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The Heavy

Interview publiée par Anne-Line le 28 octobre 2009

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Après leur premier essai Great Vengeance And Furious Fire en 2007, The Heavy ont sorti le 5 octobre leur nouvel album, The House That Dirt Built. Leur son, entre garage pur, funk, soul et trip-hop, est toujours aussi insaisissable et irrésistible. Le chanteur Swaby et le guitariste Dan Taylor emmènent Sound Of Violence visiter leur maison construite de crasse...

C'est votre deuxième interview pour notre site... Quels sont vos souvenirs de la dernière fois que vous êtes venus en France ?

Swaby : Je ne m'en souviens pas alors ça devait être une interview par mail (rires) ! On a eu beaucoup d'interviews à distance la dernière fois, c'est assez troublant de venir dans un pays et de ne voir personne... Cela dit on aime beaucoup la France ! C'est toujours un plaisir de jouer ici, on est super bien accueillis, surtout à Paris. Cette ville semble nous comprendre particulièrement bien. Vu qu'on ne parle pas bien français, on ne s'imaginait pas qu'un jour on arriverait à être un tant soit peu populaires en France. Je devrais soigner mon français (rires) !

Que s'est-il passé depuis la sortie de votre premier album ?

Dan : Beaucoup de concerts ! On a énormément tourné, en Amérique, en Europe... Après ça on a juste eu le temps d'écrire un nouvel album ! On a commencé en octobre dernier, et on a terminé de l'écrire vers avril. Ensuite on s'est tout de suite remis sur la route.

Dit comme ça, on l'impression que cet album a été très facile à écrire...

Swaby : Effectivement, nous n'avons pas du tout souffert du syndrome du difficile deuxième album. En fait la plupart des chansons existaient déjà depuis l'album précédent ! On a juste pris le temps de les jouer un peu différemment.
Dan : Je pense que le troisième album est toujours le plus difficile...

Où l'avez-vous enregistré ?

Swaby : D'abord on s'est partagé entre nos maisons, nos apartements... Dans un esprit assez bricoleur ! Ensuite on a enregistré dans un studio près de Bristol. J'aime bien faire toutes les démos à la maison, chez nous tranquillement, pour ensuite faire les parties de batterie, de basse et de grosse guitares dans le studio. Et pour finir on a tout mixé dans un studio qui s'appelle State Of The Art à Richmond.

Comment en êtes-vous arrivés à travailler avec Jim Abbiss ?

Dan : C'était juste un des noms qu'on avait notés avec qui on aurait aimé travaillé. On a fait une liste. On aimait beaucoup de choses qu'il avait faites avec Kasabian, Arctic Monkeys, Noisettes...
Swaby: Ou Massive Attack, DJ Shadow...
Dan : On s'attendait à ce qu'il refuse ! Mais il nous a dit oui, on a été très surpris.
Swaby : Il est vraiment fantastique.
Dan : Il nous a coûté très cher (rires) ! Mais ça valait vraiment le coup.

Votre son est toujours très brut, très authentique, comment le travaillez-vous ?

Swaby : C'est une partie essentielle de notre travail. On fait toujours très attention à notre son de guitare, de basse et de batterie. C'est la base de tout. On est assez maniaques là-dessus en fait. On adore tous le son vintage, sans distinction de genre, alors on fait toujours de notre mieux retrouver cette authenticité.
Dan : Certaines personnes peuvent être assez méticuleuses dans leurs choix de guitares, mais moi, pas tant que ça. Je ne suis pas assez calé en technique. Je suis fan de belles guitares et de bons amplis, mais honnêtement je n'ai pas l'argent pour assouvir ma passion (rires) !
Swaby : On arrive toujours à s'en sortir avec ce que l'on a déjà à disposition. Et le résultat est toujours très satisfaisant. Nous ne sommes pas des geeks, qui rechercheraient du matériel spécifique. On est juste des fans qui expérimentent.

À ce propos, il n'est pas facile de déterminer avec précision votre genre de musique, est-ce que vous avez un nom à proposer ?

Swaby : Non, on aime bien le fait qu'on ne puisse pas nous ranger dans une boîte. Je sais que c'est difficile à comprendre pour les journalistes, mais c'est ça qui nous plaît, être difficile. Tu n'as qu'à écrire ça, « Leur son est difficile! » (rires).

Sur votre site on peut voir des photos de vous en polos Fred Perry sur fond de Union Jack... Vous aimez la culture skinhead ?

Swaby : Et bien... On est Anglais. Et on est dans une certaine tranche d'âge...
Dan : Je trouve dommage que la culture skin ait été autant détournée de ses origines, par des gens sans scrupules. On est très fans de cette esthétique, la culture skin originelle, avec le ska, le raggae, la soul music. C'est une grande influence.

