The Strange Death Of Liberal England : six mots qui exaspèrent en société lorsque l'on vient à parler d'eux mais font notre bonheur en solitaire, un casque sur les oreilles. Neuf syllabes derrière lesquelles se terre la voix magistrale d'Adam Woolway. Cinq énergumènes talentueux qui ne peuvent être correctement présentés sans les mots « baroque'n'roll » et « illuminé ». Drown Your Heart Again n'est pas seulement l'album britannique de 2010, il est la confirmation que nous tenons là un groupe majeur.
Ils sont passés par ici en 2008, ils sont repassés par là en 2010. Avec Hidden, Jack Barnett et sa bande n'ont pas seulement signé un des plus grands disques de l'année, ils se sont aussi superbement réinventés : à des années-lumière de Beat Pyramid, ce second album en forme d'opéra baroque interpelle nos esprits autant qu'il nous glace les sangs, et prouve dans sa folle démesure orchestrale que la guerre n'est jamais aussi belle que lorsqu'elle est faite en musique.
L'irlandais Conor J. O'Brien, chaman multi-instrumentiste incarné et incarnant Villagers, a livré une première création magistrale en 2010. Entre ombre et lumière, le jeune sorcier a su diriger de mains de maître un rituel sonore mélancolique, ténébreux et profond, voire même frissonnant. Guérissant nos âmes par des mélodies enchanteresses, derrière une certaine noirceur apparente, l'espoir et la lumière ne sont jamais loin à l'écoute de la découverte Becoming A Jackal qui restera dans nos mémoires comme la plus fantastique des traversées poétiques de l'année.
Depuis leur Antidotes en 2008, les Oxfordiens ont mis de l'eau dans leur vin, mélangé leur math-rock d'antan à des aspirations pop et plus atmosphériques sur Total Life Forever, leur nouvel opus. Légère et soignée en même temps, la musique du combo trouve finalement ses lettres de noblesse à travers de lentes progressions post-rock, des tensions et des refrains qui accrochent, des notes de guitares qui dansent, des rythmiques presque tribales, le tout sous couvert d'une bonne dose de folie et de talent.
Heligoland est à l'origine un archipel de petites îles pour lesquelles se sont affrontés danois, allemands et britanniques. Ce long caillou a donné son nom à un album dur. Ce disque de rencontres (Damon Albarn, Martina Topley Bird, Tunde Adebimpe...) fait la synthèse de toutes les musiques sombres jouées depuis le blues. Une musique simple qui parle à l'âme, des ambiances qui mélangent cold wave et trip-hop, une tempête pour vos tympans.
Passer en un an et demi d'une apparition à une soirée Kitsuné à La Maroquinerie à une tête d'affiche à l'Olympia, seuls de solides gaillards irlandais en étaient capables ! Une signature chez les mêmes élégants français de Kitsuné qui ont fait là plus que décrocher le pompon et un premier album arrivé à point nommé en tout début d'année, truffé de singles jouissifs et racés, autant à l'aise au salon que sur le dancefloor : de l'art de manier la pop song parfaite !
Quatre années d'absence n'auront en rien entaché le talent d'Archie Bronson Outfit. Encadrés pour Coconut par Tim Goldsworthy, les trois londoniens ont repoussé en 2010 les frontières de leur blues originel pour nous emmener vers des territoires tantôt dansant tantôt noisy avec une réussite admirable. A l'écoute des Magnetic Warrior, Hoola et autres Shark's Tooth, les trois barbus les plus en vue de Domino Records ont réussi leur pari et leur retour !
Annoncés comme l'une des belles surprises de l'année, Stornoway n'ont pas failli à leur réputation. Beachcomber's windowsill est un album grandiose parce qu'intemporel. Un voyage où la pureté des paysages est bercée par la douce utopie des compositions. Sous la surface à la fois radieuse et rêveuse, se couve un amour et un engagement écologique d'où l'harmonie exhale. A écouter, et si ce n'est pas encore fait, vous saurez qu'il se cache de l'autre coté du ciel un univers aussi passionnant qu'impalpable.
There Is Love In You est un album optimiste, grandiose dans sa vision d'une existence volontaire mais en constante contradiction. Ce ne sont que des bouts de voix, de chants, de samples que l'on entend tout au long de l'album, mais portés par des mélodies souples, parfois rêches, néanmoins toujours empreintes d'une vigueur et d'une texture organique faisant de There Is Love In You un formidable zeitgeist qui situe brillamment une époque en fuite.
Plastic Beach n'est pas révolutionnaire : après deux disques éblouissants, ce troisième opus fait figure de partie de plaisir pour Albarn et sa bande. Autour de nombreux invités, Gorillaz ont réalisé un album luxuriant, où les tubes s'enchaînent à une vitesse folle. Un pot de départ en grande pompe, prestigieux et qui brasse sans complexe les genres musicaux les plus éloignés. En somme, un très bel exercice de style, sans être aussi fédérateur et innovant que ses aînés.