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LIFE

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 2 octobre 2019

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LIFE viennent de sortir avec A Picture Of Good Health un excellent album de post-punk. Dans le sillage de IDLES ou Fontaines D.C., encore un groupe dans ce genre musical qui se révèle excitant. Rencontre à Paris avec le très intéressant chanteur du groupe, Mez Green.

Pourquoi avoir intitulé votre nouvel album A Picture Of Good Health ?

C'est notre façon d'exprimer nos émotions personnelles : être un père célibataire, se sentir isolé... On voulait parler de la dépression de la façon la plus honnête possible. C'est un disque où l'honnêteté est le maître mot. On l'a composé en six mois et enregistré en trois semaines.

Votre premier album, Popular Music, avait eu de bonnes critiques mais était passé un peu inaperçu...

On avait tout fait nous-mêmes sur ce disque. Il a eu de bons retours. On l'a fait par petits bouts car nous bossions à l'époque. On ne pouvait passer trop de temps en studio. Pour ce nouvel album, on a travaillé avec de supers personnes : Luke Smith à la production qui a collaboré avec Foals et Claudius Mittendorfer au mix avec Parquet Courts.

Il y a un retour du post-punk en Angleterre. Tu l'expliques par le climat politique actuel ?

Définitivement. Ce qui se passe en Angleterre en ce moment est un désastre. Lorsque les gens se trouvent dans une situation merdique comme ça, l'art surgit. C'est sain de voir apparaître des groupes comme IDLES, The Murder Capital ou Fontaines D.C.. En dehors du côté politique du post-punk, je suis un grand fan de groupes comme The Fall.

The Fall semble en effet une grande influence chez vous, notamment sur le morceau Moral Fibre...

J'ai grandi en écoutant du punk car mon père était un vieux punk. J'écoutais les Clash, les Pogues, les Stranglers... Puis j'ai découvert le post-punk : The Fall, Wire, Joy Division. Il y avait une poésie dans le post-punk qu'il n'y avait pas dans le punk et que j'appréciais.

Vos titres sont très courts, deux, trois minutes...

C'est excitant de faire des morceaux de trois minutes, d'être direct.

Cet album est moins ouvertement politique que ne l'était le premier...

Cela m'est apparu plus naturel d'écrire pour ce disque sur les choses qui m'arrivent dans la vie de tous les jours comme d'avoir un enfant à charge 50% du temps, ce que c'est que d'être un père célibataire. Mais c'est encore politique car tout est politique. Nous sommes influencés par ce qui se passe autour de nous et ce qui se passe autour de nous l'est.

Vous êtes connus pour vos live. Vous avez voulu retrouver dans l'album l'énergie de ceux-ci ?

On a essayé de trouver l'énergie du live dans le disque effectivement. Beaucoup de prises pour les voix ont été faites en une seule prise.

Vous avez enregistré l'album à Hull ?

Non, à Londres. On bossait du matin jusqu'à l'heure du thé. Tout le groupe a vécu ensemble durant plusieurs semaines. Le côté personnel du disque vient aussi de là. On était comme une famille.

Tu continues de bosser pour ce centre social qui aide les jeunes en difficulté ?

J'ai arrêté il y a deux semaines. C'est l'un des derniers centres de ce style à exister en Angleterre. Les jeunes peuvent y manger gratuitement, avoir différents cours qui sont gratuits également. Ce travail a marqué ma musique et ma façon d'écrire.

Les nouveaux groupes, comme IDLES ou vous, n'ont plus ce comportement de rock-stars. Il n'y a plus de barrières entre les groupes et leur public...

Tout à fait. Ce n'est plus un public et un groupe sur scène. Les barrières tombent et c'est bien.

Quelles sont les points positifs et négatifs de votre ville, Hull ?

Les points positifs : il y a une vraie honnêteté dans cette ville, un esprit de communauté très DIY. Les négatifs : la pauvreté et les sans-abris qui sont très nombreux.

Vous avez joué souvent avec IDLES récemment. Vous vous sentez proches d'eux ?

On ne joue pas exactement le même style de musique mais notre philosophie de vie est très proche. Ils ont ouvert des portes pour d'autres groupes. C'est beau de voir cela.

Votre nouvel album sort chez Afghan Moon. Quel est ce label ?

C'est notre label. On est distribués par PIAS. On a crée ce label au moment de notre premier album. On aimerait plus tard signer d'autres groupes, les aider. Notre album vient de sortir en Europe et aux Etats-Unis.

Vous êtes en tournée actuellement...

Oui et cela ne s'arrêtera pas jusqu'en janvier. Nous jouerons en France en octobre. Le 17 à Paris.