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Glasvegas

Interview publiée par Anne-Line le 14 septembre 2009

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Quelques heures à peine avant l'ouverture des portes de leur concert parisien au Divan du Monde, Glasvegas sont furieux. Ils refusent de se soumettre à la limitation du volume sonore imposée par la salle. Le soundcheck s'éternise. Après plus d'un an passé sur la route pour promouvoir leurs deux premiers albums, les quatre Écossais sont toujours aussi déterminés: soit ils jouent fort, soit ils annulent le concert. Ils auront finalement gain de cause. Entretien avec James, Rab, Paul et Caroline, des jeunes gens à qui on ne la fait pas.

En mars dernier vous avez fait la première partie d'Oasis à Bercy. Leurs fans vous ont hué à un moment donné, que s'est-il passé ?

James : Il y avait ce type dans les premiers rangs qui criait « Glasvegas are shit! ». Ma mère était dans le public ce soir-là, et je n'ai pas apprécié. J'ai dit à ce type, si tu as quelque chose à me dire, on se voit à la sortie et on va régler ça. Évidemment c'était un anglais. Je ne comprends pas qu'on puisse passer le Tunnel sous la Manche juste pour venir crier sur des gens. On ne va pas dire que les fans d'Oasis sont tous des hooligans parce que ce serait de la généralisation, mais leurs fans anglais sont assez énervés. Et je n'aime pas qu'on me manque de respect. Les français dans le public n'ont pas compris et ont commencé à me huer. Au final c'était assez marrant comme anecdote.

Vous semblez être le même genre de groupe qu'Oasis, qui provoque des réactions très fortes chez les gens. Vos fans sont-ils aussi passionnés ?

James : Les gens ont tendance à s'identifier à nous, oui. C'est très positif. C'est très bien d'arriver à créer des choses qui ont une influence sur la vie des gens. Bien sûr ce n'est pas le genre de choses qu'on obtient sur commande. Mais si on y arrive, c'est génial. Quand on a débuté on était déjà assez contents quand on arrivait à jouer une chanson du début à la fin. Notre ambition n'allait pas plus loin que trois ou quatre chansons, histoire d'être capables de donner un concert. On n'avait pas du tout prévu tout ce qui allait arriver.

Vous considérez-vous comme faisant partie de la génération de groupes qui ont réussi grâce à internet ?

Caroline : On répond aux messages sur internet !
James : Je pense qu'un groupe, à partir du moment où il est bon, peu importe de quelle manière, il se fait connaître.

Que faisiez-vous avant le groupe ?

James : J'ai été au chômage pendant deux ans, et avant ça j'ai joué au football professionnellement.
Paul : J'ai bossé sur des chantiers, pendant sept ans. Je faisais le thé, ce genre de trucs. J'astiquais les outils (Rire général) !
Rab : J'étais aussi au chômage avant.
Caroline : Je travaillais dans une boutique de fringues d'occasion.
James : Aucun de nous n'était dans un groupe avant. Nous étions de vrais novices.

Votre premier essai a été le bon...

James : Oui, quand on y pense, c'est assez romanesque !
Caroline : La plupart des gens passent des années et des années à trouver la bonne formule, la bonne combinaison avant de réussir... Nous, on a juste formé ce groupe pour être entre potes !

Comment s'est passée la signature avec Columbia ?

Rab : Il y a peut-être eu une part d'inconscient qui a joué au moment de choisir le nom du label... (Rires)
James : Les gens de chez Columbia sont complètement différents de l'idée qu'on peut se faire des employés de maisons de disques. Ils ne sont pas du genre à se balader avec leurs attachés-case et à vouloir vous faire signer des contrats bidon. De tout ce qu'ils nous avaient promis avant de signer, ils en ont fait encore plus. Plusieurs labels se sont battus pour nous avoir, et je suis plus qu'heureux d'avoir trouvé des gens qui me donnent envie de rester dans ce milieu, de rester dans un groupe, parce que c'est la seule chose dont j'ai envie.
Rab : Ça nous a pris quatre mois pour rencontrer toutes les maisons de disques qui voulaient nous avoir.
James : Je pense qu'on a fait le bon choix.

Vous savez combien vous avez vendu d'albums ?

James : Beaucoup ! Je ne sais pas, ça ne m'intéresse pas vraiment. Du moment que notre musique touche les gens, c'est tout ce qui nous importe.

Ça doit quand même être agréable d'un point de vue financier, non ?