On sent aussi beaucoup de funk chez vous, comme dans les films de blaxploitation...

Swaby : Ce qui est génial avec ces films, c'est que c'étaient de très bons films, mais que la bande-son était encore meilleure. Effectivement on a beaucoup intégré cet esprit dans notre musique. J'aime à penser que notre album est comme une scène de course-poursuite avec des paroles par-dessus. Bon, on ne va pas non plus sortir les bongos, mais c'est un son avec lequel on est familier et qu'on aime utiliser.

Quelle est l'histoire derrière le single Sixteen ?

Swaby : Je suis aussi DJ et je vois souvent dans les clubs un certain genre de jeunes filles, tu sais... trop jeunes pour être dans un club ! Tout le monde sait comment ça se passe, elles boivent beaucoup trop, sa maquillent comme des voitures volées, et se retrouvent dans des histoires pas claires. Elles sont manipulées, comme des marionnettes. Comme des candidates aux concours de beauté. En Amérique ils ont abaissé l'âge minimum pour participer à ce genre de concours à 17 ans. Je trouve ça révoltant. Les enfants, doivent rester des enfants, aussi longtemps que possible.
Dan : Il y a une grosse différence de culture entre l'Angleterre et le reste de l'Europe par rapport à ça. Par rapport à l'alcool surtout. Quand on voit que l'Angleterre détient le record du nombre de mères adolescentes, c'est évident que c'est relié.

De qui se compose le line-up actuel du groupe ?

Swaby : Moi, Dan à la guitare, Spencer Page à la basse, et Chris Ellul à la batterie, c'est tout. Sur le disque et sur scène, il n'y a que nous quatre. On a fait venir Shingai et Dan des Noisettes pour trois chansons. Shingai a fait les choeurs, et Dan a joué du synthé. À la base il n'y a que nous quatre, mais dès que l'on a besoin de renfort on n'hésite pas à faire venir des gens.
Dan : Le groupe existe depuis assez longtemps, mais c'est depuis près de deux ans qu'on fonctionne avec ce line-up.
Swaby : On peut dire que c'est assez jeune pour un groupe, mais les idées derrière le groupe remontent à plus longtemps que ça.

Que faisiez-vous avant le groupe ?

Dan : On était vendeurs dans des magasins.
Swaby : Le problème quand tu commences dans la musique, c'est de trouver l'argent. Alors tu es obligé de travailler en parallèle. On ne peut pas se dire qu'on va débuter dans ce métier et tout de suite pouvoir en vivre, c'est complètement absurde. C'est un soulagement quand le premier album sort, on se dit qu'on est enfin des vrais professionnels (rires) !

Pour en revenir à vos goûts, quels sont vos morceaux favoris à jouer quand vous faites les DJs ?

Dan : Ça dépend beaucoup de la soirée et du public présent...
Swaby : J'aime beaucoup mettre Alton Ellis, Toots & The Maytals, et puis au milieu de ça balancer un petit Sonics, et puis l'instant d'après mettre un Marley Marl, et puis revenir vers les White Stripes, puis les Kinks... J'aime contenter les gens tout en les surprenant.

Quels sont vos disques du moment ?

Dan : J'aime beaucoup le dernier Kills... Je suis désolé, je n'ai pas particulièrement de perle rare à recommander à vos lecteurs, dont personne n'a jamais entendu parler... La vérité c'est qu'on n'écoute pas trop de nouveaux groupes quand on travaille sur notre propre musique. On essaye de garder un esprit clair.
Swaby : J'écoute beaucoup de reggae en ce moment. Du reggae et du ska. Récemment il y avait un morceau sur une compilation de ska que j'ai beaucoup aimé... Comment s'appelait ce type déjà ?
Dan : Gaz Mayall.
Swaby : C'est ça ! Gaz Mayall. C'est ce que je recommanderais. Mais c'est vrai ce que disait Dan, on n'écoute pas vraiment beaucoup de musique quand on est en train d'écrire son propre album. On est trop concentré sur soi-même. Nous, on a passé du temps à écrire notre album, et puis il a fallu préparer les b-sides... Après tout ça, tu n'as qu'une envie, c'est t'aérer la tête.

Y a-t-il des artistes avec qui vous rêveriez de travailler un jour ?

Swaby : Ce n'est pas évident comme question... Il y a tellement de gens talentueux... J'adore ce que fait Jack White dernièrement. Il a réussi à s'affranchir des White Stripes pour vivre d'autres aventures. Je suis sûr qu'on pourrait beaucoup apprendre de lui.