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Palace

Interview publiée par Charlotte Prince le 8 janvier 2017

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Tout juste deux semaines après la sortie de leur premier opus So Long Forever et à l'occasion d'une date aux inRocKs Festival à Paris, nous avons rencontré Matt Hodges et Will Dorey, respectivement batteur et bassiste au sein de Palace.

Votre achevez ce soir même votre première tournée européenne qui visait à promouvoir votre album. Comment tout cela s'est-il passé ?

Matt : l'album est effectivement sorti il y a environ deux semaines et on est tout de suite partis en tournée, ce qui était assez fou mais au final tout s'est plutôt bien passé. On a commencé aux Pays-Bas.
Will : A La Haye précisément.
Matt : On est aussi allés à Prague, en Belgique, en Suisse...
Will : Sans oublier l'Allemagne, la Pologne...
Matt : Non, vraiment, ce fut une très belle expérience, assez étrange d'un autre côté car tu visites certains pays, certaines villes pour la première fois et tu n'as aucune idée de comment va réagir le public face à ta musique. Je veux dire par là que nous on vit sur une île et donc on est un peu déconnectés du reste de l'Europe mais, au final, ce fut tout simplement incroyable. De voir tout ce public venir à nos concerts, de connaitre déjà les paroles... on en a même vu certains pleurer !
Will : Ce qui était le plus dingue c'était de voir autant d'investissement. Quand tu te rends dans des villes comme Prague ou Vienne que tu n'es jamais allé là-bas mais que les gens connaissent déjà ta musique et viennent te voir jouer c'est presque inimaginable...

Donc pour résumer le public a plutôt bien accueilli So Long Forever ?

Matt : Clairement oui. Comme je l'ai dit, voir autant de monde chanter les paroles quand ton album a seulement vu le jour il y a peu, ça reste assez dingue mais surtout génial. Et ils ne chantaient pas qu'une chanson ou deux mais quasi tout l'album.
Will : Personnellement j'ai surtout apprécié de regarder les différents publics sur toute la tournée et les voir chanter ou bien essayer de chanter les paroles, ça ressemblait plus à des marmonnements mais c'était assez drôle à voir.

So Long Forever est donc sorti il y a deux semaines chez Fiction Records. Pouvez-vous nous en dire plus sur tout le processus d'écriture et d'enregistrement ?

Matt : En ce qui concerne nos deux précédents EPs, on les avait enregistrés nous-mêmes, dans notre propre studio. Pour l'album ce fut différent puisque nous avions un producteur et que nous l'avons donc enregistré dans son studio. D'ailleurs, son nom, c'est Adam Jaffrey et, musicalement, il est génial. Pour nous c'était la toute première fois qu'on passait par la case « producteur » au lieu de tout faire par nous-mêmes et on a adoré. Adam nous a vraiment été d'une grande d'aide dans le sens où il nous a proposé vraiment plein d'idées intéressantes.
Will : D'un autre côté, c'était vraiment un tout petit studio et on s'est vite mentalement perdus... Pendant trois mois on ne se quittait plus en gros, et on devait travailler chaque chanson au bas mot une centaine de fois. C'était épuisant. Une fois qu'on est sortis de tout ça on s'est réellement dit « Merde, on vient vraiment de faire notre album ? ».
Matt : Globalement, c'était une période assez dingue parce qu'on pouvait passer 12h par jour en studio, cinq jours d'affilée... On n'est pas sur le point de s'entretuer non plus (rires), mais pour te dire y avait même des périodes où j'en avais marre de jouer de la batterie non-stop et à la place j'étais plutôt près à mettre mon poing dans un mur (rires). Enfin ce fut tout un processus intéressant et incroyable, on a adoré faire tout ça. Concernant l'écriture, il a effectivement certaines chansons qu'on avait composées au préalable donc on est venu directement avec au studio d'Adam. Et quant aux autres chansons, elles ont été écrites assez rapidement et naturellement, on faisait tout ça en studio pendant qu'on travaillait les accords de guitares d'un autre morceau...
Will: Honnêtement, ça pouvait nous prendre jusqu'à cinq ou six heures pour trouver la bonne musicalité sur nos instruments, avant même qu'on puisse jouer une chanson tous ensemble.
Matt : Donc en résumé, ce fut un cheminement assez long mais on l'a fait ! (Rires)

Par rapport au fait que l'enregistrement vous a pris pas mal de temps, n'avez-vous pas eu trop de mal à vous mettre tous d'accord sur la direction musicale que devait prendre votre album, sur le son qui devait en ressortir ?

