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Skunk Anansie

Interview publiée par Olivier Kalousdian le 3 octobre 2013

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Obtenir une interview d’un groupe majeur pendant un événement du calibre du Sziget Festival n'est pas chose aisée tant ceux-ci enchaînent les dates et les déplacements dans le monde entier pendant l’été. La chanteuse, Deborah Dyer (alias Skin) ayant choisi de se reposer avant le show du jour, Martin Kent, alias Ace (guitare) et Mark Richardson (batterie) nous reçoivent pour une interview au village des artistes, brumisateurs et ventilateurs tournant à plein régime au-dessus des fauteuils et des canapés de jardin.

Vous venez de tourner votre dernier vidéo clip, Spit On You, avec la participation du groupe français Shaka Ponk, groupe qui vous doit sûrement beaucoup. Comment s’est passée cette collaboration ?

Martin : Skin a rencontré Frah (ndlr : chanteur de Shaka Ponk) il y a un bout de temps déjà. Nous recherchions un groupe français avec qui travailler sur notre dernier album et notre maison de disques nous les as suggérés. Nous leur avons envoyé quelques démos et, comme tu le dis, leur approche ayant des similitudes avec la notre, ils ont immédiatement donné leur accord pour ce titre. Si tu veux bien mettre de côté le fait qu’ils ont quinze ans de moins que nous (rires)... Une fois le disque enregistré en Angleterre, nous sommes venus en France pour les rencontrer et tourner ce vidéo clip. Ils ont été très bons et nous avons passé un super moment à faire ce clip. Ce que nous avons fait c’est que nous nous sommes filmés jouant notre partie sur ce titre et quand ils sont en tournée, ils projettent ce film en arrière plan et de ce fait, c’est comme si nous jouions avec eux pendant leur concert par écran interposé !

Vous avez donné un concert acoustique à Londres au printemps dernier – ce qui a pu dérouter certains fans – et cette performance a fait l’objet d'une captation vidéo sortant sous la forme d'un album live à la rentrée. Comment vous est venue cette idée pour le moins originale quand on connaît votre utilisation de l’énergie au sens propre comme figuré en live et en studio ?

Mark : Cela faisait déjà longtemps que nous voulions nous frotter à l’acoustique, mais à chaque fois ce n’était pas le bon moment où le temps nous manquait cruellement. Là, tout est parti de Skin qui était invitée en DJ set au festival de Zermatt en Suisse il y a quelques années. Ils nous ont demandé, via Skin, si Skunk Anansie étaient d’accord pour revenir jouer ses titres, unplugged à Zermatt. Ce que nous avons fait. Cela nous a tellement plu que nous avons ensuite décidé de continuer à jouer quelques uns de nos titres de façon acoustique dans nos concerts suivants. Et là, nous nous sommes dit qu’il nous fallait travailler plus en avant cette idée de concert acoustique et l’adaptation d’un concert entier et donner à Londres la primeur de cette nouvelle expérience. Et pourquoi ne pas le filmer, l’enregistrer et lui donner un aspect vraiment à part dans notre carrière. Il existait déjà assez de captations du groupe faisant les fous sur scène et poussant les potentiomètres à fond sur Youtube et Internet. Faire un DVD à partir de cette matière n’allait pas amener grand chose à notre public. J’espère que nous avons surpris nos fans, parce que c’était le but.

C’est intimidant pour des musiciens rock comme vous d’entendre ses titres accompagnés par un orchestre philharmonique au final ?

Martin : Ce n’était pas vraiment tout un orchestre mais un ensemble de six musiciens à cordes ; mais oui, c’est une expérience à la fois motivante et terriblement excitante parce qu’elle te fait comprendre que tu as encore beaucoup à apprendre question musique !

Voilà maintenant vingt ans que Skunk Anansie existent, excepté un petit break de quelques années...

Mark : (rires) Un petit break, comme tu dis... mais nous n’avons jamais arrêté de jouer, même pendant cette coupure de huit années.