Paul : C'est sûr. Vu d'où l'on vient, c'est un soulagement d'être enfin à l'abri. De ne plus avoir à réfléchir pour s'offrir les choses dont on a envie pour soi, ou pour sa famille.
James : Ma mère m'a toujours encouragé avec le groupe. Elle n'était pas le genre de mère à dire « Tu devrais plutôt te trouver un VRAI métier ! ». Maintenant je suis d'autant plus fier d'avoir réussi.

Vous semblez être constamment sur la route. Vous ne vous arrêtez jamais ?

James : Non, on est là pour ça! On n'est pas du genre à regarder notre planning et à se dire « Oh non... ». Si tu n'es pas motivé, ce n'est pas la peine de faire un groupe. On n'avait pas prévu tourner aussi longtemps, et puis l'album est sorti et il n'a pas arrêté de se vendre, donc on a dû sans cesse rajouter des dates.

Alan McGee est un de vos plus grands fans. Comment s'est passée la rencontre ?

James : Il est venu à l'un de nos tout premiers concerts. Après ça il n'a pas arrêté de m'appeler. Je lui ai envoyé les démos de Daddy's Gone et de It's My Own Cheating Heart That Makes Me Cry. Il nous a encouragés alors qu'on était encore inconnus. Il est venu au concert avec Carl [Barât]. C'est un ami maintenant.

La première fois que les Libertines ont joué à Paris, c'était ici-même... [le Divan du Monde]

James : Ah bon ? C'était comment ?

C'était super...

James : Génial. On est allé boire des coups ensemble. C'était vraiment le tout début du groupe. On jouait encore avec une boîte à rythme. La première fois qu'on a joué avec Caroline, on était en première partie des Dirty Pretty Things au Hackney Empire en 2007. [Alan McGee était alors manager des Dirty Pretty Things. Subitement James part dans un éloge émouvant de Carl Barât] Je n'étais pas spécialement fan de ce qu'il faisait, mais d'après ce que j'avais entendu de lui, je savais que c'était un génie. Je ne connais personne d'autre comme lui... En fait je ne connais pratiquement personne d'autre (rire). J'ai toujours dit qu'on était devenu amis parce qu'on était tous les deux du genre solitaire. Nous avons uni nos solitudes. J'aimerais beaucoup travailler avec lui un de ces jours. Mais c'est dur de garder le contact, parce que je n'ai pas de portable.

Vous pensez que Alan McGee vous voit comme des héritiers de groupes qu'il a pu signer à l'époque sur Creation ?

James : C'est vrai que la plupart des groupes qu'il a signés font partie de nos idoles, et c'est vers eux que je regardais pour l'inspiration.

Et maintenant les gens à Glasgow regardent vers vous...

Rab : Oui, maintenant à Glasgow les gens dans la rue veulent tous nous taper de l'argent (rires) !

Glasgow a la réputation d'être une des meilleures scènes du Royaume-Uni pour ce qui est du rock. Les groupes en tournée ont toujours un bon souvenir de leur passage chez vous...

Rab : Les gamins chez nous vont aux concerts avant tout pour s'éclater. On sait mettre l'ambiance !
James : On a vraiment si bonne réputation ? Quels groupes de Glasgow ont réussi avant nous ? Simple Minds ?

Travis...

James : Ah oui, Travis !
Rab : J'aime beaucoup leur premier album.
James : Le premier album est vraiment bien. C'est le seul groupe, avec Simple Minds, qui a vraiment bien marché.

Comment est venue l'idée d'enregistrer un album de chansons de Noël en Roumanie ?

Rab (d'un air nostalgique): Ah, la Transylvanie...
James : Au début tout le monde croyait que c'était une blague, quand j'ai balancé l'idée. Je voulais vraiment faire quelque chose de romantique, avec des chœurs, tout ça. Je voulais qu'on s'amuse, qu'on ne suive pas le schéma habituel des sorties d'albums. Je voulais qu'on sorte de notre environnement habituel aussi, découvrir de nouveaux horizons. C'est important quand on fait un métier d'expression, d'avoir l'esprit ouvert. Il y a là-bas une atmosphère qui incite au rêve, au fantastique... Avec toutes ces légendes, ces mythes...
Rab : Je me rappelle surtout qu'il y avait pas mal de chiens errants (rire) !

Quels sont vos plans pour cette année maintenant que la tournée est finie ?

James : Je vais m'acheter une maison. Je suis en train de chercher. À Los Angeles. Je vais m'acheter une maison, comme ça je pourrais bosser tranquillement chez moi sur des nouvelles chansons. On a travaillé sur la route, mais ce n'est pas pareil. J'aimerais avoir le temps de prendre mon temps.