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Razorlight

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 3 novembre 2017

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Razorlight sont de retour. Huit ans après leur dernier album studio, Slipway Fires, Johnny Borrell fait renaitre un groupe qui n’était de fait jamais mort. Un come-back en deux temps avec un concert au Café de la Danse à Paris le 10 Novembre prochain avant un album prévu pour début 2018. Rencontre avec Johnny, être délicieux et charmant, loin des clichés des stars arrogantes, et son nouveau et talentueux bassiste, Tim Abbey.

Razorlight a connu le succès dès ses débuts. Tu es devenu une star. Est-ce que tout cela a changé ta vie ?

Johnny : Certainement. J'essaie de me souvenir. Quand cela passe du rêve à la réalité, cela devient cool et excitant. L'adrénaline est très forte. Quand le groupe est devenu connu, je ne pouvais plus dormir, j'avais toujours envie de sortir, de faire quelque chose. Je ne tenais plus en place.

Quel a été ton sentiment lorsque America a atteint la première place des charts britanniques ?

Johnny Borrell : A vrai dire, tous mes morceaux préférés ont été numéro deux ou trois, pas numéro un. C'est agréable, incontestablement, mais ce n'est pas tout. Plein de gens veulent être numéro un en tout dans la vie mais tu ne dois pas te focaliser là-dessus.

Vous aviez reçu de bonnes critiques pour votre troisième album. Certains ont même dit que c'était votre meilleur disque mais les ventes n'ont pas été aussi bonnes que pour les deux premiers. Est-ce la raison pour laquelle tu as arrêté le groupe pour partir en solo ?

Johnny Borrell : Vraiment ? Tu devrais me dire lesquels (rires). En fait, on avait enregistré un quatrième album avec Razorlight, plutôt bon je trouve, mais qui n'est jamais sorti. J'ai été à l'école à Paris lorsque j'étais petit et suis revenu en France à cette époque. Je me suis installé au Pays Basque et ne voulais plus entendre parler de rock'n'roll, de drum kit ou de ce genre de choses. J'ai donc commencé à faire des trucs en solo mais la raison n'est pas que le troisième album ait moins bien marché que les deux précédents.

Ce quatrième album inédit sortira un jour ?

Johnny Borrell : Je ne sais pas. Il faudrait déjà que je le réécoute. Je sais qu'il est bien mais franchement, je ne sais pas.

En fait, Razorlight a pris une longue pause mais il n'y a jamais eu de split officiel du groupe ?

Johnny Borrell : C'est cela. J'aurais aimé faire comme David Bowie lorsqu'il a tué Ziggy Stardust. Dire que Razorlight était fini puis revenir sous une autre forme.

Il y a un nouvel album de Razorlight sur les rails...

Johnny Borrell, : Oui, on travaille dessus en ce moment. Razorlight est un groupe, c'est 70% à moi, mais j'ai besoin de m'entourer de musiciens qui vont fournir les 30 autres %.

Tim, comment as-tu rencontré Johnny ?

Tim Abbey : Dans un studio d'enregistrement à Londres. On a eu de suite l'idée de jammer ensemble pour voir ce que cela pouvait donner et ça a bien marché.

Tu aimais Razorlight avant de rencontrer Johnny ?

Tim Abbey : « Oui. J'ai toujours apprécié Razorlight. Je jouais dans plein de groupes différents avant de les rejoindre, pas forcément des groupes pop d'ailleurs. J'ai toujours aimé comme Johnny faire des choses diverses, de la pop mais aussi des trucs plus expérimentaux. Je n'aimerais pas aujourd'hui que le prochain Razorlight sonne comme leur premier album. Il faut savoir se renouveler.
Johnny Borrell : Je ne saurais mieux dire. (rires)

Je n'ai jamais voulu faire quelque chose de commercial sous mon nom.

Johnny, tu reviens avec Razorlight. Tu ne vas pas pour autant délaisser ta carrière solo ?

Johnny Borrell : Je vais effectivement concilier les deux. J'ai un morceau qui va sortir autour du nouvel an. C'est sur un petit label mais qui sort de supers trucs comme Sun Ra. Je n'ai jamais voulu faire quelque chose de commercial sous mon nom mais des trucs assez expérimentaux.

