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King Hannah

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 7 mars 2022

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King Hannah viennent de sortir avec I'm Not Sorry, I Was Just Being Me l'un des albums les plus intéressants de ce début d'année. Un disque qui mélange aussi bien trip-hop qu'americana ou ambiances à la Lynch. Entretien avec les délicieux Hannah et Craig.

Vous aviez sorti un premier EP, Tell Me Your Mind And I'll Tell You Mine, il y a un peu moins d'un an et demi. Votre premier album arrive assez peu de temps après...

Nous avons travaillé huit à neuf mois sur l'album. C'est le temps que cela nous a pris au total pour composer, enregistrer le disque puis le mixer.

Créme Brûlée, votre tout premier titre, que l'on trouve sur l'EP, a eu un certain succès. J'imagine qu'il vous a ouvert des portes ?

Tout à fait. Nous avions sorti ce titre en auto-production. Le morceau a attiré l'attention de City Slang. Tout a démarré avec Créme Brûlée de fait.

Les choses ont été assez vite pour le groupe en fait...

Nous avons pris notre temps avant de sortir Crème Brûlée. Nous voulions faire les choses du mieux possible. Sortir quelque chose de vraiment bien, ou alors rien du tout. Mais après, cela a été assez vite, c'est vrai. Nous avons eu de la chance.

Vous avez signés chez City Slang. Comment cela s'est-il passé ?

Après avoir sorti Créme Brûlée nous avons eu des contacts avec ce label. City Slang voulaient écouter d'autres morceaux de notre part. Nous avons travaillé sur des titres et nous les leur avons envoyés. Ce sont les morceaux que l'on trouvera par la suite sur notre EP.

C'est assez logique que vous vous retrouviez sur ce label par rapport à votre style...

C'est vrai. Nous sommes très heureux de faire partie de l'histoire de ce label. Ils nous font confiance. Si nous étions sur une major celle-ci contrôlerait ce que nous faisons en studio. Nous détesterions ça.

I'm Not Sorry, I Was Just Being Me embrasse de nombreux styles musicaux différents : trip-hop, country, americana...

Nous avons essayé de développer ce que nous avions fait sur l'EP. Nous ne savons même pas à quel genre musical nous appartenons. Nous aimons tant de choses... Lorsqu'un morceau est bon, nous le travaillons, le développons sans faire attention au genre musical auquel il peut appartenir.

Vous venez de Liverpool mais n'avez pas du tout le son « classique » de cette ville. Liverpool ne vous influence pas musicalement parlant ?

Je suis de Liverpool mais Anna ne vient pas d'ici. Nous aimons les Beatles quand même. C'est vrai que nous n'avons pas été influencés par le son de Liverpool. La ville nous influence sans doute mais pas d'une façon directe.

Vous semblez être attirés davantage par le rock US que par le rock anglais...

C'est vrai que nous avons toujours écouté plein de trucs américains mais nous aimons quand même certaines choses anglaises. Après, il est vrai qu'au niveau guitares, nous avons plus été influencés par Neil Young ou les Eagles qu'autre chose.

L'an dernier vous aviez proposé une reprise de State Trooper de Bruce Springsteen. Pourquoi ce morceau ?

Nebraska est un album de Bruce Springsteen un peu atypique dans sa discographie. Il y a un côté DIY dans ce disque que nous aimons, un truc presque lo-fi. C'est un disque romantique et cela nous touche.

Votre musique a un aspect cinématographique. Vous saviez que State Trooper est la base d'inspiration du Indian Runner de Sean Penn ?

Je ne savais pas. Nous allons regarder ce film du coup !

Votre musique a ce côté bande originale de film...

Merci. Nous ne faisons pas cela intentionnellement mais, oui, il y a ce côté cinématique dans ce que nous faisons.

Au niveau des paroles, c'est la littérature qui vous influence ?

Nous commençons par écrire les paroles, avant même de composer la musique. Celle-ci arrive ensuite et vient appuyer les textes. Nous travaillons comme des story-tellers, en tout cas c'est ce que nous essayons de faire. La littérature est très importante pour nous.

On parle souvent de Smog à votre propos. C'est un groupe que vous aimez ?

Nous adorons ce groupe. Il nous inspire beaucoup effectivement.

Mazzy Star et Yo la Tengo vous influencent également, non ?

Nous les avons beaucoup écoutés, c'est vrai. Mazzy Star pour l'hypnose et Yo La Tengo pour les guitares.

Vous mélangez parfois plusieurs styles musicaux à l'intérieur d'un même morceau : The Moods That I Get In commence comme une possible bande originale d'un film de Lynch avant de finir comme du Neil Young...

C'est parce que nous aimons tant de choses musicalement que nos morceaux peuvent prendre plusieurs voies musicales différentes. Et effectivement la guitare à la fin du morceau est très Neil Young...

Et juste derrière vous proposez Foolius Caesar un titre très différent avec une ambiance trip-hop à la Portishead...

Nous nous demandons parfois si nous avons raison de faire ça mais au final si ça nous plait, pourquoi ne pas le faire ? Nous essayons de créer une dynamique entre les morceaux.

La chose commune entre tous les titres de l'album est la recherche de quelque chose d'atmosphérique...

Merci d'avoir remarqué ça. Oui, c'est ce que nous voulons.

Votre musique est un comme un paysage qui se dévoile progressivement sous les yeux de l'auditeur...

Merci beaucoup. C'est exactement ce que nous essayons de faire.

Il y a deux courts instrumentaux dans l'album. A quoi servent-ils ? A aérer le disque ?

Nous aimons les groupes qui font cela. Nous ne voulons pas faire un album dans lequel une chanson succède à une autre chanson. C'est agréable de composer ce genre de titre.

L'album est sorti il y a quelques jours et vous avez de très bons retours un peu partout à travers le monde...

C'est dingue d'avoir des retours de tous ces pays. Nous sommes très heureux et chanceux de les avoir.

Il y a une tournée bientôt ?

Oui et nous avons également un showcase prévu à New-York. Nous jouerons aussi à Paris fin mars.