Matt : En réalité tout s'est fait naturellement. On se connait tous depuis tellement longtemps qu'on a pu très vite s'accorder sur ce qu'on voulait vraiment. Artistiquement on avait tous déjà plus ou moins la même vision de ce qu'on attendait de cet enregistrement. La seule chose sur laquelle on a pu hésiter un peu et sur laquelle on a du se concerter vraiment, c'était le choix du tracklisting ! Quels morceaux choisir pour qu'ils correspondent le mieux à l'entité de l'album, combien en mettre au final et dans quel ordre ?
Will : Mais en soi, ce n'était vraiment pas un gros problème. Nous n'en sommes pas arrivé au point où ça aurait pu nous empêcher d'avancer sur notre boulot. Et ce n'est pas non plus dans notre caractère de nous prendre la tête, même sur les gros détails. On est plutôt du genre détendus.

Y a t-il un titre sur votre album que vous aimez particulièrement ?

Matt : Oui, personnellement, j'en ai un et c'est... Non, tiens, Will, dis le tien en premier !
Will : Il y en a un que j'aime vraiment et ce depuis le début: Live Well. Je ne peux pas vraiment t'expliquer pourquoi, sûrement le fait que j'aime tout simplement jouer ce morceau. J'apprécie beaucoup le ressenti qui se dégage de cette chanson en fait.
Matt : En réalité je suis partagé entre deux chansons... J'aime beaucoup le titre de l'album, So Long Forever, principalement pour le fait qu'elle est superbe à jouer en live, surtout pour moi à la batterie... Et mon autre coup de coeur va à Holy Smoke. Le sujet dont traitre ce morceau est tellement empreint de pureté et de profondeur... vraiment c'est une chanson magnifique et chargée en émotions. Je me sens tout bonnement moi-même transporté chaque fois qu'on la joue.

Ecrire des EPs te met clairement en appétit pour l'album.

Auparavant vous aviez sorti deux EPs, maintenant que vous avez donné naissance à votre premier album, avez-vous l'impression d'avoir franchi une étape assez importante ?

Matt : Ça reste un sentiment assez bizarre. En fait écrire des EPs te met clairement en appétit pour l'album. On les a écrits il y a déjà quelques temps donc l'attente pour écrire un vrai album avec un long tracklisting devenait un peu agaçante. Enregistrer notre premier vrai album a été comme une concrétisation, quelque chose qui devenait enfin « réel ».
Will : J'aurais été tenté de dire « irréel » !
Matt : Oui, vraiment étrange mais tellement satisfaisant ! Honnêtement j'aurais détesté écrire un autre EP, et je peux même te dire qu'il aurait été plus que mauvais (rires). Le ressenti global quant à la sortie de notre album est fantastique.

Tous les artworks ont été réalisé par un artiste du nom de Wilm Danby. Pourquoi ce choix ?

Matt : La raison est plus que simple : c'est le frère de Léo ! Wilm est son nom d'artiste, donc ce n'est pas facile de faire le rapprochement. C'est vraiment un artiste incroyable, d'autant plus que c'est lui qui a trouvé le nom pour notre groupe. En fait, la veille de notre tout premier concert, on n'avait pas vraiment de nom de scène et Will a lancé comme ça « Et pourquoi pas Palace ? ». Depuis on a gardé ce nom. C'est aussi un très grand peintre. Pour parler des EPs, le premier, c'est carrément un autoportrait ! Et pour le second, c'est une fille qu'il a peinte après l'avoir rencontrée sur... Tinder ! Mais ça n'a vraiment rien de bizarre je te rassure.

J'aurais tendance à dire que c'est assez original...

Matt : Pour l'anecdote, il cherchait une fille pour peindre son portrait et il a d'une certaine manière passé une annonce sur Tinder et la dernière personne avec qui il a parlé, il lui a demandé si elle était d'accord pour lui tirer le portrait. Coup de chance, elle a accepté. Et si tu regardes bien l'artwork de l'album, on retrouve les deux personnes des EPs dessus. On lui a donné carte blanche, du style : « Sois fou et créatif, fais ce que tu veux ! » et en même temps le truc cool sur la pochette de l'album c'est qu'il y a plein de détails qui sont en corrélation avec les différentes chansons. En résumé, on peut dire que l'artwork en lui-même s'accorde parfaitement avec notre musique, ce qui est super. Lui demander travailler sur la pochette n'a pas du tout été une décision dure à prendre, on savait pertinemment qu'il en sortirait quelque chose de sublime.
Will: Clairement on n'avait pas pensé à lui comme « une option », on savait depuis le début qu'on ferait appel à ses talents artistiques. Je ne sais pas si tu as vu la version originale mais elle est impressionnante et très grande !

Vos vidéos sont quant à elles très poétiques et mélancoliques. Elles collent parfaitement à votre musique. Qui a les principales idées ? Vous-mêmes ou faites-vous appel à des directeurs artistiques ?