Quelle différence vois-tu entre ta carrière solo et être dans un groupe ?

Johnny Borrell : En solo, il n'y a aucune règle. Je peux faire ce que je veux, jouer l'instrument que je veux. Razorlight est plus grand que moi. C'est moi, mais pas seulement. Razorlight a sa propre vie.

Quand tu as quitté les Libertines, c'était pour avoir ton propre groupe ?

Johnny Borrell : Oui. On était tous très amis dans les Libertines. Nous le sommes toujours d'ailleurs même si nous ne voyons pas souvent. Mais si on se croise dans la rue, on se tombera dans les bras les uns des autres. John (Ndlr : Hassall) est venu jouer de la basse avant que Tim ne nous rejoigne. Lorsque j'étais dans les Libertines, Pete et Carl voulaient faire un tuc différent de ce que j'avais en tête. Pas si différent, mais différent. Je suis resté un moment dans le groupe jusqu'à l'enregistrement du premier album.

A quoi ressemblera le prochain album de Razorlight ?

Johnny Borrell : En se promenant dans Londres, au téléphone ou en voiture, je visualisais des morceaux de trois minutes trente. Razorlight était doué pour cela. J'avais des petits bouts en tête et si l'on peut mettre cela dans des titres de trois minutes, ce sera parfait. Pour faire un bon disque, il faut être très discipliné. Lorsque nous avons enregistré le second album, Chris Thomas était très strict et cela nous a beaucoup aidés. Je veux que le disque sonne live. J'aime l'électronique mais pas dans le rock. Le rock doit sonner réel.

Vous avez signé sur un label ?

Johnny Borrell : Pas encore mais je peux te dire que ce sera un label important. Nous avons plein de titres déjà sous le coude. Nous ne pouvons pas encore parler du producteur parce que le choix définitif n'est pas encore acté. Le disque sortira en 2018 mais je ne sais pas encore quand.

Vous avez tourné cet été déjà...

Johnny Borrell : Oui. En Écosse et aux Pays de Galles. On a vu de nouvelles personnes, des gens plus jeunes à nos concerts qui nous perçoivent du coup d'une manière différente. C'était cool.

Au sommet de Razorlight, vous avez fait les premières parties de groupes très importants. Ce doit être spécial d'ouvrir pour les Rolling Stones ?

Johnny Borrell : On a ouvert pour les Stones, pour U2, pour Queen... J'ai adoré ça. C'est tripant comme challenge. Lorsqu'on a joué en première partie de Queen, Razorlight était très connu mais le public de Queen est un public difficile qui n'écoute que Queen. Même si on était connus, eux n'avaient jamais entendu parler de nous. C'est excitant ce genre de défi, convaincre 60 000 personnes qui ne savent rien de toi. J'ai toujours aimé être un groupe de première partie, c'est génial.

Et ils sont cools, les Stones ?

Johnny Borrell : Très. J'avais déjà rencontré Mick dans une soirée. C'était incroyable.

Vous avez toujours eu une histoire particulière avec la France. Tu y vis et vous êtes passés dans les émissions télé les plus populaires comme Taratata qui fêtait ses 25 ans ce samedi...

Johnny Borrell : On a joué deux fois là-bas. La première, on avait fait une reprise de Bowie, Five Years, et la seconde une de Gainsbourg qu'on avait un peu massacrée parce que, si aujourd'hui je parle bien français, à l'époque mon niveau était moins bon. Je me souviens bien de cette période, nous devions faire la première partie de Keane aux Etats-Unis qui étaient vraiment énormes là-bas et tout a été annulé à la dernière minute. Cette semaine là, NRJ a commencé à passer America sur son antenne. Du coup, nous sommes venus en France pour y faire des télés et y donner des concerts.

America » était une critique de l'Amérique...

Johnny Borrell : Le morceau était à propos de la torture pratiquée par les américains qui était niée par le gouvernement US. C'était mon political statement à moi. On a voulu faire une vidéo avec le drapeau américain qui brûlait et le groupe qui jouait dans un coin mais le label n'a pas voulu. Ce qui est dingue, c'est que l'Amérique est pire encore aujourd'hui qu'à cette époque.