Est-ce que ces side-projects démarrés pendant cette coupure sont toujours en cours ?

Martin : Nous avons chacun gardé un petit espace de liberté en dehors de Skunk Anansie et nous continuons à travailler sur nos projets respectifs quand nous ne sommes pas en tournée ou en train d’écrire pour le groupe. Skunk Anansie est notre épine dorsale, et quand le groupe est en repos, tu peux soit partir en vacances, soit travailler sur tes projets personnels. Mais les breaks n’étant pas très longs généralement avec le groupe ces dernières années, ils sont souvent consacrés à nos familles ou à nous reposer. Skunk Anansie est à nouveau redevenu cette grosse machine de guerre qui tourne, qui enregistre, fait des vidéo clips... C’est une entreprise très chronophage et tant que le public nous suit, nous aimons cela !
Mark : Quand je vais rentrer de cette tournée, je vais enfourcher mon vélo avec d’autres potes et partir faire du hors-piste dans les Pyrénées pour un magazine spécialisé (ndlr : Mark est un cycliste tout terrain de haut niveau). Ensuite, je vais aller jouer avec le groupe de ma femme (Erika Footman) pour un ou deux concerts. Donc oui, nous avons tous une vie en dehors de Skunk Anansie (rires).

Il en faut de l’énergie ne serait ce que pour assurer les shows puissants avec Skunk Anansie. Où trouvez-vous encore l’inspiration et la force après autant d’années ?

Martin : Je crois que si tu es entouré des bonnes personnes, tu trouves toujours l’énergie nécessaire. Tu sais, j’ai deux enfants encore petits et, du matin au soir, ils demandent toute ton attention. Mais en retour, ils te donnent tellement d’énergie. Juste le fait d’être avec eux te regonfle à bloc ! Bien sûr, une fois couché, tu sens toute la fatigue remonter. C’est pareil avec le groupe. Si tu es à côté des bonnes personnes, peu importe ton état de fatigue, ils te remotivent. Avec Skunk Anansie, nous faisons quasiment tout ensemble quand nous sommes en tournée ; nous sortons, nous buvons, nous rigolons beaucoup... et cela amène de la créativité également. Mais, comme pour les enfants, quand tu vas au lit, tu t’écroules d’une bonne fatigue !

Vous avez joué quasiment partout dans le monde, est-ce qu’il y a un festival où vous n’avez jamais joué et où vous aimeriez aller ?

Martin : Nous n’avons jamais joué dans un festival aux États-Unis.
Mark : A nos débuts, nous avons joué aux États-Unis, mais ce n’était pas encore des festivals à proprement parler, plutôt des rencontres organisées par des radios locales. J’adorerais jouer à Coachella aujourd’hui !

Quels sont les groupes qui vont ont marqués ces derniers mois ?

Martin : Ben Howard et son album acoustique, Every Kingdom, qui est absolument fabuleux du début à la fin. L'autre est Rival Sons et leur album Head Down. Fabuleux aussi dans un style beaucoup plus rock.
Mark : Moi je n’ai découvert ce génial artiste qu’est Bon Iver que très récemment... quelle honte (rires). Pour moi c’est un artiste vraiment différent dans la galaxie du rock. Et au festival Paaspop où nous avons joué début 2013, je suis tombé sur ce groupe inconnu nommé Bombay Show Pig. Ce ne sont que deux musiciens dont Linda à la batterie et je ne sais pas encore pourquoi, mais ils m’ont subjugué.

Vous avez eu le temps de voir le line-up de Sziget cette année ? Si vous le pouviez, qui iriez-vous voir en priorité ?

Martin : Franchement, à part Nick Cave, je n’ai aucune idée de qui est programmé cette année ! C’est le lot des festivals, tu arrives tard, donnes quelques interviews et remontes dans le bus le soir pour te rendre dans la prochaine ville.