Matt: Un peu des deux. Les directeurs nous proposent des idées comme on propose les nôtres. On rassemble le tout et on se met d'accord sur ce qui pourrait le plus coller à nos chansons. Mais il est vrai qu'on amène de plus en plus nos propres idées et à court terme on aimerait bien faire nos propres vidéos, ce serait super excitant et fun. Mais faire appel à des directeurs artistiques est aussi une bonne chose car les vidéos, ça reste quelque chose de très subjectif. Dernièrement on en a sortie une pour It's Over, elle est particulière, tu l'as vue ?
Will : Ah oui elle est sortie ? Je n'étais même pas au courant...
Matt : (rires) Oui mais elle est assez étrange. Regarde-la dès que tu peux.

Les titres Break The Silence et It's Over ont été joués entre autres sur les ondes par de DJs assez connus tels que Annie Mac et Huw Stephens. Pensez-vous qu'être diffusé sur des grosses radios peut se révéler être un tremplin pour votre musique et vous aider à être plus connus ?

Matt : Je pense que tout ça est en train de changer. Je veux dire par là que c'est toujours agréable d'entendre ses titres à la radio et ça reste un sentiment assez particulier, mais pour être franc les gens ont plus tendance à t'écouter sur le net. Les plateformes musicales ont un impact assez énorme maintenant. La radio reste toujours un moyen assez important de te faire connaitre mais ce n'est tout de même plus comme avant.
Will : Bien sûr que ça compte pour nous, et c'est très mis en avant aussi par notre label et notre team. On ne peut pas négliger le fait qu'on est assez chanceux d'entendre notre musique sur les ondes.

Vous avez même fait une session acoustique avec Edith Bowman sur Virgin Radio il y a peu de temps...

Matt : En effet, et Edith est tellement adorable. Dans ma tête elle est vraiment représentative de la musique britannique, je la revois encore présenter les groupes sur scène à Glastonbury. Elle a beaucoup d'impact de par son amour pour la musique.

Vous êtes signés chez Fiction Records, label aux artistes assez renommés comme The Maccabees, Tame Impala ou Elbow... Comment en êtes-vous arrivés à signer avec eux ?

Matt: Pour nous le choix s'est révélé assez simple. A l'époque nous avions rencontrés plusieurs labels : des petits indépendants comme des grosses machines de l'industrie musicale. Mais concernant Fiction Records il est vrai que leur catalogue est assez remarquable, je suis moi-même un grand fan de Elbow... C'était d'autant plus simple que les personnes qui y travaillent sont très disponibles, à l'écoute et gentilles. Ils sont « normaux » et tellement passionnés par la musique que le choix s'est très vite décidé et depuis on n'a jamais regretté. On se sent vraiment chanceux pour le coup.

Avoir conçu notre premier opus était clairement la chose qui m'a le plus marqué cette année.

2016 fut vraiment chargé pour vous : entre les tournées, les festivals et l'enregistrement de l'album, vous n'avez pas eu beaucoup de repos. Comment décririez-vous cette année en quelques mots ?

Will : Très diversifiée ! Entre l'enregistrement de l'album, faire en sorte que tout soit prêt à temps et le présenter aussi rapidement sur scène... Les festivals de cet été à travers l'Europe étaient vraiment géniaux.
Matt : Je ne saurais pas vraiment tout te résumer en quelques mots mais c'était vraiment incroyable, irréel même... On a fini d'enregistrer l'album fin avril et début novembre il sortait, ce qui est énorme pour nous. Avoir conçu notre premier opus était clairement la chose qui m'a le plus marqué cette année. On a travaillé tellement dur dessus que ça en était presque ridicule en fait. Je dirais même qu'il n'y a pas de mots pour décrire ce qu'on a vécu à ce moment-là. Tu es dans une période assez frustrante parce que tu ne fais plus grand chose et là l'album sort enfin et tu passes dans un état second. Frustrant, excitant, incroyable, tu as tout un mélange d'émotions au final et c'est ça qui est fortement appréciable.

Une dernière question : pouvez-vous nous expliquer brièvement pourquoi vous avez intitulé votre album « So Long Forever » ?

Matt : Au début, on avait parlé des différents choix qui étaient possibles pour le titre de notre disque. On voulait bien évidemment un des morceaux du tracklisting et au final on s'est dit que So Long Forever était le plus représentatif. D'une parce que c'est un nom qui sonne bien mais aussi parce que cette chanson représente l'album dans sa globalité et qu'elle te force presque à penser que tu peux faire les choses par toi-même et que tout ira bien. Les chansons traitent surtout de sujets comme la perte, les relations, la séparation, et ce titre reflète tout ça.