial parce que je suis né là-bas, et je n'ai jamais joué à Madrid avant, donc ça m'a clairement fait quelque chose.
Michelle : Et ta mamie était dans le public.
Jorge : Et ma mamie était dans le public ! Mais oui, je ne sais pas, je ressens un attachement au public en France... Pour l'instant, ce n'étaient que deux concerts, peut-être que ça va changer ! Mais jusqu'ici, j'adore comment les gens réagissent à notre musique dans ce pays.

Et pour toi Michelle, tu avais déjà joué aux Pays-Bas avant, mais c'est quand même particulier de revenir ?

Michelle : Oui, clairement. On a aussi joué près de là où j'ai grandi (ndlr : Groningen au nord des Pays-Bas), ma famille était là, dans une salle que je connais, devant des gens que je connais. Ramener le groupe d'Angleterre à la maison c'était assez étrange, mais cool !

Et toi Tim, tu préfères jouer chez toi au Royaume-Uni, ou en Europe ?

Tim : L'Europe c'est le mieux, clairement ! Le public au Royaume-Uni est... tu vois ce que je veux dire.
Michelle : J'adore jouer au Royaume-Uni cela dit !
Tim : Le Royaume-Uni c'est cool, ça dépend juste où, et quelles salles.

Et donc, c'est quoi votre jour typique pendant une tournée ? Vous avez le temps de visiter, d'écrire de nouvelles choses ?

Tim : Non. Juste non ! (rires)
Michelle : Un jour typique, c'est beaucoup de conduite !
Jorge : On est un groupe indépendant, on part de rien, du coup c'est beaucoup d'hôtels un peu merdiques, loin de tout, donc on n'a pas trop le temps de visiter. C'est plus de travail qu'autre chose.
Michelle : Parfois on a un ou deux jours off, quand on arrive la veille du concert. Donc le jour même on a toute la journée pour explorer un peu. Comme à Zurich, on est allés voir le lac, des trucs comme ça. C'était sympa, mais c'est dur, c'est vraiment dur de voir quoi que ce soit d'autre que la rue qui est devant la salle ! Je me dis qu'on devrait revenir voir tous ces endroits pendant des vacances.

Maintenant dernière question, parce que ça me travaille... Est-ce que CIEL veut dire quelque chose en néerlandais ? Ou c'est juste le mot français ?

Michelle : Oui, c'est juste le mot français !

Et vous étiez tous d'accord pour garder ce nom quand vous avez rejoint le groupe ?

Jorge : Oui, moi je suis arrivé après le nom, donc ça me va. Bon, on peut toujours se retrouver avec quelqu'un qui nous colle un procès sans prévenir, ça s'est déjà vu (ndlr : RIP easylife), mais jusque-là on tient bon !
Tim : Oui, on a vraiment aucun problème avec ce nom.
Michelle : Ils ont vraiment aimé le mot, j'imagine ? Et je serais incapable de penser à un autre nom maintenant qu'on en est là.

Comment cela t'est venu de penser à ce mot français comme nom pour ton projet artistique ?

Michelle : Eh bien, c'est arrivé parce que c'était mon surnom en fait, quand j'étais petite, et puis j'ai commencé à écrire de la musique sous ce nom, et c'est resté. Ma mère m'appelait comme ça, c'est une contraction de Michelle, en prononçant un peu vite. M'chelle. ‘Cielle. CIEL. J'aime beaucoup ce mot. Au Royaume-Uni, ils ont plus de mal à comprendre ce que ça veut dire et à le prononcer, mais ici c'est cool, tout le monde sait comment ça se prononce, probablement mieux que nous !